Pour ne pas rester le doigt sur la couture du pantalon à écouter des discours guerriers et ne pas renoncer à son esprit critique (ou tout simplement à sa capacité de raisonnement), il y a des solutions.


 

Des idées qui permettent de s’extraire un moment des déjà innombrables éditions spéciales des journaux télévisés consacrées uniquement au coronavirus et au décompte macabre de ses victimes sur la planète, cela existe. Diverses initiatives plutôt salutaires ont été prises ces derniers jours. Du côté de Médiapart, par exemple, où le site d’informations, d’ordinaire payant, propose un accès libre à ses articles. Le média en ligne précise qu’il « ne vit que du soutien de ses abonnés » sans être barricadé pour autant « derrière un mur payant ». Médiapart voit dans l’épidémie du Covid-19 un « brutal révélateur politique dont les leçons s’élaborent en même temps que nous y faisons face » mais aussi « un moment de vérité pour le journalisme, sa fonction démocratique et sa responsabilité sociale ». Une responsabilité qui consiste notamment à poser une question rarement abordée dans les médias dominants, comme celle de Macko Dragan dans un article intitulé « Le confinement heureux , un privilège de classe ? ». Pour un média qui a pour objectif « d’offrir une échappée en ce temps de confinement », on comprendra qu’une « émission solidaire » s’appelle A l’air libre ! (1)

La démarche est assez analogue chez l’éditeur Raisons d’agir qui publie régulièrement des ouvrages illustrant la fameuse phrase de Pierre Bourdieu, La sociologie est un sport de combat. Raisons d’agir  a décidé de proposer le livre de Frédéric Pierru, Fanny Vincent et Pierre-André Juven, La casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public à télécharger. L’ouvrage, publié en 2019 (soit avant  la crise du Covid-19) a aujourd’hui une résonance accrue. Il examine la casse de ce service public « engagée par des réformateurs adeptes de l’acculturation de l’univers médical à des logiques managériales qui contredisent son bon fonctionnement ». Les auteurs considèrent qu « à l’encontre de toute évidence, les défenseurs d’une réorganisation du travail continuent de promouvoir à la fois des indicateurs de rentabilité ineptes et une vision techniciste de la médecine qui prétend substituer l’innovation aux relations humaines ». L’héroïsation actuelle du personnel soignant ne doit pas faire oublier le contexte dégradé dans lequel intervient cette crise. En France comme en Italie, en Espagne, en Grèce, en Grande-Bretagne (la liste pourrait être longue), où les mêmes « recettes » libérales ont été appliquées.

 

Couverture La Casse du Siècle
Couverture La Casse du Siècle

Pétitions et exigences citoyennes

Si le pouvoir est à la recherche d’une « union nationale » qui lui permettrait de gouverner sans une once d’opposition, d’autres n’ont pas renoncé à exercer leur vigilance de citoyen-ne-s. Et pour ne pas perdre la main, même en temps d’état d’urgence sanitaire,  des pétitions circulent actuellement comme « Confinés dehors » qui appelle à la réquisition de logements vides et de logements du type Air B and B pour loger les sans-abri ou la pétition réclamant « des mesures concrètes pour l’Hôpital public ». (2). « Tous les soirs à 20 heures, nous ouvrons nos fenêtres pour applaudir les personnels hospitaliers en soutien dans leur lutte contre le coronavirus. On les appelle des héros mais ils n’ont pas de super-pouvoirs. Cela fait même des mois qu’ils nous alertent sur le manque cruel de moyens et de personnel à l’hôpital » est-il souligné dans le texte de cette pétition. Aujourd’hui encore moins qu’ hier, les belles paroles de nos gouvernants ne suffiront pas. 

Morgan G.


(1) Tous les soirs à 19h sur Mediapart

(2) #JeNeSuisPasUnHéros : pétition à signer sur We sign it.