Avant le discours du chef de l’État jeudi soir, on a cru un moment que les élections municipales seraient reportées, que ce serait même l’une des annonces « fortes » de la soirée… Finalement, pas du tout. En revanche, l’hypothèse a bel et bien été envisagée : on vous explique comment le président a tranché.

Reporter les élections : l’option a bien été envisagée, puisque dans l’après-midi, l’Élysée sollicite même le Conseil constitutionnel et le ministère des relations avec le Parlement. Il leur demande d’étudier ce scénario : quel mécano juridique faut-il enclencher, avec quel calendrier ? La réponse, c‘est que c’est techniquement possible, mais terriblement complexe vu les délais, il faudra faire jouer « les circonstances exceptionnelles » devant le Conseil d’État.

 

Pas de contre-indication sanitaire, et des impératifs très politiques

 

Politiquement, c’est une autre affaire ! Dès que l’information fuite, la droite hurle au « coup d’État ». Christian Jacob, le patron des LR, échange avec le Premier ministre, qui lui assure, alors même qu’Emmanuel Macron n’a pas encore rien arbitré, que les élections auront bien lieu. Le président du Sénat ensuite, Gérard Larcher, favorable au maintien des municipales, est lui aussi consulté et fait pencher la balance.

Tout comme les virologues, épidémiologistes, reçus toute la journée à l’Élysée. À Emmanuel Macron, ils expliquent que les bureaux de vote ne représentent pas un danger sanitaire.

Avant d’intervenir en direct, le président de la République a donc toutes les cartes en main, et il tranche : « la vie démocratique doit continuer ». « Reporter les élections », explique un conseiller, aurait ouvert une brèche dans « l’union sacrée » voulue par le chef de l’État.

Mais appeler au civisme, tout en demandant aux plus de 70 ans d’éviter de trop se déplacer, n’est-il pas un message contradictoire ? Réponse dimanche : l’Élysée mise même sur un sursaut de participation.

Yaël Goosz


Voir aussiL’allocution de Macron en résumé