Placée en redressement judiciaire à sa demande il y a quelques jours, l’usine de production d’alumine Altéo, numéro 1 mondial, basée à Gardanne, fait à nouveau l’objet de polémiques. Alors que 480 emplois sont aujourd’hui menacés et que des millions de tonnes de boues rouges polluent la Provence et la Méditerranée, cette filiale d’un fond d’investissement américain menace en outre d’un départ sans solde dû.


 

Une pétition pour dénoncer le désastre écologique causé par l’entreprise et éclairer sur le bilan social, a été lancée par l’association ZEA. Elle dépasse aujourd’hui les 482 840 signatures. Engagée dans un combat environnemental primordial, l’association ZEA n’entend pas pour autant être dupe face à la stratégie de l’entreprise Altéo qui a demandé son redressement judiciaire.

Et d’expliquer : « ll y a ceux qui vont s’en remettre rapidement, les cadres dirigeants et supérieurs qui se sont pour certains installés dans la région depuis peu et qui, après peut-être une courte période de chômage bien indemnisée, retrouveront un poste dans une autre usine ou profiteront d’un bilan de compétence pour changer de branche ou de métier. Et il y a ceux qui entrent dans la perte d’un emploi auquel ils étaient attachés et qui leur permettait de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille ».

En effet, la situation économique d’Altéo qui aurait changé subitement n’aurait rien de catastrophique, selon ZEA : «  Altéo dit ne plus pouvoir faire face à ses échéances de paiement auprès de ses fournisseurs et autres créanciers, on n’a pourtant pas entendu parler d’une baisse de la production de smartphone ou de batteries ces derniers mois pour expliquer cette chute ».

 

1% par an seulement investi dans la mise en conformité

 

Avec un chiffre d’affaires d’environ 220 millions d’euros par an, Altéo affirme avoir investi 40 millions d’euros en 7 ans pour se mettre en conformité avec ces réglementations.

Soit un peu plus de 2,5% de CA investi par an, ce qui, rappelle ZEA « si l’on prend en compte les subventions publiques, se rapproche plus de 1% par an. Et c’est sans compter les 10 millions d’euros par an de « ristourne » sur la redevance de l’eau obtenu depuis 2014, couvrant davantage que les « dits » investissements… où comment le pollueur-payeur devient le pollueur-payé ». 

Et d’en conclure : « Pour ne pas être tenus d’assumer les coûts de démantèlement de l’usine, du démontage de la conduite de 50 km jusqu’aux calanques de Marseille. Pour ne pas assurer la dépollution et la remise en état du site ainsi que l’indemnisation et le reclassement des salariés, quoi de mieux que de se déclarer insolvable et de confier ces « contingences » à un liquidateur, au contribuable et aux salariés ? » A suivre de près…

H.B.

 

Pétition ZEA : http://chng.it/hg5BXLvV9d

Voir aussi : Rubrique Environnement Climat, Des boues rouges jusqu’au tribunal,

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».