Les villes de Paris, Lyon, Grenoble, Lille ou Bordeaux mais aussi bon nombre de collectivités situées en Occitanie (la Région, les départements de l’Hérault, de l’Aude, de la Haute-Garonne, la ville de Montpellier), la ville de Marseille, port d’attache du  navire, comme la petite commune ardéchoise d’Alba-la-Romaine font partie des vingt-sept collectivités qui ont annoncé leur soutien à l’ONG SOS Méditerranée.


 

Le soutien de ces 27 collectivités1 qui seront certainement suivies d’autres est bienvenu à l’heure où le navire Ocean Viking vient de reprendre ses opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, après des mois de blocage dû aux autorités italiennes, à Porto Empedocle (Sicile). 117 personnes ont été secourues au large des côtes libyennes jeudi 21 janvier pour la première opération de l’année 2021, une issue heureuse alors que d’autres navires de sauvetage sont actuellement bloqués. Deux jours auparavant, le naufrage d’une embarcation avait fait au moins 43 victimes selon l’ONU.

Depuis sa création en 2016, SOS Méditerranée a porté secours à 31 799 personnes en détresse sur ce que l’association qualifie de « route migratoire la plus mortelle au monde ». L’initiative de lancement d’une « plateforme des collectivités solidaires avec SOS Méditerranée » à laquelle ont œuvré le département de la Loire-Atlantique (44), la ville de Paris et la région Occitanie est d’autant plus saluée par SOS Méditerranée que l’urgence humanitaire demeure. L’absence en mer de l’Ocean Viking durant plusieurs mois n’a pas tari le flot des candidats à l’exil, ruinant ainsi la scandaleuse théorie de « l’appel d’air ». Et malgré cette sinistre réalité de personnes prêtes à risquer leur vie pour atteindre les rivages de l’Europe, « les États européens se désengagent toujours plus de leurs responsabilités en matière de secours en mer », déplore SOS Méditerranée.

Le constat est analogue chez la présidente (PS) de la région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, Carole Delga, qui considère que « les drames qui se jouent en Méditerranée se poursuivent inlassablement sans pour autant susciter la mobilisation nécessaire des États concernés ». Pour Carole Delga, « la solidarité qui guide l’engagement de SOS Méditerranée est inscrite dans l’histoire même de l’Occitanie, terre d’accueil à l’humanisme profondément ancré et fièrement revendiqué. C’est pourquoi nous nous tenons à leurs côtés depuis maintenant plusieurs années. Les collectivités ont un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement de ceux qui refusent d’abandonner des vies » . 

 

« Les disparus ne parlent pas »

 

À Marseille, un partenariat a été noué avec la mairie de secteur des 1er et 7e arrondissements pour l’organisation, jusqu’au 14 février, d’une série d’événements intitulée « SOS Méditerranée, un engagement citoyen ». Dans ce cadre, une exposition (« Sauver, protéger, témoigner ») se tient dans le hall de la mairie d’arrondissement, sur la Canebière. « Pour moi, SOS Méditerranée est le symbole même du sauvetage en Méditerranée. Lorsqu’on considère les migrants comme des êtres humains, cela nous tient loin de notre propre barbarie, cela nous rappelle à notre propre humanité. Exposer ces photos (…), c’est rendre visible ce qu’on ne peut pas voir, ce qu’on ne veut pas voir parfois », souligne Agnès Freschel2, adjointe aux cultures et aux mémoires à la mairie de secteur. L’initiative n’est pas sans écho avec l’histoire de cette cité « qui s’est construite au fil des migrations » mais qui est « aussi une ville déchirée aujourd’hui », poursuit l’élue du « Printemps marseillais ».

En tout cas, le soutien des collectivités devrait aussi permettre de déchirer le voile du silence ou de l’indifférence. « À chaque mission de sauvetage, ce sont des centaines de personnes immédiatement sauvées en quelques jours. Si l’on peut comptabiliser le nombre de rescapés, il est impossible de comptabiliser le nombre de disparus. La Méditerranée est immense et avale les histoires les unes après les autres si les témoins en sont éloignés. Combien de personnes auraient pu être sauvées si l’Ocean Viking et les autres navires avaient eu accès à la mer ? Personne ne peut répondre à cette question et les chiffres n’ont aucun sens. L’histoire appartient le plus souvent aux vivants, les disparus eux, ne parlent pas, ne témoignent pas et personne ne témoigne pour eux quand ils sont rendus invisibles »3.

                                                                                                               Morgan G. 

Notes:

  1. Consulter la page « La plateforme des collectivités solidaires » sur : toussauveteurs.org/Collectivites
  2. Source : sosmediterranee.fr
  3. « Carnets d’Hippolyte » : sosmediterranée.fr
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"