Le chancelier conservateur Sebastian Kurz a été renversé lundi en Autriche par une motion de censure, dix jours après le scandale de l’Ibizagate, qui a fait voler en éclat sa coalition avec l’extrême droite.

Le parlement autrichien a poussé, lundi 27 mai, le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz vers la sortie. Dix jours après le scandale de l’Ibizagate qui a fait voler en éclat sa coalition avec l’extrême droite, il a été renversé lundi par une motion de censure soutenue par les principaux partis d’opposition. Encore cité il y a peu en modèle par les tenants d’une droite dure en Europe pour son alliance avec le FPÖ, le chef de gouvernement conservateur a lui-même été emporté par la crise politique qui a impliqué son ancien allié. Il a donné rendez-vous à ses soutiens pour les législatives anticipées de septembre.

Ce vote sans précédent dans l’histoire de la république d’Autriche a été obtenu notamment avec les voix des sociaux-démocrates et du parti nationaliste FPÖ, dont le chef avait été contraint de démissionner de son poste de vice-chancelier à la suite de ce scandale. Les résultats ont été proclamés par la vice-présidente du Parlement, Doris Bures, qui n’a toutefois pas chiffré les sufffrages. Élu chancelier à seulement 31 ans, Sebastian Kurz a accueilli sa destitution le visage fermé, sans émotion apparente, une constante chez ce dirigeant aux traits lisses d’adolescent.

Un accroc dans le parcours

Il s’agit pourtant d’une première dans l’histoire politique autrichienne et d’un accroc dans le parcours du jeune dirigeant, qui a vu échouer sa stratégie d’alliance avec l’extrême droite après 18 mois de mandat. Les déboires de son allié du FPÖ, dont le leader a dû démissionner après des déclarations compromettantes filmées en caméra cachée à Ibiza, ne faisaient certainement pas partie du plan de carrière que Sebastian Kurz a soigneusement orchestré. Selon des documents révélés par la presse, cette stratégie de conquête du pouvoir avait même reçu un nom de code, « Opération Ballhaus », en référence à l’adresse du siège du gouvernement, situé sur la Ballhausplatz à Vienne.

Malgré le bon résultat recueilli dimanche

Au printemps 2017, alors ministre des Affaires étrangères d’une grande coalition droite-gauche au pouvoir depuis dix ans, Sebastian Kurz avait provoqué la rupture de ce mariage à bout de souffle en s’emparant de la direction du parti conservateur ÖVP. Des législatives anticipées avaient été convoquées. Surfant sur le rejet des figures traditionnelles de la politique, il avait remodelé l’image de la formation, lui imposant une nouvelle couleur (le turquoise pâle) et l’appellation « Liste Kurz ».

Le départ forcé de M. Kurz intervient paradoxalement après que son parti ÖVP a recueilli dimanche le meilleur score jamais enregistré par une formation autrichienne à des européennes depuis l’adhésion du pays en 1995, avec de 34,9% à 35,4% des voix selon les projections. Sebastian Kurz entendait se maintenir au pouvoir jusqu’aux législatives et incarner « la stabilité ». Il a reproché aux sociaux-démocrates et à l’extrême droite d’avoir formé « une coalition » pour le renverser. Ces deux partis lui ont à l’inverse reproché de vouloir gouverner seul, sans majorité.

À une Autriche prospère mais insécurisée par la crise migratoire, le jeune dirigeant à la communication très rodée a surtout offert un discours de fermeté sur l’immigration combiné à une image de modernité. Il appartient désormais au président Alexander Van der Bellen de former un gouvernement technique intérimaire qui expédiera les affaires courantes jusqu’à l’automne. En attendant, c’est le ministre des Finances Hartwig Löger que le président a mandaté lundi soir pour conduire les affaires du gouvernement.

Avec AFP


 

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