Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières, notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue : le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, commises par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. Cet ensemble en constitue un document essentiel.

L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.


 

En fin de journée du 16 Avril Marsel envoie ces nouvelles informations sur le nord de Gaza :

« Un résumé de ce qui se passe à Beit Hanoun et à Jabalia Est : nous confirmons que l’occupation israélienne mène depuis hier une opération militaire à Beit Hanoun et à Jabalia Est. Des véhicules militaires ont avancé vers les abris de Beit Hanoun. L’école de Mahdia Al-Shawa est assiégée depuis hier soir, lorsque des centaines de personnes déplacées ont été localisées — et un centre d’enquête de terrain a été établi derrière l’école et il a été demandé aux femmes d’enlever le voile — et toutes les familles de Beit Hanoun ont été contraintes de fuir avec l’arrestation d’un certain nombre de jeunes hommes. Cette zone a été la cible de violents bombardements d’artillerie, d’avions de combat et de tirs nourris — jusqu’à présent, des véhicules militaires se trouvent près de la zone d’Abou Safiya, à l’est de Jabalia et de Beit Hanoun. »

Ces informations sont confirmées ensuite par Abu Amir

« Un nouveau crime contre notre peuple dans lequel l’occupation cherche à vider la ville de Beit Hanoun et la région orientale de Jabalia, au nord de Gaza. Hier soir, l’armée d’occupation a mené une opération militaire et ses bulldozers et ses chars ont avancé vers les centres d’hébergement de Beit Hanoun. L’école Mahdiya al-Shawa, où se trouvent des centaines de personnes déplacées, a été assiégée. L’armée d’occupation a également établi un centre d’enquête sur le terrain derrière l’école et a demandé à tout le monde de partir sous la menace des armes. Les femmes ont été forcées d’enlever leur hijab. Les hommes ont été dépouillés de leurs vêtements de dessus. Toutes les familles de Beit Hanoun ont été contraintes de partir et plusieurs jeunes hommes ont été arrêtés. Ce nouveau crime a eu lieu sous le couvert de violents bombardements d’artillerie, de bombardements d’avions de guerre et de tirs nourris. Des véhicules militaires sont toujours présents à l’heure actuelle près de la zone d’Abou Safiya, à l’est de Jabalia et de Beit Hanoun.

L’occupation n’était pas satisfaite des centaines de massacres qu’elle a commis dans ces zones, détruisant complètement les maisons de ses citoyens et obligeant ses habitants à les fuir pendant de nombreux mois. Et aujourd’hui, il répète le scénario du déplacement forcé de ses habitants par la force des armes… après leur retour au cours des dernières semaines et leur travail pour redonner de la vie à ce qui en restait.

Parlant des crimes de l’occupation, cet après-midi, l’avion d’occupation a bombardé le camp d’Al-Maghazi, tuant 10 enfants et en blessant plusieurs. Le scénario de destruction, de bombardement de maisons et de déplacements se poursuit dans le camp de Nuseirat, alors que l’occupation concentre ses attaques sur le nord de Nuseirat. Depuis plus d’une semaine, l’occupation a brutalement détruit en masse des maisons et des hélicoptères ont été largement déployés dans la région de Nuseirat, tirant continuellement sur les citoyens, blessant des dizaines de citoyens dans la région. Les habitants de la région de Nuseirat ne se sentent plus en sécurité dans leurs maisons et, en une semaine, nous constatons que la plupart des habitants du nord de Nuseirat ont de nouveau été déplacés de leurs maisons vers le sud.

Parlant de la région de Khan Yunis, d’où l’occupation s’est retirée après avoir détruit la plupart de ses bâtiments, les habitants ont lancé de nombreux appels demandant à la Défense civile d’évacuer les corps de leurs proches, estimés à des centaines, sous les décombres de leurs maisons. De plus, les équipes de protection civile ne sont toujours pas en mesure de mener à bien leur travail en raison du manque de capacités pour le faire. Pendant des années, l’occupation a refusé d’apporter du matériel aux équipes de la protection civile, ce qui les rend incapables d’effectuer leur travail, que je considère comme l’une des choses nécessaires à apporter.

Avant-hier, je suis entré dans la ville de Khan Yunis, en provenance de Rafah pour retourner à Nuseirat, échappant aux embouteillages sur la route côtière. J’ai décidé d’emprunter la route Salah al-Din, qui traverse le centre de la ville de Khan Yunis. Quelle horreur j’ai vue. Les bâtiments étaient en morceaux. Il n’y avait ni infrastructure ni rues. Les destructions ont été massives, à un taux de 70 %, selon ce que j’ai vu. De par mon travail dans la région sud, je connais bien la ville de Khan Yunis, mais je jure que je ne reconnaissais pas les rues et que je ne savais comment sortir de la ville qu’avec difficulté. C’est ce que fait l’occupation lorsqu’elle pénètre dans une zone de la bande de Gaza et fait des ravages sur le territoire. »


 

« Voilà ce que fait l’occupant lorsqu’il pénètre dans n’importe quelle zone de la bande de Gaza. Il y fait des ravages. » Ces propos d’Abu Amir écrits le 16 Avril au soir résument et imagent une situation apocalyptique qui ne cesse d’empirer jour après jour. Toujours silencieuse et passive, la communauté internationale braque les projecteurs sur l’Iran ce qui permet à Israël d’intensifier son offensive sur Gaza et de préparer son attaque terrestre à Rafah.

Marsel le 16 Avril au soir

« Les développements les plus marquants des événements survenus dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, depuis ce matin :

Des tireurs d’élite de l’occupation tirent sur des citoyens à proximité du pont de Wadi Gaza sur le nouveau camp. Le minaret de la mosquée Al-Qassam au centre de Nuseirat a été visé par trois obus d’artillerie. Hôpital Al Awda à Nuseirat : 4 martyrs et 40 blessés suite au ciblage du camp de Nuseirat par l’occupation israélienne. Un certain nombre de martyrs et de blessés ont été tués suite à la prise pour cible d’une maison appartenant à la famille Zomlot à proximité de la mosquée Al-Quds dans le nouveau camp. Des bombardements d’artillerie ciblent le bâtiment Al-Sharif dans le territoire d’Al-Mufti, au nord du camp d’Al-Nuseirat. Destruction des derniers étages de la tour Fayed à l’intérieur du nouveau camp et destruction de la tour Harzallah au pays des Mufti. La maison de la famille Abu Rahma, dans le quartier d’Al-Rahma, dans le nouveau camp, a été prise pour cible et les maisons voisines ont été endommagées. Deux morts et blessés dans le bombardement d’une maison familiale dans le nouveau camp, à l’ouest de Nuseirat. Destruction de plusieurs tours Al-Salhi sur la route menant au nouveau camp. Les forces d’occupation ont ouvert le feu sur tous ceux qui se déplaçaient à l’intérieur du camp. L’artillerie d’occupation a visé une maison d’habitation dans le bloc C du camp et des blessés ont été signalés. »

Chanel 13 : Première parution : Israël se prépare à tenter de faire face à l’envoi d’une flotte humanitaire à Gaza depuis la Turquie, « Marmara 2 ». La flotte humanitaire destinée à Gaza devrait quitter la Turquie au début de la semaine prochaine, et de hauts responsables de la sécurité en Israël mènent un dialogue avec les Turcs pour trouver des solutions qui permettraient d’éviter une crise politique. On estime que la flotte comprendra trois navires, dont deux transporteront des passagers, dont des journalistes et des parlementaires turcs, tandis que le troisième navire comprendra une assistance. Un certain nombre de solutions sont envisagées, notamment l’arrivée de la flotte pour inspection en Égypte, et de là vers les côtes de Gaza, et le dialogue se poursuit avec les Turcs.

Piège sordide

Les habitants du camp de réfugiés de Nuseirat ont été abattus après avoir suivi les cris d’enfants émis par des drones israéliens via des haut-parleurs pour les attirer hors de chez eux et les cibler.

Défense Civile à Rafah : Ce soir, l’aviation d’occupation israélienne a visé une maison habitée dans le camp de Yabna, dans le centre de Rafah, faisant un certain nombre de martyrs et de blessés, dont la plupart étaient des enfants. Les équipes tentent toujours de récupérer les martyrs et les blessés malgré la surpopulation de la zone peuplée.


 

Dans la matinée du 17 Avril, à l’envoi des articles Marsel nous écrit :

« Vos efforts sont considérables pour ouvrir la voie à l’humanité et lutter contre tout ce qui contredit les valeurs humaines. »

Dans cette tourmente Marsel évoque des idées, des propositions, des espoirs, des utopies…

« À l’approche des 200 jours de guerre contre Gaza presque tous les habitants de la bande de Gaza seront déplacés, en tout cas la grande majorité d’entre eux l’ont été. Mon idée pour le 200e jour de guerre est de montrer le mauvais visage de la guerre. Par exemple, je compare les visages des gens avant la guerre et ceux d’aujourd’hui, qui ont vieilli car ils sont restés en enfer pendant des décennies. Nous faisons voir aux personnes déplacées leur photo d’avant et celle du 200e jour et nous parlons : ce qu’elles ont ressenti, leurs tragédies pendant la guerre, la façon dont elles ont survécu et si elles ont survécu, complètement ou non.

Nous pourrions organiser simultanément un événement de vol de cerfs-volants entre la France et la bande de Gaza, au cours duquel les enfants exigeraient la fin de la guerre. »


 

Marsel dans l’après-midi du 17 Avril

Quatre martyrs, dont deux enfants, ont été tués lorsque l’occupation a bombardé l’école Shuhaibar, qui héberge des personnes déplacées, dans le camp de Beach, à l’ouest de la ville de Gaza.

Premier ministre israélien : Le gouvernement a approuvé le « Plan de Renaissance » pour réhabiliter l’enveloppe des colonies de Gaza d’une valeur de 19 milliards de shekels.

De violents raids israéliens secouent actuellement certaines parties de la ville de Gaza.

Retrait des véhicules israéliens du nord de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza.


 

Dans la nuit du 17 au 18 Avril informations de Marsel :

Les équipes de la Défense civile ont pu récupérer un certain nombre de martyrs et transporter un certain nombre de blessés, après que des avions d’occupation israéliens aient ciblé ce soir une résidence située sur une terre agricole dans le quartier d’Al-Salam, à l’est du gouvernorat de Rafah.

On voit le geste humanitaire de la jeunesse de Gaza qui sauve un chat coincé à la frontière égypto-palestinienne.

« Dans les moments où les mots se dissolvent face à l’éloquence d’une image, l’impuissance silencieuse devient peut-être le choix supérieur. Plus on approfondit l’éloquence et le symbolisme de l’image, plus l’essence des mots s’efface, laissant place à l’enchantement du profond silence pour révéler sa magie dans la critique et dans la transmission de profondes leçons.

De nombreux murs et barbelés délimitent les espaces, tandis qu’un chat est perché à une hauteur significative au-dessus de la clôture frontalière. Prisonnier du désespoir, à chaque instant qu’il passe au sommet de la clôture il est en proie à une menace de mort imminente. Dépourvu de perception et de prouesses analytiques, le chat s’appuie uniquement sur son instinct de survie. Cette pulsion primordiale oblige le chat à jeter son regard vers la bande de Gaza et à lancer son appel à l’aide, attendant l’aide avec une confiance inébranlable. Pourtant, malgré les assauts incessants des forces d’occupation qui ont ciblé chaque fibre de leur être depuis leur naissance, les Palestiniens n’ont pas été dépouillés de leur humanité.

En entendant l’appel de détresse du chat et en étant témoin de sa situation précaire au sommet de la clôture, entouré du spectre de la mort, ils n’ont pas hésité. Ils n’ont convoqué aucune réunion, n’ont émis aucune condamnation et n’ont pas non plus été influencés par le veto du chef tribal. Leur seul objectif était d’aider le chat. Ignorant le danger et les répercussions potentielles de l’escalade d’une clôture frontalière, ils ont récupéré une échelle et se sont prêtés main-forte. Le jeune homme tendit la main vers le chat, l’attirant dans ses bras, où il s’assit sereinement, sans tenter de s’enfuir.

Bien que de nombreuses personnes aident les chats, rares sont ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour en sauver un. Beaucoup ont troqué leur humanité pour s’accrocher à la vie, tandis que seule une poignée est prête à sacrifier leur vie pour préserver l’essence même de l’humanité. Exprimons notre gratitude et notre respect à nos jeunes pour leurs blessures, leur endurance, leur détermination qui a rendu l’occupation désespérée et les précieuses leçons humaines qu’ils transmettent au milieu de notre réalité déshumanisante. »

Marsel


 

18 avril, Marsel nous envoie ces informations terribles recueillies auprès de médias arabes :

Les tractations politiques entre l’occupation israélienne et les puissances impérialistes continuent de se faire sur le dos du peuple gazaoui…

Rapport : L’administration Biden accepte une invasion israélienne de Rafah en échange d’une attaque limitée contre l’Iran.

Gaza – Site en ligne Al-Alam 24 : Une source égyptienne a déclaré que « l’administration américaine a montré son acceptation du plan présenté précédemment par le gouvernement d’occupation (israélien) concernant l’opération militaire à Rafah en échange de la non-exécution d’une attaque à grande échelle contre l’Iran ».

Jeudi, journal « Al-Arabi Al-Jadeed » : La source égyptienne a ajouté : « Le plan israélien repose sur la méthode de déplacement, en divisant Rafah en carrés numérotés, en ciblant une place après l’autre, en poussant les (personnes déplacées) qui s’y trouvent à s’en éloigner, spécifiquement vers Khan Yunis et Al., région de Mawasi. » La source a souligné : « Dans le cadre des préparatifs égyptiens dans ce contexte, il y a eu une augmentation de la capacité des camps de la ville de Khan Yunis, qui est gérée par le Croissant-Rouge égyptien, et une augmentation des montants de l’aide, en coordination avec la partie israélienne. »

La source a déclaré : « L’armée d’occupation a dirigé des frappes aériennes sur plusieurs zones adjacentes à la bande frontalière entre la bande de Gaza et l’Égypte » et que « les responsables égyptiens compétents ont été informés avant de mener certaines de ces frappes, qui ont eu lieu à Philadelphie — axe sur un terrain vide adjacent à la frontière avec l’Égypte — affirmant qu’ils étaient utilisés pour faire passer des armes en contrebande au Hamas. » La source égyptienne a estimé que Le Caire « s’est trouvé contraint d’affronter sur le terrain l’opération militaire prévue, afin d’atténuer la gravité de ses répercussions, à la lumière des nouveaux accords entre l’administration américaine et le gouvernement d’occupation. »

Pendant ce temps, ABC a cité aujourd’hui un responsable américain disant : Une attaque israélienne contre l’Iran n’est pas attendue avant la Pâque juive, qui commence la semaine prochaine et se poursuit jusqu’à la fin de ce mois, mais il a ajouté que cette affaire pourrait changer. Le responsable américain a ajouté : Une partie de la direction des Gardiens de la révolution iraniens est toujours déployée et une autre section se trouve dans des sites souterrains.

 

Compte rendu d’Abu Amir le 19 Avril : l’organisation de l’urgence pour les paysans déplacés et la destruction massive du village des paysans où se trouvait le projet agricole

Un rapport sur le travail humanitaire dans le camp des agriculteurs déplacés de l’Est de Khan Yunis :

La crise humanitaire s’est considérablement aggravée dans la plupart des régions de Gaza, notamment en raison de la cessation des activités de la plus grande organisation humanitaire de la bande de Gaza, qui fournissait de la nourriture à une grande partie des personnes déplacées, ce qui a provoqué une famine dans diverses régions de la bande de Gaza.

L’autre raison est le mouvement des personnes déplacées du nord de la bande de Gaza vers le sud, de la région de Nuseirat vers Deir al-Balah et Mawasi Khan Yunis, et enfin de Rafah vers le centre de la bande de Gaza. Les personnes déplacées se déplacent constamment d’une zone à l’autre en fonction des attaques lancées de temps à autre par l’occupant. Il y a deux semaines, les habitants du nord de Nuseirat ont été déplacés à Mawasi Khan Yunis en raison des bombardements intenses dans cette zone. Aujourd’hui, après le retrait de l’occupant du nord de Nuseirat, les habitants sont retournés dans leurs maisons détruites, préférant rester au milieu des décombres de leurs maisons.
Ils sont sous les tentes dans d’autres zones de la bande de Gaza.
Cette situation a considérablement épuisé les habitants de la bande de Gaza et leur a fait perdre une grande partie de leurs moyens de subsistance.

World Central Kitchen a fourni une aide estimée à environ 4 tonnes par le point de passage d’Erez dans le nord de la bande de Gaza et fait savoir son intention de reprendre son travail dans le nord de la bande de Gaza, mais jusqu’à présent son travail dans le sud de la bande de Gaza a été suspendu jusqu’à nouvel ordre.

D’autre part, le nombre d’agriculteurs augmente à la lumière de la nouvelle annoncée par l’occupant de son intention d’entrer bientôt dans la ville de Rafah. Le nombre de familles dans le camp a atteint 738 familles jusqu’à présent.

Les personnes déplacées dans le camp dépendent de l’équipe de l’UJFP Gaza, qui est devenue un membre clé de l’administration du camp et qui est entièrement responsable pour répondre aux besoins du camp en matière de nourriture, d’eau, d’infrastructures et de toutes les fournitures du camp. Des réunions hebdomadaires sont organisées pour l’administration du camp, afin de résoudre les problèmes croissants du camp jour après jour.

Les équipes de l’UJFP à Gaza fournissent des déjeuners trois jours par semaine aux familles dans le camp, ainsi que des paniers de légumes et parfois des fournitures alimentaires. Nous communiquons également avec de nombreuses institutions et affaires sociales pour fournir de la nourriture à ces familles pour le reste de la semaine, mais cela se fait avec beaucoup de difficulté et un travail intense, avec notre insistance constante pour que ces institutions couvrent le reste de la semaine.  Mais la question devient plus difficile car l’occupation rationne l’entrée de l’aide. Plusieurs personnes travaillent dans l’administration du camp pour surveiller les prix de la viande, de la volaille et des légumineuses afin de saisir toute opportunité de baisse des prix pour acheter les besoins du camp, pour faire une variété de repas en proportion du budget alimentaire fourni par l’UJFP.

Photos

La diversité des aliments destinés aux familles, et plus particulièrement aux enfants des camps que nous ciblons directement, est très importante. Nous veillons à ce que les repas soient complets, en essayant d’éviter le plus possible les conserves, dont l’utilisation excessive nuit à leur santé.

 

La situation à Khuza’a qui est la région où le projet agroécologique existait :

L’équipe de l’UJFP Gaza a visité le siège de l’UJFP dans la région de Khuza’a. Après le retrait des forces d’occupation de la ville de Khan Yunis vers les zones occupées en 1948 (comprendre Israël), nous nous sommes rendus au siège de l’UJFP dans la zone de Khuza’a pour constater la laideur des destructions commises par l’occupant dans ces zones en général et ce que l’occupation a détruit des projets agricoles que nous avons mis en place au fil des ans pour aider les agriculteurs dans les zones situées à l’est de Khan Yunis.


Nous avons d’abord traversé la zone d’Abu Taima pour voir l’horreur : la destruction totale causée par l’occupant, car il n’y a plus aucune maison habitable. La plupart des maisons sont en ruines. Nous avons trouvé des fermiers venus inspecter leurs maisons, et la tristesse les tue, car ils sont devenus des sans-abri. Dès qu’ils nous ont vus, ils se sont rassemblés autour de nous et ont commencé à se plaindre et à expliquer ce qui leur était arrivé, mais ce dont ils parlaient crevait les yeux : la situation parle d’elle-même. Nous avons essayé autant que possible de les réconforter avec quelques mots et de leur dire que leur existence est la plus importante et que tout peut être reconstruit, mais c’était très difficile pour eux, car ils ont tout perdu, leurs maisons, leurs récoltes, et beaucoup de leurs parents et de leurs proches.

Nous les avons quittés après leur avoir dit que nous étions avec eux et que nous allions recommencer, dans l’espoir que leur état psychologique s’améliore. Nous nous sommes ensuite rendus dans le village de Khuza’a. Dès que nous y sommes entrés, nous avons été choqués par le spectacle de la destruction. Des places résidentielles entières ont été rasées au point que l’on peut voir la clôture frontalière depuis le centre du village. Il n’y a pas de mots pour décrire l’ampleur des destructions subies par ce village.

Nous nous sommes ensuite rendus au siège de l’UJFP, qui comprend le château d’eau, la salle de réunion, l’usine de dessalement de l’eau, les deux puits qui alimentent le réservoir d’eau, ainsi que les panneaux solaires qui alimentent chaque puits en énergie électrique. Tous ces éléments ont été brutalement et délibérément détruits pour humilier les agriculteurs et les forcer à quitter leurs terres. L’occupant s’efforce depuis de nombreuses années de détruire tout ce qui sert aux agriculteurs dans les zones frontalières afin de les forcer à partir.

De plus, il a détruit la seule pépinière de toute la région orientale, qui dessert des centaines d’agriculteurs qui dépendent entièrement de la pépinière pour leur fournir gratuitement des plants. Nous n’avons pas pu atteindre la zone de la pépinière parce que l’occupant a rasé la plupart des terres situées entre l’arboretum et la clôture frontalière, derrière laquelle se trouvaient de nombreux chars d’assaut. Par conséquent, ces zones sont devenues exposées et il n’a pas été possible de s’y rendre pour documenter la destruction de cet édifice agricole.


 

Dans la nuit du 21 au 22 Avril Marsel nous envoie le compte rendu de l’activité du centre Ibn Sina auprès des enfants des personnes déplacé.e.s ; cette intervention est rendue possible avec la cagnotte organisée sur le site de l’ UJFP et envoyée à Gaza.

« Bonsoir, camarades, nous menons nos activités successivement à la suite de la menace de l’occupation de bombarder les camps de déplacés à la frontière, selon ce qui a été dit, et il nous a fallu mener nos interventions urgentes, notamment dans le domaine de la santé mentale des enfants, qui a commencé à se détériorer considérablement. »

1. La tente mobile de l’espoir comprend un spectacle de cinéma pour enfants, ainsi que des ateliers de sensibilisation et un soutien psychologique pour les enfants et les mères. Cependant, après que l’occupation a annoncé son intention de déplacer les habitants de Rafah vers la région de Khan Yunis et a intensifié les bombardements sur Rafah, il nous fallait une installation mobile avec un équipement léger. Pour l’instant, nous avons opté pour la création du cinéma mobile, une idée pionnière et première du genre, visant à réunir les familles en un même lieu loin de la peur et de l’isolement, et à atténuer les difficultés rencontrées par les personnes déplacées (les habitants interagissent davantage avec les dessins animés que les enfants eux-mêmes). Nous avons même reçu des demandes de jeunes et même de personnes plus âgées pour diffuser le match d’aujourd’hui pour eux. Aujourd’hui, nous avons réussi à briser la barrière de la peur, et tout le monde a fini leur journée avec le sourire. Tout le monde a pris l’habitude de dormir dans sa tente au camp le soir venu.

2. Activité récréative et accompagnement de groupe pour les enfants.

3. Alors que l’été arrivait et que les températures commençaient à augmenter, les enfants ont continué à porter des vêtements d’hiver épais parce qu’e c’étaient les seuls qu’ils avaient. Nous avons donc commencé à proposer des vêtements d’été pour garçons et filles.

4. En interviewant un enfant et ses parents on apprend que l’enfant a perdu la parole à cause du choc. La maison voisine de sa maison a été bombardée par les missiles israéliens F-16, ce qui a fait que la fillette a souffert d’une perte complète de la parole ainsi que d’une hyperactivité. Par ailleurs elle souffre d’allergies au blé et aux céréales, elle est donc obligée de manger des aliments spécifiques tels que des légumes et des fruits.


 

« Est-ce que nous Ibn Sina, l’UFP et le mouvement de solidarité français faisons des miracles ? Ou Est-ce que ce sont ces enfants qui font des miracles ? Je suis sûr que si les dirigeants de l’occupation avaient compris, d’un point de vue militaire, le degré de détente et de bonheur de cet enfant, ils auraient immédiatement déclaré leur échec. S’ils voyaient la situation d’un point de vue familial en tant que parents et considéraient les enfants du camp comme leurs enfants, loin de la sale politique de discrimination ethnique et raciale, ils auraient jeté de leurs mains les outils de meurtre et auraient immédiatement arrêté le génocide. »

Ces propos de « rêve » de Marsel utilisent un temps qui est celui du conditionnel…


 

Aujourd’hui, 23 avril.

Par téléphone Abu Amir nous donne des informations de la dégradation importante à Gaza :

« La situation dans la bande de Gaza se détériore. À Nuseirat l’armée a rasé des quartiers entiers. Ce matin encore nous venons d’apprendre la destruction d’un immeuble où vivent des gens que nous connaissons. Nous attendons avec anxiété des informations. »

Dans le camp des paysans et de leurs familles

Depuis le retrait de WCK (World Central Kitchen), le camp est affamé. Nous nous efforçons de trouver d’autres sources de nourriture. Comme équipe UJFP, nous sommes membres de l’organisation du camp, nous en assurons même la présidence. On attend de nous que nous réglions tous les problèmes.
Un problème essentiel est celui de l’eau. La pompe du forage qui nous alimentait est grillée, et on a de sérieux problèmes avec le gaz qui permet d’actionner le générateur. La solution serait une batterie solaire, qu’un voisin du camp accepterait d’utiliser sur son forage pour nous donner de l’eau, mais une batterie solaire, c’est très, très cher. Il faut voir suivant la puissance, mais pour 600 watts, le prix qui était auparavant de 800 shekels (pour une batterie neuve) est maintenant de 2 500 shekels pour une batterie d’occasion. Tout le monde en cherche dans toute la bande de Gaza.

Cela fait une semaine que nous n’avons pas d’eau, j’ai pu débrouiller deux jours d’eau potable, j’espère arriver à faire venir un camion la semaine prochaine pour 2 autres jours d’eau potable. Mais le problème est entier pour l’eau des autres besoins, hygiène en particulier.

Il y a d’énormes problèmes avec l’argent : grâce à la solidarité française transmise par l’UJFP, il a de l’argent sur son compte mais il n’y a plus de cash à Gaza. Je me débrouille parce qu’on me connaît et que mes interlocuteurs me font confiance. Les distributeurs automatiques de billets sont assaillis par des milliers de personnes voulant retirer de l’argent.
La pénurie a provoqué l’apparition de voleurs armés qui essaient de s’emparer de l’argent liquide qu’ils peuvent trouver. Les commerçants qui peuvent accéder au cash à partir des cartes bancaires demandent un pourcentage indigne : 25 %.

Western Union prélève aussi des sommes importantes sur les virements, ce qui n’existait pas autrefois.
Il faut dire qu’il y a vraiment pénurie de cash. Partout aux carrefours, on voit des milliers de petits vendeurs, qui vendent tout et n’importe quoi, et gardent leur monnaie sur eux en cash, sans rien ré-injecter dans le système financier.

Pour l’instant je fais face, avec l’aide de personnes du camp et du Mokhtar Abu Jamal (resté au Caire depuis octobre). »


 

Parfois quand le temps des nouvelles est trop long ou que les pensées sont assaillantes, l’envoi d’un message est impérieux : une réponse d’Abu Amir à l’un de ceux-ci la nuit du 26 au 27/04 :

« La barbarie de l’occupation se poursuit encore dans la guerre d’extermination et de déplacement, et le siège montre toujours son horrible visage, provoquant une véritable famine et une crise majeure du secteur de la santé, qui a atteint le gouffre. Les citoyens attendent toujours une lueur d’espoir pour arrêter la guerre, tandis qu’ils pansent leurs blessures d’une part et enterrent leurs proches de l’autre. Il n’existe plus aucune famille qui n’ait perdu un de ses membres, un proche ou un foyer. Tout le monde ici attend de mourir à tout moment, car il n’y a aucun endroit sûr. »

Matinée du 27/04, d’autres informations et compte rendu d’activité de l’équipe d’Abu Amir :

Un autre crime odieux de l’occupation

« En plus d’une semaine, les corps de plus de 283 martyrs ont été retrouvés dans la fosse commune du complexe médical Nasser. C’est une nouvelle preuve supplémentaire du caractère sanglant et nazi de l’occupation.

Aujourd’hui, d’autres corps de martyrs ont été retrouvés à proximité de l’hôpital Nasser. Des enfants, des femmes et des médecins, menottés, ont été directement exécutés pendant la présence de l’occupation dans la zone. C’est le vrai visage de l’occupation, qui tente de déformer la vérité en faisant croire au monde que ses soldats et ses véhicules sont à Gaza dans le but de poursuivre les membres du Hamas, mais le véritable objectif est d’exterminer le plus grand nombre possible de Palestiniens.

C’est ce que présente la réalité que nous voyons de nos propres yeux, ces charniers sont une preuve claire qui n’accepte aucune interprétation ou déformation du caractère sanglant de l’occupation qui a tué et exterminé tout ce qui est palestinien. 

Les charniers et l’extermination quotidienne de notre peuple nécessitent une pression internationale et politique pour activer les résolutions onusiennes et internationales et mettre en œuvre les mesures de précaution prises par la Cour de justice pour protéger notre peuple et le sauver de la guerre d’extermination.

L’effondrement de la situation sanitaire dans le nord de Gaza représente une catastrophe humanitaire majeure qui menace de mort certaine de nombreux habitants, la plupart des hôpitaux et des cliniques étant hors service et le manque total de fournitures médicales.

La crise humanitaire et la famine dans la bande de Gaza continuent de s’aggraver à la lumière de l’entêtement de l’occupation à rationner l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza.

L’occupation exerce une pression en rationnant l’entrée de l’aide et en menaçant d’envahir la ville de Rafah pour relever le plafond des négociations et obtenir le plus grand nombre possible de concessions de l’autre partie, ce qui a rendu la vie presque impossible aux habitants de la bande de Gaza. Nous souffrons de prix incroyablement élevés en raison de la pénurie de produits alimentaires et des mouvements de population continuels à cause des bombardements barbares qui touchent diverses zones de la bande de Gaza.

Cette crise touche les agriculteurs du camp, dont le nombre ne cesse d’augmenter et dont les besoins de subsistance sont devenus de plus en plus difficiles à satisfaire. Plusieurs problèmes se posent, comme par exemple les problèmes d’eau, de médicaments, de légumes, de denrées alimentaires et de produits de nettoyage. Nous travaillons avec toute notre énergie pour communiquer avec chacun et pour apporter le nécessaire. Parfois nous réussissons, nous continuons à travailler pour aider ce groupe qui a beaucoup souffert.

Nous poursuivons toujours le programme qui propose des déjeuners trois jours par semaine avec le soutien de l’UJFP. »


 

Sous la pluie constante un cortège Palestine de soutien à Gaza était bien présent dans la manifestation du 1er Mai à Montpellier ; à l’envoi des photos Abu Amir écrit :

« Cette ville m’étonne constamment. J’espère rencontrer ces courageux un jour. Je les apprécie et les respecte. C’est d’eux que nous tirons notre force. »

À l’envoi des photos du rassemblement des étudiants devant l’administration de l’Université Paul Valéry de Montpellier pour demander la rupture des partenariats avec les universités israéliennes, Marsel répond :

« BDS ✊ Vive la solidarité  !

« Cette merveilleuse solidarité, ces mouvements et ces manifestations reflètent les valeurs de lutte et de fermeté contre les politiques d’injustice, de génocide et d’occupation. Merci pour tout ce que vous faites pour soutenir mon peuple palestinien dans son droit légitime à la vie, à la liberté et à la dignité. »

Il enchaîne :

« Pendant que les bénévoles travaillent, désolé, j’essaie de m’aider moi-même et ma famille. »


 

Le 2 Mai Marsel relaie une dépêche de l’AFP assortie d’un commentaire :

« L’UNESCO décerne le Prix du journalisme aux journalistes palestiniens à Gaza. Les journalistes palestiniens le méritent. Ils ont payé de leur vie le prix de la vérité, mais pourquoi le prix de la honte n’est-il pas annoncé, accompagné d’un mandat de prison que l’on peut attribuer aux assassins de journalistes ? L’occupation a ciblé le plus grand nombre de journalistes de l’histoire ! »

Le ministère palestinien de la Santé a rapporté que 496 travailleurs médicaux palestiniens ont été assassinés, 1 500 blessés et 309 autres détenus par les forces d’occupation israéliennes depuis le début de cette agression.

Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme : Décès parmi les Palestiniens dans la bande de Gaza dus à l’hépatite résultant de la pollution et du manque d’eau potable.

Marsel par la suite dans la soirée du 2 Mai ne cessera d’envoyer de terribles nouvelles ainsi que la continuité des bombardements.

Décès du célèbre chirurgien orthopédique Professeur Adnan Al-Bursh

« Le professeur Adnan Al-Bursh, chef du service d’orthopédie de l’hôpital Al-Shifa, est décédé dans les prisons israéliennes des suites des tortures brutales auxquelles il a été soumis. Al-Bursh a été évacué de force de l’hôpital Al-Shifa en novembre, mais il a refusé de fuir vers le sud et s’est dirigé vers l’hôpital indonésien où il a été kidnappé. Ce n’était pas le premier. J’espère que ce sera le dernier. Cette occupation fait sortir de sa manche les crimes les plus horribles et les plus sales. »

« Les blessés sont arrivés à l’hôpital du Koweït après que l’occupation a bombardé des tentes à l’ouest de Rafah, au sud de la bande de Gaza. Blessés dans un bombardement israélien qui a visé une maison abritant des personnes déplacées à l’ouest de Rafah, au sud de la bande de Gaza. »

« Il appelle à l’aide à cause de la douleur dans ses mains. Ce sont les traces de torture brutales laissées sur le corps du prisonnier palestinien Mohammed Turk, kidnappé dans la bande de Gaza. »


 

Le 1er mai au téléphone, un résumé de la situation dans une conversation entre Sarah et Abu Amir, puis Pierre et Abu Amir :

« On veut croire qu’il y a encore une probabilité d’avoir une nouvelle pour le cessez-le-feu, mais on baigne dans des flots d’informations contradictoires. Les gens sont très en colère, attendant le cessez-le-feu. Ce qu’on sait, ce sont les attaques continues de l’occupation, et son affirmation que, même s’ il y a un cessez-le-feu, de toutes façons ils attaqueront Rafah.

Les destructions sont énormes, mais il y a des mouvements de la population au nord de Nuseirat, le long du wadi Gaza, à l’ouest de Nusseirat, sur toutes les plages à partir de Nusseirat. Le camp de Mawasi va encore s’étendre.

On trouve de nombreux camps montés par des donateurs, des tentes y sont préparées, actuellement vides. Ces camps sont destinés à une population cible exclusive : les employés de telle municipalité, les personnes qui travaillent dans tel ou tel hôpital… Pour les « gens ordinaires », il n’y a rien de prévu. Près de ma maison, il y a un grand camp de cette sorte. Il y a un poster à l’entrée, « Amitié des Émirats arabes unis ». J’ai demandé au gardien (gazaoui bien sûr) pour qui serait ce camp, il m’a répondu : pour les employés de la municipalité. Je lui ai demandé qu’il abrite une famille arrivée de Rafah et n’ayant rien, il a dit : impossible. Alors que toutes les tentes sont vides.

Ce sont les institutions qui financent les camps qui les attribuent à tels ou tels bénéficiaires.

C’est le fonctionnement inverse du nôtre : dans notre camp, on a abrité tous ceux qui venaient de l’école dans laquelle s’était réfugié le grand groupe de familles d’agriculteurs Abu Taïma venant de Khuza’a, même ceux qui étaient là sans être paysans.

Il faut comprendre qu’il est très difficile de se déplacer, par exemple d’aller de Rafah à Deir al-Balah ou Nuseirat. Il faut compter 500 Nis [125,55 €] pour emprunter un pick-up permettant de déménager les affaires d’une famille de Rafah à Nuseirat. Et cela se comprend de la part des chauffeurs, c’est dangereux et l’essence est très cher. La plupart des familles n’ont pas cet argent, elles ne peuvent pas bouger. Et avant de se mettre en mouvement, tous veulent savoir : au point d’arrivée y a-t-il des sanitaires ? Y a-t-il de l’eau ?

En bref : qui a de l’argent pourra quitter la zone attaquée, mais la grande majorité des gens n’ont pas 1 shekel dans leur poche.

Je dirais que 85 % n’ont pas 1 shekel ; 15 % ont un compte approvisionné, mais ne peuvent pas retirer de liquide ; les distributeurs de billets sont sous contrôle d’une mafia, qui exige 500 Nis pour te laisser introduire ta carte dans le distributeur ; quand aux commerçants, c’est 25 % de la somme qu’ils retiennent si tu passes par eux (et ils disent : “tu n’es pas content, mais tu devrais l’accepter quand même, car bientôt ce sera 50 % que je demanderais”).

 

Question : Qui peut réguler la vie commune ? Pas les municipalités, tous les bâtiments ont été mis par terre. Pour Deir al-Balah, c’était il y a un mois. Les équipes municipales n’ont plus rien, elles ne peuvent pas travailler sur le terrain.

Dans cette jungle, la police du Hamas essaie de travailler sur le terrain, mais parmi eux on trouve ceux qui créent les problèmes, volent la nourriture de l’aide humanitaire et la revendent sur les marchés… Ils ont les armes, pas nous.

Question : La Défense civile est très active et courageuse, n’est-ce pas ? J’ai de très bons contacts avec eux ici, ils travaillent magnifiquement, très dur. Mais il leur manque tout le matériel nécessaire.

Question : On ne pourrait pas envisager un corps comme cela pour organiser la vie quotidienne ? Pour lutter contre les mafias, il faut des armes. C’est tout à fait un autre métier.

Quand j’ai quitté ma maison pour me déplacer à Rafah, des jeunes gens sont restés pour la défendre. Ils ont réussi, mais ils avaient des armes.

Il faut prendre la mesure des destructions : je connais Khan Younis comme ma propre main, quand je l’ai parcourue, je ne reconnaissais rien, absolument tout est détruit ; nous avons vu la zone Abu Taima de Khuza’a, c’est entièrement détruit, etc… Il nous faudra 50 ans pour réparer toutes les infrastructures.

Il nous faudra trois années pour redémarrer un système de scolarisation des enfants. Nos enfants vont perdre toutes ces années, ils seront comme des ânes… Nous avons tant de gens très formés, mais personne ne met en avant la question de la scolarisation. On arrive à parler de la santé, de l’alimentation, c’est urgent… Mais la scolarisation des enfants, c’est encore plus important pour l’avenir.

Question : Tu penses organiser quelque chose pour la scolarisation dans le camp ?

Alors je pense que c’est indispensable, mais il faut que vous regardiez les possibilités.

Pour l’instant, l’UJFP assure un repas trois jours par semaine, pour les 750 familles qui sont dans le camp ou juste alentour. C’est une énorme somme, quelque chose comme 6 600 Nis [1 656,32 €] par semaine. Et c’est absolument nécessaire, donc j’ai craint, si je promeus un autre projet, que vous ne puissiez plus continuer avec les repas.

Si on regarde les besoins du camp, au delà des repas qui doivent être assurés, la situation est claire :

– en premier lieu est le problème de l’eau. Pour le résoudre, on a besoin de 8 panneaux solaires.

– vient immédiatement ensuite la question de la scolarisation. On a les forces pour l’organiser, mais il faudra assurer le matériel et des salaires.

– et juste après, le soutien psychologique. On a une équipe formidable, il faudrait la faire vivre.

On peut d’ailleurs s’appuyer sur cette équipe pour encadrer en partie la scolarisation, cela permettrait de mutualiser les charges de salaire. »


 

Abu Amir le 3 Mai

Quelle que soit la persistance de l’injustice, quelle que soit l’obscurité de la nuit, l’aube doit apparaître et la vérité doit enfin triompher.

« Les scénarios de tueries, de destructions et de déplacements menés par l’armée israélienne contre les civils vivant dans la bande de Gaza se poursuivent, facilités par les silences international et arabe. Ce silence donne le feu vert à Israël pour commettre davantage de massacres dans la bande de Gaza. Israël méprise toujours la communauté internationale et ses décisions et accuse tous ceux qui demandent l’arrêt de la guerre ou la création d’un État palestinien d’être des partisans du mouvement Hamas. Mais quelle que soit la persistance de l’injustice, quelle que soit l’obscurité de la nuit, l’aube doit apparaître et la vérité doit enfin triompher. Le peuple a enfin commencé à comprendre ce qui se passait autour de lui, et la question de la Palestine a commencé à émerger avec force. C’est le début de l’ère de la liberté. Oui, le prix payé par les Palestiniens est élevé et insupportable, mais notre cause commence à briller. Les peuples libres du monde commencent à bouger pour exprimer ce qu’ils ont en eux et dire : Assez d’injustice. Il y a un peuple qui doit gagner sa liberté. Assez, il y a une occupation qui doit être supprimée. La peur qui retenait la langue des peuples a disparu et les étudiants de diverses régions du monde ont commencé à manifester et à exiger de leurs universités qu’elles cessent toute coopération avec l’occupant et qu’elles demandent à l’occupant d’arrêter la guerre pour enfin donner aux Palestiniens leurs droits.

Après que de nombreux pays ont exigé que les responsables du gouvernement israélien soient traduits devant la Cour pénale internationale, Israël a craint de se voir imposer un isolement international. L’opinion publique israélienne a commencé à faire pression sur son gouvernement pour qu’il entame des négociations et travaille sérieusement à la conclusion d’un accord d’échange et à la fin de la guerre. De plus, la communauté internationale fait pression sur le gouvernement de l’occupant pour qu’il s’engage sérieusement dans les négociations de la trêve et ne perde pas de temps comme il l’a fait en permanence. Les Palestiniens attendent les résultats des négociations, espérant que cette fois-ci elles aboutiront à un cessez-le-feu temporaire pour éloigner le spectre de la mort, même si ce n’est que pour quelques heures.

Même si nous supposons qu’il est possible d’arrêter la guerre, la catastrophe humanitaire que vivent les habitants de la bande de Gaza ne s’arrêtera pas rapidement. L’occupant a détruit la plupart des bâtiments et des installations de la bande de Gaza. Plus de 80 % des infrastructures ont été détruites et les rapports internationaux indiquent que si la reconstruction de Gaza commence maintenant et qu’Israël ne met pas d’obstacles à l’entrée des matériaux de construction, la reconstruction de la bande de Gaza ne sera pas achevée avant 2040, jusqu’à ce qu’elle redevienne ce qu’elle était avant la guerre. Les équipes de l’UJFP poursuivent leur travail humanitaire dans les camps de déplacés afin de fournir de la nourriture et de répondre aux besoins des personnes déplacées qui souffrent d’un manque de nourriture, de boisson et de vêtements en raison de la guerre brutale qui a conduit à leur déplacement de leurs villages et à la perte de tous leurs biens et de leurs proches. »

Distribution des repas 29/30 Avril et 1er mai : photos et vidéos

Par ailleurs Abu Amir présente deux projets, sur lesquels nous reviendrons, indispensables à la vie et à la dignité des Déplacé.e.s dans le camp : un projet de soutien psychologique pour les femmes palestiniennes particulièrement impactées par les conditions de vie liées au destructions, bombardements et déplacement et un projet pour la scolarisation des enfants qui depuis le 7 octobre 2023 se retrouvent sans aucune forme d’éducation ou d’étude dans la bande de Gaza.


 

Israël bombarde Rafah

Évacuation terrible à Rafah dans la journée du lundi 6 Mai

9h du matin : Urgent Le porte-parole de l’armée israélienne annonce le début de l’évacuation des habitants des zones orientales de la ville de Rafah. Évacuation partielle avec l’accord du niveau politique, qui est temporaire et progressera progressivement en fonction des évaluations en cours de la situation. L’armée israélienne annonce l’expansion de la zone qu’elle prétend être une zone humanitaire dans la région de Mawasi Khan Yunis, l’expansion jusqu’à Deir al-Balah au nord et jusqu’aux blocs 2360/2371/2373 au sud, à l’est et au centre. de Khan Yunis — L’armée ennemie israélienne met en garde contre l’approche des citoyens de la vallée de Gaza et leur retour vers le nord de la bande de Gaza, car ce sont des zones de combat et il est interdit de s’approcher de l’est.

À tous les résidents et personnes déplacées de la zone de la municipalité d’Al-Shoka, des quartiers d’Al-Salam, Al-Geneina, Tabat Al-Zara’a, Tabat Al-Bayuk et des blocs 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 28, 270, Tsahal [armée du peuple d’Israël] opèrera de manière agressive dans les zones mentionnées. Évacuation des zones et blocs susmentionnés vers la zone indiquée en jaune sur la carte, qui est la ville de Khan Younis. La justification est toujours là :

Doron Kadoush. Radio militaire, responsable de la sécurité : « La zone dont l’évacuation a été demandée compte trois bataillons Qassam [branche armée du Hamas] sur quatre. Il comprend le bataillon des régions de l’Est, du Nord et du Sud… La zone comprend également le côté palestinien du terminal de Rafah. Et à plusieurs kilomètres de la frontière avec l’Égypte. »

Déclaration de l’UNRWA : « Nous ne quitterons pas Rafah et nous maintiendrons notre présence aussi longtemps que possible et continuerons à fournir une assistance vitale. »

Marsel : « L’armée d’occupation appelle les familles et leur demande d’évacuer vers les endroits qu’elle prétend être sûrs. L’appel est aléatoire et non organisé sur un nombre précis de familles, ils ont appelé mon père, ma mère, ma tante et mes cousins sur le portable pour leur demander d’évacuer. De nouveau des tracts ordonnant aux habitants d’évacuer de vastes zones de Rafah. Je suggère que nous installions un camp pour les personnes déplacées après avoir trouvé un terrain pour construire des tentes, d’autant plus que beaucoup, y compris ma famille, sont obligés de partir car nous n’avons pas d’abris ni de tentes dans des zones sûres. »

Commentaire de Marsel

« Dieu fait une sieste avant de commencer son voyage habituel. Mon petit enfant Moayed, fin avril il a eu un an, ce petit a été témoin de dizaines de déplacements dont personne d’autre n’a été témoin, le déplacement n’a pas pris fin puisqu’il est obligé de fuir aujourd’hui également à cause de la menace d’occupation. Évacuation en vue d’une opération militaire, les bombardements ne se sont pas arrêtés ces derniers jours et il semble qu’ils ne s’arrêteront pas et augmenteront fortement…

Appel maintenant de l’armée d’occupation sur mon portable, menaçant de nous forcer à évacuer la zone avant le début de l’opération militaire. »

Ma famille, mon père, ma mère, mes frères, ma femme et mes enfants déménagent maintenant.

Un état de déplacement continu des habitants dans les zones orientales de Rafah au milieu de tirs de roquettes et d’artillerie continus. Des violentes ceintures de feu dans les zones orientales de la ville de Rafah.

 

Experts des droits de l’homme de l’ONU : consternés par les récents charniers à Gaza.

Ministère de la Santé à Gaza : Nous appelons la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête sur le crime de torture et l’assassinat du docteur Adnan Al-Barsh dans les prisons d’occupation.

 

Avant cette nouvelle journée d’évacuation et de déplacement forcé encore et encore voilà ce que Marsel écrivait le 5 Mai  :

« Les habitants de Gaza suivent l’actualité, les reportages et les manifestations étudiantes en soutien à la cause palestinienne et appelant à la fin de la guerre dans la bande de Gaza. Ces mouvements sur lesquels nous comptons beaucoup pour faire pression et arrêter cette agression et la guerre d’extermination qui a touché tout, depuis les objets inanimés jusqu’aux êtres vivants, en lançant les bombes les plus puissantes dans un espace qui représente une prison étroite. C’est un génocide vis-à-vis duquel toute personne libre doit se mobiliser pour l’arrêter. Vive la solidarité et toutes mes salutations à ces grands étudiants qui se sont révoltés pour l’humanité. »

 

Texte d’Abu Amir reçu à 14h45 le 6 Mai qui confirme tout ce que Marsel décrit !

« La guerre contre Gaza en est à son 213e jour : des dizaines de martyrs et de blessés lors d’une série de raids sur Rafah, et l’armée d’occupation annonce le début de l’évacuation des zones à l’est de Rafah. Des dizaines de Palestiniens, dont des enfants et des femmes, ont été tués et blessés à la suite d’une série de raids lancés par des avions israéliens sur des places résidentielles de la ville de Rafah, à l’aube d’aujourd’hui, lundi 6 mai. Le bilan de la guerre israélienne s’est élevé à 34 683 martyrs et 78 018 blessés depuis octobre 2023, alors que l’armée a commis 3 massacres contre des familles dans la bande de Gaza, avec 29 martyrs et 110 blessés arrivés dans les hôpitaux au cours des dernières 24 heures.

La guerre israélienne contre la bande de Gaza assiégée se poursuit pour le 213e jour consécutif, au milieu de violents bombardements de zones peuplées, de zones résidentielles et de zones d’abris, à Rafah, dans la ville de Gaza, à Deir al-Balah, à Beit Lahia et dans le camp de Nuseirat.

Les factions de la résistance palestinienne ont annoncé avoir pris pour cible des véhicules et des rassemblements appartenant à l’armée d’occupation israélienne dans plusieurs zones de la bande de Gaza. La dernière de ces opérations a été le bombardement du passage de Kerem Shalom, qui a entraîné la mort de trois soldats d’occupation et la blessure de 12 autres.

Au niveau des négociations pour parvenir à une trêve et à un accord d’échange : l’attention se concentre sur la réponse du gouvernement israélien à la réponse fournie par le mouvement Hamas concernant les perceptions de la conclusion d’un accord d’échange de prisonniers et de l’atteinte d’un cessez-le-feu à Gaza. Cela arrive à un moment où le Premier ministre Benjamin Netanyahu retarde l’envoi d’une délégation de négociation au Caire et renouvelle ses menaces d’envahir Rafah. Dans ce contexte, l’armée d’occupation israélienne a annoncé, lundi matin, le début de l’évacuation des résidents palestiniens des zones frontalières orientales de Rafah vers les « zones humanitaires » qu’elle a désignées à Al-Mawasi. Cela survient alors que le gouvernement d’occupation israélien continue de menacer de lancer une opération militaire terrestre à grande échelle à Rafah. L’armée d’occupation a appelé les Gazaouis des quartiers est de Rafah à se déplacer vers les zones humanitaires élargies, où, dans ce contexte, des tracts seraient distribués aux Palestiniens, des SMS et des appels téléphoniques seraient envoyés, ainsi que des informations seraient diffusées via le réseau Médias arabes. Le porte-parole de l’armée d’occupation a publié un communiqué dans lequel il a annoncé l’expansion de ce qu’il a décrit comme la « zone humanitaire » à Al-Mawasi, où il a appelé les résidents palestiniens déplacés de la bande de Gaza à être évacués des quartiers est de Rafah. zone vers la « zone humanitaire » élargie, comme il l’a dit.

Le porte-parole militaire a expliqué dans sa déclaration que l’armée étend la zone humanitaire à Al-Mawasi. Réclamation : La zone comprend des hôpitaux de campagne, des tentes et de grandes quantités de nourriture, d’eau, de médicaments et d’autres fournitures. Le porte-parole militaire a ajouté dans sa déclaration : « L’armée, en coopération avec certaines organisations internationales et d’autres pays, permet l’expansion de l’aide humanitaire apportée dans la bande de Gaza. » Selon le communiqué de l’armée d’occupation : Sur la base de l’approbation du niveau politique israélien, l’armée appelle les habitants palestiniens de Rafah à évacuer temporairement les quartiers est de la région de Rafah. L’armée a indiqué que cette opération avancerait progressivement, sur la base de l’évaluation continue de la situation qui se déroulera tout au long.

Selon les estimations de l’armée d’occupation, il n’y a qu’environ 100 000 civils dans la zone actuellement évacuée à Rafah, où plus d’un million de personnes déplacées ont trouvé refuge, selon ce qu’a rapporté la radio de l’armée d’occupation, qui a déclaré qu’il s’agissait d’une “évacuation limitée et spécifique”. Parallèlement, des sources palestiniennes confirment que les zones mentionnées pour l’évacuation sont habitées par plus de 250 000 civils.

La décision de commencer à évacuer les Palestiniens de Rafah a été prise hier soir lors de la séance du cabinet, et après la décision du cabinet, le ministre de la Défense Yoav Galant a discuté de cette question avec le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, qui a souligné “la nécessité de toute éventuelle opération militaire israélienne dans le pays”.

Rafah est un plan crédible pour évacuer les civils. La décision du Conseil de guerre israélien concernant l’invasion de Rafah entraînera des souffrances accrues pour plus d’un million de personnes qui se déplaceront vers d’autres régions alors qu’elles ne disposent pas du minimum vital. Déménager dans une nouvelle région coûte cher à ces personnes déplacées en l’absence d’institutions ou d’organismes internationaux pour s’occuper de cette question. Ce que l’occupation exige de ces personnes déplacées est très difficile et la plupart d’entre eux ne peuvent pas facilement le mettre en œuvre. Les institutions internationales doivent organiser ce dossier pour faciliter les déplacements des personnes déplacées. »

 

Marsel n’a cessé d’envoyer des informations toute la journée du 6 Mai :

Un certain nombre de camions humanitaires égyptiens et palestiniens ont été endommagés par les bombardements israéliens près du terminal de Rafah.

Ministère égyptien des Affaires étrangères : Nous mettons en garde contre les dangers d’une éventuelle opération militaire israélienne à Rafah palestinien. Nous poursuivons nos contacts 24 heures sur 24 avec toutes les parties afin d’éviter que la situation ne dégénère ou ne devienne incontrôlable. Nous appelons Israël à faire preuve de la plus grande retenue à un moment très sensible des négociations et à épargner le sang des civils exposés à une catastrophe humanitaire.

Médias égyptiens : Ciblage des entrepôts d’aide du côté palestinien de la frontière et pompiers égyptiens qui y éteignent un incendie. (Agence de presse du monde arabe). La chaîne Cairo News TV a rapporté lundi que des entrepôts d’aide du côté palestinien de la frontière avec la bande de Gaza avaient été pris pour cible. Les pompiers égyptiens aidaient à maîtriser les incendies dans les entrepôts, a rapporté la télévision d’État. La télévision a diffusé des images aériennes montrant de la fumée s’échappant des entrepôts après l’attaque.

L’OMS aux Arabes : Nous avons développé plusieurs scénarios pour poursuivre la livraison de fournitures médicales en cas d’opération sur Rafah.


 

 Marsel

« Je suis toujours à Rafah, toute ma famille a déménagé dans une zone située entre Deir al-Balah et Khan Younis, un état de déplacement et de grande peur touchent les habitants. Cette situation a complètement détruit l’espoir et l’optimisme qui régnaient parmi les habitants au cours des deux dernières jours. »

Puis s’en est suivi une soirée entre messages d’espoir, scènes de liesse et nécessité du scepticisme, tout cela sous un déluge de bombardements qui ne cesse pas.

« Les avions de combat israéliens ont lancé une série de raids violents et successifs ciblant les rues, les terres agricoles, les maisons d’habitation et les fermes d’élevage et de volailles dans les quartiers d’Al-Salam, Al-Geneina et Al-Shawka, à l’est de Rafah. Volker Türk [Haut-commisaire des Nations unies] : réinstaller de force des centaines de milliers de personnes de Rafah vers des zones rasées ne fera que les exposer à davantage de danger et de misère. »

Mais, inattendues entre 18h et 19h voilà les informations de Marsel :

« Je ne connais pas encore la validité de la nouvelle : une source importante du Hamas a déclaré à Al Jazeera : Nous avons informé les médiateurs qataris et égyptiens de notre accord sur leur proposition de cessez-le-feu. Le Hamas accepte la proposition de cessez-le-feu égyptienne et qatarie. Un état de joie et de bonheur et des sifflements de joie à l’annonce de la nouvelle qui parle d’un cessez-le-feu et de l’accord du Hamas sur la proposition égyptienne. Avertissement important : il n’y a pas encore de trêve officielle ni de cessez-le-feu… Mais tout ce qui se passe, c’est que les gens réagissent et se réjouissent de la nouvelle. Célébrations à Rafah et coups de feu pour se réjouir de l’accord. Juste une nouvelle non confirmée parlant d’un cessez-le-feu, regardez la manifestation de joie et de plaisir avec cette nouvelle qui n’est pas confirmée jusqu’à présent.

Marsel entre 19h et 20h :

Médias israéliens : Haut responsable israélien : L’équipe de négociation israélienne a reçu la réponse du Hamas il y a peu de temps, la proposition est en cours d’étude approfondie et un commentaire sera publié ultérieurement.

« Au niveau personnel je ne suis pas très optimiste, mais moi, comme tous ceux qui sont sortis, j’ai besoin d’une touche d’espoir. »

États-Unis d’Amérique : Correspondant d’Al-Mayadeen à Washington : La conférence de presse du Département d’État américain a été retardée d’environ une demi-heure afin de parvenir à une position, peut-être concernant la réponse du Hamas.

Département d’État américain : Nous discuterons avec l’Égypte, le Qatar et Israël de la réponse du Hamas à la proposition de cessez-le-feu.

Et toujours, continuellement, sans s’arrêter des raids désormais à l’est de Rafah.


 

Abu Amir écrit vers 20h un commentaire qui remet la situation en perspective :

« Le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a informé par téléphone le Premier ministre qatari et le ministre égyptien des renseignements, Abbas Kamel, de l’approbation par le Hamas de leur proposition d’accord de cessez-le-feu. Israël a déclaré qu’il doutait de la réponse du Hamas et a déclaré que lorsqu’il recevrait le document, il en discuterait et y répondrait. La population de la bande de Gaza réagit à la bonne nouvelle selon laquelle le Hamas a accepté l’accord de cessez-le-feu comme une trêve. Mais ce qui s’est passé n’est rien d’autre que l’approbation par le mouvement de l’accord proposé, et il n’y a rien de nouveau concernant la trêve jusqu’à présent. »

mise à jour le 7 mai 2024.

(…)


À propos des témoignages

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).


 

Depuis le 20 novembre altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

Partie 1 du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 2 du 8 au 17 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 3 du 18 au 27 janvier 2024. À lire ICI

Partie 4 du 28 janvier au 13 février 2024. À lire ICI

Partie 5 du 13 au 20 février ICI

Partie du 21 février au 4 mars ICI

Partie du 5 mars au 14 mars ICI

Partie du 15 mars au 30 mars ICI

Partie du 31 mars au 15 avril ICI


Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.