Le soir du 8 Janvier 2024, après minuit voilà les informations que nous transfèrent Sarah du compte rendu que lui a envoyé Abu Amir par WhatsApp. Les adjectifs, les noms, les mots, la langue manquent pour introduire l’effroyable de la situation décrite par Abu Amir dans la Bande de Gaza.


 

Abu Amir – 8 janvier 2024 – message WhatsApp.

Derniers développements de la situation dans la bande de Gaza au cours des dernières 48 heures.

La situation dans la bande de Gaza devient de plus en plus difficile jour après jour. Après un retrait partiel de l’armée israélienne du nord de la bande de Gaza et de la ville de Gaza, l’occupation a férocement ciblé les régions centrales et méridionales de la bande de Gaza. L’occupation a demandé aux habitants de Nuseirat, Al-Bureij et Al-Mughraga de quitter leurs maisons pour rejoindre la ville de Deir Al-Balah, et a commencé à détruire ces villes sans pitié, ce qui a conduit à la mort des centaines d’habitants qui refusaient de quitter leurs maisons parce qu’il n’y avait pas d’abri pour eux ailleurs. Quant aux villes d’Al-Maghazi et d’Al-Masdar, l’occupation les a encerclées et assiégées sans avertissement et a commencé à bombarder les maisons remplies d’habitants, ce qui a également entraîné la mort de centaines d’entre eux au cours des dernières 48 heures.

Jusqu’à présent, des tanks sont présents autour des zones d’Al-Maghazi et d’Al-Masdar, et des drones QuadCopters sont déployés dans ces villes, tirant sur les passants et terrorisant les habitants. On sait qu’un grand nombre de victimes ont été causées par ces drones intelligents qui volent facilement entre les allées des camps de réfugiés en raison de leur petite taille, et les habitants de la bande de Gaza les considèrent comme les armes les plus dangereuses parmi celles utilisées par l’occupation dans la guerre contre la bande de Gaza.

Parallèlement aux attaques sur les zones du centre de Gaza, l’occupation est postée dans des zones de la ville de Khan Yunis, en particulier dans la zone de Ma’an, en préparation de l’entrée dans le centre de la ville de Khan Yunis, en particulier vers l’hôpital Nasser. C’est l’objectif de l’occupation dans toutes les villes qu’elle pénètre, de détruire les hôpitaux qui sont considérés comme un symbole de sécurité pour la population et comme le seul refuge pour recevoir un traitement.

Lors de ma visite aujourd’hui à l’hôpital européen, situé sur la route de Salah al-Din menant au point de passage de Rafah, au sud-est de la ville de Khan Yunis, blessés et morts sont arrivés en grand nombre à la suite du bombardement par l’occupation d’une école dans la région d’Al-Manara, au sud de Khan Yunis. J’ai pu entrer dans la morgue, qui était bondée de morts, et j’ai pris quelques photos qui m’ont fait beaucoup de peine. Les soignants m’ont dit que la plupart des morts étaient des enfants et des femmes.


A la veille de la nouvelle année l’équipe d’ Isbn Sina avait décidé de s’attaquer aux questions sanitaires, essentielles vue l’arrivée du nombre de réfugié.e.s et les conditions plus que précaires d’hébergement dans la zone de Rafah. Son équipe qui avait déjà parlé de ses réalisations en les illustrant dans les chroniques de tout début janvier a pris soin d’ envoyer un rapport à la fois financier et moral pour rendre compte des collectes effectuées par l’ UJFP et justifier de son action concrète auprès des soutiens solidaires de la Palestine, de la bande de Gaza.

 Ci-dessous certes un résumé précis de son travail au quotidien pour l’établissement de sanitaires à l’ouest de Rafah. Compte rendu plus détaillé ICI

Extraits du rapport

“…..Concernant la situation sanitaire, et ce, malgré les avertissements répétés de l’ONU et des institutions internationales, elle s’est catastrophiquement dégradée et la propagation d’épidémies et de maladies perpétuent cette catastrophe continue et la réalité devient plus sombre et plus dangereuse. La propagation de la pollution a tout touché, en particulier l’eau et la nourriture, et face à leur rareté et à l’état de famine, tout le monde est obligé de boire de l’eau et de manger de la nourriture malgré leur contamination. Cela a grandement conduit à la diffusion de maladies, en particulier celles liées aux maladies du système digestif, telles que les troubles du système digestif (intoxications, diarrhée, vomissements et infections intestinales), ainsi que les rhumes hivernaux. La fièvre a accru la gravité de ces symptômes………Après le déplacement forcé des habitants non seulement du gouvernorat de Khan Yunis, mais aussi de tous les gouvernorats de la bande de Gaza, vers Rafah et l’incapacité des centres d’hébergement à accueillir les nouvelles personnes déplacées, en raison de la faible capacité des centres d’hébergement dû au petit nombre d’écoles à Rafah, le nombre de personnes déplacées dans les centres d’hébergement est devenu plusieurs fois supérieur à leur capacité. Les personnes déplacées ont été obligées d’installer leurs tentes dans des parcelles vides et sur les trottoirs des rues dépourvues d’infrastructures, notamment d’infrastructures sanitaires…

Avec le soutien de l’UJFP et du Mouvement de Solidarité Français, nous avons commencé à travailler sur la mise en œuvre du projet (établir des toilettes pour les personnes déplacées à l’ouest de Rafah). Après avoir mesuré la faisabilité de la mise en œuvre, la disponibilité des matériaux et mesuré les alternatives ainsi que les prix, nous avons commencé à creuser 20 puits d’égouts, ainsi que la construction de fondations en béton et la fourniture de caravanes transportables pour le bâtiment des toilettes. Ainsi, nous avons pu mettre à la disposition des déplacés 20 sanitaires individuels (10 sanitaires doubles) (4 de ces sanitaires nécessitent juste la caravane en fer) qui ont été distribués à 3 rassemblements de déplacés à l’ouest de Rafah…………..Notre objectif noble et humanitaire commun est d’aider les déplacés et de renforcer leur moral, pour leur redonner un espoir en l’humanité et les faire sourire, même s’ils subissent de multiples douleurs, dues aux conditions difficiles. Nous savons que ce sourire est temporaire à cause de l’amertume de la réalité ici. La guerre continue, les bombardements continuent, et les souffrances augmentent, et les besoins augmentent. Malgré cela, nous croyons que nous sommes ensemble et que grâce à notre travail acharné, nous ferons à nouveau sourire ces gens. Puissiez-vous, camarades, être toujours dignes du travail humanitaire, Vos compagnons, Centre Ibn Sina Bande de Gaza –

9 janvier 2024


 

Mercredi 10 Janvier au matin Marsel nous envoie ce message Watts’app “Une matinée sanglante à Rafah : 15 martyrs et plusieurs blessés sont morts à cause des avions de guerre d’occupation qui ont visé aujourd’hui à l’aube une maison de la famille Nofal, à l’ouest de Rafah. En outre, 3 martyrs sont morts dans un bombardement d’artillerie israélien qui a ciblé des agriculteurs à l’est de Rafah il y a quelques instants.”

Plus tard en début d’après – midi ce sont ses réflexions par watts’app

“Ici, alors que la guerre continue et après que le Premier ministre d’occupation a promis de faire reculer la bande de Gaza de plusieurs décennies, nos rêves sont devenus plus simples que vous ne pouvez l’imaginer.

A Gaza, réussir à recharger son téléphone ou pouvoir avoir quelques miches de pain après de longues heures d’attente. ou réussir à obtenir quelques litres d’eau potable, et si vous avez la chance de pouvoir vous baigner chaque semaine ou quelques jours au mieux, si vous parvenez à réussir et à trouver après une longue recherche le médicament contre les maladies chroniques pour le traitement des maladies pour vos pères et vos mères, et avant que vous ne vous sentiez désespéré, si vous trouvez du lait pour votre bébé, et pendant ces heures, obtenir des Pampers pour votre jeune fils c’est comme un miracle même si son prix a atteint 160 shekels par sac . Si vous essayez à plusieurs reprises de contacter un ami ou un parent dans un autre gouvernorat et que vous parvenez finalement à entendre sa voix et à le rassurer. Pour trouver un moyen de transport et ne pas avoir à marcher des dizaines de kilomètres avec vos enfants, pour avoir des toilettes à votre disposition, si vous entendez une personne rire et que sur son visage la guerre n’a pas peint l’ expression de désespoir, si vous rencontrez par hasard une personne chère dans les camps de déplacés et lui posez des questions sur sa famille et qu’ il vous dit que sa famille va bien, qu’aucun d’entre eux n’est perdu et que sa maison n’a pas été détruite. Pour nous, atteindre ce que je viens de décrire est comme un rêve ou un miracle.”

 

Le 11 Janvier au matin Marsel nous envoie cette alerte

5 martyrs et plusieurs blessés  dus aux avions de guerre de l’occupation  qui a ciblé des terrains abritant des personnes déplacées dans la région d'Oraiba, au nord de la ville de Rafah.

 

Le 12 Janvier au matin une information accompagnée de photos terribles

« Vous pouvez voir les prisonniers qui ont été libérés par l'occupation via le poste de contrôle de Karam Abu Salem ce matin, après des semaines d'arrestation, ils ont été transférés à l'hôpital Abu Youssef Al-Najjar à Rafah pour y être soignés après les abus qu'ils ont subis. » 

A la lecture d’un article d’ISM je me rends compte que l’horreur de ces témoignages se recoupent :
https://ismfrance.org/index.php/2024/01/14/un-ambulancier-du-pmrs-kidnappe-par-larmee-doccupation-a-gaza-et-torture-pendant-41-jours-en-israel/

Mais cette journée a été aussi marquée par les démarches menées à la CIJ par l’ Afrique du Sud qui ont été largement suivies à Gaza.

Hier l’ Afrique du Sud a déposé une plainte pour génocide contre Israël à la Cour Internationale de Justice des Nations Unies à la Haye et cet évènement fait beaucoup de bien aux Gazaoui.e.s, à nos ami.e.s de Gaza, cela leur donne des forces et ils et elles en ont tellement besoin !

Marsel nous enverra le commentaire du président Sud Africain : « Commentaire du président sud-africain après que son pays a déposé une plainte pour génocide contre Israël devant la justice internationale : Je n’ai jamais ressenti une telle fierté auparavant, et nous ne serons pas libres tant que le peuple palestinien ne sera pas également libéré. »

Mandela l’avait dit déjà : Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens !

 

Dans l’après -midi du 12 Janvier Marsel envoie des réflexions que l’on peut introduire avec ces mots : Entre désespoir et espoir une conversation entre amis comme une nouvelle surréaliste

« Je m'assois avec mon ami A et je lis à haute voix la nouvelle suivante :
 Ministère de la Santé à Gaza : le bilan de l’agression israélienne s’élève à 23 708 martyrs et 60 005 blessés.
Mon ami, commentant l'actualité : 
Au début de la guerre, le nombre de martyrs était de 3 000 maintenant il est d'environ 24.000, et les déclarations de dénonciation et de condamnation restent les mêmes. 
Y a-t-il un accord pour nous anéantir Marsel ? Avez-vous vraiment entendu dire qu'une institution internationale ou un chef d'État a exigé la cessation de la guerre et a effectivement travaillé à cela. Par exemple, la rupture des relations économiques et politiques avec l'occupation et la fermeture des ambassades a t elle eu lieu? 
Je n'ai pas répondu. Je l’ai laissé continuer son discours car la réponse est connue de lui et de moi. Il poursuit, même les gouvernements du Golfe avaient peur ……….ils concluront leur déclaration par une déclaration : Israël a le droit de se défendre, oh oui, vous voulez dire anéantir tout le monde, car nous représentons tous un danger, et nous voici morts, mais nous ne savons pas dans dans quel épisode nous mourrons. Pourquoi ne diffusent-ils pas le dernier épisode ? et larguer une bombe nucléaire et mettre fin à toute cette pression psychologique sur nous-mêmes et nos enfants, et tout cela prendra fin pour toujours.
C'était alors qu'il feuilletait spontanément et sans intérêt les pages d'information sur son téléphone portable, puis il s'est assis sur son siège et a dit : « Avez-vous vu cette vidéo ? ». Certaines familles déplacées sont retournées dans notre ville, Beit Hanoun. installé à l'école Ghazi Al Shawa. Il rit et continua son discours. Je pense que l'occupation va devenir folle. Ils ont détruit toutes les pierres de Beit Hanoun. Il n'y a plus une maison debout, toutes les maisons ont été démolies. Et pourtant, les familles commencent à revenir. L'occupation croit-elle vraiment qu'elle peut nous déplacer ? Nous sommes revenus pendant la guerre et sous les bombardements. Toutes les puissances du monde sont impuissantes devant notre volonté. Puis il m'a demandé : Veux-tu reconstruire ta maison à Beit Hanoun ? Il n'a pas attendu ma réponse et a poursuivi : Cela n'a pas d'importance pour moi. Une tente sur les décombres de ma maison me suffit. Puis il  reprit intensément à faire défiler son téléphone…. »
A 22H le 12 Janvier, ça ne s’arrête pas…Marsel nous informe photos à l’appui
7 martyrs et plusieurs blessés ; l'occupation a bombardé une maison abritant des personnes déplacées près du terminal de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Marsel nous écrit sous la forme d’un rapport tous les éléments de contestation de la défense israélienne à la CJI noté par

Rami Abdo, directeur de l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme :
L’équipe de « défense » israélienne a proféré une série de mensonges flagrants et attendus devant la Cour internationale de Justice, en répétant un vocabulaire vague que l’occupation israélienne a utilisé pendant des décennies pour justifier tous les crimes commis contre le peuple palestinien depuis 1948.
 L'Afrique du Sud a présenté des faits étayés par des preuves, tandis que l'occupation a présenté des déclarations et des allégations non fondées, mais plutôt des directives et des scènes artificielles préparées à l'avance pour manœuvrer et étayer des mensonges.
 L'équipe juridique israélienne a tenté de réduire l'essence des déclarations israéliennes appelant au génocide, un sujet que l'équipe sud-africaine a abordé à l'avance en présentant un grand nombre de déclarations de responsables israéliens qui ne pouvaient être réfutées ou considérées comme un lapsus, notamment déclarations des décideurs du chef du gouvernement et du conseil de guerre.
 L'équipe israélienne voulait annoncer un rejet préliminaire de l'affaire sur la base de l'incompétence du tribunal en affirmant que ce qui régit l'attaque israélienne en cours sur la bande de Gaza relève du cadre du droit international humanitaire et de ses mécanismes et non de la Convention sur le génocide. .
 L’occupation se concentre sur le mouvement Hamas comme un opposant classé comme « organisation terroriste » par 41 pays, dont l’Arabie Saoudite, qui a malheureusement été littéralement évoquée par l’équipe de « défense » israélienne.
 L'équipe israélienne a répondu à la demande de l'Afrique du Sud d'autoriser les équipes d'enquête à entrer à Gaza en affirmant que l'accès à la bande de Gaza est entre les mains de l'Égypte et non d'« Israël », mais elle ignore que Tel Aviv est la partie qui inspecte les camions d'aide entrant à Gaza. via l'Egypte et demande également au Caire de lui fournir les noms de toutes les personnes - notamment les blessés - qui passeront par le terminal de Rafah Egypte : Le Caire : Nous nions les allégations et les mensonges de l'équipe de défense israélienne devant la Cour internationale de Justice, selon lesquels nous sommes responsables d'avoir empêché l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis le côté égyptien du terminal de Rafah.
Chef du Service d'information générale en Egypte, Diaa Rashwan :
  Il nie les allégations de la défense israélienne devant la Cour internationale de Justice selon lesquelles l'Égypte serait responsable d'avoir empêché l'entrée de l'aide à Gaza.
  Tous les responsables israéliens ont confirmé à des dizaines de reprises dans des déclarations publiques qu’ils n’autoriseraient pas l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza, notamment du carburant.
  Israël a lancé des accusations contre l'Égypte pour tenter d'échapper à sa probable condamnation par la Cour internationale de Justice.

Le 13 Janvier sur Watts’app Marsel égrène les assassinats perpétrés par Israël                   « Deux martyrs lorsque des avions d'occupation ont visé une voiture appartenant à une entreprise palestinienne de télécommunications à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza. »
 Une information relayée par Marsel 
Réseau ABC  du Programme Alimentaire Mondial : Environ 577 000 personnes à Gaza, soit l'équivalent d'un quart de la population, souffrent désormais de la faim.   
Aujourd ‘hui 14 Janvier Marsel nous envoie la vidéo d’un enfant qui tremble  en  errant dans un hôpital et voici le dialogue :   
Un enfant cherche son père à l'hôpital après le bombardement d'une maison à Rafah à l'aube aujourd'hui. L'enfant frissonne et demande  sans cesse, où est papa, où est papa ? 
Le journaliste lui demande que s'est-il passé ? L’enfant répond : « Ils ont ciblé une maison à côté de chez nous et l’amiante du toit de la maison est tombée sur nous. » 
Le journaliste demande : Qu'est-il arrivé à votre famille ? Un enfant : Dieu merci, nous allons bien. 
Le journaliste  demande à l’enfant qui tremble :  Est-ce que l'un d'entre vous a été blessé ? L’ enfant répond: Oui, ma mère, mon père et mon frère ont été blessés. Leurs blessures sont-elles graves ?  J'ai vu leurs têtes ouvertes.  
Une information urgente 
Urgent : Des avions de reconnaissance ont bombardé un groupe de citoyens dans le quartier de l'école Al-Khansa à Abasan Al-Kabira à Khan Yunis alors qu'ils creusaient un puits d'égouts, et personne n'a pu les atteindre, et jusqu'à présent, leur sort n'est pas connu. 
Depuis quatre jours à Gaza, Internet et les communications ne fonctionnent plus
« Les communications sont toujours coupées à l'approche du quatrième jour. Les employés des entreprises de télécommunications ont tenté de réparer et de restaurer le réseau, mais les avions d'occupation les ont pris pour cible. L'interruption des communications et d'Internet a également entraîné la fermeture des bureaux de WU, je vous tiendrai au courant des développements. »                                         

Aujourd’hui 14 Janvier voici l’image envoyée par Marsel : 100 jours de guerre contre Gaza accompagnée des propos de la fondation Al Mezan pour les droits de l’homme à Gaza

La Fondation Al Mezan pour les droits de l'homme dans la bande de Gaza a estimé que ce qu'Israël fait dans la bande de Gaza constitue une violation flagrante et grave du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. C’est un crime de génocide.
en ciblant systématiquement les civils et les infrastructures de base, 
en poussant le système de santé à s'effondrer complètement 
en créant un environnement coercitif qui a aggravé les catastrophes humanitaires et provoqué la propagation des maladies épidémiques.

 Les crimes israéliens en cours contre les civils contredisent également ses obligations juridiques contenues dans la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui relève des crimes interdits par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

En fin de journée aujourd’hui Marsel envoie une vidéo où l’on voit une foule courant dans tous les sens sur une plage de Gaza, il commente

« Des milliers de citoyens attendent aujourd’hui l’arrivée d’un camion transportant de la farine dans la région de Sheikh Ajleen, à l’ouest de la ville de Gaza. À la lumière des besoins criants et de la situation humanitaire difficile résultant de la politique de famine suivie par l’occupation. Sachant que ces citoyens qui cherchaient de la farine pour leurs familles et leurs enfants ont été exposés aux tirs des forces d’occupation. »

Au soir du 14 Janvier nous recevons un rapport détaillé et important d’Abu Amir

Abu Amir a pu reprendre contact avec une partie des paysans impliqués dans les projets agricoles développés depuis 2016, et ensemble évidemment ils se projettent vers l’après bombardements…

Rapport sur l’aide apportée aux agriculteurs de la zone Khuza’a – Abu Taïma, réfugiés dans l’école de garçons Al-Amal à Khan Yunis.

Vendredi 12 janvier :

Hier, nous avons contacté de nombreuses institutions locales et avons pu obtenir 80 colis alimentaires pour les agriculteurs déplacés dans l’école. Aujourd’hui, notre équipe a travaillé pour fournir 1900 repas qui ont été distribués à ces personnes déplacées à l’intérieur de l’école. Lorsque nous sommes entrés dans l’école, les fermiers nous ont accueillis avec joie et ont commencé à nous serrer la main chaleureusement.

La plupart d’entre eux ont bénéficié de nos projets agricoles. Et puis les paysans ont commencé à demander ce qu’il adviendrait après la guerre, et s’il y aurait des projets agricoles pour les aider à repartir ? Je les ai rassurés et leur ai dit que nous ferons les rapports dès la fin de la guerre, et nous espérons que nous pourrons reconstruire les installations que l’occupation a détruites, comme la pépinière, les canalisations, etc. « Tout cela relève de la connaissance de l’invisible, mais nous essaierons autant que possible de vous aider à repartir ».

Les agriculteurs ont été très heureux de recevoir ces repas, surtout parce qu’ils les ont rassurés sur le fait qu’ils ne sont pas seuls, et que nous serons avec eux dans la reconstruction de leurs terres.

Ici, il faut noter que nous aurons beaucoup de travail après la fin de la guerre, pour documenter les terres dévastées et les installations agricoles que l’occupation a détruites, et pour essayer de trouver plusieurs partenaires pour reconstruire les projets que nous avions précédemment établis, parce que les problèmes seront grands et nous devons nous y préparer.

Nous savons que la pression du travail de solidarité épuise chacun, et nous l’apprécions tous, mais l’ampleur des destructions laissées par l’occupation dans le secteur agricole est grande. et nos efforts à tous, vous et nous, doivent être intensifiés pour relever ces défis.

L’ensemble des photos du 12 janvier :

Les représentants des familles réfugiées dans l’école Al-Amal ont établi pour l’UJFP et son équipe gazaouie, conduite par Abu Amir, le certificat suivant :

Un certificat de gratitude et d’appréciation

L’administration de l’école primaire de garçons Al-Amal pour les réfugiés, représentée par les notables de la famille Abu Ta’ima, remercie l’UJFP d’avoir rapidement répondu à l’appel pour fournir une aide aux agriculteurs de la région orientale qui ont été déplacés vers cette école située à l’ouest de Khan Yunis.

Nous savions à l’avance que vous ne nous abandonneriez pas en nous fournissant de l’aide, comme vous en avez l’habitude, en répondant à l’appel du devoir, et nous vous informons que nous avons reçu des repas de votre équipe dans la bande de Gaza, représentée par Abu Amir (1900 repas).

Ces repas ont grandement contribué à la résistance de nos familles. Nous vous remercions également pour la communication de votre équipe avec les institutions locales afin de fournir 80 colis alimentaires qui ont également été reçus et sont en train d’être distribués aux familles présentes dans l’école.

Nous espérons que ces efforts continueront à servir ces agriculteurs affligés qui sont frappés par cette guerre.

12-janvier-2024

 

Au fil d’un appel par Messenger Abu Amir raconte le 15 janvier 2024

Au 15 janvier, toujours aucune communication téléphonique ou internet local dans toute la bande de Gaza.

Il y a deux jours, Abu Amir s’est rendu à l’Hôpital Européen (sud est de Khan Younis, près de Foukhari). Il a pu voir les corps de très nombreux paysans, dont il connaissait la plupart, par l’activité de la pépinière, et aussi lors de la distribution d’outils .

Ces paysans ont été victimes de bombardements ciblés. Beaucoup habitaient avant la guerre Bani Souheila. Ils étaient réfugiés aux alentours de l’ Hôpital Européen, mais ils ont voulu aller vérifier ce qu’il advenait de leurs terres, et de leurs maisons. Lorsqu’ils sont arrivés sur les terres, ils ont été sauvagement bombardés, des corps en morceaux.

Les attaques aériennes se multiplient en ce moment sur Khan Younis, Maghazi, Deir al-Balah, Burej [centre et sud de la bande de Gaza].

« Comme expliqué dans le dernier rapport, le 12 janvier, j’ai trouvé, rassemblé dans une école à Khan Younis, une grande partie de la famille élargie du mokhtar Abu Taïma (Abu Jamal). Nos retrouvailles ont été très chaleureuses. Toutes les questions concernaient la possibilité de soutien lorsqu’ils retourneront sur leurs terres, si des projets pour les aider à ce moment là seront envisagés, je leur ai dit que oui. Il faut comprendre qu’ils ont tout perdu, je peux donner l’exemple des propres maisons d’Abu Jamal, il n’en reste rien.

Les paysans doivent aussi faire face à des pillages sur ce qui reste debout. Par exemple, sur le parc de panneaux solaires déployés pour le château d’eau (le premier parc, obtenu grace à la FAO, de 90 panneaux), 25 ont été dérobés (les panneaux financés par l’UJFP, installés sur les toits, sont toujours là, mais avec des dommages dus aux bombardements).

Donc nous savons que nous allons avoir énormément de problème avec l’eau, si nous ne pouvons actionner les pompes. Et vous savez qu’il ne reste absolument rien de la pépinière.

Nous attendons… Nous entendons qu’il y a des oppositions à l’intérieur d’Israël sur la folie de leur gouvernement, que certains appellent à changer les responsables. Il y a les élections qui viennent aux USA, on peut penser qu’ils voudront en finir avec cette guerre avant ces élections. Il ne s’agit pas de compréhension de ce qui arrive aux Palestiniens, ils ne sont préoccupés que par eux-même, mais nous espérons que cela veut dire que cet enfer va se terminer.

Bravo à l’Afrique de Sud, ils ont très bien travaillé, on entend la rage d’Israël contre eux. Et les pays Arabes ont voulu , quand tout était prêt, se joindre à la requête de l’Afrique du Sud, qui a répondu : ‘on vous appelé pour vous joindre, vous n’avez pas bougé, maintenant que la requête est prête, nous ne perdrons pas encore deux semaines à attendre que vous travailliez, nous déposons sans vous, tous ce que vous voulez, c’est retarder l’audition’.

Même si la réponse de la CIJ n’était pas bonne, c’est fondamental que cette audience ait eu lieu, les peuples du monde entier l’ont entendu, ceux qui ne connaissaient rien à la situation de la Palestine peuvent maintenant dire aux Palestiniens : vous pouvez être fiers de vous.

J’ai enfin pu réaliser un nouveau poster pour nos interventions. Je vais retourner vers les paysans réfugiés dans cette école, nous pouvons distribuer des chaussures, des vêtements, ils en ont tellement besoin, ils sont dans de si mauvaises conditions, et il fait très froid maintenant ».

Sarah a demandé à Abu Amir : quand nous rapportons vos actions, les gens en France nous demandent : mais comment font-ils ? Il y a encore des marchandises à acheter ?

Abu Amir rit et explique : « Certes, tout est incroyablement cher. Et difficile à trouver. Par exemple, je voulais des poulets pour les repas pour les paysans le 12 janvier. J’ai cherché en ville, car les paysans qui ont encore des animaux les ont ramenés près de l’endroit où ils sont réfugiés. Mais ils ont les plus grande difficultés pour les nourrir. Alors j’ai trouvé à acheter des moutons parce que le propriétaire devait les vendre, donc pas trop cher (vous avez vu, nous avons mis des photos de la préparation des repas). Cela a permis pour cette fois-là de faire des repas vraiment délicieux.

Nous passons notre temps à chercher partout, mes deux fils et moi, tout ce qui est possible, du riz, des oignons, etc…Cela devient de plus en plus difficile pour le riz. »

 

 

J’ai appris au fur et à mesure de ce dialogue avec nos ami.e.s gazaoui.e.s à quel point c’était important pour eux et elles mais aussi pour nous d’y être, de ne pas faire défaut, non seulement de relayer leur témoignage mais aussi de les lire, les écouter, leur répondre, leur parler : vivre au plus près de leur réalité que l’on ne partagera jamais mais que l’on reconnaît. Donc je reprends et continue ces chroniques nécessaires, inlassablement, au fil des jours qui se suivent et se ressemblent…

Brigitte Challande

Mardi 16 Janvier un dialogue de toute la journée avec Marsel par Watts’app

« Bonjour mes chers, La panne d’Internet et des communications dans la bande de Gaza se poursuit pour le cinquième jour consécutif.

Euro-Mediterranean Monitor a dit que l’armée israélienne a non seulement affamé les Palestiniens dans le nord de la vallée de Gaza, mais a également tué des dizaines d’entre eux alors qu’ils tentaient d’obtenir une aide limitée qui arrivait là-bas, perpétuant ainsi le crime de génocide commis par Israël contre les civils de Gaza. »

Marsel décrit un labyrinthe mortel, pervers qui suit les déplacements de la population dans la bande de Gaza.

« Après que Gallant -ministre de la défense israélienne- ait annoncé hier soir la fin de l’opération terrestre dans le nord de Gaza et l’entrée dans la phase suivante, une partie des déplacés est retournée à proximité de leurs maisons détruites ou dans ce qui restait de leurs maisons, mais depuis le matin les chars israéliens ont de nouveau pénétré, et cela a coïncidé avec des bombardements continus et violents dans le nord, obligeant les familles à se déplacer et à fuir à nouveau vers des abris. Les citoyens des régions du nord ont quitté leurs maisons à l’est de Jabalia Al-Balad et sont retournés dans des centres d’hébergement suite aux bombardements continus de l’artillerie israélienne.Plus de 30 martyrs dans le gouvernorat de Khan Yunis au cours des dernières 24 heures, leurs corps sont arrivés aux hôpitaux Nasser et Européen, à la suite d’une série de frappes aériennes qui ont ciblé les zones à l’ouest de la ville, Abasan à l’est et Mirage à l’est. au sud, tandis que des corps et des blessés gisent toujours dans les rues inaccessibles dans de vastes zones de la ville, du gouvernorat, en particulier dans le quartier d’Al-Manara et de Qizan Al-Najjar.

Depuis les premières heures de la matinée, l’armée d’occupation israélienne a lancé une nouvelle incursion dans plusieurs axes de la bande de Gaza et des gouvernorats du nord. Région de Shujaiya Est et d’Al-Sanafour, à l’est de Gaza Zone de Jabal Al-Rayes, à l’est de la ville de Jabalia, au nord de la bande de Gaza. Zone d’Al-Sika, à l’ouest de la ville de Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza. Secteur du village d’Umm Al-Nasr, au nord-est de la ville de Beit Lahia. Zone du Collège d’Agriculture au nord-est de Beit Hanoun.

Le Croissant-Rouge palestinien informe que la panne actuelle des communications dans la bande de Gaza retarde les opérations d’intervention d’urgence en faveur des malades et des blessés. »

« Des canonnières israéliennes lancent plusieurs missiles vers la plaine côtière de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza. Oh, après avoir poussé un million de personnes vers Rafah et prétendu qu’il y avait un endroit sûr près de la côte. ».. Maudits meurtriers sera notre réponse

Marsel enchaîne : « Exactement, la plaine côtière à l’ouest de Rafah est l’une des zones les plus densément peuplées de personnes déplacées. C’est la zone dans laquelle nous avons mené des interventions urgentes plus tôt, et il y a un grand nombre de personnes déplacées dans des tentes » 

« Pour la santé : 350 000 personnes souffrent de maladies chroniques sans médicaments, et nous appelons les institutions internationales à fournir des médicaments de toute urgence.

Faire la queue pour obtenir de l’eau fait partie des souffrances quotidiennes dues au siège et à la guerre de famine imposées par les forces israéliennes aux citoyens de la bande de Gaza. »

« Depuis le matin, l’armée d’occupation israélienne mène une série de bombardements contre des quartiers résidentiels du gouvernorat de Khan Yunis. L’occupation bombarde Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Des martyrs et un grand nombre de blessés suite aux raids violents et successifs lancés par l’occupation sur Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

Le Ministère de la Santé de Gaza annonce un bilan qui s’élève à 24 285 morts et 61 154 blessés depuis le début de l’agression contre la bande de Gaza. Une fois de plus les soldats de l’occupation font exploser une place résidentielle au centre de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

Urgent| Croissant-Rouge : L’occupation a bombardé les environs de l’hôpital Al-Amal à Khan Yunis, ce qui a provoqué de graves dégâts à l’hôpital et un état de panique et de terreur parmi les patients, le personnel médical et les personnes déplacées. »

 

A la fin de la journée Marsel a envoyé une vidéo insupportable à regarder dont lui même s’est excusé:  « Désolé, je sais que les scènes sont dures et horribles, mais notre mission est de transmettre la vérité, aussi difficile et douloureuse soit-elle. » Notre réponse : nous le ferons aussi ! Je ne retranscris que les propos qui accompagne cette vidéo.

« Lorsque vous êtes médecin et que le siège de votre maison par l’occupation vous oblige à procéder sans anesthésie à l’amputation de la jambe blessée de votre fille, rien ne vous aidera sauf les larmes, votre expérience dans le domaine de la médecine et la question désespérée : où est l’humanité et droits humains? »

« Je suis le Dr Hani Bseiso Nous sommes dans notre maison, Ils nous ont bombardés, Voici ma fille, Pouvez-vous imaginer que je suis en train de procéder à une amputation de la jambe de ma fille à la maison, Qu’est-ce que c’est l’injustice à laquelle nous sommes soumis ?!.Cela fait 15 jours que nous sommes assiégés dans la maison, Ma fille, je suis en train de lui amputer la jambe sans anesthésie, Où est la pitié ?! Où est l’humanité ?! Quel péché avons-nous commis ?! »

En 2014 j’ai passé trois mois à Gaza et suis partie au début de l’opération «  Bordure protectrice » . Lors de ce séjour j’ai rencontré beaucoup de Gazaoui.e.s qui sont devenu.e.s et resté.e.s des ami.e.s. Asma est une de mes ami.e.s dont je propose le témoignage recueillie également aujourd’hui par Watts’app . Asma est arrivée avec sa famille en provenance d’Algérie il y a une vingtaine d’années, elle est professeur de français dans une école de Khan Younès où elle habite avec sa famille. C’est une petite femme sensible, très discrète et réservée avec qui nous avions longuement échangé sur l’amour idéal, le mariage et la place des femmes dans la société gazaouie. Elle a souhaité me raconter la journée dont tous les détails ne la quittent pas depuis un mois, minute après minute.

 

Avant de commencer cette chronique le jeudi 18 Janvier, lendemain de l’envoi de la dernière, je souhaiterai parler du circuit de l’argent, de l’envoi des fonds pour aider Gaza et sa population dans la situation génocidaire qu’elle traverse. Les actions dont nous rendons compte menées par l’association Ibn Sina et l’équipe d’ Abu Amir sont possibles grâce à la collecte mise en place depuis le début par l’UJFP https://www.helloasso.com/associations/union-juive-francaise-pour-la-paix/collectes/urgence-guerre-a-gaza Or l’envoi régulier des fonds qui sont collectés en France, se heurte de plus en plus à des difficultés très contraignantes voir kafkaiennes dans le circuit entre la France et Gaza. On peut dire que les différents organismes dont c’est le métier multiplient les embûches et les refus d’envoi ; parfois il faut plusieurs jours et plusieurs détours pour réaliser un envoi. Doit on se poser des questions sur les raisons de ces impossibilités ?

 

Au Matin du 18 Janvier Abu Amir envoie une description générale de la situation actuelle dans la bande de Gaza que les différentes informations de Marsel reçues dans la journée du 17 Janvier illustre très concrètement et en détails.

Un rapport d’ Abu Amir sur la situation dans la bande de Gaza ces dernières 48 heures :

Les conditions désastreuses continuent de se détériorer en raison de la guerre que l’occupation israélienne mène sur la bande de Gaza depuis plus de 100 jours, qui devient de plus en plus féroce jour après jour

L’occupation israélienne continue de bombarder férocement toutes les zones de la bande de Gaza, en particulier les zones d’où elle s’est retirée, à savoir le nord de la bande de Gaza et la ville de Gaza.  En outre, l’occupation israélienne est toujours stationnée le long de la route Salah al-Din, qui sépare l’est de la bande de Gaza de son ouest, en particulier aux entrées de la zone de Hajar al-Deek, du camp al-Bureij, al-Nuseirat, al-Maghazi et al-Masdar.  Des tanks sont toujours présents le long de cette rue principale, et selon des témoins oculaires qui ont pu atteindre ces zones avec difficulté, ils ont dit qu’ils ont vu de nombreux corps décomposés gisant le long de la route, et qu’il y avait une grande destruction dans cette route.

L’occupation israélienne bombarde également intensivement de nombreuses zones de la ville de Khan Yunis, ce qui a entraîné la mort de nombreux civils à la suite de ces bombardements. L’occupation tente désespérément d’atteindre l’hôpital de Nasser, qui est le principal hôpital de la ville de Khan Yunis. 

En outre, selon ce qui a été diffusé sur les sites de médias sociaux, l’occupation est entrée dans un cimetière dans l’une des zones de Khan Yunis, où de nombreux morts ont été récemment enterrés, et ils ont exhumé les tombes, ont exhumé les corps et les a transportés à des endroits à l’intérieur du territoire considéré israélien.  Cela s’est produit fréquemment dans de nombreuses régions, en particulier dans les régions du nord. L’occupation israélienne avait déjà exhumé de nombreuses tombes contenant des corps nouvellement enterrés et les avait transportés dans des hôpitaux israéliens pour y retirer leurs organes, en particulier la peau.  L’entité israélienne est considérée comme la plus importante au monde en termes de transplantation de peau et possède un stock énorme de peaux à l’intérieur de ses hôpitaux.

Selon ce qui a été rapporté à l’intérieur de l’hôpital européen, la plupart des morts reçus par cet hôpital sont des agriculteurs de la région orientale de la ville de Khan Yunis.  De nombreux agriculteurs dont les terres sont loin de la clôture frontalière vont encore sur leurs terres malgré la guerre en cours pour tenter de sauver leurs cultures et de compenser leurs pertes, d’autant plus que les prix des légumes sont très élevés, mais beaucoup d’entre eux reviennent en morceaux. 

Avec le rythme croissant de la guerre brutale et le siège de la bande de Gaza, la crise humanitaire s’aggrave jour après jour, provoquant de nombreuses catastrophes.  Alors que la guerre s’étendait et que la majeure partie de la population de la bande de Gaza était concentrée dans une petite zone appelée Al-Mawasi, la pauvreté s’est répandue, ce qui a conduit à la propagation du vol dans une large mesure.  Les camions de secours n’ont pas été épargnés par le vol, ce qui a conduit à ne pas acheminer l’aide aux personnes déplacées, et les prix des aliments ont augmenté de façon insensée,  ce qui a augmenté les souffrances de ces personnes déplacées. 

 

Le Mardi 16 janvier l’équipe d’Abu Amir a distribué des vêtements aux enfants d’agriculteurs. 

Dans la continuité du projet d’aide d’urgence aux réfugiés,nous avons fourni 110 chaussures, 50 chapeaux et 20 vestes aux enfants des agriculteurs déplacés à l’école primaire pour garçons Al-Amal pour les réfugiés à Khan Yunis.  Cela a rendu les enfants de ces agriculteurs heureux, renforcé notre relation avec eux et leur a envoyé un message que nous sommes toujours avec vous.

 

Marsel décrit par Watt’app les actualités du 17 Janvier heures par heures

01h44 Pilonnage d’artillerie continu à proximité de l’hôpital Nasser à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

6h27 Les communications et les services Internet continuent d’être interrompus dans toute la bande de Gaza pour le cinquième jour consécutif.

6h27 Deux morts et plusieurs blessés lors d’un raid israélien contre la maison de la famille Al-Hout dans le camp de Shaboura, dans le centre de Rafah, à l’aube aujourd’hui.

6h35 Les véhicules d’occupation israéliens pénétrant à proximité du complexe médical Nasser à Khan Yunis se sont retirés et ont mené des opérations de destruction au bulldozer et de sabotage du cimetière d’Al-Nasmawi.

7h34 Retrait des véhicules du cimetière Al-Nasmawi et arrivée des corps de 7 martyrs à l’hôpital Nasser de l’école Tariq bin Ziyad à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

10h46 Ciblage à l’est de Jabalia, bombardements d’artillerie, ainsi que tirs d’avions quadricoptères dans les zones des tours Al-Maqousi et de la sécurité générale, au nord de la ville de Gaza.

10h55 Ministère de la Santé à Gaza : Le nombre de victimes de l’agression israélienne s’élève à 24 448 martyrs et 61 504 blessés depuis le 7 octobre dernier. Ministère de la Santé à Gaza : Propagation de l’hépatite A en raison de la surpopulation et du faible niveau d’hygiène dans les lieux de déplacement dans la bande de Gaza. En raison du manque d’eau potable, les enfants font la queue pour obtenir de l’eau potable. Selon les dernières statistiques, 95 % de la population de la bande de Gaza souffre d’un manque d’eau potable.

11:26 AM 21 martyrs dans le bombardement israélien de Khan Yunis depuis hier soir

12:10 PM Deux martyrs et plusieurs blessés dans un bombardement israélien visant des citoyens à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza

12h34 L’armée d’occupation annonce la mise en œuvre d’un largage de 16 tonnes de munitions, de carburant, d’eau et de nourriture pour ses soldats à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

12h37 La Défense civile récupère des dizaines de martyrs et de blessés après que l’occupation ait ciblé une maison dans le quartier d’Al-Daraj, au centre de la ville de Gaza.

13h34 Une violente frappe aérienne israélienne vise Jabalia, au nord de la bande de Gaza,

15h23 Un martyr et plusieurs blessés sont arrivés à l’hôpital du Koweït à la suite d’un bombardement sioniste près de la région d’Al-Hashash, au nord-ouest de Rafah,

15h47. L’armée d’occupation a bombardé une place résidentielle à l’est de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza,

16h04. Déclaration du Commissaire général de l’UNRWA après sa visite à Gaza : La population de Rafah a presque quadruplé et atteint plus de 1,2 million de personnes. – Je n’ai pas été autorisé à visiter le nord de la bande de Gaza et l’accès à cette zone reste sévèrement restreint.

19h57 déclaration du responsable des situations d’urgence de l’OMS : nous traitons quotidiennement de 60 000 blessés et de nouvelles infections, et le système de santé à Gaza perd sa capacité. Je n’ai vu aucune preuve que les hôpitaux de Gaza soient utilisés à d’autres fins que des hôpitaux

20h19 Reprise des bombarde

20h53 Attaques successives à Khan Yunis

21h30 Ciblage dans les parties nord du camp d’Al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, 22h02 Déclaration d’Amnesty International : Les pannes de communication à Gaza mettent les civils en danger, empêchent les services de secours et privent les gens d’informations vitales

22h17. De violents bombardements d’artillerie au sud de Khan Yunis résonnent

22h40. 36 000 cas de maladies infectieuses, notamment d’infections respiratoires aiguës et de méningite, ont été recensés dans les abris de l’UNRWA à Gaza.

22h51. Ciblage violent par des avions militaires à Rafah

23h02 Il y a peu de temps, les avions de combat de l’occupation ont pris pour cible une maison de la famille Al-Zamili à l’est de Rafah dans le quartier d’Al-Geneina ce qui a entraîné la mort de 8 martyrs (deux femmes et 6 enfants). Le nombre de martyrs s’est élevé à 19, dont des femmes et des enfants, et un certain nombre de blessés, suite à l’attaque contre la maison de la famille Al-Zamili, à l’est du gouvernorat de Rafah.

 

Réflexions de Marsel : « Des tonnes d’explosifs continuent de tomber sur la tête d’innocents dans leurs maisons, tuant des enfants et des femmes, effaçant les noms de familles entières de l’état civil, effaçant leur lignée et éliminant leur reproduction. Tout le monde a bu à la coupe du génocide que l’occupation nous offre, dans chaque famille il y a des martyrs, et parmi chaque martyr et martyr il y a des milliers de martyrs et de blessés et et des rêves assassinés et des histoires horribles, qui brisent le cœur de l’humanité, car rien ne bouge ici sauf le compteur du nombre des martyrs et des blessés, et les aiguilles de l’horloge qui bougent, et on entend les tics du temps avancer qui nous disent que la guerre continue et que le compteur ne s’arrête pas, et la question que se jette sur nous dans l’obscurité de la nuit, reste, qui sera le prochain et à qui ferons-nous nos adieux demain. »

Vers minuit, nous communiquons encore et je lui écris : comment continuer à supporter, nous devons nous battre pour que ça s’arrête….

Marsel me répond :Nous, vous et tous nos amis nous battons. Ce n’est pas la guerre à Gaza. C’est la guerre de tout ce qui est humain, contre tout ce qui est inhumain. La victoire de l’occupation signifie la victoire du génocide, du déplacement, de la captivité et du déplacement. C’est pourquoi nous devons mettre fin à l’occupation, et c’est pourquoi nos valeurs et nos principes doivent triompher de leurs balles et de leurs missiles.

Le 18 Décembre 2023 une journée d’arrachement terrible
« J’habite dans un appartement qui est dans un immeuble avec ma famille à l’ouest de Khan Younis. Comme nous étions loin des opérations israéliennes qui se situaient à l’Est et que nous habitons à côté d’un bâtiment de la croix rouge nous nous sentions protégés et pensions que l’armée israélienne ne s’approcherait pas. A 8h du matin un enfant de l’immeuble crie que les avions ont lancé des papiers sur les immeubles, papiers que tout le monde lit et où il est écrit que notre quartier et 4 autres doivent s’en aller, quitter leur habitation car si nous ne partons pas c’est dangereux pour notre vie.

D’habitude je me réveille vers 8H30 et là ma sœur et mon beau frère entende beaucoup de bruit dans l’immeuble car tout le monde quitte son habitation. Mon beau-frère laisse son petit déjeuner en plan et moi j’ai eu un choc, je n’y croyais pas je ne pouvais pas bouger, j’étais tétanisée. Ma grande sœur a commencé à ramasser les choses importantes et j’ai essayé de l’aider. Tu sais je me souviens que j’ai voulu tout prendre mes vêtements, le maquillage, mes bijoux mais c’était impossible….alors on a commencé à ramasser les provisions, l’eau, le sel, le sucre, le riz, la farine, des couvertures, des coussins, des matelas, les médicaments, les batteries et j’ai fait un petit sac avec les papiers, l’argent, les bougies et les diplômes. Puis on a commencé à descendre les escaliers car il n’y avait plus d’électricité pour l’ascenseur et comme mes parents sont très âgés et ne peuvent plus se déplacer qu’avec difficulté nous avons pris une chaise roulante et mis au moins 30mn pour chacun.e petit à petit, marche après marche. Moi je suis descendue la dernière et là j’ai pleuré. J’ai quitté ma maison, mes détails, ma chambre que j’aimais, mes vêtements, j’ai mis mon foulard et j’ai fermé à clef. Ma grande sœur et son mari qui ont une voiture ont pris mes parents et nous nous avons appelé un camion qui a mis du temps à venir à cause des coupures de communication, puis on est monté dans le camion. On est allé chez mon autre sœur à Rafah.

A la fin de la journée je me souviens bien, je restais seule dans un coin la main sur ma tête et quand mon beau-frère m’a questionnée je lui ai dit que jamais je n’aurai pensé qu’un jour on devrait quitter notre maison. Il m’a répondu que tout Gaza n’a jamais pensé qu’on aurait une guerre comme celle-ci ! J’avais mal au coeur je ne pouvais ni dormir ni manger mon appartement était dans ma tête, même si les conditions que nous avons sont meilleures que pour d’autres personnes, ce n’est pas ma maison. C’est quitter une vie, des souvenirs, un environnement familier, c’est de la tristesse si difficile. On ne peut pas aller voir ce qui reste de chez nous à Khan Younis, c’est trop dangereux, les israëliens y sont. Nous sommes maintenant trois familles chez ma sœur, 14 personnes, les journées sont toutes les mêmes, écouter la radio et vivre une routine simple sur fond de bombardements et d’inquiétude avec des difficultés d’approvisionnement pour tout qui est devenu si cher.

On a peur, chaque jour, chaque nuit, chaque minute dès qu’on entend qu’ils approchent mais qu’est ce qu’on va faire ? On va vivre jusqu’à ce qu’on soit mort. J’ai pas peur de mourir, j’ai peur d’être blessée, de perdre un membre ça c’est dangereux. Tout est détruit, l’école où je travaille, il n’y a plus d’avenir ici. »

mise à jour le 17 janvier 2024

(…)

 

À propos des témoignages

 

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).

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Depuis le 20 novembre altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

Première partie du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. A lire ICI.

Photo 1. Les nièces de Marsel Alledawi assassinées dans le cauchemar de cette guerre insoutenable.

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.