Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières, notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue : le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, commises par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. Cet ensemble en constitue un document essentiel.
L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.

 

Dans la journée du 5 Mars Marsel nous écrit :
19 martyrs jusqu’à présent à la suite du bombardement sioniste d’une maison dans la zone nord de la ville de Rafah à Gaza.

Marsel poste la vidéo d’un jeune garçon qui raconte :
L’enfant Samer Al-Turk parle, depuis le nord de Gaza, du bombardement de leur maison par Israël, de ses sentiments alors qu’il était sous les décombres en attendant que lui et sa famille soient évacués, et de la faim due à la famine que subissent les habitants du nord de la bande de Gaza.

Une autre vidéo sur le retour d’une famille à Khan Younis : c’est une ville fantôme
Ashraf Al Majaida partage un voyage à travers l’objectif de son frère Aboud, alors qu’ils reviennent pour assister à la profonde dévastation à Khan Yunis suite au retrait temporaire des chars. Leur maison, tout comme une grande partie de la ville, a été retrouvée en ruines, transformant des quartiers autrefois animés en zones fantomatiques. Il ne s’agit là que d’un témoignage de première main qui capture de manière frappante le choc et le chagrin de découvrir l’ampleur de la destruction dans un lieu riche en histoire et en souvenirs personnels.

 

Le 5 et le 6 Mars Marsel nous envoie ce texte assorti de photos d’enfants cherchant à se nourrir : son écriture s’ancre dans ses souvenirs de vie et d’actions réalisées ces deux dernières années et jettent une lumière crue sur la réalité d’aujourd’hui.

« Les tourments d’hier sont les rêves d’aujourd’hui.
Leur réalité était la douleur et la perte de leur enfance, et la guerre a transformé leur présent en un rêve de retour à leur passé et à ses formes de vie. Entre la guerre de mai 2021 et celle d’octobre 2023, qui a également connu de multiples escalades, le corps de Gaza était comme la condition de ses enfants, fragile et faible, essayant de se guérir et de panser ses blessures. Au cours de cette période, nous avons déployé d’énormes efforts pour tenter d’atténuer les effets psychologiques négatifs résultant du post-traumatisme, en nous concentrant et en déployant tous nos efforts vers cet objectif. Une nation qui perd la santé mentale de ses enfants perd son dynamisme actuel et ses perspectives d’avenir. C’est comme si les jours se répétaient, comme une série écrite par un auteur rejouant les événements à l’infini.

À l’époque, avec le soutien du mouvement de solidarité français, nous avons lancé une réponse nécessaire et continue et déclaré l’état d’urgence, dans l’espoir de sauver ceux qui pouvaient l’être. Nous avons organisé des journées de divertissement pour les enfants dans les zones soumises à de violents bombardements, fourni des journées médicales gratuites avec des pédiatres et des médicaments, distribué des colis alimentaires de secours, organisé un soutien psychologique collectif et des événements de divertissement. Des spécialistes ont mené des enquêtes de terrain et rempli des questionnaires pour mesurer les troubles de stress post-traumatique, à partir desquels nous avons créé une clinique de soutien psychologique et une clinique de traitement des troubles de la parole, notamment ceux résultant d’un traumatisme. Nous avons organisé des camps d’été, une bibliothèque publique, des formations aux compétences de vie et une formation pour les personnes handicapées. Nous avons également abordé la question du décrochage scolaire chez de nombreux enfants. Tout cela s’est produit en environ un an alors que nous courions contre la montre, car plus nous retardions l’intervention pour traiter les troubles, plus cela devenait difficile, et chaque mesure que nous prenions pour aider nos enfants à s’épanouir mentalement, les forces d’occupation nous repoussaient, exacerbant les conditions mentales négatives.

L’escalade a repris en 2022, au cours de laquelle l’occupation a commis deux massacres visant directement des enfants dans le camp de Jabalia : le premier massacre a visé des enfants jouant dans la rue dans la zone de Yitranes, juste à l’est du centre du camp de Jabalia, et le deuxième massacre a visé des enfants jouant près du Cimetière de Falouja non loin du premier site du massacre. Nous avons préparé un plan d’intervention soutenu par la solidarité et mis en œuvre l’initiative « Pensez aux autres » ciblant les enfants qui ont perdu leurs pairs et amis lors des massacres de Falouja et de Yitranes.
Nous avons mené plusieurs interventions d’urgence et, comme d’habitude, le pourcentage d’enfants ayant besoin de services de soutien psychologique a doublé. Notre travail s’est poursuivi avec la mise en place d’un camp d’été et le lancement de l’initiative « Créons l’espoir ensemble ». Les problématiques liées aux enfants m’ont profondément touché car j’imagine mes propres enfants dans la même situation ou le même scénario. Ayant été témoin d’années de massacres et de guerres, j’ ai été très touché par les sujets liés aux enfants et à leur enfance menacée, à la mort psychologique, à la privation de santé physique due au siège et à l’effondrement économique total, ou à la privation de leur santé mentale dans la mesure où ils sont devenus des âmes sans corps, manquant de contrôle sur leurs corps faibles à cause de la malnutrition et des maladies. Après, leurs corps possédaient suffisamment de force, de motivation et d’amour pour le jeu, pour ramener la lumière dans le cœur de l’humanité. À tout le moins, je suis certain que la lumière et le rayonnement émanant de leur brillante enfance sont suffisants pour résoudre le problème de l’électricité que la communauté internationale n’a pas réussi à résoudre depuis des années, transformant les nuits sombres de Gaza en jours brillants. Leur santé mentale pépiait avec leurs rires d’enfance qui remplissaient le monde de joie et couvraient la terre de fleurs.

Le calme relatif continuait et les jours passaient, je terminais mon travail au Centre Ibn Sina et me rendais au bureau de mon frère dans la zone des Califes au camp de Jabalia pour discuter ensemble, en luttant avec le temps, des circonstances nécessaires pour garantir les exigences de la vie.

Un jour, je m’en souviens bien, j’étais debout devant la fenêtre en train de boire du café et de regarder les passants, mon attention a été alertée par 3 enfants dont l’aîné a 12 ans et le plus jeune 6 ans. L’un d’eux transportait un sac de farine vide portant le logo de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies). Les enfants ont fait des pas connaissant leur destination vers les poubelles, ils ont fouillé et fouillé, finalement l’un d’eux a trouvé des morceaux de tuyau d’arrosage, l’autre a trouvé des canettes de cola vides. Les deux petits enfants sont partis et l’aîné a continué à creuser jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose, ce « quelque chose » l’a poussé à jeter le sac de farine de l’UNRWA de son épaule et à crier à ses frères de venir. Au premier coup d’œil j’ai cru que c’était un trésor, c’est un trésor mais la mesure du trésor diffère selon les humains, le frère aîné a trouvé un sac avec des pâtisseries jetées à la poubelle. Il ne l’a pas inspecté, il ne l’a pas senti, il n’a pas vérifié sa validité ; il a amené ses frères et ils ont commencé à se gaver de leur trésor. Ce qui a attiré mon attention c’est sa première réaction, il a crié fort pour amener ses frères, sans doute leurs parents ont été martyrisés, alors ce frère aîné a commencé à assumer les tâches de père et mère.

J’ai voulu documenter l’affaire tout en préservant l’intimité de ses héros qui tentent d’extraire les calories qui les aident à survivre. Il n’a pas fallu longtemps pour que le propriétaire du magasin de fruits vienne jeter une quantité de pastèques endommagées et le choc a été que la situation s’est reproduite. Après avoir fait plusieurs pas devant la pastèque endommagée, l’un des enfants (celui qui portait le sac de farine vide) remarqua la présence de graines de pastèque, alors il revint rapidement et commença à manger avec voracité et avidité. Deux autres enfants ont participé et ont commencé à manger leur trésor avec beaucoup de gourmandise. S’imaginaient-ils même dans leurs plus beaux rêves innocents qu’ils goûtaient la saveur d’une pastèque endommagée ?
Les conteneurs à poubelle devenaient cette lanterne magique qui répond aux souhaits, toutes les tranches d’âge visitaient les conteneurs. Ils collectent du plastique, des canettes de boissons gazeuses, n’importe quoi dans ces conteneurs et ensuite vont le vendre pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Les bennes à ordures sont une destination qui n’annoncera pas son déficit budgétaire, ne s’excusera pas de ne pas pouvoir remplir sa mission, les poubelles peuvent les aider.

Après m’être assuré qu’il s’agissait bien d’un phénomène et pas seulement d’un cas, j’ai communiqué et transmis le tableau de la situation. J’ai parlé des enfants, des canettes vides et des collectionneurs de plastique, j’ai téléchargé des images en direct, et l’intérêt commun était intense et fort pour mener une intervention, même si cette intervention ne pourra contribuer à changer pour le mieux la vie et la réalité que d’un seul d’entre eux !
C’est pour moi une grande réussite, jusqu’à ce que la guerre d’Octobre éclate et cela continue jusqu’à présent. Ce qui m’a fait écrire, c’est que la situation empirait déjà avant la guerre. Les enfants mangeaient leur nourriture sur les tables des récipients et maintenant ils ne trouvent plus quoi manger dans les récipients, c’est pourquoi le commerce de la mendicité a commencé sous de multiples formes. Il n’y a aucun survivant au milieu de cette destruction, seulement les plus chanceux ou les plus partiels.
Certains d’entre eux peuvent encore marcher, se déplacer et transporter des affaires ou ramasser du bois et souhaitent acheter quelque chose de nécessaire pour leur famille car l’interdiction d’entrée de carburant et de produits primaires est toujours en vigueur. Depuis le début de la guerre, seuls 10 camions d’aide humanitaire sont admis par jour. Ce sont des gouttes dans l’océan des besoins. Le matériel médical est pour la plupart interdit comme les anesthésiques, les traitements contre le cancer, le matériel médical. Leurs petits rêves étaient destinés à être dans le futur, des ingénieurs, des artistes, des enseignants ou tout autre petit rêve d’enfant rêvant d’être la prochaine génération qui construira l’avenir. Le rêve de nos enfants est devenu celui de survivre à la mort, à la faim.

Une personne affamée demande de la nourriture à un autre homme affamé, une personne désespérée demande de l’aide à un autre désespéré, un blessé aide à guérir un autre blessé, une mère embrasse un enfant orphelin. Nations, organisations, gouvernements, comités et innombrables lois et législations, tout cela n’a pas protégé un enfant de la famine, c’est pourquoi nous demandons nos conteneurs qui n’ont jamais manqué à ceux qui y ont fait appel et nous appelons à l’aide. »


 

 

Abu Amir s’excuse auprès de Sarah d’avoir du retards dans ses envois – 6 mars 2024.

Vers une fin des bombardements ? Un point de situation sur les négociations


La pression interne israélienne des familles des prisonniers et d’autres partis politiques, ainsi que les pressions internationales et américaines ont conduit à la dégringolade de Netanyahou et à l’abandon de sa condition, qui était un obstacle majeur dans la roue des négociations, surtout à la lumière du refus du mouvement Hamas de présenter toute information sur les prisonniers qu’ils détiennent, en vue de leur libération.
De nombreux médias ont laissé entendre que la conclusion d’un accord d’échange de prisonniers entre le “Hamas” et “Israël” est très proche, et que les prochaines heures seront décisives. Heures au cours desquelles des détails « très avancés » des négociations seront annoncés, à la lumière de l’intensification de l’action de nombreuses parties, au premier rang desquelles l’Égypte, le Qatar et l’administration américaine, accentuant la nécessité de parvenir à un accord avant le mois sacré du Ramadan.

Des obstacles… mais ! Ces allusions ont été accompagnées de déclarations encourageantes de la part des dirigeants du Hamas, ainsi que des responsables égyptiens et qataris, sur des progrès dans les négociations, tout en gardant certains détails et dossiers en suspens, en particulier l’insistance du Hamas sur sa principale condition : le retour de tous les déplacés au nord de la bande de Gaza. Condition rejetée par Israël, mais il a été question au cours des dernières heures d’un accord pour un retour spécifique des familles au nord de la bande de Gaza pendant les jours de trêve, qui ne seront pas inférieurs à 6 semaines.
Selon des responsables égyptiens, le mouvement Hamas a été ferme sur son point de vue dès le début des négociations, tout en faisant preuve d’une certaine flexibilité dans l’espoir de parvenir bientôt à un accord d’échange de prisonniers, selon lequel l’agression israélienne sur la bande de Gaza doit être complètement arrêtée. En outre, l’occupation israélienne doit se retirer complètement de la bande de Gaza, entamer des phases de secours, introduire de l’aide, lancer des projets de reconstruction et libérer un grand nombre de personnalités importantes des prisons israéliennes.



Un rapport du site américain Axios indique : le mouvement Hamas considère « le retour des Palestiniens dans leurs maisons au nord de la bande de Gaza comme une priorité absolue » dans les négociations actuellement en cours en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des prisonniers qu’il détient. 

Le site web cite un fonctionnaire israélien et une source informée… selon lesquels les médiateurs égyptiens et qataris ont informé les Israéliens, lors des discussions de la semaine dernière, que le Hamas était prêt à réduire le nombre de Palestiniens devant être libérés des prisons israéliennes en échange de l’autorisation donnée à un plus grand nombre de civils de retourner chez eux dans le nord de la bande de Gaza.

Le fonctionnaire israélien, dont l’identité n’a pas été révélée par le site web, a déclaré que lors des pourparlers indirects à Doha1 la semaine dernière, il a informé les médiateurs que le retour des Palestiniens dans le nord de Gaza était une priorité absolue pour le Hamas dans les négociations, notant que les médiateurs égyptiens et qataris ont été surpris par l’importance de cette question pour le mouvement.

 Le responsable a ajouté que le Hamas présentait cette question du retour comme une question humanitaire, mais il a souligné que le gouvernement israélien la considérait comme une question politique, estimant que si Israël autorisait le retour des Palestiniens dans le nord de Gaza, cela pourrait renforcer le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza et rendre plus difficile la réalisation de l’objectif d’Israël de l’éliminer.

Symptôme clair : De nombreux pays avaient exprimé leur refus de déplacer les Palestiniens de leurs zones dans la bande de Gaza, soulignant leur refus de voir Israël réoccuper la bande, alors qu’Israël dit avoir demandé aux Palestiniens de quitter leurs maisons dans diverses parties de la bande de Gaza et de se diriger vers le sud afin de réduire les pertes civiles.

Et aujourd’hui encore, Israël menace de lancer une incursion terrestre dans la ville de Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte.
 La Société de radiodiffusion israélienne « Kan 1112 » a rapporté que les médiateurs ont proposé au Hamas la libération d’un petit nombre de prisonniers israéliens détenus par les factions de la résistance dans la bande de Gaza, en échange d’un cessez-le-feu de quelques jours, afin que le Hamas montre qu’il est sérieusement intéressé par la libération des otages.
La chaîne a ajouté que le Hamas a rejeté l’offre des médiateurs, indiquant que les médiateurs tentent toujours de convaincre le mouvement d’accepter cette proposition. La chaîne a souligné qu’il ne s’agit pas de modifier le cadre de l’accord conclu par les médiateurs lors des pourparlers de Paris, mais plutôt d’une première étape qui précéderait cet accord. « 

Kan 111 » a cité des sources proches des négociations qui ont déclaré que cette mesure pourrait montrer à Israël que le Hamas sait où se trouvent les otages et qu’il est sérieux au sujet de l’accord. Il a ajouté que malgré la réponse négative du Hamas, les médiateurs font toujours pression sur le mouvement pour qu’il accepte cette proposition. 

Les pourparlers sur le cessez-le-feu qui ont débuté dimanche au Caire sont décrits comme un dernier obstacle à franchir pour l’obtention du premier long cessez-le-feu de la guerre de cinq mois avant le mois de Ramadan, qui commence la semaine prochaine.

Auparavant, la chaîne d’information du Caire ERTU, proche des services de renseignement égyptiens, avait fait état de progrès notables lors des pourparlers visant à instaurer une trêve dans la bande de Gaza, auxquels participaient le Hamas, l’Égypte, le Qatar et les États-Unis. Une source importante du Hamas a également déclaré à France Presse qu’un accord sur une trêve à Gaza était possible dans les 24 à 48 heures si Israël répondait aux demandes du mouvement.
 Il est probable que les parties qui négocient la trêve à Gaza annoncent dans les prochaines heures la date de la déclaration de la trêve, qui devrait se situer dans les derniers jours avant le mois de Ramadan, compte tenu des grandes craintes israéliennes que la guerre se prolonge pendant le mois de Ramadan, et de l’entrée d’autres parties dans la guerre au nord, en particulier sur les fronts syrien et libanais. Ce que l’administration américaine repousse fermement, tentant de limiter la guerre et de parvenir à un calme aussi rapidement que possible.

Face à ces développements : sommes-nous proches d’une trêve à Gaza ? Le but de la guerre est-il atteint ? Ou les heures à venir nous réservent-elles de nouvelles surprises ?

 

Sur le terrain
Dans le cadre de la famine qui s’est répandue dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza, l’enfant Ahmed Sukkar est décédé aujourd’hui des suites de la déshydratation et de la malnutrition dont il souffrait, en raison du manque de nourriture et de médicaments dû au siège israélien.
 Le nombre de décès dus à la malnutrition et au manque de traitement s’élève à 20 enfants.
Un porte-parole du ministère de la santé de Gaza déclare : « L’occupation israélienne a commis 9 massacres dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, faisant 86 martyrs et 113 blessés. Un certain nombre de victimes sont toujours sous les décombres et sur les routes, et l’occupation empêche les ambulances et les équipes de la défense civile de les atteindre.
 Le bilan de l’agression israélienne s’élève à 30 717 morts et 72 156 blessés.

Sous une vidéo hallucinante de Khan Younis, Marsel envoie ce texte au matin du 7 Mars :
Qui a dit qu’un génocide se produit lorsqu’un grand groupe de personnes est tué… La destruction d’un abri est un génocide, la séparation des familles est un génocide, l’effacement des souvenirs est un génocide, l’incendie de jouets et de souvenirs d’enfants est un génocide, n’arrêtez pas de crier pour nous, car nos voix sont réduites au silence par les décombres des maisons au-dessus de nos têtes, et beaucoup de nos gorges ont été déchirées à cause des cris, donc le silence est une trahison et une participation indirecte à l’extermination. Voici Khan Yunis, juste un exemple de la destruction dans toutes les zones de la bande de Gaza.
Le nombre de martyrs suite aux bombardements israéliens contre des maisons à Nuseirat et Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, s’élève à 35 aujourd’hui.

 

Le 7 Mars à midi, un message d’Abu Amir sur les négociations :
Le cycle de négociations sur le cessez-le-feu au Caire s’est achevé sans aboutir à un accord. Israël a rejeté la demande du Hamas concernant un cessez-le-feu permanent, le retrait de l’armée de la bande de Gaza et le retour des personnes déplacées sans conditions. Les médiateurs du Caire ont tenté de combler le fossé entre le Hamas et Israël, mais leurs efforts n’ont pas fonctionné.
Sarah demande : « Tu veux dire que c’est fini pour l’espoir d’un cessez le feu ? »
Réponse d’Abu Amir : « Bien sûr que non, mais chaque équipe veut faire plus de gains, les deux équipes reviendront à la négociation, il n’y a pas d’autre solution. »

Cette nouvelle a été diffusée sur la chaîne hébraïque « Reshet 13 » :
 Washington a informé Israël qu’il ne pouvait pas ignorer les éventuelles sanctions européennes contre Israël et qu’il serait contraint de prendre des mesures.


 

À l’envoi des photos du cortège des jeunes des facultés mettant les femmes palestiniennes à l’honneur dans la manifestation montpelliéraine du 8 Mars : les réponses d’Abu Amir et Marsel :

Marsel : « Vive la mémoire dans laquelle les dons et les sacrifices des femmes sont renouvelés pour construire une société saine et forte. Vive la solidarité, et pour le bien de nos enfants et des générations futures, nous obtiendrons la victoire de l’humanité et la honte de tous ceux qui ont versé le sang d’un innocent. »

Abu Amir :  « Nous sommes fiers de vous, avec tout le respect pour vos honorables efforts. »


 

Au milieu de la nuit du 8 au 9 mars, Marsel envoie cette information :
Maintenant la menace de bombardement de la tour Al-Masry à Rafah et le départ des habitants qui se trouvent maintenant dans la rue Rawhi Sobeh près du rond-point Al-Awda (plus de 20 familles).
Nous espérons tous un cessez-le-feu et que nous sortirons de ce creuset de tourments.

 

Communication d’Abu Amir le 9 Mars

Sous l’impact de milliers de tonnes de bombes larguées par l’occupant avec l’aide des pays de la coalition (les pays occidentaux), la population de la bande de Gaza souffre toujours de la faim, des déplacements et des assassinats qui la hantent jour et nuit. De plus, les maladies sont devenues une menace encore plus grande pour leur vie. L’occupant empêche le carburant d’entrer dans les usines de traitement des eaux usées. Celles-ci sont totalement arrêtées parce qu’elles ont été détruites ou en raison du manque de carburant pour les faire fonctionner. 
Plusieurs appels ont été reçus de la part des personnes déplacées situées près de l’entrepôt de l’UNRWA, qui se trouve dans la zone de Al Mawasi (Rafah), en face de la zone de Tel Al-Sultan. Ces appels concernent les mares d’eaux usées qui inondent les tentes des personnes déplacées dans cette zone. 
L’équipe de l’UJFP a suivi ces appels, s’est rendue sur place et s’est entretenue avec de nombreuses personnes déplacées. 
Une fois sur place, nous avons été surpris par la présence de bassins remplis d’eaux usées à côté des tentes, et, après avoir interrogé un certain nombre de personnes déplacées sur le problème, l’une d’entre elles nous a répondu. : « Comme nous étions déplacés depuis la ville de Gaza, nous sommes allés dans cette zone, à côté de l’entrepôt de l’UNRWA, pensant que nous serions en sécurité, mais nous nous sommes trompés. Les bombardements sont partout, même dans les écoles de l’UNRWA. 
Au début, l’endroit était propre et il n’y avait aucune trace d’eaux usées, mais après que l’entrepôt de l’UNRWA a été complètement occupé par les familles de ses employés et de ses proches, les eaux usées ont été détournées à l’extérieur du bâtiment, à côté des tentes dans lesquelles elles se trouvaient. 
Des maladies se sont également propagées récemment parmi les enfants en raison de la pénurie de médicaments. »

Il poursuit : « Malgré notre proximité avec le dépôt d’aide de l’UNRWA, l’accès à l’aide serait un miracle, de sorte que nous désespérons de faire valoir nos droits. » Les personnes déplacées lancent un nouvel appel pour trouver des solutions face aux eaux usées qui tuent lentement leurs enfants. Malgré son grand potentiel, l’UNRWA n’a pas bougé le petit doigt pour résoudre de nombreux problèmes.


 

 

Au delà d’une situation impossible et difficile à vivre et à gérer dans les camps pour les personnes déplacées, avec un dénuement le plus total, sous bombardement continu, qui plus est à la veille du Ramadan, nos amis Marsel et Abu Amir expriment leurs réflexions sur la difficulté à organiser l’urgence et parfois à prendre des décisions compliquées.

Sous la photo du jeune homme serrant un sac de farine contre lui avec un grand sourire, Marsel envoie ce texte le matin du 10 Mars :

« Après une épopée héroïque au cours de laquelle le sang a coulé et des vies ont été perdues, Dieu merci, 25 kilos de farine ont été obtenus. Personne n’imagine l’étendue de mon bonheur, après avoir arrêté de manger du pain blanc pendant plus de trois mois. C’est comme l’Aïd… Eid parce que pour la première fois je reçois un sac de farine pendant toute la guerre. Avant, nous jeûnions et rompions notre jeûne avec de la nourriture pour animaux, et maintenant nous obtenons de la farine blanche. Oui, c’est l’Aïd. Je n’exagère pas. Ce qui était considéré comme la chose la moins chère que l’on pouvait obtenir à Gaza vaut désormais le sang de gens honorables. Ô Seigneur, nourris les affamés et comble les besoins des nécessiteux. Ô Dieu, ô Soutien, ô Puissant, accorde tes faibles serviteurs sur cette terre. Son sourire est comme un soleil qui répand ses rayons, nous remplissant d’espoir et montrant notre volonté et notre détermination. Ce sourire nous fait aussi ressentir notre faiblesse, l’étendue de notre souffrance, notre besoin et notre effondrement. Il serre le sac de farine dans ses bras comme un père serre dans ses bras son enfant perdu depuis longtemps. Les psychologues sont compétents pour analyser et étudier l’esprit, étudier la façon de penser des gens. Les actions et les réactions des gens sont constructives, mais il est impossible aux plus grands psychologues humains d’analyser ce rire. Avicenna — philosophe et médecin persan du 10e siècle en lien avec le nom de l’association Ibn Sina —, et Wheaton Calkins — psychologue américaine du 19e siècle — n’en seraient pas capables. Ils écriraient des volumes de livres pour analyser ce sourire couplé aux expressions du visage de ce jeune homme. Seuls ceux qui ont vécu la souffrance, ont ressenti sa douleur et ont lutté pour survivre, eux seuls peuvent en connaître le sens. »

Abu Amir exprime et rend compte des difficultés à rester juste, équitable, égalitaire dans l’organisation de la vie quotidienne et la distribution de vivres et de produits divers.

Si vous faites pour un, il faut faire pour tous. Ça c’est la position des familles de paysans.

« Par exemple, si j’arrive à trouver 150 bouteilles de gaz, comment vais-je faire pour choisir les bénéficiaires ? On y est arrivé en demandant à plusieurs familles de partager une bouteille.

Les tentes collectives, pour les familles qui y sont abritées maintenant, ne considérez pas qu’elles vous appartiennent. Quand il sera possible de revenir au village, probablement 80 % des habitations seront à terre, nous réinstallerons les tentes collectives pour ceux qui n’auront pas d’abris. Donc ne les abîmez pas ! Nous déménagerons avec.

Il faut comprendre que les personnes ont largement perdu l’espoir. Tout est tellement cher. Prenons l’exemple des couches : vu le prix, les familles ne peuvent plus en acheter. Mais il y a 15 nouveau-nés dans le camp, et 5 de plus autour du camp. Si j’arrive avec des paquets de couches, les femmes vont me manger ! Du coup, j’hésite à ouvrir cette porte, il me faudrait beaucoup d’argent pour la refermer dans de bonnes conditions… »

Ces réflexions sont essentielles pour maintenir un niveau d’organisation sociale digne et humain.

 

Quand tous les bâtiments et les habitations ne sont pas détruits, en ruines et en cendres, voilà ce qui se passe pour celle et ceux qui tentent de retourner chez eux… pour voir l’état de la situation ! Nous avions publié le témoignage d’Asma sur sa journée de déplacement de Khan Younis à Rafah avec toute sa famille le 18/12/23. Le 11 mars elle écrit le témoignage suivant accompagné de photos.

« À Rafah, il y a trois ou quatre jour, le bruit a couru que les Israéliens avaient quitté pour partie Khan Younis, en tout cas le quartier de notre immeuble. Comme les Israéliens s’étaient éloignés, beaucoup de gens ont voulu allé voir l’état de leur habitation et nous aussi on a pris notre courage à deux mains avec ma sœur et mon beau-frère pour aller voir. J’ai eu un choc, ça a été très difficile, plus de portes aux appartements, plus de fenêtres, tout saccagé, détruit, l’essentiel disparu, la bouteille de gaz, la télé, je n’ai rien pu prendre tellement j’étais détruite moi aussi, et nous sommes rentré.e.s vite vite à Rafah car le bruit des avions revenait avec la peur. »


L’inquiétude était grande concernant le premier jour du Ramadan : Comment cela se passait à Gaza ? Abu Amir nous écrit le 13 Mars

Les habitants de Gaza ont accueilli le premier jour du Ramadan avec beaucoup de déception et de tristesse en raison de la poursuite des attaques israéliennes sur toutes les zones de la bande de Gaza, bien que la fréquence des attaques ait été faible aujourd’hui par rapport aux jours précédents.

Toutefois, des informations non confirmées font état d’une trêve de deux jours à partir de demain. Des informations indiquent également que le port qui recevra l’aide de Chypre a commencé à être construit dans la zone de Sheikh Ajlin, près de Madinat Al-Zahra, et que des cargaisons et des équipements lourds ont commencé à être acheminés vers la zone portuaire pour y entamer les travaux. On pense que les décombres des maisons détruites dans la ville de Gaza seront utilisés pour construire le nouveau port.

Le gouvernement du Hamas n’a fait aucune déclaration concernant l’établissement de ce port, mais des pourparlers en cours indiquent que le port est en construction. Nous avons vu des camions transportant du matériel lourd stationnés sur la route côtière en face de ma maison, attendant une coordination pour entrer dans la zone de travail, et ils y sont effectivement entrés aujourd’hui.

De nombreuses rumeurs non confirmées affirment que l’occupant s’est coordonné avec deux grandes familles de la ville de Gaza pour y recevoir et y distribuer de l’aide. Ces familles ont un lourd contentieux avec le Hamas et attendent impatiemment la chute du Hamas. Lorsque le Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2008, il a réprimé ces familles parce qu’elles intimidaient la population.

À mon avis, il y a quelque chose d’étrange dans l’insistance à construire ce port, et il y a de nombreuses déclarations à ce sujet.

Informations du Haaretz L’armée israélienne, avec l’aide de responsables gouvernementaux, promeut une campagne visant à discréditer l’UNRWA dans le but de nuire au pouvoir civil du Hamas dans la bande de Gaza.

Malgré les efforts israéliens : aucune organisation n’a encore été trouvée qui accepte de prendre la responsabilité civile de la population à Gaza. Les pays qui avaient gelé leurs contributions à l’UNRWA les ont renouvelées par crainte d’affamer les Gazaouis.

Le plan israélien repose sur l’affaiblissement de l’UNRWA jusqu’à sa dissolution.L’armée israélienne a présenté lundi le plan qui conduira à la dissolution de l’UNRWA à Gaza et en Cisjordanie.

Le premier navire transportant de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza quitte Chypre maintenant.

La trêve de deux jours a également échoué et des véhicules militaires avancent à l’est de Deir al-Balah, en particulier sur la route Salah al-Din, et l’occupant menace d’entrer dans la ville de Deir al-Balah, qui est remplie de personnes déplacées. Deir al-Balah est semblable à Rafah en termes de densité de personnes déplacées en raison de sa situation géographique. Il s’agit d’une zone plus petite que Rafah, mais avec la même densité de population. L’invasion de Deir al-Balah ne serait pas moins dangereuse que celle de Rafah, mais le monde regarde les chiffres, pas la densité.

Informations de la Chaîne israélienne 7

Des bus ont transporté des enfants orphelins qui ont été transférés d’un orphelinat de la bande de Gaza vers Bethléem.

Tel Aviv a accepté de transférer 70 orphelins d’un orphelinat de Gaza vers un nouveau refuge à Bethléem, à la demande du gouvernement allemand.

Les enfants ont été transférés par l’intermédiaire de la Croix-Rouge à la demande de la coordination allemande entre l’Autorité Palestinienne et Israël. À noter que Berlin finançait l’orphelinat de Gaza.

La poursuite de la guerre israélienne contre la bande de Gaza assiégée… aujourd’hui mardi… et son 158e jour… et un résumé des événements de terrain les plus marquants et les plus importants des dernières heures :

Nouveaux tirs d’artillerie à l’Est du camp de Bureij. ]Les tirs d’artillerie se poursuivent au nord du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

Violents tirs d’artillerie et fusillades à l’est des camps d’Al-Maghazi et d’Al-Bureij dans le gouvernorat central.

Incursion de cinq véhicules de l’occupant dans la colline « Abu al-Laban », au Nord-Est de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

Les deux frères pêcheurs, Muhammad et Youssef Adel Al-Sayyid Abu Riyala, sont tombés en martyrs après avoir été pris pour cible par des bateaux de l’occupant pendant leur travail dans la mer au large de Nuseirat.

Lors d’un bombardement israélien sur une maison de la famille Al-Saqqa dans le quartier d’Al-Zaytoun, 7 personnes sont tombées en martyrs, dont 5 enfants, et 6 ont été blessées.

L’occupant continue également à pratiquer la politique de la faim et du meurtre, puisque l’armée d’occupation a pris pour cible des personnes âgées.

L’armée d’occupation a pris pour cible des citoyens qui attendaient une aide humanitaire au rond-point du Koweït dans la ville de Gaza, un site de martyrs et de blessés… ce qui porte à plus de 400 personnes le nombre total de martyrs tués par les tirs de l’occupation alors qu’ils attendaient de l’aide.

Les factions de la résistance palestinienne continuent d’affronter les forces d’occupation dans les zones d’incursion… et sont engagées dans des affrontements féroces avec les forces d’occupation dans toutes les zones de combat, en particulier à l’est de la ville de Khan Yunis, sud de la bande de Gaza


Nous n’avions pas de nouvelles de Marsel depuis plus de 48H et nous commencions à être inquièt.e.s. Au matin du 14 Mars il nous a envoyé des photos et un récit.

Une guerre contre l’enfance palestinienne titrait Médiapart hier soir : en cinq mois, plusieurs dizaines de milliers d’enfants ont été tués ou grièvement blessés par les bombardements israéliens sur Gaza. Un massacre d’ampleur sous les yeux du monde entier. Voilà ce que nous raconte Marsel dans une petite vidéo

Nous avons documenté l’histoire d’un bébé de quatre mois seul survivant d’un massacre.

Cet enfant a été blessé et tous les membres de sa famille ont été exterminés. Il a été transporté à pied du camp de Zaytoun jusqu’ici à Rafah pour rejoindre son grand-père et le père de sa mère.

Aujourd’hui, nous distribuons des légumes.Hier aussi nous avons distribué des boîtes de patates douces J’enverrai la vidéo aujourd’hui Nous sommes situés dans la région d’Al-Mawasi entre Rafah et Al-Ikhaneos, et il n’y a ni Internet ni communication.

Sous des photos du même type que celles envoyées par Abu Amir: commentaire de Marsel

Il existe également certains problèmes environnementaux, notamment les marécages d’eaux usées et l’accumulation de déchets.

Abu Amir le 14 Mars par téléphone

Il existe dans chaque zone de la bande de Gaza un bureau de distribution des denrées qui reçoit des marchandises et qui les revend. Le problème est que toutes les denrées ne sont pas vendues au prix réel et que beaucoup sont vendues au marché noir.

Abu Amir essaie de tout acheter au prix réel. Pour les poulets, le prix réel est de 25 shekels (7 euros) par poulet mais ça monte à 50, voire 70 shekels au marché noir.

Pour les bonbonnes de gaz indispensables, le prix réel est de 80 shekels par bonbonne (22 euros) et ça monte à 200 shekels au marché noir. Abu Amir a besoin de 100 à 200 bonbonnes pour pouvoir nourrir les paysans et leurs familles. Il y a des papiers à remplir pour obtenir ces bonbonnes.

L’équipe médicale qui était venue dans le camp n’est pas revenue. Il y a bien un médecin dans un bâtiment voisin (là où ils cuisent la nourriture) mais pas de visite régulière. Abu Amir demande un renouvellement du passage d’un médecin.

Enfin, il cherche à s’appuyer sur des associations solides. Ils ont pu construire un troisième bloc de sanitaires (WC-douches).

Un résumé des derniers développements sur le terrain dans les dernières heures du troisième jour du Ramadan

L’occupant israélien continue d’intensifier ses attaques contre la bande de Gaza alors que le mois de Ramadan entre dans son troisième jour, sachant que le mois de Ramadan est un mois sacré et un mois de culte pour les musulmans en général et pour les habitants de la bande de Gaza en particulier. Mais l’occupant manque de respect pour ces rituels, qui sont pratiqués par plus d’un milliard de musulmans, et ceci au mépris du droit international.

Cinq martyrs et blessés suite au bombardement par l’occupant du siège de distribution de l’aide de l’UNRWA,  » L’entrepôt « , dans le centre de Rafah.

Deux martyrs et un blessé dans un bombardement israélien qui a visé une voiture civile à proximité de la salle du Palais de la Reine à Khirbet Al-Adas à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Les deux martyrs sont Nidal Musa Sheikh Al-Eid (Al-Zamili) et Muhammad Abu Hassoun.


Le corps du martyr Ali Khalil Ahmed Obaid, 48 ans, a été transféré de la ville de Hamad dans le gouvernorat de Khan Yunis à l’hôpital Al-Najjar à Rafah.
Les corps de 17 martyrs ont été transférés ce matin depuis la ville de Hamad au Nord-Ouest de Khan Yunis jusqu’à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir Al-Balah après un attaque ciblée effectuée par l’occupant.
L’occupant tire des bombes fumigènes à l’est de Jabalia, au nord de la bande de Gaza.
Destruction des panneaux solaires au-dessus de l’hôpital baptiste de Gaza.
Un troisième véhicule civil a été ciblé aujourd’hui à Rafah. Il y a un certain nombre de martyrs et de blessés.
21 martyrs sont arrivés au complexe médical Al-Shifa depuis ce matin en raison des bombardements de l’occupant sur les maisons des citoyens dans la ville de Gaza.


Concernant l’aide internationale

Un site d’information israélien a rapporté qu’avec la coopération de 80 pays, 100 camions transportant 2 000 tonnes d’aide sont acheminés aujourd’hui dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah.
L’armée jordanienne a annoncé qu’elle avait effectué 7 nouveaux débarquements d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza aujourd’hui, avec la participation de l’Égypte, des États-Unis et de la Belgique.
Les organisations internationales présentes à Gaza ont indiqué que les largages d’aide humanitaire ne répondaient pas aux besoins de la bande de Gaza et ne permettaient pas de nourrir et de soigner 2,3 millions de personnes vivant dans une situation catastrophique. Ces organisations internationales signalent que certains des pays qui ont effectué des largages d’aide fournissent également des armes à Israël, et qu’ils doivent cesser et imposer un cessez-le-feu immédiat et acheminer l’aide sans restrictions.

Le journal israélien “Haaretz” a rapporté que de nombreuses déclarations internationales condamnant les actions honteuses de l’occupant ont commencé à apparaître récemment. La position la plus claire est celle de l’Afrique du Sud, qui a déclaré par l’intermédiaire de son Ministre des Affaires Étrangères : « nous arrêterons nos citoyens qui servent dans l’armée israélienne s’ils retournent en Afrique du Sud ».
Un fonctionnaire américain a déclaré que l’opération militaire israélienne à Rafah conduirait probablement les États-Unis à autoriser le dépôt d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat, ce qui signifierait un changement de la position américaine à l’égard d’Israël sur le plan international.

Récit d’une américaine vivant à Gaza

« Je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine ». C’est le message d’une Américaine, Debra Drole, après avoir été blessée par un bombardement israélien à Gaza :

Une citoyenne américaine de 65 ans vivant dans la bande de Gaza a été sauvée dans les décombres de sa maison détruite par l’occupant israélien dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza.

Elle souffre de blessures dans diverses parties de son corps et de blessures au visage à la suite du bombardement qui a détruit sa maison. Les ambulanciers et les habitants du quartier ont pu l’extraire des décombres. Elle a été transportée à l’hôpital et a indiqué en pleurant qu’elle essayait d’appeler à l’aide en arabe parce que les ambulanciers ne comprenaient probablement pas son anglais.

Lors de son sauvetage, Debra a envoyé un message disant qu’elle elle refuse de quitter la bande de Gaza car elle n’a pas l’intention d’abandonner la Palestine à l’occupant israélien.
« En tant qu’Américaine vivant à Gaza, je crois que tous les Arabes devraient être ici pour aider, comme je le suis maintenant. L’occupant veut que tout le monde parte. Je reste parce que je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine. »

Sur la construction du port (Abu Amir)
Quant au corridor maritime qui doit être établi au centre de la bande de Gaza sous le prétexte d’apporter de l’aide, il y a plein de camions qui attendent la coordination de l’occupant pour entrer et commencer la construction du port. Les choses sont encore mystérieuses et aucune information n’est publiée à ce sujet, mais bientôt le brouillard se dissipera et la vision deviendra claire. Voici les photos que j’ai prises ce matin.

 

mise à jour le 15 mars 2024.

(…)

À propos des témoignages

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).

 

Depuis le 20 novembre altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

Partie 1 du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 2 du 8 au 17 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 3 du 18 au 27 janvier 2024. À lire ICI

Partie 4 du 28 janvier au 13 février 2024. À lire ICI

Partie 5 du 13 au 20 février ICI

Partie du 21 février au 4 mars ICI


Photo.

Notes:

  1. Doha est la capitale du Qatar.
  2. Kan 111 est une chaîne de télévision publique appartenant à la Société de radiodiffusion publique israélienne.
Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.