Message alarmant de Marsel le 28 Janvier au soir

Israël envoie un message à l’Égypte : « Dans les prochains jours, nous commencerons nos opérations à Rafah. »

Camarades, cette nouvelle est d’hier soir, et j’ai commencé à la commenter hier pour la partager avec vous, mais je n’ai pas pu l’envoyer à cause de la panne d’internet. Il n’existe aucun pouvoir au monde qui puisse vaincre une personne qui a tout perdu et qui n’a plus rien à perdre. Seul un fou peut croire ça.

Nous n’avons pas quelque chose appelé « perte ». Après avoir tout perdu sauf notre dignité, nous avons encore de l’espoir et nous n’avons pas abandonné et nous travaillons dur pour récupérer notre liberté. Nous travaillons toujours pour avoir un avenir et une réalité meilleurs pour nos enfants. L’occupation peut nous tuer, mais nous mourrons debout, fiers et dignes, sans peur. L’occupation ne parviendra pas à nous mettre à genoux, même si nous sommes des cadavres éparpillés. Nous resterons une honte aux yeux de la communauté internationale, qui ignore son humanité.

Chers amis, il semble que l’occupation ne se soit pas encore contentée des torrents de sang qui ont coulé au cours des 113 jours de génocide. Il semble que les dirigeants de l’occupation aient un grand appétit pour jouir de notre sang, nous, les déplacés, car notre sang est mêlé de douleur, d’oppression, de perte et de tourments du déplacement. Les déclarations des dirigeants de l’occupation ces derniers jours le confirment. En conséquence, ils avaient l’intention de commettre un massacre à Rafah. La superficie de la ville de Rafah est de 64 kilomètres carrés et elle était habitée par deux cent mille personnes avant la guerre, et maintenant à cause de la guerre et des convois forcés de personnes déplacées, sa population est devenue deux millions deux cent mille dans cette petite région.

Une pierre tombant d’un immeuble pourrait faire des dizaines de blessés en raison de la densité de population, et vous laisser le temps d’imaginer des attaques aériennes contre des rassemblements de centaines de milliers de personnes déplacées ? Aujourd’hui, des rumeurs se répandent sur les réseaux sociaux selon lesquelles la Croix-Rouge et l’UNRWA auraient conseillé à leurs employés de rester à l’écart des lieux publics pendant les prochaines 48 heures. Cette rumeur n’est peut-être pas vraie parce que l’occupation ne prévient personne et ne se soucie pas de la Croix-Rouge ou de l’UNRWA, mais on peut mesurer le degré d’anxiété de la population à l’aune de l’ampleur de la rumeur.

Enfin, camarades et amis, la lumière de l’espoir est en nous et nous ne l’avons pas perdue et nous ne la perdrons pas, même dans les moments les plus difficiles. Je suis heureux car je partage ces moments avec des amis comme vous. Ce sont peut-être les seuls points positifs de cette guerre d’enfer. Je suis fier de vous, mes amis. Vous travaillez dur pour maintenir la lumière de l’humanité allumée afin d’éliminer les ténèbres et de révéler les vérités, vous vous sacrifiez dans les plus belles années de votre vie pour soutenir les opprimés et les persécutés sans aucun objectif personnel ni parenté, mes amis et ma merveilleuse famille, d’ici là et jusqu’à ce que nous nous rencontrions, je resterai en contact constant avec vous, tout ira bien autant que possible, alors camarades, tout va bien pour nous, je vous aime tous. »

 


 

Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières : notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue. Le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, faites par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. C’est tout cela qui en fait un document essentiel.
Dans cette chronique il n’y a pas de document reçu de Marsel, mais cette précision est valable pour les précédentes et les prochaines chroniques !
L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.

 


 

Compte rendu d’Abu Amir : distribution de repas dans la bande Al Mawasi le 29 janvier

29 janvier : Nous nous sommes rendus ce matin à notre emplacement dans la région de Mawasi Rafah, pour préparer le déjeuner pour les réfugiés là-bas.

Cette journée était inhabituelle. Mon attention a été attirée sur l’arrivée d’un grand nombre de familles, environ une heure et demie en avance, ce qui m’a incité à demander aux travailleurs pourquoi ces familles étaient arrivées si tôt. L’un des travailleurs là-bas m’a répondu que plus de 70 nouvelles familles étaient arrivées sur la zone, fuyant la région de Khan Yunis hier soir.

À l’heure du repas, précisément à midi et demi, nous avons commencé à servir des pâtes. Nous avons fini de servir deux marmites et avons commencé la troisième, mais même ainsi, le nombre des gens augmentait. Nous nous sommes regardés et nous nous sommes demandé quoi faire.  Nous avons terminé la troisième et dernière marmite, et il restait environ 70 familles qui n’ont pas reçu de nourriture, et la fin de la vidéo montre cela.

Il convient de noter que des milliers de familles ont fui Khan Yunis hier et avant-hier, l’intensité des bombardements s’étant intensifiée dans la région de Khan Yunis. Ce qui a augmenté le fardeau sur la région de Rafah, en particulier la région d’Al-Mawasi.

Voici la vidéo du 29 janvier :

https://drive.google.com/file/d/1Ei2Or_JZk9gzZCo88xFsKBVhU171L2Su/view?usp=drivesdk

Regarder ces vidéos me rend malade….

Les photos correspondantes sont à l’adresse :

https://drive.google.com/drive/folders/1EfQwUUAPIxwnZBHHV7XjUuw8gcTsR7AG

 

Actualité des paysans assiégés dans l’école al-Amar à Khan Younis

En ce qui concerne les derniers développements pour l’école assiégée, dans laquelle les agriculteurs sont rassemblés, dans la région occidentale de Khan Younis, ni la Croix-Rouge ni le Croissant-Rouge n’ont répondu aux appels que nous avons lancés.

Après que les tanks se soient éloignés, les blessés ont été transférés par un tuktuk, celui avec lequel nous avons envoyé de l’aide hier, et qui était resté à l’intérieur de l’école. Quant aux morts, les paysans les ont enterrés précipitamment dans des terres libres situées en face de l’école.

La souffrance de ces agriculteurs à l’intérieur de l’école continue, en raison des bombardements renouvelés dans les environs de l’école. Parfois, lorsque les tanks sont absents, quelques jeunes hommes peuvent s’échapper de l’école et se rendre dans la région de Rafah, pour parler des horreurs qu’ils ont vues dans l’école. Demain, nous attendons une réponse des opérations de l’UNRWA dans la région de Rafah, par rapport à la proposition que nous leur avons présentée concernant la fourniture de bâches plastiques pour les tentes que nous voulons créer pour ces agriculteurs.

 

Abu Amir, 30 janvier 2024, par téléphone avec Sarah

Abu Amir a eu accès à la traduction en arabe des commentaires de la décision de la CIJ par les avocats Gilles Devers, Khaled Al Shouli et Abdelmaid Mrari, publiée sur le site d’ISM-France, et il a exprimé combien il trouvait le texte important, et très encourageant, même dans ces journées particulièrement meurtrières : « Très grand ! pour la première fois, nous voyons Israël dans la position d’un criminel international ».

 

La situation des paysans assiégés dans l’école de Khan Younis

« Aujourd’hui, nous nous sommes rendus à la Croix Rouge et à l’UNRWA. Notre demande portait sur des couvertures plastiques destinées à couvrir et rendre imperméables les grandes tentes que nous voulons monter à Rafah pour abriter les femmes et les enfants, quand les paysans parviendront à s’extraire du piège. J’ai expliqué la situation, parlé des femmes enceintes. La réponse a été : « on ne peut rien faire ».

Il faut voir la situation aux portes de la Croix Rouge et de l’ UNRWA : la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre, nous argumentons dehors, par une toute petite fenêtre. Des milliers et des milliers de personnes se pressent vers cette porte.

J’ai continué à expliquer que vu les prix, on a besoin d’aide pour ces couvertures de tentes. Rien n’y a fait, la réponse a été : « qu’ils aillent dans une école à Rafah, fassent enregistrer leur noms, nous verrons ce qu’on peut faire ».

Un des fils du mokhtar Abu Jamal était avec moi, il bouillait de rage, mais j’ai expliqué calmement : «  ils sont 7 500 personnes. Dans quelle école peuvent-ils aller ? Toutes les écoles de Rafah sont surpeuplées, ces gens n’ont pas d’endroit où aller. Avec la solidarité impulsée par l’UJFP, nous pourrons construire les structures en bois, donnez-nous de quoi les couvrir et les rendre étanches. On a besoin de 30 à 40 bâches plastiques, et vous en avez ». Je diminue notre demande à 20… la réponse reste «  nous ne pouvons pas ».

Je demande à parler au directeur, il est occupé avec une délégation internationale, il ne peut pas répondre. Je dis : « on vous laisse 3 heures, et alors nous revenons pour avoir une réponse de sa part ». Mais quand nous sommes revenus, nous avons entendu : « nous n’avons pas de réponse à votre demande ».

Pendant ce temps nous nous sommes rendus à la municipalité de Rafah, pour faire la même demande. La réponse est négative, avec un aspect supplémentaire : « Ils ne doivent pas céder, qu’ils restent dans l’école ». « Mais c’est les condamner à mort ! » De rage j’ai exprimé mon mépris « pour vous et pour l’occupation… ». J’ai redit qu’on avait besoin d’un terrain. La réponse a été : « nous n’en avons pas ».

Nous allons quand même préparer la sortie espérée. Nous allons procéder par étapes. Nous cherchons un terrain possible, nous avons de l’aide dans cette recherche. Nous proposons dans un premier temps de construire deux grandes tentes, de 12 mètres sur 8 mètres, soit deux fois plus grandes que ce dont nous avions parlé dans un premier temps (12m x 4m), mais deux tentes seulement pour le premier pas. Sur le modèle de ce qu’ils ont fait dans les classes de l’école, chaque tente sera divisée, à l’aide de couvertures formant parois, en 6 espaces de 4 mètres sur 4 mètres, et chaque espace devra recevoir approximativement 25 personnes avec des sanitaires.

Sarah fait répéter Abu Amir : 25 personnes vont vivre dans 4 x 4m ? Il répond gentiment : « C’est le mieux de ce qu’on peut faire. Dans l’appartement où nous vivons avec ma famille actuellement, il y a 3 chambres, et nous sommes 16 dans chaque chambre ! »

Peut-être y aura-t-il enfin un accord de cessez-le-feu, ose espérer Abu Amir. À ce moment-là, les besoins pour remettre les terres en cultures seront immenses. Il ne faut pas gaspiller l’argent de la solidarité, procédons pas à pas…

 

Le 31 Janvier au soir un bilan de l’universitaire Ziad Medouk :

Le milieu universitaire a lui aussi été grandement détruit dans ce génocide en action orchestré par Israël à Gaza : 65 universitaires et scientifiques assassinés, 4 Universités détruites totalement et 12 endommagées gravement, détruites partiellement : un massacre.

 

Un message de Marsel par whatsApp le 31 janvier au soir

« Chers camarades, ma famille et moi allons bien, mais Internet est coupé dans le centre de Rafah et dans d’autres régions, et nous n’en connaissons pas la raison. Certains fournisseurs d’accès Internet ont déclaré que la partie israélienne avait fait quelque chose de mal en coupant Internet. J’ai pu accéder à Internet, mais son signal est très faible, j’espère que vous recevrez ce message, avec mes meilleurs vœux à vous camarades. Je voudrais également vous dire que depuis l’après-midi jusqu’à ce moment, il y a un grand nombre d’avions de reconnaissance de différentes formes, types et missions, dépassant peut-être des centaines sur un carré, comme s’il s’agissait d’une exposition de drones, volant en permanence à proximité du centre de Rafah, du rond-point du retour, du marché et des centres d’hébergement. Comme s’il s’agissait d’une exposition de drones, volant en permanence à proximité du centre de Rafah, du rond-point du retour, du marché et des centres d’hébergement. »

 

Abu Amir par whatsApp avec Sarah le 2 février au soir : C’est juste l’horreur

« Actuellement, la situation à Khan Younis est catastrophique et les déplacements se poursuivent à partir de plusieurs régions.

Les habitants profitent du départ des tanks pour fuir vers Deir al-Balah, au nord de Khan Younis, et vers la zone d’al-Mawasi à Rafah, qui a été complètement envahie. Plusieurs écoles ont été assiégées jusqu’à présent, en particulier dans une zone appelée le quartier japonais, zone ouest de Khan Younis. Quant à l’école des paysans venant de la zone Abu-Taïma-Khuza’a, située dans la même zone assiégée, un quadcoptère a tiré hier soir en direction de la cour de l’école, tuant une fillette et blessant trois autres personnes. Selon les derniers développements, les blessés et la jeune fille tuée à l’école ont été évacués vers l’hôpital de campagne.

Les blessés sont toujours dans l’école, car les ambulances n’ont pas pu y pénétrer.

La crise humanitaire est exacerbée par l’arrivée des personnes déplacées, qui étaient stationnées à Deir al-Balah et Mowasi Rafah, que l’occupation avait déclaré à plusieurs reprises être des zones sûres, malgré les bombardements répétés de ces zones. En raison du manque d’aide et des maladies qui sévissent parmi eux, les personnes déplacées souffrent maintenant intensément du froid, en particulier les enfants, en raison des basses températures et des précipitations.

Les personnes déplacées de la région de Khan Yunis ont alourdi le fardeau de la région de Rafah après avoir fui l’occupation, et elles n’y ont rien trouvé pour s’abriter. Jusqu’à présent, des centaines de ces personnes déplacées sans abri sont assises sur la plage avec leurs familles.

Pour l’instant, nous attendons que l’école soit évacuée pour leur installer des tentes. Une trêve devrait être annoncée dans les prochains jours, nous observons donc les événements avec prudence et nous travaillerons en fonction de l’évolution de la situation. »

 

Cela faisait plus de 48H que nous n’avions pas de nouvelles de Marsel ; à midi le 5 Février par WhatsApp un message de Marsel.

 « Désolé, camarades, à cause du manque de communication ces derniers jours en raison de mes graves coliques néphrétiques qui durent depuis plusieurs jours, je suis allé chez le médecin et je prends des médicaments et mon état a commencé à s’améliorer. Aujourd’hui, je vais commencer à traduire les rapports et à les envoyer, veuillez accepter mes excuses. »

 

Abu Amir a envoyé un rapport d’activité pour les 3, 4 et 5 février.

Repas pour les familles déplacées à Al Mawasi.

Dans le cadre du programme d’aide d’urgence aux personnes déplacées dans la zone d’Al-Mawasi à Rafah, l’équipe de l’UJFP a fourni de la nourriture pendant deux jours, les 3 et 4 février. Nous avons fourni de la nourriture à des centaines de familles déplacées qui connaissaient l’endroit et dont le nombre a commencé à augmenter jour après jour. Le premier jour, nous avons servi des pâtes.

Deux petites vidéos montrent ces distributions :

3 février : https://drive.google.com/file/d/1G6gbLZHmtyaTALsrmwG8UuApf78o2TSj/view?usp=drive_link

4 février : https://drive.google.com/file/d/11PAhkvOOAteSskRsoCWCZDzNPCcZkK8b/view?usp=drive_link

et des photos sont aux adresses suivantes :

3 février : https://drive.google.com/drive/folders/17lY–fWgsskTGxX-pyRwS0CgZ5Rj4sx8?usp=drive_link

4 février : https://drive.google.com/drive/folders/19A3R2heaq9slM2bjPiF3xJKcme81Nimy?usp=drive_link

Aide alimentaire pour les paysans de la zone Abu Taïma – Khuza’a, assiégés dans l’école Al Amal de Khan Younis

Le matin du 5 février, les agriculteurs ont acheté les légumes nécessaires pour leurs familles et les ont envoyés à l’école assiégée. Le montant de l’achat était de 7000 shekels, les agriculteurs ont payé 3000 shekels à titre de contribution, et l’UJFP a pris en charge les 4000 shekels restants.

L’administration de l’école de l’UNRWA a exigé que les agriculteurs ne quittent pas l’école, conformément aux instructions de l’occupation, mais d’un autre côté, l’UNRWA ne fournit aucun service dans l’école. Les familles des paysans qui sont, elles, à l’extérieur de l’école, sont obligées d’envoyer constamment de la nourriture et des boissons à ceux de leurs familles à l’intérieur de l’école. Alors que l’occupation israélienne intensifie ses attaques contre la bande de Gaza, le nombre de personnes déplacées fuyant la mort augmente, la catastrophe humanitaire a doublé et la responsabilité retombe sur les institutions opérant dans la bande, qui souffrent du manque de financement et de la difficulté à recevoir des fonds en cette période. Il y a un nombre énorme de personnes déplacées. Selon les rapports de l’UNRWA et de certains centres gouvernementaux, l’aide qui entre dans la bande de Gaza ne couvre que 20 % des besoins.

Photos et vidéos à l’adresse suivante :

https://drive.google.com/drive/folders/1TUIAkmqKNnRiAMd3OpfajCCO5pRC7rrR?usp=drive_link

et le mokhtar des paysans assiégés a enregistré des mots de remerciement pour l’équipe UJFP :

https://drive.google.com/file/d/1oyEvuAwhr1RYTj4S5bBk8zljnUaSyXcF/view?usp=drive_link

Voici la traduction de ses paroles

« Au nom du Mukhtar de la famille Abu Taima, nous remercions l’association UJFP pour sa contribution au soutien des agriculteurs et pour la distribution de légumes aux agriculteurs déplacés dans l’école de garçons Al-Amal assiégée dans la région de Khan Yunis, et pour sa contribution de 4 000 shekels. »

 

Un échange le 7/02 au soir par whatsApp avec Asma — qui a témoigné de sa journée du 18/12/23.

« Trop d’attaques et de bombardements à Rafah, c’est dur et terrible, tout le monde a peur, tout le monde attend, il n’y a que ça comme réalité. Dans un mois c’est le ramadan et tu sais bien l’importance de ce symbole religieux pour nous…. »

 

Au matin du 8 Février nous recevons de la part de S. Katz les informations qui suivent : elles concernent ce qui était un merveilleux projet agro-écologique mené par les paysans, coordonné par Abu Amir et soutenu par le mouvement de la solidarité à la Palestine, près de la ville de Kuza’a depuis 2016.

Acharnement à mort

Hier, L’armée israélienne a lancé sur Khuza’a ses bombardiers. Comme à Beit Hanoun, et bien d’autres lieux de Gaza, des bombardiers en grand nombre, qui lâchent ensembles leurs bombes, jusqu’à que rien ne reste debout. Plus une maison debout.

De toutes les infrastructures créés par les paysans, avec l’appui du mouvement de solidarité, il ne reste absolument rien. Le Château d’eau, les ensembles de panneaux solaires, la station de désalinisation de l’eau, les restes déjà à terre de la Pépinière Solidaire : des gravats et c’est tout.

Défense de produire. Défense de vivre.

Les paysans étaient réfugiés à Khan Younis et à Rafah. Khan Younis est martyrisé depuis des semaines, les bombardiers attaquent maintenant Rafah, ces lieux prétendument sécurisés : al Mawasi, Tel al Sultan.

Il faut tuer.

 

Les mots d’Abu Amir

« Dernières nouvelles de ces 48 heures. L’occupation continue de commettre de nouveaux crimes dans toutes les zones de la bande de Gaza, au mépris du droit international et des instructions de la Cour de Justice Internationale. L’occupation a intensifié ses attaques sur la zone de Khan Yunis, ce qui a conduit à la mort de dizaines de civils non armés.

L’occupation menace de pénétrer dans la zone de Rafah dans les prochains jours. C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de l’armée d’occupation, en disant qu’ils mettront fin aux opérations militaires dans la zone de Khan Yunis pour commencer dans la zone de Rafah. L’occupation a intensifié le bombardement de nombreuses zones de Rafah. Au cours des dernières 48 heures, de nombreux raids ont été menés dans la zone d’Al-Geneina, près du point de passage de Rafah, ce qui a entraîné la mort de dizaines de civils. L’occupation ne s’est pas contentée de cela et a bombardé hier plusieurs bâtiments dans la zone de Tal Al-Sultan à Rafah, qui est bondée de personnes déplacées, ce qui a entraîné la mort de nombreuses personnes déplacées, et la machine à tuer continue donc d’affecter le secteur de la santé.

L’occupation a ouvert le feu sur des ambulances dans la zone de Tal al-Hawa, à l’ouest de la ville de Gaza, alors qu’elles transportaient des blessés, tuant un secouriste et en blessant d’autres. Sachant que la Croix-Rouge avait coordonné l’entrée des ambulances sur place, l’occupation a délibérément montré son visage hideux, comme elle le fait toujours, en ciblant les équipes médicales, au mépris du droit international et des instruction de la Cour de justice internationale.

L’occupation se comporte désormais comme si elle était au-dessus de la loi, faisant ce qu’elle veut, quand elle veut.

Alors que l’on parle d’une trêve humanitaire dans la bande de Gaza, les habitants du centre et du nord de la bande de Gaza ont hâte de rentrer chez eux pour mettre fin aux souffrances qu’ils endurent dans la région d’Al-Mawasi, notamment en raison du froid extrême qui a entraîné la mort de nombreux enfants.

Enfin, nous en venons aux nouvelles concernant notre travail agricole. Hier matin (7 Février), l’occupation a bombardé le château d’eau et les premier et deuxième parcs de panneaux solaires.

Les avions de l’occupation ont fait une ceinture de feu, c’est-à-dire qu’ils ont largué de nombreuses bombes par chaque avion, depuis de nombreux avions, sur l’endroit, détruisant toutes les maisons, ainsi que le château d’eau appartenant à l’UJFP, et tous les panneaux solaires des premiers et seconds parcs solaires qui alimentent le château d’eau, ainsi que l’usine de traitement de l’eau.

Après avoir construit tous ces projets au fil des ans, l’occupation nous a ramenés des années en arrière et a tué tous les espoirs dont les agriculteurs avaient rêvé. Je ne sais pas quoi dire, mais mes mains tremblent et mes yeux pleurent alors que j’écris ces mots. »

 

Marsel par WhatsApp le 8 Février au matin nous informe qu’il va mieux et qu’il va reprendre ses actions de soutien aux personnes déplacées.

« J’ai dépassé le stade du danger et de la douleur intense, ce furent des jours difficiles, mais maintenant je vais mieux. Il semble que les reins de notre corps à Gaza se soient battus si durement qu’ils sont devenus trop forts pour être vaincus par la pollution. Aujourd’hui, mes collègues et moi reprenons l’installation du reste des salles de bain. »

 

Derrière les chiffres il y a des vrai.e.s femmes et hommes.

Il nous raconte sur WhatsApp qu’une femme psychologue, Alaa, de l’équipe du centre Ibn Sina, a perdu durant cette guerre 70 membres de sa famille et qu’une vidéo a été faite à partir de son témoignage.

« Ce n’est pas le nombre de victimes qui m’a poussé à le faire, mais plutôt une phrase qu’elle a prononcée alors que nous célébrions une journée de coexistence avec les déplacés d’Al-Sawafi. Ce jour-là, Alaa dit : “Marcel, je suis psychiatre. J’avais l’habitude de soigner des personnes souffrant de stress, de problèmes psychologiques et des effets de traumatismes, mais maintenant je souffre de traumatismes et de problèmes psychologiques et je recherche quotidiennement quelqu’un qui puisse m’aider ou me soigner”. »

Marsel doit nous envoyer cette vidéo quand il le pourra.

 

Distribution des repas avec l’équipe d’Abu — zone Al Mawasi — 7 février 2024.

Après que l’association qui s’était chargée de nourrir les personnes déplacées dans le camp se soit retirée, laissant démunis deux jours par semaine, l’équipe de l’UJFP a ajouté à son calendrier hebdomadaire un autre jour, de sorte que notre travail consistera à nourrir le camp pendant trois jours. Aujourd’hui, nous avons servi des pommes de terre en sauce. Environ 300 familles ont été inscrites sur les listes, pour recevoir des cartes numérotées, indiquant le nombre de membres de la famille, afin que chaque famille puisse prendre ce dont elle a besoin.

vous trouverez des visuels à l’adresse suivante :

https://drive.google.com/drive/folders/1GuyRoa_06abyhXMe0dV48qKF28LLVIiA?usp=drive_link

 

Marsel nous envoie ce rapport de situation au 8 Février 2024, 125e jour de guerre continue dans la bande de Gaza ainsi qu’une vidéo de leur action.

Lien de la vidéo des actions de l’équipe d’Ibn Sina pour les déplacé.e.s https://drive.google.com/file/d/1ShiVl9En0OmDMcDKc47FGcPCt-JQ1RZ6/view?usp=drivesdk

Cette vidéo est accompagnée du commentaire suivent de Marsel : 

« Un jour que nous voyons du point de vue des déplacés. C’est un jour où vous échangez votre point de vue contre celui des personnes déplacées, pour voir la vie à travers leurs yeux. Cette dure expérience humaine nous rapproche d’eux, partageant leurs conditions de vie et leurs souvenirs d’événements horribles endurés pendant la guerre, mais ayant survécu avec une résilience qui fait écho dans leur réponse lorsqu’on les interroge sur leurs conditions : « Nous allons toujours bien ». C’est un cri de douleur que nous poussons pour les protéger et documenter les violations qu’ils ont subies. C’est une histoire humaine marquée par la souffrance, la douleur et le déplacement forcé. Avec cela, nous visons à toucher les cœurs et à raviver l’humanité, en appelant à la fin du génocide. C’est un appel à renforcer la détermination des personnes déplacées face aux conditions meurtrières imposées par l’occupation. Ces pages de douleur, dont on parvient à extraire un sourire, cherchent à restaurer le concept d’interdépendance humaine. C’est un voyage que nous entreprenons pour semer des graines d’espoir et d’optimisme dans le cœur des personnes exposées. »

 

Déroulé des violences et violations commises le 8 Février 2024.

00h08 : Frappes aériennes israéliennes sur le quartier saoudien à l’ouest de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

00h27 : Les équipes du Croissant-Rouge palestinien transportent deux martyrs et 10 blessés suite au bombardement par l’occupation d’une maison dans la ville de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

00h27 : Victimes Des avions d’occupation ont bombardé l’étage supérieur d’une maison appartenant à la famille Al-Mughir dans le quartier Saudi , à l’ouest de Rafah.

00h43 : Au moins 11 martyrs et des dizaines de blessés dans le bombardement de deux maisons à l’ouest de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

00h49 : Deux martyrs et cinq blessés sont arrivés à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa suite d’un bombardement à proximité de la mosquée Bilal bin Rabah, rue Akila à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

11h52 : Le nombre de martyrs suite aux raids israéliens sur deux maisons à l’ouest de la ville de Rafah est passé à 12, dont 5 enfants.

00h53 : Un martyr et plusieurs blessés suite à un bombardement israélien contre un bâtiment à l’intérieur du complexe médical Shifa dans la ville de Gaza.

00h55 : Le journaliste de Palestine TV Nafez Abdel Jawad et son fils unique ont été tués dans le bombardement d’une maison à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

1h41 : Frappes aériennes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.

2h18 : L’agence humanitaire de l’UNRWA confirme que 84 % des établissements de santé de la bande de Gaza ont été touchés

5h10 : Des explosions secouent la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

8h02 : Cinq martyrs ont été récupérés après que les forces d’occupation ont bombardé une maison de la famille Hajj Ahmed dans le camp de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza. 10h42  L’aviation israélienne frappe depuis l’aube dans le nord de la bande de Gaza.

11h16 : Les corps de 5 martyrs ont été retrouvés après que l’occupation a bombardé une maison dans le camp de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza.

12h20 :  L’artillerie israélienne bombarde l’est de la ville de Rafah.

12h20 :  Des avions d’occupation ont bombardé un groupe de citoyens dans la zone du village bédouin du nord de la bande de Gaza, et 3 martyrs sont arrivés à l’hôpital Kamal Adwan à la suite de ce bombardement.

12h21 : Un médecin du service de chirurgie de l’hôpital Nasser a été blessé par des balles de tireurs d’élite de l’occupation.

13h06 Croissant-Rouge : violents bombardements d’artillerie et tirs intenses et continus à proximité de l’hôpital Al-Amal de la Société à Khan Yunis.

13h13 Ministère de la Santé : ▪️Le complexe médical Nasser est exposé à une catastrophe sanitaire et humanitaire en raison du siège et du ciblage israélien. ▪️ 300 membres du personnel médical, 450 blessés et 10 000 personnes déplacées dans le complexe médical Nasser sont tués et affamés. ▪️Une grave pénurie de matériel d’anesthésie, de soins intensifs et de chirurgie. ▪️Les groupes électrogènes se sont arrêtés en moins de 48 heures en raison d’une pénurie de carburant. ▪️ L’électricité a été coupée dans certaines parties de l’hôpital Nasser pendant plusieurs heures en raison d’une pénurie de carburant. ▪️L’occupation israélienne empêche la circulation des ambulances et entrave l’arrivée des blessés et des malades à l’hôpital Nasser. ▪️Le Complexe Médical Nasser a été exposé à un risque sanitaire du fait de l’accumulation de déchets médicaux et non médicaux dans les départements et les cours et de l’occupation empêchant sa sortie.

13h20 : 5 martyrs et un certain nombre de blessés lorsque les forces d’occupation ont bombardé hier soir la salle de maintenance de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza.

13h21 : Le Bureau des médias du gouvernement publie une mise à jour sur les statistiques les plus importantes de la guerre génocidaire menée par l’occupation « israélienne » sur la bande de Gaza – 125 jours depuis la guerre génocidaire. 2 395 massacres commis par l’armée d’occupation. 34 840 martyrs et disparus. 27 840 martyrs arrivés dans les hôpitaux. 12 150 enfants martyrs. 8 300 femmes martyres. 340 martyrs issus des équipes médicales. 46 martyrs de la Défense Civile. 123 journalistes martyrs. 7 000 disparus, dont 70 % d’enfants et de femmes. 11 000 blessés doivent voyager pour recevoir des soins 10 000 patients atteints de cancer risquent de mourir. 700 000 personnes infectées par des maladies infectieuses suite au déplacement. 8 000 cas d’infection par une hépatite virale. 60 000 femmes enceintes sont à risque en raison du manque d’accès aux soins de santé. 350 000 patients chroniques sont à risque en raison de la non-administration de médicaments. 99 cas d’arrestation de personnels de santé. 10 cas d’arrestation de journalistes dont les noms sont connus. 295 écoles et universités ont été partiellement détruites par l’occupation. 183 mosquées ont été entièrement détruites par l’occupation. 264 mosquées ont été partiellement détruites par l’occupation. 3 Églises ciblées et détruites par l’occupation. 70 000 logements ont été entièrement détruits par l’occupation. 290 000 logements partiellement détruits par l’occupation et inhabitables. 66000 tonnes d’explosifs largués par l’occupation sur Gaza. 30 Hôpitaux mis hors service par l’occupation. 53 centres de santé mis hors service par l’occupation. 150 établissements de santé ont été partiellement ciblés par l’occupation. 122 ambulances détruites par l’armée d’occupation. 200 sites archéologiques et patrimoniaux détruits par l’occupation.

13h24 : Deux martyrs ont été abattus par des tireurs d’élite des soldats de l’occupation israélienne à proximité de l’hôpital Nasser à Khan Yunis.

13h34 : L’armée d’occupation israélienne brûle des maisons d’habitation dans la région d’Al-Hawoz et le bloc G du camp de Khan Yunis.

14h16 : Deux martyrs sont arrivés à l’hôpital Nasser de Khan Yunis après avoir été touchés par des balles de tireurs isolés des soldats de l’occupation à proximité de l’hôpital.

14h48 : Les équipes d’ambulance récupèrent deux martyrs à proximité de l’université Al-Aqsa, à l’ouest du gouvernorat de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

14h52 : 6 personnes ont été tuées par des tireurs d’élite de l’occupation alors qu’elles tentaient d’obtenir de l’eau à proximité du complexe médical Nasser à Khan Yunis.

15h47 : Deux pêcheurs dont les traces ont été perdues ont été retrouvés dans la soirée après que leur bateau a été bombardé par les forces d’occupation au large du port de pêcheurs, à l’ouest de la ville de Rafah, portant à 4 le nombre de martyrs.

15h51 Commissaire général de l’UNRWA : La dernière fois que nous avons été autorisés à livrer de la nourriture vers ou au nord de la vallée de Gaza, c’était le 23 janvier. La moitié des demandes de notre mission pour acheminer de l’aide au nord de Gaza ont été rejetées depuis le début de l’année. – Plus de 300 000 personnes à Gaza dépendent de notre aide pour survivre.

16h05 : Deux martyrs et 12 blessés lorsque les forces d’occupation ont ouvert le feu sur des citoyens alors qu’ils recevaient de l’aide dans le sud-est de la ville de Gaza.

16h13 : Deux martyrs ont été tués dans le bombardement par les forces d’occupation d’une voiture civile dans le quartier de Shabiya, au centre de la ville de Gaza.

16h14 : Les forces d’occupation continuent de cibler les personnes autour du complexe médical Nasser à Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza.

16h34 : Les bombardements israéliens ont bombardé des écoles contenant des personnes déplacées à proximité du complexe médical Nasser dans la ville de Khan Yunis.

17h05 : Des chars d’occupation entourent l’école Al Awda et les écoles voisines abritant des milliers de personnes déplacées dans la ville d’Abasan Al Kabira, à l’est de Khan Yunis.

17h08 : Les bulldozers de l’occupation détruisent les murs de l’école Al-Amal, qui abrite des personnes déplacées dans le quartier d’Al-Amal, à l’ouest de la ville de Khan Yunis.

18h06 Croissant-Rouge : La vie des blessés de l’hôpital Al Amal est en danger en raison de l’épuisement complet de l’oxygène dans l’hôpital il y a quelques jours et de l’incapacité des équipes médicales à effectuer des opérations chirurgicales sur eux, car le travail dans le service de chirurgie est complètement arrêté. – Les stocks de carburant seront épuisés dans quatre jours seulement. 19h08 Un enfant et un jeune homme ont été récupérés de Mawasi Khan Yunis à l’hôpital Al-Najjar dans la ville de Rafah.

20h20 : Un mort et un certain nombre de blessés à la suite du tir de l’avion quadricoptère sur un groupe de jeunes hommes qui se trouvaient au dernier étage du complexe médical Nasser à Khan Yunis pour accéder à Internet.

0h4 : Les forces d’occupation sionistes ont volé environ 300 corps dans les cimetières de la bande de Gaza et en ont restitué certains.

20h42 : 700 000 Palestiniens ont été infectés par des maladies infectieuses en raison de leurs conditions de vie difficiles.

20h45 : Un avion d’occupation cible une ambulance transportant des blessés devant l’hôpital Al-Shifa.

20h58 : Un martyr et un autre blessé par balle lors d’une marche israélienne contre un bâtiment du complexe médical Nasser à Khan Yunis.

20h59 : 17 martyrs, dont 12 abattus par des tireurs d’élite de l’armée d’occupation à Khan Yunis.

21h22 : Croissant-Rouge : bombardements violents et tirs continus à proximité de l’hôpital Al Amal, qui menacent la sécurité des patients et du personnel.

22h00 : tir d’avions militaires sur la ville de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

23h23 : Urgent | Croissant-Rouge : Aujourd’hui, nous avons évacué 60 personnes, dont des blessés et des cas humanitaires bloqués, dans les gouvernorats de Gaza et du nord de Gaza.

 

Dans le milieu de la nuit du 9 au 10 Février, Marsel nous envoie le message qui suit alors que depuis 48 heures les médias de toutes parts ne cessent d’annoncer les bombardements sur Rafah et l’imminence d’une intervention terrestre, prochaine étape du génocide perpétré par Israël à Gaza.

« 4 personnes déplacées ont été tuées par le bombardement des avions d’occupation dans les cours du complexe Nasser, ouest de Khan Yunis. Parmi eux se trouvait : le martyr Hazem Abu Rajila. »

 

Le Chaos de la destruction, fuir Rafah sans savoir où aller ni pouvoir aller nulle part ! Abu Amir au téléphone avec Sarah le 12 Février.

« Actuellement, il y a des bombardements sévères tout au long de la bande de Gaza.
Hier, il y a eu des tirs sur l’école où sont réfugiés les paysans de la zone Abu-Taïma Abassan. Par des tanks, mais aussi appuyés par des tirs de snipers. Il y a deux morts et 50 blessés.

Alors aujourd’hui les paysans ont réussi à s’échapper de l’école où ils étaient assiégés, ils sont partis en face de la mer (sur la côte de Khan Younis). Ils ont juste trouvé une place où s’arrêter, ils n’ont aucun abri.
Comprenez bien qu’il s’agit d’un grand nombre de personnes. Je vais les visiter demain matin et voir avec eux ce qu’il serait possible de faire. Je vous dit aussitôt.
Que faire ? On avait envisagé il y a une semaine, s’ils pouvaient venir à Rafah, des structures en bois et une couverture plastique — mais nous n’avions pas trouvé de donateurs pour ces couvertures.

Rafah est maintenant un endroit très dangereux. Il faudrait avoir un peu de visibilité avant d’engager des dépenses, mais justement nous n’avons pas cette visibilité.
Les gens sont en train de s’échapper en masse de Rafah, vers Nusseirat et Deir-al-Balah. Hier (dimanche) et aujourd’hui, nous avons servi les repas dans notre zone d’al Mawasi. Quand je suis revenu vers Nusseirat, j’ai vu une quantité de camions, chargés. J’ai demandé où ils allaient, ils m’ont dit à Deir-al-Balah, et après on cherchera une place où s’arrêter.

Et effectivement on voit maintenant des « tentes » des deux côtés de la route. Est-ce qu’on va se retrouver avec tout Gaza en zone médiane ?
Netanyaou ne sait pas ce qu’il veut faire, les gens ne savent pas où aller. On ne comprend rien, mais les bombardements continuent partout dans le bande de Gaza. Les gens cherchent à fuir, mais ne savent pas où aller ! »

 

Abu Amir La suite du 12 février – par WhatsApp.

« Avec l’augmentation de la fréquence des bombardements dans toutes les zones de Rafah depuis plus de deux semaines, les réfugiés observent avec prudence l’accélération des conditions dans cette petite zone qui compte plus d’un million de personnes. Au cours des deux derniers jours, l’occupation a intensifié ses attaques dans cette zone bondée de personnes déplacées, tuant plus d’une centaine de personnes lors d’une opération de sauvetage d’otages dans la zone d’Al-Shaboura dans la ville de Rafah. Cette opération, au cours de laquelle l’occupation a réussi à libérer deux otages, donnera à l’occupation une excuse pour envahir Rafah après que la communauté internationale ait refusé à l’occupation d’entrer dans la ville de Rafah en raison du grand nombre de personnes déplacées qui s’y trouvent.
Nous suivons attentivement la situation sur place et agirons en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.
Quant à la ville de Khan Yunis, l’occupation a détruit des centaines de maisons, d’écoles, de cliniques et certains hôpitaux, entraînant le déplacement de la plupart de ses habitants. L’occupation ne s’est pas limitée à cela, mais a également visé des écoles remplies de personnes déplacées qui ont été informées par l’UNRWA qu’elles étaient en sécurité, alors que c’est le contraire qui s’est produit. Hier soir, des chars ont bombardé l’école de familles d’agriculteurs avec un obus, tuant deux personnes et blessant cinquante personnes des familles d’agriculteurs qui étaient en sécurité à l’intérieur de l’école. Aujourd’hui, l’école a été complètement évacuée et ces familles croupissent depuis cet après-midi dans une zone située au bord de la mer de Khan Yunis, au milieu du froid et à l’air libre. Demain matin, nous nous rendrons dans la zone de Khan Yunis où se trouvent les familles de fermiers, pour leur apporter de l’aide et faire le nécessaire pour eux. »

mise à jour le 13 février 2024

(…)

À propos des témoignages

 

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).

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Depuis le 20 novembre altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

Première partie du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. À lire ICI.

Seconde partie du 8 au 17 janvier 2024. À lire ICI.

Troisième partie du 18 au 27 janvier 2024. À lire ICI

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.