Les députés égyptiens ont approuvé lundi une possible intervention armée en Libye si les forces du gouvernement de Tripoli, soutenues par la Turquie, continuent leur avancée vers l’est du pays, a indiqué le Parlement.


 

L’armée égyptienne va-t-elle intervenir en Libye ? C’est en tous cas ce que laisse craindre le projet de loi adopté lundi 20 juillet par les députés égyptiens. La Chambre a approuvé à l’unanimité l’envoi de soldats « dans des missions de combat hors des frontières de l’État égyptien pour défendre la sécurité nationale égyptienne », selon un communiqué du Parlement.

Si le Parlement ne cite pas le nom de la « Libye » dans son communiqué, les débats, eux, portaient bien sur ce pays voisin. Le vote qui s’est tenu à huis clos intervient quelques jours après que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, eut déclaré que l’Égypte ne resterait pas « inerte » dans le conflit libyen face à une « menace directe » sur sa sécurité nationale.

 

Un goût de pétrole

La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, est déchirée par une lutte d’influence entre deux pouvoirs rivaux : le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar qui règne sur l’Est et une partie du Sud.

Le premier est soutenu par la Turquie, qui a des militaires sur place, et le second par l’Égypte voisine, les Émirats arabes unis et la Russie.

La Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) a annoncé le 10 juillet dernier la reprise de la production et des exportations de pétrole en Libye après environ six mois de blocage lié au conflit dans le pays.

Le maréchal Haftar — soutenu, lui, par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie — garde toutefois le contrôle de la majorité des installations pétrolières.

Les pro-Haftar bloquaient depuis le 17 janvier la production et les exportations du pétrole sur les champs et terminaux les plus importants du pays pour réclamer, selon eux, une répartition équitable des revenus du pétrole gérés par le GNA.
 

L’ambassade des États-Unis, relocalisée à Tunis s’était réjouie de la levée de la « force majeure » et de la reprise d’une « activité vitale pour tous les Libyens ». L’ambassade de France, également relocalisée à Tunis, avait, elle, salué la reprise de la production disant rejeter « la militarisation des installations pétrolières » et soulignant « l’importance de préserver la neutralité et le monopole de la NOC ».

La Libye comptait porter sa production pétrolière à 2,1 millions de barils en 2024. Mais en raison des dégâts causés par le blocage des sites pétroliers, la production ne devrait pas dépasser les 650.000 barils/jour en 2022.

 

Entretien Sissi-Trump

Lundi après-midi, le président Sissi s’est entretenu avec le président américain Donald Trump au sujet de la crise libyenne, selon le porte-parole de la présidence égyptienne.

Aux antipodes sur la question libyenne, l’Égypte et la Turquie entretiennent des relations tendues depuis la destitution en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, soutenu par Ankara.

L’Égypte avait déjà averti en juin que toute avancée des forces du GNA vers l’Est pourrait déclencher une intervention militaire égyptienne.

Tripoli, qui a porté ses efforts en direction de la ville stratégique de Syrte sous contrôle du maréchal Haftar, a qualifié la position égyptienne de « déclaration de guerre ». Or, le Caire considère Syrte, qui ouvre l’accès aux gisements pétroliers libyens, comme une « ligne rouge ».

La semaine dernière, le Parlement basé dans l’est de la Libye qui appuie Khalifa Haftar a dit être d’accord pour une intervention de l’armée égyptienne en cas de menace pour la sécurité des deux pays.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos et des conflits aux multiples fronts, complexifiés par la présence accrue d’acteurs internationaux.

Avec AFP