La foi soulève les montagnes, dit-on. Dans les Pyrénées-Orientales va-t-elle faire tomber la pluie ?


 

Le département est fortement touché par la sécheresse, avec, ces derniers mois, un déficit pluviométrique de 70 %. Les restrictions préfectorales sur l’usage de l’eau, habituellement édictées en été, touchent déjà les particuliers, les collectivités locales, les professionnels. Les agriculteurs, notamment, s’alarment. Plutôt que d’implorer l’État ou tout autre autorité terrestre, l’un d’eux s’est tourné vers le ciel, d’où l’on ne voit rien venir : « Il ne reste qu’à prier. »

Georges Puig n’arrive pas de la Lune. Il dirige le domaine viticole de Puig-Parahy, à Passa, à quelques kilomètres au sud de Perpignan. Avec un goût prononcé pour le passé, il est fier de clamer qu’il a été fondé en 1446. Pour qui ignorerait ses références idéologiques, indiquons qu’il est conseiller municipal de Perpignan, aux côtés du maire Rassemblement national, Louis Aliot. Et il est on ne plus concerné par la sécheresse puisque… délégué à l’hydraulique.

Le pieux vigneron s’est tourné vers les autorités ecclésiastiques qui ont entendu leur ouaille. Dimanche 18 mars, une procession, sans précédent depuis cent cinquante ans, est allée de la cathédrale de Perpignan jusqu’aux rives de la Têt, avec un brancards transportant la statue du saint patron des agriculteurs catalans, Saint Gaudérique, et le buste reliquaire de la paroisse de Saint-Jacques, porté par des agricultrices et des agriculteurs. Le cérémonial s’est déroulé sans encombres, ni manifestation divine : lente déambulation, chants liturgiques et bénédiction des quatre points cardinaux, selon, paraît-il, le rituel wisigothique, une autre survivance.

Le miracle aura-t-il lieu ? Pour l’heure, pas la moindre goutte en vue. Météo France n’annonce dans la quinzaine ni averse ni déluge. Si un mystérieux phénomène de retour de la pluie advenait, ce service public pourra l’expliquer, en mettant ainsi de la rationalité, face à cette manifestation de croyances.

Si Dieu est le dernier recours pour gagner en efficacité pluviale, il serait peut-être bon — modeste suggestion de mécréant — dans un département où nombreux sont les ouvriers agricoles d’origine maghrébine, de ne pas s’en tenir au dieu des chrétiens et d’intercéder aussi auprès d’Allah.

Alain Doudiès

Une procession religieuse pour faire tomber la pluie, à Perpignan, le 18 mars 2023. Photo Marine Lesprit / source France 3 Occitanie
Alain Doudiès, Un double parcours. D’abord dans le journalisme : Midi Libre, hebdomadaire Sud, agence de presse JAM (Journalistes Associés de la Méditerranée). Puis dans la communication publique : agence Anatome, Région Midi-Pyrénées, Département du Gard et enfin consultant. Un même intérêt pour la chose publique et l’exercice de la citoyenneté.
Un double parcours. D’abord dans le journalisme : Midi Libre, hebdomadaire Sud, agence de presse JAM (Journalistes Associés de la Méditerranée). Puis dans la communication publique : agence Anatome, Région Midi-Pyrénées, Département du Gard et enfin consultant. Un même intérêt pour la chose publique et l’exercice de la citoyenneté.