Le vice-président du Rassemblement national, Louis Aliot, a appelé les consommateurs « à ne pas fréquenter » les « enseignes qui distribuent » un jeu de société intitulé « Antifa » que la Fnac a décidé de remettre en rayon après l’avoir retiré de la vente.


 

« J’invite le consommateur à être responsable et à ne plus fréquenter un certain nombre d’enseignes qui distribuent ce jeu » édité par Libertalia, a affirmé le maire de Perpignan sur RMC-BFMTV. « Je n’irai pas à la Fnac tant que ce jeu sera dans les rayons et pourtant je suis un client de la Fnac », a insisté M. Aliot. Pour lui, les antifascistes « appellent à la violence » contre l’extrême droite et « contre la police républicaine, contre l’État ». Jugeant que la Fnac l’avait retiré de la vente dans un premier temps pour « de bonnes raisons », il a avancé qu’elle avait ensuite « subi une pression, sûrement des syndicats à l’intérieur » de l’enseigne. Ce jeu avait été enlevé lundi de la vente par le groupe à la demande notamment du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) qui l’accusait de « mettre en avant les antifas qui cassent, incendient, agressent dans les manifestations ».

De son côté, Julien Rancoule s’interroge : « Comment tolérer un jeu de société qui prône la violence à l’égard des forces de l’ordre ? » Le député RN de l’Aude réclame lui aussi le retrait du jeu par la FNAC. « Bon débarras », a répondu le député LFI Manuel Bompard sur twitter. « L’extrême droite et ses idées rances doivent être combattues partout et tout le temps. » Le candidat à la présidence des Républicains Éric Ciotti a lui aussi jugé « honteux », sur le même réseau social, que la Fnac mette fin à la suspension de la commercialisation du jeu, dénonçant « une apologie dangereuse de ces groupuscules ultra violents ».

Le week-end dernier, des tweets du député du Rassemblement national Grégoire de Fournas (récemment sanctionné pour des propos racistes à l’Assemblée nationale), puis du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), l’avaient interpellée sur le caractère prétendument « haineux » d’Antifa. Mais mardi 29 novembre, en fin de journée, l’enseigne de biens culturels a expliqué dans un communiqué qu’après « avoir pris le temps d’analyser en profondeur le contenu du jeu », elle avait constaté qu’il ne « comportait rien de nature à justifier un refus de le commercialiser »… Rappelant au passage « l’esprit de liberté et de diversité » qui, selon elle, la caractérise.

« N’aurait-elle pu commencer par procéder à ces vérifications avant de faire allégeance à l’extrême droite la plus crasse ? » demande Nicolas Norrito, fondateur de la librairie Libertalia, et éditeur d’Antifa. De fait, le descriptif des règles du jeu qu’avait tweeté Grégoire de Fournas, sur lequel s’était basé le SCPN pour monter au créneau, puis la Fnac elle-même pour prendre sa décision, était, ni plus ni moins, faux… Une  fake news caractérisée, estime Nicolas Norrito.

« Alors même que la Fnac est revenue sur sa décision de suspension du jeu Antifa, suscitée par les mensonges d’un député RN, Éric Ciotti persiste », a déploré le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, soulignant son absence de réactions « sur la diffusion des pamphlets de l’extrême droite » par l’enseigne. Sur son site internet, l’éditeur présente « Antifa le jeu » comme « un jeu de simulation et de gestion dans lequel vous faites vivre un groupe antifasciste local » en mettant en place des « actions qui vont vous demander du temps, des moyens, et un peu d’organisation ».

Juste après le retrait du jeu lundi, Libertalia avait indiqué sur Twitter que la nouvelle édition du jeu en vente sur son site était épuisée. Plusieurs internautes avaient interpellé la Fnac sur la commercialisation de Mein Kampf (Mon combat) d’Adolf Hitler et du livre Le grand remplacement de l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus.

 

avec l’AFP