Tandis que le Premier ministre recevait la FNSEA à Matignon, la présidente de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, Carole Delga, rencontrait les agriculteurs sur le terrain afin d’écouter leurs revendications et de ne pas laisser un terrain fertile pour le RN. En la circonstance elle a esquissé des pistes de solutions qui pourront être proposées au Gouvernement.


Après s’être rendue ce week-end à la rencontre des agriculteurs manifestant sur les ronds-points du territoire, Carole Delga a tenu ce lundi à rencontrer les agriculteurs du Volvestre1, aux côtés de Sébastien Albouy, président de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Garonne. « J’entends la colère des agriculteurs, je ne connais que trop leur situation et je me bats depuis des années pour la faire reconnaitre à Paris. Leurs revendications sont légitimes et doivent continuer à être portées sans aucune violence : la coupe est pleine pour des gens qui travaillent beaucoup, qui se sentent mal aimés et caricaturés et qui doivent encore s’adapter sans accompagnement. »

Pour la présidente de Région, les agriculteurs d’Occitanie ont répondu présents sur la montée en gamme environnementale et sur la qualité des produits sans en tirer ni plus de revenu, ni plus de reconnaissance. Lors de cette rencontre, elle affirme qu’il est possible de concilier agriculture et écologie, et soutient que cela nécessite de la constance dans l’action. « Moi je porte le fait que l’on peut produire mieux, mais cela nécessite du temps et des moyens : le temps de s’adapter mais aussi de mieux rémunérer la montée en gamme de l’agriculture française. » Carole Delga invite le gouvernement à tenir ses engagements, en apportant une réponse forte en cas de crises exceptionnelles, sur l’indemnisation de la grippe aviaire et de la maladie hémorragique épizootique (MHE). Sur cette question, elle a annoncé que la Région apportera un soutien spécifique aux agriculteurs touchés, en complément aux interventions de l’État.

Au-delà de la gestion de crise au coup par coup, la présidente socialiste préconise une stratégie portant sur l’ensemble du secteur. Cela suppose de déployer des moyens à la hauteur des enjeux de la transition en accompagnant les exploitations dans un modèle durable et rémunérateur, défend Carole Delga, sans entrer dans les détails. « Les agriculteurs ont besoin d’être sécurisés avec une feuille de route à long et moyen terme. Ils sont prêts à l’évolution du modèle agricole mais ils l’accepteront s’il est juste », souligne-t-elle dans un communiqué. Force est de constater que la politique agricole française ne se distingue pas par la clarté de ses objectifs ce qui explique qu’elle ne parvient pas à motiver la population rurale à participer à sa mise en œuvre.

Carole Delga appelle également le gouvernement à faire respecter la loi EGAlim2, dont le volet 3 vise le rééquilibrage des rapports de force entre distributeurs et fournisseurs pour les produits alimentaires et les produits de grande consommation. La présidente d’Occitanie souhaite une action gouvernementale « offensive contre les accords commerciaux internationaux qui la menace, en mettant en place des mesures miroirs imposant les mêmes standards de production pour les produits importés ».

Dernier sujet de préoccupations des agriculteurs, et pas seulement, la question de l’eau sur laquelle Carole Delga, en tant que présidente de Régions de France, demande plus de pouvoir localement. « J’ai proposé en décembre dernier au président de la République Emmanuel Macron de nommer un préfet de l’eau parce que la région Occitanie, qui subit le plus fortement le changement climatique et la sécheresse, doit être un territoire d’expérimentation en la matière. La Région prend l’initiative d’une réunion sur l’eau associant la préfecture de Région, l’Agence de l’eau, les collectivités et la profession agricole. Tout le monde va se mettre autour de la table et nous allons faire en sorte de trouver des solutions pour faire avancer l’agriculture en Occitanie », a déclaré la présidente Carole Delga à la sortie de cette réunion.

 

Notes:

  1. Le Volvestre est un terroir constitué des vallées de l’Arize et du Volp, proche de la vallée de la Garonne, situé au sud de Toulouse et en partie nord du Couserans.
  2. La loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs a été adoptée le 18 octobre 2021. Cette loi dite « EGAlim 2 » vient compléter et renforcer la loi du 30 octobre 2018 (dite « EGAlim »), dont l’objectif était d’améliorer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire. Les dispositions introduites par la loi EGAlim sont très vastes et prennent l’aspect d’un inventaire à la Prévert.