Un mois et demi de bagarre pour des habitants du quartier Monclar à Avignon, pour se faire entendre.


Usagers du bus urbain, ils apprenaient en octobre que, parallèlement à l’inauguration de la ligne de tram, le 19 de ce mois, un nouveau réseau de bus se mettrait en place, sans qu’aucune ligne ne desserve plus les arrêts Entre Lopy et Lopofa.


Après de nombreux allers retours entre collectivité et société de bus, les habitants ont obtenu des avancées provisoires.

 

Affichage à l'arrêt LOTOFA après la suppression de la ligne
Affichage à l’arrêt LOPOFA après la suppression de la ligne

Le 6 novembre, elles étaient une vingtaine à aller à la rencontre des salariés de la TCRA, rebaptisée Orizo, pour faire part de leur désarroi devant cette situation.

Quatre personnes étaient longuement reçues par les responsables présents, pour s’entendre dire que la société exploitante ne pouvait apporter de réponses, les décisions, y compris celles concernant les trajets étant prises par le Grand Avignon. Décisions que les intéressés affirment avoir dénoncées, prenant ainsi fait et cause pour les habitants concernés, tout en les renvoyant à l’autorité régulatrice, la communauté d’Agglo du Grand Avignon. La suppression de la ligne 1A, serait due à une absence de rentabilité. Faisant une grande partie du trajet que fait aujourd’hui le tram, sur la Rocade, elle aurait été victime d’un succès à venir du tram, succès pas encore confirmé au vu des temps de trajet. « On nous dit, que la Rocade est desservie par le tram, que les gens sont contents, mais nous il faut aller à presque 1 km pour prendre le tram, ou faire 600 m par rapport à l’ancien arrêt, pour aller prendre la ligne 6. On a laissé Monclar de côté », dira cette dame qui attend la sortie de la délégation.

Mais il y aurait d’autres explications, comme celles avancées par T, membre du conseil de quartier Ouest : « Je prenais la 1A tous les jours, et en dehors du tram ou de la ligne 6 qui m’obligent à marcher, il y a la ligne 2, mais les bus sont pleins, et parfois, les chauffeurs préfèrent ne pas prendre de passagers et on voit passer le bus… Tout ça, ça va quand on est en forme et qu’il fait beau, mais quand on est fatigué et qu’il pleut. » La ligne 2, devrait devenir la C2, desservie par un BHNS d’ici au mois de décembre. T poursuit « Il y a beaucoup de personnes âgées vivant à Lopofa, et pour rejoindre les arrêts de tram et de bus elles doivent désormais subir une circulation hasardeuse et dangereuse. Pourtant, nous avons appris que la municipalité avait demandé à ce qu’il n’y ait pas de desserte dans l’avenue Monclar, qui doit devenir une zone de rencontre avec voitures, vélos et piétons, et en sens unique. Ici on nous renvoie à la commission transports du Grand Avignon qui a décidé de supprimer les arrêts concernés, parce qu’il n’y aurait pas assez de fréquentation. » Et d’inviter les personnes présentes à venir assister à une séance publique du conseil de quartier pour faire part de leur mécontentement. En attendant, une pétition circule chez des commerçants de Monclar et St Ruf ; fin novembre, elle avait recueilli 350 signatures.

 

D’autres secteurs dénoncent des suppressions de lignes

Même si le Grand Avignon se repose sur un indice de satisfaction datant de 2018 et montrant que 93 % des usagers seraient contents, il n’ y a pas qu’à Monclar que les dessertes ont été supprimées, et que le mécontentement s’exprime. Et à Morières les Avignon, qui était desservie par une ligne directe qui allait jusqu’à Agroparc, on doit, maintenant changer de bus à Montfavet pour la même destination. A Saint Saturnin, plus de desserte jusqu’à Morières centre, là aussi il faut changer, et la ligne 17, détournée, ne relie plus Vedène. A St Gabriel, les habitants de la ceinture verte, ne peuvent prendre qu’une ligne à la demande, Allobus.

La encore, le Grand Avignon parle de rentabilité des lignes, ces dernières supprimées, ne seraient pas rentables… Plus chanceux, les habitants de Morières, qui se sont constitués en collectif, ont reçu un soutien de leur maire, par ailleurs vice président de l’agglo. Soutien paradoxal, quand on sait que c’est l’agglo qui aurait décidé des suppressions de lignes. A leur tour, les moriérois ont manifesté devant la boutique Orizo, pour dénoncer la situation, et ont obtenu l’engagement qu’une solution serait étudiée.

Monclar ne lâche pas et obtient quelque chose

Plus que jamais, l’heure était au désamorçage pour l’autorité organisatrice, d’autant que depuis, les usagers de Monclar ont décidé de rendre visibles leurs revendications, en faisant venir la presse lors d’un rassemblement sur l’arrêt Lopofa, agrémenté de quelques arrêts de la circulation. Là, chacun a pu dire, et notamment les collégiens, qui doivent se rendre en centre ville tous les jours, leurs difficultés au quotidien depuis la suppression de la ligne. Après avoir plusieurs fois arrêté la circulation, notamment des cars régionaux, qui eux, passent par l’avenue, les habitants présents, avec des militants de la CNL, ont convenu de se rendre à la séance publique du conseil communautaire du 25 novembre, pour faire entendre leurs voix. Mais les choses se sont accélérées. Au lendemain du rassemblement sur l’arrêt, une des personnes à l’origine de la fronde a reçu un appel d’une personne du Grand Avignon, lui proposant, à partir 6 janvier, une solution provisoire. Aprés une rencontre au siège de la communauté d’agglo, accompagnés par des militants de la CNL et soutenus par un élu Front de Gauche. Les usagers ont rencontré des responsables de TCRA, la compagnie de transports, du Grand Avignon et de la ville. Une modification de la ligne 10, qui sera déviée vers l’avenue Monclar avec un bus toutes les 25 minutes sera donc mis en place à la rentrée des vacances de Noël, et ce, pour une an. La question de la requalification de l’avenue sera même soumise à consultation des habitants.

4 décembre 2019

Qui est l’autorité?

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Un mois et demi. C'est le temps qu'il a fallu aux habitants pour avoir un interlocuteur, et pour dénouer l'imbroglio: qui est responsable?

Baladés par la société délégataire, TCRA, naturellement leur premier recours, vers le Grand Avignon, voire la municipalité, il a d'abord fallu aux habitants et à leurs soutiens, entendre plusieurs versions. Sur la décision de supprimer la ligne, l'exploitant affirme qu'il ne fait qu'exécuter les demandes du Grand Avignon, on parle aussi de travaux qui reportent la décision d'une ligne, travaux qui comprennent les réseaux d'eau et un projet de requalification de la rue qui en exclurait les bus. Le Grand Avignon argue aussi de ces travaux, et donnera plusieurs sons de cloche: la rentabilité de la ligne et la contractualisation à kilomètres constants qui ne permettrait pas d'ajouter une ligne. Sur une solution à leur demande, ils se sont d'abord entendu répondre que les arrêts de tram et d'autres lignes n'étaient pas si loin, mais aussi qu'il n'y avait pas de solution.

Il aura fallu, lors d'une réunion publique avec des militants de gauche et de la CNL, que les habitants décident d'une manifestation sur la voie publique sur les lieux même du crime, menacent de se rendre à la séance publique du conseil communautaire pour faire entendre leur colère, pour être enfin reçus par des représentants de la ville, de l'agglo, et de TCRA. Il leur aura fallu négocier, avec le soutien d'un élu Front de gauche, afin d'obtenir une solution qui n,'est que provisoire.

Les choses auraient pu aller vite, si on avait consulté les habitants, si on les avait dans le même temps informé des projets. C'est désormais une de leur exigence. Si l'avenue doit être requalifiée, ils ont fait savoir qu'ils auront leur mot à dire, et qu'il leur faudra être desservis par les bus.

Ce conflit aura montré la confusion qui règne autour des responsabilités des collectivités locales, ville et agglo, mais aussi des sociétés délégataires de service public. Comme pour l'eau, c'est une société privée (transdev) qui exploite le réseau urbain du Grand Avignon. Les contrat de délégation s'achève d'ailleurs en mars 2020. Peut être l'occasion de porter plus haut l'exigence d'un service public pour tous.

C.C

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Christophe Coffinier


voir aussi:

Grand Avignon: Le tram dans un contexte brouillé

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.