Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières, notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue : le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, commises par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. Cet ensemble en constitue un document essentiel.

L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.

 


Mise à jour le 27 juillet 2024


 

Le 27/07/24 Abu Amir nous envoie le compte rendu d’une nouvelle et sans doute future activité.

Séances de soutien psychologique pour les hommes :

En cette période difficile et eu égard de la guerre féroce, nous ne pouvons qu’être reconnaissants pour la persévérance, la générosité et les sacrifices des femmes du monde entier, en particulier dans la bande de Gaza. Les femmes de la bande de Gaza ont fait et continuent de faire de grands sacrifices en regard de la guerre. Elles jouent un rôle essentiel dans le maintien de la cohésion familiale et dans le soutien émotionnel et psychologique de ses membres. Elles assument souvent la responsabilité de prendre soin des enfants et des personnes âgées et de garantir les besoins fondamentaux de la famille malgré les circonstances difficiles. De plus, les femmes participent au travail communautaire et de secours et contribuent à renforcer la résilience de la société par leurs diverses activités. Elles ont notamment dû endurer la perte de leur famille et de leurs proches, ainsi que les souffrances quotidiennes dues à la pauvreté et aux conditions de vie difficiles, mais elles restent un symbole de persévérance et de volonté forte, comme elles nous y ont toujours habitués.

La guerre de Gaza a également de profondes répercussions sur les hommes. Les hommes sont plus considérer pour leur force et leur endurance que les femmes, mais de mon point de vue simple, je dis qu’ils sont plus faibles qu’elles à long terme, et c’est ce que j’ai constaté pendant la guerre.

Les femmes étaient plus fortes pour assumer leurs responsabilités. On peut voir les hommes comme plus forts à travers la structure extérieure, mais si nous regardons l’état psychologique, nous constatons que dans ce domaine les hommes sont brisés, nous le voyons dans les relations quotidiennes, les querelles fréquentes, la violence et la nervosité excessive dans les relations. Ces comportements sont le résultat d’une énorme pression psychologique due au fardeau énorme et au stress psychologique de la perte de sécurité et de la perte personnelle.

Les hommes dans ce contexte peuvent avoir du mal à gérer le stress et l’anxiété, ce qui conduit à une incapacité à écouter l’autre partie et à s’engager dans des conflits répétés. Cette pression psychologique est un lourd fardeau pour les hommes et les fait se sentir isolés et incapables de contrôler leurs émotions avec les autres. Se sentir stressé les pousse à chercher un coupable à tenir pour responsable de ce dont ils souffrent. Le soutien psychologique et social de ces personnes peut être essentiel pour atténuer ces effets négatifs.

Après avoir mis en place des séances de soutien psychologique pour les femmes dans les camps de déplacé.e.s, qui ont été largement acceptées par elles, ont contribué à améliorer leur état psychologique et à les aider à surmonter les obstacles et les pressions auxquelles elles sont confrontées dans ces camps, les femmes ont demandé que leurs maris et leurs enfants soient inclus dans certains ateliers de soutien psychologique pour atténuer les effets négatifs dont elles souffrent, qui se reflètent notamment sur la famille.

C’est pourquoi nous avons mis en place aujourd’hui un atelier de soulagement psychologique pour les hommes, qui comprenait de nombreuses activités récréatives et sportives.

C’était une séance d’évaluation de ce que nous pouvons faire pour aider ce groupe.

Ci-dessous, le lien des photos et vidéos :

https://drive.google.com/drive/folders/16ncFF6BjwwN1VeermcUjswSfDjTA2OJh


 

Toujours aussi ponctuellement, rigoureusement et dans les détails, l’équipe d’Abu Amir nous transmet le compte rendu de ses activités hebdomadaires à Gaza : du 20 au 26 Juillet 2024.

Programme de soutien psychologique pour les femmes – Troisième mois / Dixième semaine
Nombre de participants du premier groupe : 25
– 2 sessions / Deir al-Balah – camp de Najm

Nombre de participants du deuxième groupe : 40
– 2 sessions / Deir al-Balah – camp de Kahlout

L’état psychologique des femmes dans les camps de déplacé.e.s de la bande de Gaza est caractérisé par de grands défis en raison des conditions difficiles imposées par le conflit en cours. Les femmes souffrent d’une forte pression psychologique en raison de la perte continue d’êtres chers et de la peur constante des frappes aériennes qui détruisent tout ce qui existe dans la bande de Gaza.

Vivre dans des camps de déplacé.e.s complique encore davantage la situation, car les femmes souffrent d’un manque d’intimité et de sécurité, ce qui augmente l’anxiété et la dépression. Beaucoup d’entre elles sont également confrontées à des difficultés d’accès aux services de santé mentale, en raison de la détérioration des infrastructures sanitaires dans la bande et du blocus imposé.

En outre, les femmes assument des responsabilités supplémentaires liées à la garde des enfants et à la famille dans ces circonstances difficiles, ce qui augmente leur fardeau psychologique et physique. La situation est encore compliquée par le manque de soutien psychosocial, car les ressources disponibles sont souvent très limitées. Il est donc essentiel de fournir un soutien psychosocial aux femmes dans les camps de déplacé.e.s de la bande de Gaza pour alléger leurs souffrances et améliorer leur état psychologique.

Cela comprend l’accès à des soins psychologiques spécialisés et la possibilité d’exprimer leurs sentiments.
Cette semaine, 4 séances de soutien psychologique ont été mises en œuvre. Grâce à ces ateliers, nous avons ciblé 65 femmes. Des centaines de femmes dans ces camps ont entendu parler de ce projet et souhaitent rejoindre ces ateliers et s’inscrire.

Il existe de nombreuses institutions qui travaillent sur des programmes de soutien psychologique dans les camps, mais nous nous en distinguons pour plusieurs raisons : La première est que les femmes choisissent les activités à l’intérieur de ces ateliers et le choix est basé sur la majorité. Cette semaine, les femmes ont choisi deux activités : cuisiner et danser. Nous avons envoyé l’une des femmes acheter des ingrédients pour cuisiner et elles ont commencé à allumer un feu et à cuisiner. Après le repas, qui a été entrecoupé de rires et de blagues, de la musique a été jouée et les femmes ont commencé à danser, chanter et applaudir.

Les spécialistes du soutien psychologique ont expliqué que ce que les femmes ont fait dans cet atelier est meilleur et plus adapté car ces femmes veulent seulement être motivées et avoir la possibilité de se soigner elles-mêmes.

Nous sommes ensuite passées à parler des problèmes dont souffrent les femmes dans les camps de déplacé.e.s ; les femmes ont rivalisé entre elles pour raconter leur souffrance quotidienne à l’intérieur et à l’extérieur de ces tentes.

Une des femmes a commencé à parler de la surpopulation étouffante dans les installations du camp et du manque d’assainissement, qui cause un problème majeur en raison de l’écoulement des eaux usées à l’intérieur du camp, ce qui provoque directement la propagation de maladies parmi les enfants. Une autre femme a parlé du manque d’eau potable de base et de la difficulté d’obtenir de l’eau pour se laver et pour les besoins quotidiens, car la distance est longue et il y a des files d’attente et souvent des querelles et du harcèlement des femmes pendant qu’elles font la queue.

Une femme a parlé de la difficulté d’accéder aux services médicaux et aux soins de santé de manière appropriée et efficace, surtout la nuit si un enfant tombe malade, on ne peut pas bouger de peur d’être pris pour cible.

Enfin, une dame a parlé de l’exploitation sexuelle des femmes, qui s’est récemment généralisée, et du secret que l’on garde à ce sujet afin de préserver la réputation de la jeune fille.

Lien des photos et vidéos ci-dessous :

https://drive.google.com/drive/folders/16JM0g12P7oUCDhky5BYqml8h5y0BBoA1

 

Programmes éducatifs :

Les centres éducatifs offrent un environnement stable aux enfants qui souffrent de stress psychologique et de traumatismes causés par la guerre. Cela les aide à s’adapter et à se rétablir psychologiquement.

Ces centres éducatifs leur offrent également la possibilité d’apprendre et de se développer intellectuellement et mentalement, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent. Cela les aide à construire un avenir meilleur et à réaliser leur potentiel personnel. Ils offrent également un environnement sûr aux enfants, différent de l’environnement général qui peut être enclin à transmettre un mauvais comportement et de mauvaises habitudes. Cela renforce leur protection et leur sécurité.

L’éducation dans ces centres promeut les valeurs communautaires et sociales pour les enfants, telles que la coopération, la discipline et le respect mutuel, ce qui les aide à s’adapter aux conditions environnantes. Ces écoles peuvent contribuer à la reconstruction de la société après les conflits, en préparant une génération capable de contribuer au développement de la nation. Les centres éducatifs dans l’ombre de la guerre ne sont pas seulement un lieu d’étude, mais sont essentiels pour maintenir une vie relativement normale pour les enfants et leur offrir des opportunités d’apprentissage et de développement malgré les circonstances difficiles dans lesquelles ils vivent.

Il y a plus de deux mois, nous avons créé trois centres éducatifs répartis dans les Mawasi de Khan Yunis et Deir al-Balah. Ces centres s’efforcent d’attirer les enfants, de les éduquer et de les réhabiliter socialement. Nous y proposons des activités éducatives, sportives et récréatives, et toutes les fournitures scolaires, jeux et friandises nécessaires sont fournis à ces enfants pour créer un environnement aimant et qui leur soit adapté ; cela les éloigne des perturbations qui se produisent à l’extérieur du camp et qui peuvent nuire à leur sécurité.

Lien des photos et vidéos ci-dessous :

https://drive.google.com/drive/folders/15ZdOvY9Oqta8oEQ2q04CTcci-bAIfNJh

 

Travail humanitaire :

Depuis le début de la guerre à Gaza, notre objectif principal était d’aider nos amis agriculteurs qui ont fui les horreurs de la guerre de leurs villages dans l’est du gouvernorat de Khan Yunis vers la région de Mawasi Khan Yunis, et qui sont arrivés dans cette région après de grandes souffrances lors de leur déplacement.

l’UJFP a pris la responsabilité de l’établissement du camp pour lequel, depuis cette époque, nous avons fourni des repas aux familles d’agriculteurs qui ont perdu leurs moyens de subsistance et leurs ressources de base à la suite d’un déplacement forcé. La fourniture de nourriture contribue à préserver la dignité des déplacés, car ils peuvent obtenir des repas de manière régulière sans dépendre d’une aide aléatoire ou d’une recherche continue de nourriture. Ces repas sont considérés comme un soutien nutritionnel important pour les familles d’agriculteurs déplacées qui souffrent de la pauvreté et de la détresse économique en raison de la guerre en cours. Ils atténuent la pression psychologique sur les déplacés, car ceux-ci souffrent déjà de conditions difficiles et de multiples défis. Les familles d’agriculteurs déplacés dépendent fortement de l’aide alimentaire que nous fournissons, ce qui les aide à survivre et à s’adapter dans ces circonstances difficiles. Notre présence à leurs côtés dans la région de Mawasi Khan Younis et la mise en place d’un programme alimentaire à leur intention reflètent l’esprit de solidarité avec eux.

Lien des photos et vidéos ci-dessous :

https://drive.google.com/drive/folders/15Z7szaJs_3LBsQwPKEuJlH9EpAswHCoz

 

Programme de lutte contre les insectes :

Les personnes déplacées souffrent énormément dans les camps d’hébergement en raison de la multiplication des moustiques et des insectes, une menace dans la propagation de maladies et des épidémies, les essaims de moustiques se propageant follement dans les camps de déplacé.e.s en raison des flaques d’eaux usées qui se répandent entre les tentes.

Nous avons reçu de nombreux appels nous demandant de pulvériser ces camps d’hébergement en permanence pour éliminer les moustiques, car la présence d’insectes contribue à la détérioration de l’hygiène publique, rend l’environnement insalubre et affecte grandement la santé des déplacé.e.s, en particulier des enfants. Vivre dans un environnement pollué et infesté d’insectes augmente le stress psychologique de ces personnes qui sont déjà confrontées à des défis majeurs en raison de leur déplacement et de la perte de leur maison.

Les moustiques sont l’un des insectes les plus dangereux qui transmettent des maladies telle que le paludisme, et leur nombre croissant dans les camps augmente le risque de contracter ces maladies. Les souris et les rats peuvent transmettre de nombreuses maladies telles que la peste. Ils contaminent également les aliments et l’eau augmentant ainsi le risque de maladies intestinales. Les piqûres de moustiques et le bruit des rongeurs dérangent également les habitants et les empêchent de se reposer suffisamment, ce qui affecte négativement leur santé générale.

Nous avons été et sommes toujours la première équipe de la bande de Gaza à commencer à pulvériser les camps contre les insectes et nous travaillons dur pour diffuser cette idée à d’autres institutions, pour la mettre en œuvre et travailler au nettoyage continu des camps d’abris afin de réduire la propagation des moustiques et des insectes.

Cette semaine, les équipes de l’UJFP ont pulvérisé le camp d’Al Amal, situé dans le centre de la ville de Deir al-Balah, après plusieurs appels des personnes déplacées.

Lien des photos et vidéos ci-dessous :

https://drive.google.com/drive/folders/16dxE4WXTXySJFS0bjaWLxZouyEZIh7D8


 

Le ton de nos échanges avec Abu Amir respire une terrible lassitude concernant les conditions de vie inadmissibles infligées aux gazaoui.e.s dans cette guerre que le monde laisse faire… Des témoignages plus bouleversants jour après jour.

Jusqu’à quand?

Une question répétée partout par les personnes déplacées. Où que nous soyons, cette question vient en premier. Combien de temps pourrons-nous résister ? N’est-il pas trop tard pour mettre fin à l’effusion de sang ? De nombreuses personnes déplacées répètent cette question à chaque fois que nous les rencontrons, en particulier les femmes déplacées qui endurent les difficultés de la vie dans des conditions humanitaires difficiles et insupportables.

L’une des femmes que nous avons rencontrées dans l’un des camps, qui a été déplacée du nord de Gaza, déclare :

« Nous avons été déplacé.e.s sous de violents bombardements et nous ne pouvions plus attendre, surtout après avoir perdu nos proches et nos voisins. Le voyage de déplacement a été difficile, d’autant plus que nous avons marché à pied de Beit Lahia jusqu’à la région de Nuseirat. Nous étions un groupe de femmes, d’enfants et quelques femmes âgées incapables de parcourir de longues distances à pied. Notre voyage dura de quatre heures du matin jusqu’à dix heures du soir. La route était très accidentée, avec des collines et des trous, jusqu’à ce que nous puissions traverser Wadi Gaza, où des habitants nous ont reçus pour nous fournir à manger et à boire. Nous étions épuisé.e.s et incapables de rester debout. Nous nous sommes reposé.e.s un moment jusqu’à ce que nos proches viennent nous emmener vivre avec eux dans l’une des tentes, et à partir de ce moment nous avons commencé le voyage de tourment et de souffrance. Quel péché avons-nous commis ? »

Une autre femme déplacée que nous avons rencontrée dans la région de Deir al-Balah réside dans le quartier de Shujaiya, dans la ville de Gaza. Cette femme dit qu’elle a été déplacée de Gaza vers Rafah avec ses enfants, où son mari lui a demandé de partir afin de protéger sa vie et celle de ses enfants, et lui est resté avec sa mère âgée, qui ne peut pas bouger.

« Après des semaines, nous n’avions plus de nouvelles de lui et nous n’avons pas pu communiquer avec lui jusqu’à présent. Nous ne connaissons pas son sort. Est-il vivant ou a-t-il été tué avec ceux qui ont été tués ? Nous nous sommes installés à Rafah, et après l’invasion de Rafah, nous avons déménagé à Mawasi Rafah, mais nous n’avons pas été épargnés par les bombardements dans cette zone. Nous avons de nouveau déménagé vers la ville de Deir al-Balah, dans l’un des camps d’hébergement. Camps de réfugiés. Je jure que la prison est meilleure que les camps. Vous pouvez imaginer comment une femme vit avec ses enfants dans un camp composé de différentes personnes, régi par la masculinité, et tout le monde vous contrôle uniquement parce que vous êtes une femme seule sans mari. La souffrance était grande, car je suis seule et j’ai besoin de tout (eau, nourriture et bois de chauffage). Au début, c’était désastreux et j’étais presque devenue folle à force de pleurer autant. Où dois-je aller et à qui dois-je demander mes besoins, jusqu’à ce que je commence à connaître les femmes du camp, de sorte que je puisse laisser mes enfants avec elles et aller dans les institutions, leur demander de la nourriture pour nourrir mes enfants. Des souffrances sans fin, et ma question demeure : quelle est notre faute si cela nous est arrivé ? tout ça ici, nous disons au monde : Israël n’est-il pas satisfait ? Tout ce sang et toutes ces vies perdues n’ont-elles pas suffi pour arrêter la guerre ? N’y a-t-il aucune personne saine d’esprit parmi nous ? »

Ceux qui sont en charge de ce conflit ne savent-ils pas que la guerre ne fait que ruiner tout le monde ? Il existe encore une opportunité pour chacun de mettre fin à cette guerre maudite qui a fait perdre leurs enfants à des mères, devenir des enfants orphelins et des femmes endeuillées.

Les cris des femmes et des enfants hanteront tous ceux qui gardent le silence et ne réclament pas la fin de la guerre. Nous avons le droit de vivre.

C’est le message des personnes déplacées dans la bande de Gaza, hommes, femmes, enfants et personnes âgées.

Assez de guerre.


 

Au Matin du 22 Juillet, Abu Amir nous rappelle la situation générale catastrophique qui se dégrade indéfiniment de jours en jours dans la bande de Gaza.

La guerre brutale se poursuit depuis 290 jours, tirant son carburant de la vie de milliers de personnes ici dans la bande de Gaza, et l’armée israélienne poursuit ses bombardements continus sur plusieurs zones de la bande.

Ce qui aggrave considérablement la détérioration de la situation humanitaire, notamment au regard des fermetures répétées du passage commercial de Kerem Shalom et du passage de Rafah, où des milliers de camions du côté égyptien font la queue en attendant les ordres israéliens pour leur permettre d’entrer afin de distribuer l’aide aux citoyens.

La bande de Gaza souffre d’une grande pénurie de produits de nettoyage, tels que du savon, du shampoing, de la lessive et des ustensiles, du fait que la partie israélienne empêche l’entrée de ces produits ; cela a conduit à l’émergence de maladies de peau telle que la gale, qui s’est largement répandue parmi les personnes déplacées, plus de 60 % souffrent de cette maladie.

Le manque d’eau et de produits d’hygiène a conduit à l’apparition de nombreuses maladies dans les camps de déplacé.e.s, comme la diarrhée, les infections cutanées et les poux.

Des appels à l’aide retentissent à l’intérieur des camps pour exiger qu’on les sauve de cet enfer lent qui augmente jour après jour leurs souffrances.

La guerre n’a pas ralenti le nombre de victimes au cours des dernières semaines, mais son rythme s’est plutôt accéléré dans toutes les régions, en particulier dans la région centrale de Gaza, où Nuseirat a enregistré la plus grande part, car elle a été soumise à plus de 63 attaques au cours de cette période, la semaine dernière, faisant de nombreux morts et blessés.

De nombreuses tours résidentielles abritant des centaines de citoyen.ne.s ont également été détruites dans le quartier d’Ain Jalut, au milieu de la zone de Nuseirat, et le déplacement de centaines de citoyen.ne.s de la ville de Gaza et du nord se poursuit après l’escalade des attaques dans cette zone et la demande de l’armée israélienne se rendre dans la ville de Deir al-Balah dans des conditions humanitaires difficiles.

De nombreux comportements inhumains et répréhensibles sont apparus récemment parmi certains groupes de la société palestinienne, qui ont été condamnés par la plupart des citoyen.ne.s, notamment des cas de pillage flagrant et d’appropriation de l’argent et des biens d’autrui. Face à l’absence de sécurité, il y a eu de nombreux cas de vols et face à l’extrême pauvreté et à l’absence de loi, nous assistons quotidiennement à des dizaines de combats à coups de couteau et de tir qui entraînent la mort ou des blessures. De plus, les réunions de famille ont recommencé à apparaître. Chaque famille voulant montrer sa force pour pouvoir contrôler les lieux et obtenir davantage d’aides.

D’après ce que nous observons en lien avec nos contacts dans les camps de déplacé.e.s, ce qui se profile est pire, même en cas de cessez-le-feu ou de fin de la guerre.

La guerre a frappé le tissu national et engendré de mauvais comportements étrangers à notre société palestinienne.


 

Depuis le 20 novembre 2023 altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

 


 

À propos des témoignages

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).


 

Partie 1 : du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 2 : du 8 au 17 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 3 : du 18 au 27 janvier 2024. À lire ICI

Partie 4 : du 28 janvier au 13 février 2024. À lire ICI

Partie 5 : du 13 au 20 février ICI

Partie 6 : du 21 février au 4 mars ICI

Partie 7 : du 5 mars au 14 mars ICI

Partie 8 : du 15 mars au 30 mars ICI

Partie 9 : du 31 mars au 15 avril ICI

Partie 10 : du 16 avril au 6 mai ICI

Partie 11 : du 7 au 27 mai ICI

Partie 12 : du 28 mai au 8 juin ICI

Parti 13 : du 9 au 18 juin ICI

Partie 14 : du 19 au 29 juin ICI

Partie 15 : du 30 juin au 10 juillet ICI

Partie 16 : Du 11 au 20 juillet ICI

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.