UNE MISSION POUR GAZA


Le 30 Septembre 2023 quatre personnes ont pris l’avion à Marignane pour Le Caire, le 1er Octobre 2023 trois personnes l’ont pris à Paris pour la même destination. Ces 7 personnes, des solidaires, un député La France Insoumise et son assistante parlementaire, vont ouvrir une fenêtre sur Gaza, permettant d’en débattre au Parlement et de témoigner une solidarité active auprès des Gazaoui·e·s.


 

06 Octobre 2023

 

Photo de la palestinienne Nidaa Badwan
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Photo Brigitte Challande

Machiavélique stratégie des pays qui participent au blocus des palestinien.ne.s de Gaza et à la situation d’apartheid vécue par les palestinien.ne.s de Cisjordanie : fermer les frontières, les ouvrir un peu, les refermer et recommencer sans cesse ce processus de goutte à goutte jusqu’au jour où, quand les frontières s’ouvriront pour de bon, le peuple sera tellement épuisé que tout le monde partira… C’est un véritable scénario de science-fiction qui commence à se dessiner quand on s’approche au plus près de la réalité palestinienne.

Si l’on reprend la question de Rafah2 qui était une ville avec une partie palestinienne et une partie égyptienne, il est maintenant de notoriété que cette ville a été coupée en deux parfois même à l’intérieur des maisons. La partie égyptienne a été vidée, toutes les maisons ont été rasées, il n’y a plus une pierre sur l’autre, le terrain est plat comme si personne n’avait jamais habité là, même les arbres ont disparu ; l’histoire de Rafah ville égyptienne a été nettoyée. Ses 50 000 habitants (source Wikipedia) “ont eu le choix” d’aller se loger à Port-Saïd, Ismalia ou Suez…

Ce mécanisme de repoussoir de l’habitat de la population continue petit à petit jusqu’au village de Cheikh Zouwayed, à 70 km de Rafah, où il y a encore des maisons aux portes bombées, les rues ont disparu dans le sable, les marchés sont vides et où les habitants sont très pauvres. Dans cette région désertique du Sinaï Nord dont l’Égypte affirme qu’elle est zone rouge tenue par les terroristes, la mise en place « d’un état d’urgence » permet de contrôler la population au nom de la lutte contre ce terrorisme. Cette tension permanente affole les habitants de cette région qui ont peur et partent. On peut se demander si ce processus ne fait pas partie des nombreux “ballons d’essai” des plans américano-israéliens ; pourquoi ne pas faire un “pseudo-État palestinien” limité à Gaza et au nord du désert du Sinaï au cas où ?

Pendant ce temps en Cisjordanie, Israël pratique la même politique qu’à Gaza : encercler les villes avec les colonies, les étouffer, donner quelques permis de travail de façon aléatoire et ouvrir le chemin pour les palestinien.ne.s vers la Jordanie à qui l’on donnerait de l’argent pour absorber cet afflux de population. On peut penser que cela pourrait faire partie d’un plan général validé par la communauté internationale pour contrôler le Moyen-Orient…

En attendant, à Gaza, même si les camps de réfugiés sont surpeuplés (il y a 72 % de réfugiés) on vit encore, on travaille, on commerce, on réfléchit. Et pour s’opposer à cette forme de nettoyage, l’unique solution c’est de résister, selon les propos d’un ami palestinien. « La dernière chance pour Gaza c’est de continuer à vivre, à faire des projets et à refuser de tuer l’espoir ».

Brigitte Challande


Notes:

  1. Photo de la palestinienne Nidaa Badwan préférant un isolement choisi au blocus israélien et à la domination du Hamas subis, cette artiste palestinienne de 28 ans s’était enfermée dans sa chambre de l’appartement familial du quartier Deir al-Balah, dans le sud de Gaza pendant un an.
  2. Situé sur la frontière entre l’Égypte et la Palestine mandataire de la Grande-Bretagne (1920-1948), le village est devenu une ville avec l’afflux des réfugiés de 48. Cette ville a été coupée en deux par la conquête israélienne de 1967. En 2021 il y avait  190 000 habitants dans Rafah palestinienne et 80 000 dans Rafah égyptienne.
Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.