La cellule de crise créée par la ville, la préfecture et l’hôpital d’Aix-en-provence recensait 9 cas de malades respiratoires contaminés au Covid-19, il y a quelques jours. Un malade âgé de 86 ans est décédé.


René Sale secrétaire départemental du syndicat Force Ouvrière à la santé, dresse la situation du Centre Hospitalier d’Aix-Pertuis dans le contexte du coronavirus.


 

Comment fonctionne l’hôpital d’Aix depuis le covid-19 ?

Le CH d’Aix-en-Provence-Pertuis est un trois sites référents dans ce contexte avec à Marseille l’IHU du Professeur Raoult à la Timone et l’hôpital militaire Laveran.

C’est à dire ?

C’est à dire que la direction de l’Agence Régionale de la santé (ARS) avait inauguré en grandes pompes la nouvelle aile nord Peiresc le 9 janvier dernier. Mais elle en a profité pour nous supprimer 50 lits et a ignoré notre long combat face à ce projet. Aujourd’hui ils ont été obligés de revenir en arrière puisqu’on vient de ré-ouvrir 14 + 24, soit 38 lits en tout. Ce qui veut dire surtout que nous avions raison de refuser les suppressions de lits tout comme leurs drastiques économies. Et là et bien, ils ont été obligés de revoir leurs copies car ils ont compris, enfin, dans ce triste contexte. La santé n’a pas de prix, on ne cesse de le répéter.

Quelles sont vos conditions de travail à Aix?

Ils (l’ARS) ont vidé tous les hôpitaux en déprogrammant tout un tas de chose et là ils sont acculés à faire marche arrière. Les conditions sont déplorables, elles se sont aggravées et je vous renvoie à l’appel à l’aide des médecins d’Auvergne relayés par plusieurs CHU ou CH comme à Aix : « Alors que depuis des années, les politiques gouvernementales ont supprimé des milliers de lits de réanimation et soins intensifs (passant d’environ 26.000 lits à 13.000), le pouvoir exécutif nous annonce la mise en oeuvre de moyens exceptionnels. Soit, mais la logistique étant cruciale, la confusion est mortelle : combien de respirateurs sont en cours de fabrication? A ce jour, quel préfet est en mesure de répondre aux soignants qui sont sur le front ? La responsabilité, l’urgence, du gouvernement est de fournir les armes et les moyens de combattre. La transparence est d’en rendre compte précisément ». Nous nous retrouvons également dans cet appel que nous reprenons aussi. Car chaque jour s’aggrave, car on est en mesure de se demander si le gouvernement fait vraiment la guerre au coronavirus, car rien n’a été dit sur la réouverture des lits nécessaires, rien non plus sur où sont les masques, sur le matériel nécessaire, sur le personnel indispensable, etc.

Quel est le moral des soignants ?

On vient de gagner il y a quelques jours sur les jours de carence donc ce n’est ni trois, ni deux mais zéro jours surtout que nous avons des cas de collègues atteints de polypathologie. Il était temps ! Sinon, on appréhende aussi car on risque d’avoir une explosion d’AVC après Coronavirus. Nous n’avons plus le même accueil dans ce service. Jusque là on traitait et suivait les AVC légers au départ qui auguraient malheureusement dans plusieurs cas, d’AVC successifs plus graves. Aujourd’hui avec la pandémie en plus, on ne peut plus avoir le même suivi. De plus ils ont fermé le service réanimation de Briançon, ce qui entraîne plus d’hospitalisation ici.

Le CH accueille également des patients du milieu carcéral. Qu’en est-il avec le Covid-19 ?

C’est un véritable problème quand on sait les conditions carcérales à Luynes et ailleurs. D’autant plus que c’est le 3ème centre pénitentiaire après Fleury Mérogis. C’est toute une organisation qui demande du personnel, du matériel y compris pour le personnel et les détenus. Rien n’a été prévu pour ces soins qui sont souvent en ambulant.

Un mot d’espoir ?

Il faut garder le cap! C’est dans ces moments que, continuer à revendiquer est majeur et porteur.

Propos recueillis par H.B.

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».