Il y a eu la mobilisation contre la réforme des retraites où les syndicats ont repris la main, les élections municipales où le système des partis est revenu en force, ignorant la volonté citoyenne d’un rééquilibrage entre démocratie directe et démocratie représentative, et l’état d’urgence sanitaire détourné par le gouvernement en action martiale qui laisse présager que celui-ci cherchera à imposer des lois répressives dans la durée. Ces conjonctions de coordination ont relégué le mouvement des Gilets jaunes aux oubliettes.


Et pourtant, ce qu’a démontré ce mouvement inédit, c’est bien que les classes sociales n’ont jamais disparu.  En s’imposant dans le paysage hexagonal de manière transgressive, les Gilets jaunes ont mis en lumière le discrédit qui frappe tous les récits officiels. Ces récits officiels que portent les mass média à longueur d’antenne et d’éditos visent de toute évidence à redonner le monopole de la parole et de l’autorité politique au pouvoir économique néolibéral. Un pouvoir aujourd’hui mondial qui, comme le phénix, tente déjà de renaître des cendres que va laisser le coronavirus.

En cette période charnière où les orientations politiques inquiétantes pour notre démocratie dessinent le cadre de vie des prochaines décennies, il n’est pas déplacé de relayer aujourd’hui l’expression des Gilets jaunes que beaucoup ont décidé de faire taire. Si les élites de notre pays usent abondamment des clivages de classes pour discréditer la parole du petit peuple, elles savent aussi les glorifier quand il s’agit de les envoyer au front pour lutter contre la pandémie. Inutile de sortir de Saint-Cyr pour savoir que ça ne peut plus durer. C’est pourquoi les Gilets jaunes ont selon nous voix au chapitre au même titre que les banquiers, les politiques ou les scientifiques pour évoquer « le jour d’après »…

JMDH


Le message des Gilets Jaunes du Vigan


Les Gilets jaunes avaient averti !

Les injustices fiscales et sociales ont provoqué la casse de notre service public ! Notre soutien est total, comme depuis le début, aux blouses blanches qui demandent des moyens depuis plus d’un an et qui se font, comme nous, gazer et matraquer dans la rue !

Aujourd’hui nous subissons le résultat d’une politique menée depuis 50 ans, encouragée et accentuée par Macron !

Des morts ! Combien encore pour mettre fin à ce système profondément inégalitaire ?

Il est temps de préparer l’après ! À la sortie de crise, qui pourra encore rester chez soi et nous regarder dans la rue sans rien faire ? Nous avons tous vu le résultat d’une politique qui favorise le capital sur l’humain, qui taxe toujours le plus le petit en épargnant le plus gros !

Localement et nationalement agissons ensemble, restons en contact !

Les Gilets jaunes du Vigan vous proposeront bientôt la création d’une nouvelle assemblée citoyenne pour agir sur le local et discuter des orientations du mouvement départemental et/ou régional. Nous vous proposons de nous suivre dans la préparation de multiples actions à la sortie de crise, parce qu’on n’oubliera pas !

Nous avons besoin de vous tous, pour nos emplois, pour notre démocratie, pour défendre la vie ! Pour votre avenir et celui de vos enfants !

Les Gilets jaunes sont toujours là, on ne lâche rien !

Monsieur le Président de la République,

Nous, Gilets Jaunes du Grand Alès, prenons l’initiative de venir vers vous pour dénoncer la situation dans laquelle nous sommes du fait de décisions administratives et politiques qui ont conduit à mettre en danger de mort des citoyens par négligence coupable de quelques-uns. Ce modèle économique, cette idéologie libérale est l’annihilation des fondements démocratiques de notre société et la remise en cause des principes et valeurs hérités du Conseil National de la Résistance qui ont fait la fierté de notre nation.

Vous annonciez des aides substantielles en soutien aux entreprises dès le début de la crise, il a fallu attendre cinq jours pour entendre la promesse d’un vaste plan destiné au milieu hospitalier pour « l’après crise sanitaire », sans toutefois nous en préciser le contenu. Tous les jours des personnes décèdent par faute d’une vraie politique de prévention et de protection. Nous dénonçons ce laxisme coupable à l’égard de quelques personnalités politiques et fonctionnaires qui sont plus soucieux de leur égo et de leur propre intérêt que de l’intérêt général. Nous, Gilets Jaunes, restons attachés à l’article 22 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, article qui a été la fierté de notre société durant plusieurs décennies, même s’il n’a qu’une valeur déclarative, et dont sa remise en cause justifie à elle seule notre insurrection pacifique.

Vous annonciez l’aide de l’armée. C’est un remake de l’appel aux taxis de la Marne. Que peut faire l’armée ? Son action est très limitée face à ce déficit d’équipements et à cette médiocrité d’organisation. Les services d’État n’ont pas su optimiser le retour d’expérience de l’épidémie vécue en Chine, Taïwan, Hong Kong et en particulier de la Corée du sud qui a été exemplaire face à ce défi. Nous avons préféré utiliser ce temps précieux à jeter l’anathème sur la Chine et, durant ce temps, par médias interposés, on nous affirmait : « La France est à l’abri de cette épidémie ».

Vous avez décrété le confinement de notre pays et en même temps vous autorisiez les citadins à émigrer vers les campagnes sans prendre la précaution préalable de les soumettre à un test de dépistage. Cette absence de précaution a contribué à faciliter la diffusion du virus sur tout le territoire. L’actualité nous montre qu’aujourd’hui apparaissent des tensions entre Français des villes et Français des campagnes avec un vrai risque de rupture de la concorde sociale.

Lors de votre allocution du 12 mars 2020, vous avez annoncé : « Cette épreuve exige aussi une mobilisation sociale envers les plus démunis, les plus fragiles. La trêve hivernale sera reportée de deux mois, et je demande au Gouvernement des mesures exceptionnelles, dans ce contexte, pour les plus fragiles. » Nous notons qu’aujourd’hui quelques sans-abris ont été verbalisés au motif de non-respect des consignes de confinement. Ajouter de la difficulté à leur quotidien déjà difficile est en contradiction avec votre déclaration et, de plus, la violence est un aveu d’échec. C’est d’humanité et d’aides dont ils ont besoin et non de répression. Décidément, il est de plus en plus évident que ce gouvernement n’aime pas les pauvres.

Nous accusons l’État de mise en danger de la vie d’autrui et d’homicide involontaire.
Il vous appartiendra de diligenter une enquête car les citoyens sont en droit de connaître la vérité, les responsabilités et les culpabilités éventuelles. Nous demandons également de faire cesser cette guerre d’égos qui est indigne d’un pays comme le nôtre. Nous sommes en attente d’efficacité, chacun dans son domaine de compétence, nous ne sommes pas en compétition pour l’obtention d’une reconnaissance, tout arrive à point nommé.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre haute considération.

Vendredi 27 mars 2020
Collectif des Gilets Jaunes d’Alès.


Les gilets jaunes d’Alès sont à l’origine d’un des premiers rassemblements de France.