Des précisions pour une meilleure compréhension de ces chroniques journalières, notamment pour celles et ceux qui rejoignent leur lecture récemment ou de façon discontinue : le compte rendu précis et factuel des violences et violations du droit, commises par Israël, que compile Marsel quotidiennement dans un récit prennent leur source dans une observation documentée à la fois sur le terrain et à partir de différentes déclarations officielles ou médiatiques. Cet ensemble en constitue un document essentiel.

L’emploi très fréquent dans ces chroniques du mot « martyr » fait référence au fait « d’être assassiné par la guerre », c’est à dire mort. En ce moment, journellement il y a entre 150 et 200 morts par jour dans toute la bande de Gaza.

 


Mise à jour le 20 juillet 2024


 

Le soir du 19 Juillet Abu Amir envoie plusieurs documents qui témoignent du travail extraordinaire effectué par l’équipe pour rester vivant.e.s, debout et dignes.

Rapport d’activité de son équipe du 13 au 18 Juillet 2024

Distribution de lunettes

Quelques jours après l’initiative « examen de la vue » pour les enfants du Camp des Fermiers, du Camp des Pêcheurs et du Camp Al-Azza (Marcel), hier, jeudi 19 juillet, nous avons visité ces camps pour distribuer des lunettes aux enfants bénéficiaires.

Une grande joie est apparue sur les visages de ces enfants lorsqu’ils ont reçu leurs belles lunettes aux couleurs vives pour commencer à mieux voir la vie. Bien sûr, nous avons rencontré quelques difficultés dans ces camps ; de nombreuses mères sont venues avec leurs enfants des camps voisins pour bénéficier de cette initiative, mais nous les avons informées qu’elle était terminée et qu’aujourd’hui les verres seraient distribués. Les administrations de ces camps nous ont remercié infiniment pour cette belle initiative qui a bénéficié aux enfants de ces camps au vu des circonstances difficiles qui les ont grandement affectés.

Ci-dessous lien des photos et une vidéo :
https://drive.google.com/drive/folders/14kkmaSfnHnYf-0TN8g9q3GqnyoSd2z8Q

Au début de la vidéo Abu Amir et Marsel sont côte à côte, puis au camp des pêcheurs c’est Abu Amir et Zacharia, ensuite c’est au camp des paysans, quel travail magnifique !

Désinfection des camps

Dans un autre contexte, nos équipes se sont rendues au camp d’Al-Azza, au sud de Deir Al-Balah, après plusieurs appels de l’administration du camp concernant la nécessité de le pulvériser contre les insectes. L’équipe y a pulvérisé les routes, les toilettes et les fosses d’égouts. La plupart des camps de réfugié.e.s de la bande de Gaza souffrent de la prolifération d’insectes qui se propagent à l’intérieur des tentes et entre les couloirs, surtout à la lumière des températures élevées qui ont fait des tentes des endroits où les déplacé.e.s ne peuvent pas rester l’après-midi. Ils les appellent des hammams, d’autres des salles de torture en raison des souffrances qu’elles infligent à ces familles. Ce sont surtout les enfants qui souffrent d’insectes et de chaleur mortelle. La plupart ont des éruptions cutanées dues à une chaleur extrême ou à un manque d’hygiène personnelle.

Ci-dessous lien des photos et vidéos :
https://drive.google.com/drive/folders/14d3Ulma95DAerSfMBTSiNtDJcEJK6Pdj

Le programme éducatif

Le programme éducatif continue activement pour contenir et enseigner aux enfants dans les trois centres répartis dans les régions d’Al-Mawasi et de Deir Al-Balah. Les chiffres augmentent chaque jour et le travail progresse avec succès. Il existe une communication continue entre l’administration des trois centres éducatifs pour participer aux activités et élaborer un plan de travail unifié pour le programme d’éducation.

Nous sommes confrontés à quelques difficultés liées au comportement de certains enfants, qui sont parfois violents, causent des problèmes au reste des enfants et perturbent le déroulement de la journée scolaire, mais il y a une coopération des parents pour les contrôler et trouver des solutions à ces comportements qui se sont répandus récemment en rapport au chaos créé par la guerre.

Les enfants sont très prompts à détecter certains des mauvais comportements commis par les adultes, qui se sont largement diffusés récemment. L’éducation est souvent ignorée pendant les guerres et les conflits. Cette négligence ne constitue peut-être pas une source de préoccupation immédiate, mais son impact négatif sera plus profond et plus important dans l’avenir.

L’éducation est la clé de la paix, de la prospérité et la base de l’égalité.

Ci-dessous lien des photos et vidéos :
https://drive.google.com/drive/folders/13UhlK1dAGrf4kSJQAqOYEX0-RF9X_nqn

Continuer à nourrir les personnes dans les camps

Nous continuons, avec le Conseil d’administration du Camp des Paysans, à travailler pour nourrir les familles du camp, et nous travaillons chaque semaine pour fournir de la nourriture à ces familles pendant trois jours avec le soutien de l’UJFP. Ces familles dépendent principalement de l’assistance apportée par l’UJFP, puisqu’il y a plus de 1 500 familles dans ce camp.

Environ deux millions de personnes ont besoin de nourriture et de boissons quotidiennement dans la bande de Gaza, et de nombreuses familles n’ont plus la capacité financière d’acheter de la nourriture sur le marché local en raison des coûts élevés. Les crises alimentaires et d’accès aux repas répondant aux besoins des déplacé.e.s s’aggravent après plus de 286 jours de guerre dans la bande de Gaza, au cours desquels les terres agricoles qui représentaient le panier alimentaire assurant la sécurité alimentaire des habitants de la bande ont été détruites.

Au cours de la période récente, de nombreuses marchandises sont récemment entrées sur les marchés du sud de la bande de Gaza, mais la plupart des personnes déplacées n’ont pas pu s’en approcher en raison de leurs prix élevés et de leur manque d’argent, ce qui a rendu les choses plus difficiles pour eux. Leurs enfants voient des fruits et de la viande, mais ils ne peuvent pas les acheter, et des centaines de milliers de personnes déplacées restent dépendantes des centres de distribution alimentaire qui maintiennent ces familles quelque peu à l’écart du spectre de la famine.

Ci-dessous le lien des photos et vidéos :
https://drive.google.com/drive/folders/13cZNIbIgXKbKx2gCkBGEPjEIGC8hLszS

Soutien psychologique

Les ateliers de soutien psychologique visent à sensibiliser à l’importance de la santé mentale et à renforcer le soutien communautaire aux femmes qui souffrent de ces problèmes, car la santé mentale est considérée comme un élément essentiel de la composition générale de la société et affecte grandement la qualité de vie et le développement personnel.

Plus la santé mentale d’un individu est positive, plus il est capable de faire face aux pressions de la vie et d’atteindre une satisfaction psychologique. Cet état positif décline en raison de plusieurs facteurs, notamment l’environnement social, culturel et économique. Les problèmes de santé mentale peuvent se développer à la suite du stress, de traumatismes et des défis de la vie.

Ces ateliers sont considérés comme nécessaires pour comprendre et améliorer la santé mentale des femmes, en écoutant leurs histoires et leurs expériences, en tenant compte des défis qui affectent leur vie et en offrant un environnement sûr et stimulant qui permet aux femmes d’exprimer librement leurs sentiments et leurs besoins.

Le programme de soutien psychologique pour les femmes entre cette semaine dans son troisième mois, au cours duquel 4 séances de soutien psychologique ont été mises en œuvre, avec 46 femmes participantes.

Les séances ont eu lieu dans les camps d’Al-Kahlot et de Baraka, dans la ville de Deir Al-Balah, car cette zone est peuplée de personnes déplacées venues pour échapper aux attaques agressives contre leurs logements, après la destruction de leurs locaux et leur déplacement vers la région de Deir Al-Balah, où les activités variaient entre divertissement, sport et soulagement psychologique.

Au début, nous avons mené une activité interactive pour connaître le groupe cible. Le groupe participant avait quelques questions sur le contenu de l’atelier. Les participantes ont eu la possibilité d’exprimer leurs sentiments en dessinant une image expressive expliquant ce qu’elles ressentaient et nous avons remarqué que la plupart des images dessinées étaient pleines de tristesse, ce qui indique les sentiments internes négatifs des femmes, qui se reflétaient de manière significative dans leurs dessins. Il y avait des dessins pleins de maisons démolies, de routes sombres et d’autres dessins de maisons vidées de leurs habitants après leur déplacement. Certaines femmes ont récupéré certains types de nourriture qui n’étaient plus disponibles en raison du siège étouffant de Gaza. Certains dessins montraient la récente partition de la bande de Gaza et les nouvelles barrières entre les gouvernorats de Gaza.

Des dessins ont été discutés avec les femmes et nous avons commencé à leur inspirer de l’optimisme, à savoir que cette épreuve devait prendre fin et que nous devions avoir l’espoir de vivre, non seulement pour nous mais pour le bien de nos enfants, et leur inculquer l’esprit d’espoir et d’optimisme.

Nous sommes ensuite passés aux problèmes que subissent les femmes au regard de la situation tragique qu’elles vivent. Les choses les plus marquantes qu’elles ont dites étaient les suivantes : l’une des femmes a commencé par dire que le problème le plus courant auquel elle était confrontée était l’insomnie. « J’ai essayé de me forcer à dormir, mais penser à ce qui s’est passé et à ce qui va nous arriver chasse le sommeil de mes yeux et je reste éveillée jusqu’à l’aube. »

Une autre femme nous raconte ses difficultés à accéder aux toilettes qu’elle ne peut pas se sentir libre d’utiliser à cause de la file d’attente qui compte des dizaines de personnes devant la porte.

Une autre femme a abordé ce problème et a déclaré : « Nous manquons d’intimité dans tout, dans les toilettes et à l’intérieur des tentes, et lorsque nous parlons, les tentes sont rapprochées et les voisins peuvent entendre notre respiration. »

Les femmes nous parlaient et en même temps libéraient l’énergie négative qui alourdissait leur poitrine. Ces séances leur ont permis de s’envoler sans aucune restriction.

Dans toutes les séances, nous incluons délibérément des activités récréatives pour les femmes qui leur rappellent les jours de l’enfance et de l’adolescence, au cours desquels elles n’assumaient aucune responsabilité. Ces activités améliorent leur état psychologique et leur donnent une nouvelle énergie qui leur permet de traverser les jours à venir.

Jouer de la musique dans des tons calmes emmène également leur imagination dans un autre monde qui leur manquait depuis le début de la guerre. Quant à la musique forte, elle les fait ressembler à des petites filles qui dansent et s’amusent sans aucune restriction. C’est ainsi que ces femmes décrivent les activités et ce sont elles qui dirigent parfois le déroulement de l’atelier. C’est le but de ces ateliers de sortir les femmes de la sombre réalité et des pressions sous lesquelles elles vivent.

Ci-dessous le lien des photos et des vidéos :
https://drive.google.com/drive/folders/13SKierMroMDCIOhPXrf1Ba2TNK38nlpY


 

Samedi 13 Juillet L’équipe d’Abu Amir nous transmet le compte rendu de sa visite dans le camp des pêcheurs :

Vendredi 12 juillet, nos équipes ont visité le camp d’hébergement où vivent les pêcheurs, situé dans la ville de Hamad, au sud de Khan Yunis.

Nous avons emporté avec nous 80 tentes pour les distribuer aux familles de pêcheurs qui sont là et qui vivent dans de mauvaises conditions en raison de leur déplacement de la ville de Gaza vers la ville de Rafah, puis vers la ville de Hamad.

Chaque fois qu’ils se déplacent vers une nouvelle zone en raison de l’invasion des zones, ils abandonnent une partie de leurs biens en raison de la rapidité obligatoire avec laquelle ils se déplacent pour échapper à la mort, et les personnes déplacées dans la bande de Gaza appellent cela « le voyage du tourment ».

L’un des aspects les plus difficiles de cette guerre est le processus de déplacement en cours, où des milliers de familles sont confrontées à un sort inconnu sans destination claire, compte tenu de l’absence de centres d’hébergement et du ciblage par l’occupation des écoles abritant les personnes déplacées. Les gens se retrouvent donc obligés de rester dans les rues et sur les places, se déplaçant d’un endroit à un autre, à la recherche d’un refuge pour échapper à l’enfer des bombardements et du ciblage israélien.

Dans ce camp, 150 familles vivent dans des tentes, usées, fabriquées par les pêcheurs eux-mêmes, en utilisant ce qu’ils ont de tissu, de plastique et tout ce qu’ils trouvent approprié pour se protéger des rayons brûlants du soleil.

Nous avons été reçus par le camarade Abu Ayed et un certain nombre de pêcheurs qui ont commencé à nous aider en déchargeant les tentes du camion et en se préparant à les livrer aux familles des pêcheurs qui en avaient besoin.

L’équipe a commencé à monter les tentes avec l’aide des pêcheurs, et il y a eu des applaudissements continus de la part des jeunes hommes et femmes du camp et ils ont commencé à chanter en l’honneur de l’UJFP. C’était très merveilleux et les fils des pêcheurs étaient très coopératifs avec nous, ce que nous n’avons pas vu dans le reste des camps. Malgré leur extrême pauvreté et leur situation tragique, ils étaient organisés et coopérants au maximum.

Ce même jour, le 13 Juillet a eu lieu ce nouveau massacre dans un camp de déplacé.e.s d’Al Mawasi. Abu Amir écrit ce texte qu’il envoie :

Alors que le monde attend le cours des négociations pour un cessez-le-feu, qui pourrait aboutir à la fin des massacres et de la guerre d’extermination, l’occupation continue de commettre des massacres brutaux, indifférente à ce à quoi le monde aspire en termes d’arrêt de l’effusion de sang.

Des dizaines de civils innocents sont tués chaque jour sans raison simplement parce qu’ils sont Palestiniens, tandis qu’Israël bafoue les lois internationales qui assurent la protection des civils pendant les guerres.

Aujourd’hui ce matin, l’occupation a commis un massacre majeur en bombardant des camps de personnes déplacées dans la région de Mawasi Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza. Cet horrible massacre a fait plus de 90 martyrs et 300 blessés, pour la plupart des femmes et des enfants, selon un communiqué du ministère de la Santé, et ce nombre ne cesse d’augmenter.

La force de l’explosion était si énorme que les bâtiments ont tremblé dans la ville de Hamad, située à environ 7 kilomètres du lieu de l’explosion, où j’étais là avec le camarade Zakaria Bakr pour suivre les affaires des pêcheurs.

Le lieu de l’explosion se trouvait à moins d’un kilomètre du camp des agriculteurs. J’y suis ensuite allé et j’ai vu de nombreuses femmes dans le camp dans un état de tristesse horrible et pleurant à cause de ce qui s’était passé. Beaucoup de femmes du camp disaient : « Où devrions-nous aller ? La mort nous suit partout. » Ils me demandaient quoi… et je ne sais pas quoi dire, parce que je suis comme eux, je ne sais pas quoi faire.

En l’absence de conscience du monde et de son silence face aux massacres perpétrés par Israël, nous ne pouvons qu’attendre la mort en silence, et l’histoire dans un avenir proche décrira le monde avec honte, honte face à l’exécution du peuple de Gaza.


 

Dans la soirée du 12 Juillet, comme très régulièrement et consciencieusement, nous recevons le rapport d’activité de la semaine du 6 au 12 Juillet envoyé par l’équipe d’Abu Amir.

Programme éducatif

Au fil des années, le secteur de l’éducation a subi de nombreux revers qui ont conduit à la perte d’une grande partie de l’éducation. Les guerres ont affecté directement la démarche éducative — en plus de la propagation du coronavirus —, mais dans cette guerre-ci elle a beaucoup souffert.

Dès le début de la guerre, l’occupation a commencé en ciblant les écoles. Cette agression a détruit toute l’infrastructure du processus éducatif ainsi que les établissements d’enseignement, les étudiants et les enseignants.

Israël a confisqué le droit des étudiants de Gaza à l’éducation en ciblant tous les établissements d’enseignement sans tenir compte du fait qu’il s’agissait d’établissements civils.

Il est clair depuis le début que l’armée israélienne mène une politique de vengeance contre les civils de la bande de Gaza, en violation flagrante des lois internationales et des instruments relatifs aux droits de l’homme. L’agression a pris pour cible des civils palestiniens, causant une destruction généralisée de la population civile et de ses biens, ainsi que les installations vitales de base de la bande de Gaza.

Il s’agit d’une grave violation du droit international, qui garantit le droit à l’éducation à tout moment et en toutes circonstances et interdit strictement de porter atteinte aux civils ou aux biens de caractère civil.

Ainsi, dès le début, notre objectif principal était de créer des centres éducatifs qui accueillent ces étudiants et les aident à avoir une opportunité simple d’adapter certaines parties du programme afin que les enfants ne perdent pas ce qu’ils ont appris avant. Également recevoir et s’adapter aux nouvelles générations d’enfants dans ces classes.

Les enfants fréquentent les trois centres éducatifs sous la supervision des équipes de l’UJFP avec la participation du Centre Ibn Sina, qui gère l’un des centres de la région sud de Deir al-Balah, tandis que les deux autres centres sont situés à Muasi Khan Yunis dans le camp des agriculteurs, et dans la région nord-ouest de Deir al-Balah.

Lien des photos de l’action éducative

Programme de soutien psychologique :

Les besoins des femmes et des filles en matière de santé mentale diffèrent de ceux des hommes sur des points importants et sont rarement compris ou satisfaits dans de nombreuses régions du monde. Les besoins psychologiques et la douleur des femmes et des filles en Palestine occupée varient, en particulier dans la bande de Gaza, à la lumière des nouveaux incidents, des conditions amères et des événements difficiles que la bande de Gaza a connu au cours des 10 dernières années. Le but de ces séances est de créer avec les femmes des activités récréatives significatives qui contribuent à une amélioration psychologique à travers des activités collectives, en particulier pour les femmes déplacées qui se trouvent dans des situations difficiles et souffrent de nombreuses maladies psychiatriques et traumatismes nécessitant des interventions rapides.

Durant cette semaine, 4 séances de soutien psychologique ont été réalisées dans le camp de Baraka au centre de Deir al-Balah, qui abrite environ 300 familles. Ces séances s’adressaient à 45 femmes et les activités variaient entre décharge récréative, sportive et psychologique pour les femmes.

Au départ, des femmes spécialistes ont réalisé une activité interactive pour identifier le groupe cible, et il y a eu un accueil et une adhésion de la part de ce groupe pour connaître le contenu de cet atelier.

La première activité était une balle que l’animateur de soutien psychologique lance au hasard sur une participante et la participante mentionne son nom et un souhait qu’elle souhaite réaliser. Les espoirs étaient variés : il y avait celles qui souhaitaient retourner dans leur maison au nord de la bande de Gaza et celles qui souhaitaient voyager hors du pays pour rencontrer son mari migrant. Certaines souhaitaient la fin de la guerre. Il y avait celles qui voulaient rencontrer leurs enfants et leur mari, martyrs qu’elles avaient perdus à cause de la guerre.

Il y a celles qui souhaitaient rencontrer leur fiancé détenu, dont elle ne savait rien depuis le début de la guerre, et celles qui souhaitaient ne plus avoir leurs règles pendant la guerre pour éviter tout embarras.

Les souhaits de ces femmes étaient simples, mais l’occupation considère que ces souhaits ne sont pas un droit de ces femmes.

C’est ainsi que les femmes ont décrit leur souffrance, car elles ont besoin d’un accès constant aux toilettes, de nombreuses femmes en sont privées pendant plusieurs heures en raison de l’encombrement des salles de bains communes. Cela affecte leur psychologie et augmente l’incidence des infections et des champignons pour elles.

Nous avons réussi à atteindre notre objectif dans cette activité, qui était de les encourager à s’exprimer librement, sans restrictions, en instaurant une confiance avec les participantes à la session.

La deuxième activité consistait à exprimer ses sentiments sur papier dans le but d’améliorer sa santé psychologique, mentale et sociale et d’atteindre la paix intérieure. Nous avons distribué du papier et des stylos aux femmes, et chaque participante doit écrire son ressenti en un mot, qui l’exprime. Une des femmes a écrit « tristesse » à cause de la perte de sa famille. Une autre femme a écrit sur le journal « optimisme ». Elle a dit qu’elle se sentait optimiste pour la première fois parce qu’elle sentait qu’il y avait une trêve. Une autre femme a écrit « ressentiment » en raison des dures conditions de déplacement et de guerre qui l’ont privée de son foyer sûr.

Il existe de nombreuses situations et histoires contradictoires entre sentiments négatifs et positifs. La troisième activité visait à soutenir moralement les femmes dans les camps de personnes déplacées, à briser la routine quotidienne et à rappeler de beaux souvenirs d’avant-guerre ; souvenirs qui ont ravi le cœur des femmes comme ceux de beaux mariages. Il y a eu beaucoup d’interactions.

Après cela, nous sommes passés au jeu (Salade de fruits). Le but de ce jeu était de mettre de la joie dans le cœur des participantes et de les motiver à rivaliser les unes avec les autres.

Pendant l’activité, nous avons joué de la musique forte pour encourager les participantes à se libérer de la tristesse qui les accompagne constamment. Dès que la musique retentit, les femmes commencèrent à se déhancher et à hululer. Celui ou celle qui a dit que la musique guérissait l’âme a raison. Nous avons joué une chanson traditionnelle et les participants ont commencé à danser, à hululer, à applaudir et à chanter en même temps que la chanson.

 Lien des photos

Compte tenu de la crise humanitaire en cours dans la bande de Gaza, de la fermeture continue des points de passage, l’intransigeance de l’occupation pour empêcher l’entrée de centaines de camions d’aide se trouvant du côté égyptien, qui attendent les ordres israéliens pour rentrer dans la bande de Gaza et empêcher la propagation de la famine, dont les détails ont commencé à apparaître dans de nombreuses régions de Gaza, nos équipes continuent de fournir des repas aux familles des camps d’agriculteurs, qui augmentent constamment à mesure que les citoyens migrent d’autres régions vers ce camp situé dans une zone assez sûre.


 

Alerte ! Encore un massacre, un de plus dans un camp de Déplacé.e.s d’Al Mawasi. Combien de massacres encore le monde acceptera-t-il sans sourciller ?

L’horreur, bombardement des déplacé.e.s il y a une heure, c’est un message de Marsel :

La zone ciblée par l’occupation à Khan Yunis compte plus de 100 000 personnes déplacées.

Citation des témoins oculaires sur les premiers instants de ce qui s’est passé à Mawasi, à l’ouest de Khan Yunis (pour les déplacé.e.s) : « une série de violents raids “ceinture de feu” d’avions F16 avec des bombes de plus d’une demi-tonne visant un camp de déplacé.e.s à l’ouest de la ville, plus de 9 missiles consécutifs ».

De source israélienne : Les limaces aériennes utilisaient de lourds obus MK84, qui pesaient environ 1 000 kg (1 tonne). Lors de l’opération Steel Swords, les États-Unis ont fourni à Israël 5 000 obus de ce type.

Puis, des essaims de drones Quadcopter ont suivi.
Les ambulances et les équipes de la défense civile attendaient et les Quadcopter ont ouvert le feu sur les voitures à leur arrivée.

La zone où la place entière a été soumise aux frappes ciblées, où il y a plus de 80 000 personnes déplacées (l’événement dans le rond-point Al-Nass, près de la mosquée Al-Iman), à l’ouest de Mowasi Khan Younis, pour les tentes des déplacé.e.s. Jusqu’à présent, le nombre de martyrs augmente, plus de 300 martyrs et blessés, et beaucoup sont encore sous le sable dans les fosses, à cause des énormes bombes.

Urgent, un porte-parole de la défense civile de Gaza : Il y a encore de nombreux corps de martyrs dispersés dans les rues et sous les décombres, et parmi les tentes des déplacés qui sont inaccessibles en raison du bombardement majeur qui a ciblé ces lieux et leurs tentesdans la Mawasi Khan Younis.

Défense civile dans la bande de Gaza :
Un de nos officiers est tombé en martyr et 8 autres ont été blessés lors du bombardement d’un immeuble résidentiel dans le centre de Khan Yunis.

Le colonel Muhammad Osama Hamad, directeur adjoint du département des incendies et des secours de la défense civile, est tombé en martyr et huit autres membres ont été blessés, l’état de trois d’entre eux étant qualifié de grave, alors qu’ils tentaient de secourir les blessés d’un immeuble résidentiel pris pour cible par les avions de guerre israéliens, dans le centre de la ville de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza.

Le directeur général de la défense civile a déclaré, samedi 13 juillet 2024, que les avions de l’occupation israélienne avaient de nouveau pris pour cible ce bâtiment alors que les équipes de la défense civile y travaillaient et tentaient de secourir les blessés et de récupérer les martyrs.

La Direction a confirmé que ce ciblage de ses équipes s’inscrit dans le cadre d’une série de violations israéliennes continues contre ses équipes, qui fournissent des services purement humanitaires et cherchent à sauver des vies, soulignant qu’il s’agit d’une violation flagrante du droit humanitaire international et de toutes les conventions de Genève qui garantissent la liberté de travail pour les prestataires de services humanitaires.

Des dizaines de familles sont portées disparues après que leurs tentes ont été rasées, dorénavent sous terre, lors du massacre d’Al-Mawasi Khan Younis.

Un fonctionnaire de l’hôpital Nasser : Nous allons annoncer que l’hôpital est hors service en raison de notre incapacité à recevoir plus de cas. Du seul hôpital de la région, les gens ont été jetés et personne ne peut s’occuper d’eux. Même les ambulances ont été prises pour cible alors qu’ils allaient récupérer les martyrs et les blessés des équipes de la défense civile qui se déplaçaient pour secourir les déplacé.e.s du massacre d’Al-Mawasi à Khan Yunis.

Si l’occupation n’est pas obligée de cesser, elle continuera et ne s’arrêtera pas tant qu’il ne sera pas certain que le dernier enfant et la dernière femme palestinienne auront été tués, afin de garantir l’extinction du peuple palestinien.

Au moins deux martyrs dans l’attentat à la bombe contre North Beach Park.

Au moins 4 martyrs dans le bombardement d’une petite salle de prière établie à côté de la Mosquée Blanche dans le parc Beach Camp, à l’ouest de la ville de Gaza.

Corps non identifiés d’enfants tués dans le massacre commis par l’armée d’occupation contre les déplacé.e.s dans la région d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Yunis.

Porte-parole de la Défense Civile de Gaza : De nombreux corps de martyrs sont encore dispersés suite aux bombardements israéliens sur les camps de personnes déplacées à Khan Yunis. Environ 20 martyrs suite à la prise pour cible d’une salle de prière à côté de la Mosquée Blanche dans le camp d’Al-Shati.

Santé à Gaza : Le bilan des morts dus à l’agression israélienne s’est élevé à 38 443 et celui des blessés à 88 481 depuis le 7 octobre.

«  Histoires courtes », nous écrit Marsel.

L’un des pères dont les enfants ont été martyrisés : « Je cachais mes enfants des flammes brûlantes du soleil à cause des températures élevées, et quand nous sommes arrivés, les missiles de l’occupation les ont brûlés. »

Une vidéo irregardable assortie de ce texte : « J’aurais aimé que ce soit moi qui soit morte et pas toi. » C’est ce qu’a dit une jeune Palestinienne après que son frère ait été martyrisé dans le massacre d’Al-Mawasi commis par l’occupation. 


 

Le 10 Juillet au soir Abu Amir nous envoie des informations sur la situation catastrophiquement grave dans le nord de la bande de Gaza. Combien de cris d’alarme faudra-t-il dans ce monde complètement sourd ?

Depuis des semaines, l’armée d’occupation intensifie ses attaques contre la bande de Gaza, en particulier contre la ville de Gaza.

Après avoir bombardé les zones orientales de la ville de Gaza et exigé que les habitants se rendent à l’ouest de la ville de Gaza comme zones de sécurité, l’occupation a poursuivi son agression, bombardant et envahissant à nouveau l’ouest de la ville de Gaza et commettant de nombreux massacres.

Les habitants de la ville de Gaza envoient des appels affirmant que les soldats de l’occupation commettent des crimes de guerre, et ses citoyens ainsi que ceux du nord de la bande de Gaza appellent la communauté internationale à leur fournir une protection.

L’occupation a exigé que tous les habitants de la ville de Gaza et du nord de la bande de Gaza se déplacent immédiatement vers le sud de la bande de Gaza, en particulier vers la ville de Deir al-Balah, ce qui constitue une mesure sans précédent. Des milliers de personnes déplacées fuient actuellement la ville de Gaza vers le sud de la bande de Gaza.

L’armée a déclaré qu’elle appelait les Palestiniens à se déplacer vers les zones qu’elle qualifie de sûres, affirmant que « la ville de Gaza restera une zone de combat dangereuse ».

L’aviation israélienne a continué de bombarder diverses zones de la bande de Gaza au 278e jour de la guerre, faisant un grand nombre de martyrs et de blessés.

Les forces d’occupation israéliennes ont commis trois massacres contre des familles palestiniennes, dont 50 martyrs et 130 blessés, portant le bilan de l’agression depuis le 7 octobre à 38 243 martyrs et 88 033 blessés.

Un raid israélien sur la porte de l’école Al Awda, qui abrite des personnes déplacées à l’est de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, a causé la mort de 30 citoyens et blessé environ 55 autres.

Israël poursuit son invasion des quartiers d’Al-Shujaiya et de Tal Al-Hawa, jusqu’à la rue Al-Sinaa. Les citoyens ont appelé la Croix-Rouge et les institutions internationales à intervenir pour extraire les blessés coincés après le bombardement de plusieurs maisons et l’incursion de véhicules d’occupation dans la région de Tal al-Hawa, au sud de la ville de Gaza.

Ce qui se passe dans la bande de Gaza en termes de massacres et de génocide commis par l’occupation israélienne devant le monde est un mépris de toutes les lois et conventions internationales. Nous pouvons également interpréter ce silence comme un feu vert de certains pays à Israël pour poursuivre sa guerre de génocide.

Le monde doit avoir honte de son silence face à ce qui se passe à Gaza. « Il est honteux pour l’humanité de garder le silence face à ces crimes ».


 

À propos des témoignages

Juste avant l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, une mission d’information devait se rendre à Gaza, depuis la France, pour informer de l’action de la société civile gazaouie, sur le terrain. Des relais essentiels en étaient Abu Amir Mutasem Eleïwa. Personnalité indépendante, très respecté dans la bande Gaza, il est l’animateur des Projets paysans. Il est aussi l’interlocuteur privilégié de l’Union Juive Française pour la Paix, qui soutient ce programme.

Ces Projets paysans (château d’eau, coopérative de production, autoproduction de semences, solidarité quotidienne — dont l’ouverture d’une crèche) visent à consolider l’autonomie du territoire et contrecarrer le désir de le fuir. Autre interlocuteur de choix : Marsel Alledawi, responsable du Centre Ibn Sina pour l’enfance, vouée au suivi éducatif et psychologique. C’est l’une des rares structures strictement laïques du territoire.

La mission d’information n’ayant pu pénétrer à Gaza, c’est ensuite par conversations téléphoniques, messageries Messenger et WhatsApp que ces acteurs gazaouis ont entretenu un lien quotidien avec leurs interlocuteurs français. Dont le Marseillais Pierre Stamboul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Sarah Katz (International Solidarity Movement), et Brigitte Challande, militante montpelliéraine de la solidarité avec les Palestiniens.

Ci-dessous, ils rendent publique la matière de ces récits reçus quotidiennement depuis Gaza. Cela dans l’espoir de valoriser les ressources de solidarité, les capacités d’adaptation dans les pires situations, dont est capable de faire montre la société civile gazaouie ; tout ne se résumant pas au seul Hamas.

Pour une meilleure compréhension de ce suivi, il faut savoir qu’Abu Amir Mutasem Eleïwa (coordinateur des Projets paysans) s’était déplacé au Caire, à la rencontre de la mission française. Il s’y est alors trouvé bloqué jusqu’à son retour dans la Bande de Gaza à la faveur de la seule trêve humanitaire survenue à ce jour. Enfin, par souci de fluidité, les deux interlocuteurs gazaouis cités ci-dessous le sont le plus souvent sous leurs seuls prénoms (Abu Amir et Marsel). Le mode de retranscription de leurs récits alterne la reprise in extenso de textes et propos de ces deux personnes (alors entre guillemets et en italique), ou bien des synthèses reformulées en seconde main (par exemple en cas de retranscription après coup du contenu de conversations téléphoniques).


 

Depuis le 20 novembre 2023 altermidi publie les témoignages quasi quotidien du peuple Gazaouis, tels qu’ils nous arrivent directement du terrain.

Partie 1 : du 20 novembre 2023 au 4 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 2 : du 8 au 17 janvier 2024. À lire ICI.

Partie 3 : du 18 au 27 janvier 2024. À lire ICI

Partie 4 : du 28 janvier au 13 février 2024. À lire ICI

Partie 5 : du 13 au 20 février ICI

Partie 6 : du 21 février au 4 mars ICI

Partie 7 : du 5 mars au 14 mars ICI

Partie 8 : du 15 mars au 30 mars ICI

Partie 9 : du 31 mars au 15 avril ICI

Partie 10 : du 16 avril au 6 mai ICI

Partie 11 : du 7 au 27 mai ICI

Partie 12 : du 28 mai au 8 juin ICI

Parti 13 : du 9 au 18 juin ICI

Partie 14 : du 19 au 29 juin ICI

Partie 15 : du 30 juin au 10 juillet ICI

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.