L’insoumis Éric Coquerel partait favori face à son rival RN Jean-Philippe Tanguy et la LR Véronique Louwagie en embuscade : les oppositions se disputaient la stratégique présidence de la Commission des Finances lors d’un vote à bulletins secrets jeudi à l’Assemblée nationale. Le député LFI de Seine-Saint-Denis a été désigné au troisième tour à majorité relative.


 

Les députés ont voté. Après trois tours – dont un dernier à majorité relative -, trois suspensions de séance réclamées, et un retrait du centriste Charles de Courson lors de la dernière ligne droite, les membres de la commission des Finances ont désigné Éric Coquerel pour présider la structure très prisée. Cinq ans après avoir été occupé par le député désormais ex-LR Éric Woerth, ce rôle hautement stratégique bascule donc du côté de La France Insoumise, deuxième groupe d’opposition au Palais Bourbon.

Cette élection intervient au lendemain d’une journée chahutée au Palais Bourbon pour constituer le bureau de l’institution.

À l’Assemblée, les membres des huit commissions permanentes se sont réunis dans la matinée pour choisir leurs présidents et bureaux. Celle des Finances, la seule dont la présidence est réservée à l’opposition depuis 2007, est de loin la plus scrutée. Car elle a un rôle stratégique d’examen des budgets avant leur arrivée dans l’hémicycle, ou de projets de loi comme celui sur le pouvoir d’achat attendu en juillet.

Les tractations allaient bon train depuis dix jours. Elles se sont accélérées mardi avec l’annonce d’un candidat commun de l’alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) : l’insoumis Éric Coquerel, désormais favori. Au RN, qui lorgne le poste, on crie à la « manœuvre » après cet accord entre les quatre groupes de gauche Nupes, soit 151 députés au total. Le candidat du parti d’extrême droite, Jean-Philippe Tanguy, a appelé  à « faire respecter l’esprit du règlement » de l’Assemblée, en confiant la présidence au plus gros groupe d’opposition. Le règlement stipule simplement que le poste doit revenir à un élu d’un groupe d’opposition.

Des élus LREM, LR ou RN ont agité la menace qu’Éric Coquerel se serve notamment de l’accès à des informations couvertes par le secret fiscal.

L’intéressé crie aux « fake news » et assure qu’il ne compte pas « se servir de ça comme d’une arme politique contre des personnalités ». Chez LR, on ne cache pas un certain embarras, certains semblant tentés de soutenir M. Tanguy. Les élus de droite appellent surtout à voter pour leur candidate Véronique Louwagie. Il souhaiterait que la majorité prenne part au scrutin pour éviter LFI et RN. Mais les macronistes avaient assuré qu’ils respecteraient la « tradition » en s’abstenant, afin de laisser les oppositions s’organiser entre elles.

La présidence de la commission des Finances offre l’accès à des informations couvertes par le secret fiscal, sans cependant pouvoir les dévoiler.

La droite n’aura pas succombé aux sirènes de l’extrême droite, pour cette fois, la présidence de la Commission des Finances étant renouvelée chaque année.

Avec AFP

article réactualisé à 12H30