L’initiative salutaire d’un collectif qui en avait marre de voir les mineurs isolés, rejetés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), errer dans les rues de la ville, et au-delà de tous ceux qui ne sont pas pris en compte par les services de l’état et se retrouvent à la rue. Ici, c’est un foyer autogéré, ou des familles, des mineurs isolés peuvent se retrouver au chaud, en communauté.

Un suivi des dossiers de chacun est mis en place, si bien que les services de l’état finissent par se réveiller. Rappelons que côté institutions on reconnait qu’au moins 200 personnes sont à la rue, mais on se félicite de 104 places d’hébergement d’urgence…
Ouvrir un lieu, de 440 m² en plein centre ville, appartenant au diocèse d’Avignon, a donc été un geste salutaire. Dimanche 3 mars, pour la deuxième fois, après midi festive en soutien au collectif, avec théâtre, concerts, braderie, ont vu 150 personnes adhérer à l’association et une récolte d’argent frais pour faire fonctionner le lieu.

C’est un des aspects du collectif. Mais ici, c’est un quotidien qui s’organise. Un quotidien autogéré. Chacun s’inscrit dans un planning pour assurer les tâches de la vie quotidienne, hébergés et bénévoles. Et c’est une communauté qui nait, dans une volonté de bien faire, sans la tutelle des institutions.

Défaillance des institutions

Il n’est pourtant pas question de les laisser de côté, ces institutions. C’est la défaillance de ces dernières en matière de mise à l’abri des personnes fragiles et notamment des mineurs isolés qui a motivé la décision d’ouvrir un lieu. D’abord, pendant des années la bataille, contre les test osseux, requis par le département pour démontrer dans la plupart des cas qu’un jeune serait majeur… même les papiers officiels des jeunes ne permettaient pas de trancher. Les mineurs, refusés par l’aide sociale à l’enfance, parce que décrétés majeurs se retrouvaient ainsi à la rue. Dans le collectif RESF Vaucluse, des familles ont pris le relais de l’État, permettant parfois scolarisation et projets d’avenir en plus de la mise à l’abri.

Mais la volonté de quelques familles aurait elle pu suffire? L’idée d’un centre social autogéré nait très tôt dans l’idée de militants, fin 2017. Avec comme premier objectif de trouver un lieu abandonné et pas trop abimé pour lancer l’initiative. Le 21 décembre 2018, l’ancien local de l’UDAF Vaucluse, qui est aussi un lieu du festival off (la cour du Barouf) est investi. Ce dernier appartenant au diocèse, l’archevêque portera plainte dès l’annonce médiatisée de l’ouverture.

Vers la normale

Depuis, les relations sont en cours de normalisation. Si l’archevêque a admis la possibilité de passer une convention jusqu’à la vente de l’immeuble (pour un million d’euros), le préfet, tout en reconnaissant que le collectif soulève les problèmes, renvoie toujours au dispositif mis en place par ses services… Mais paradoxalement, avec la stabilisation des personnes qui s’arrêtent chez Rosmerta, l’examen des situations de chacun, le soutien dans des démarches qui demandent des déplacements jusqu’à Marseille, ont permis que les services de l’État prennent enfin le relais pour des situations relevant notamment de l’asile.
Soutenu par le collectif réfugié84, composé d’organisations politiques de gauche, de syndicats et d’associations comme le MRAP ou Resf, Rosmerta et son foyer autogéré participaient le 16 mars à la marche des solidarités, et invitent le 21 mars à 18h30 à une manif « on relève la tête et on reprend des couleurs » du cours Jean Jaurès à la place du Palais, à l’occasion de la journée de mobilisation contre le racisme.

Christophe Coffinier

*Le choix du nom est plein d’ironie, en effet, Rosmerta est la déesse de l’hospitalité chez les gaulois

Photo. Une après midi conviviale est organisée tous les mois, pour recueillir des fonds et de la solidarité

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.