« La France est dans une maltraitance d’État » envers les migrants sur son sol, a fustigé dans un entretien avec l’AFP le député Sébastien Nadot, président de la commission d’enquête parlementaire (CEP) sur les migrations dont le rapport a été présenté le 17 novembre à l’Assemblée nationale.


 

Pendant six mois, le député Libertés et Territoires (LT), dont le groupe est à l’initiative de cette commission, a auditionné avec la rapporteuse Sonia Krimi des dizaines de membres de l’administration, responsables associatifs, immigrés et autres chercheurs, et s’est rendu sur le terrain, en France et à l’étranger, pour baliser très largement les enjeux des conditions de vie et de l’accès aux droits des exilés.

De la Méditerranée à la Manche, en passant par la frontière franco-italienne et les campements en périphérie de Paris, les droits de ces personnes sont sciemment bafoués par les autorités, estime le député de la Haute-Garonne, Sébastien Nadot.

« C’est aux frontières que les dysfonctionnements sont les plus visibles, les plus exacerbés. À Calais, on a l’impression que c’est une battue de sangliers, quand on va évacuer les campements », déplore-t-il, en pleine grève de la faim de militants associatifs dans la ville-frontière avec le Royaume-Uni pour dénoncer la subsistance « inhumaine » des migrants.

Restriction de l’octroi des visas, gestion “policière” de l’immigration, durcissement de l’accès des étrangers aux soins… La commission d’enquête parlementaire (CEP) sur les migrations n’épargne pas la politique du gouvernement.

« Je ne peux pas demander au ministère de l’Intérieur de faire ce qu’il ne sait pas faire, c’est-à-dire du logement, de l’intégration, du travail… Il faut revenir à une vision beaucoup plus apaisée », a appelé de ses vœux la député LREM et rapporteure Sonia Krimi, en conférence de presse.

 

En finir avec le règlement Dublin

 

La commission d’enquête parlementaire formule trente recommandations pour « trouver des solutions pragmatiques et humaines » à l’immigration.

Les auteurs prônent notamment la mise en place d’un « véritable asile européen », avec la création d’une agence à l’échelle continentale qui permettra « une meilleure reconnaissance des décisions et une harmonisation des critères ». Elle estime que « la présidence française de l’Union européenne à compter du 1er janvier 2022 devrait permettre de porter cette proposition avec force ».

Ce document, qui a peu de chances d’être repris par l’exécutif à cinq mois de la présidentielle, propose une réforme du pilotage de la question migratoire qui doit, selon la commission, sortir du giron du ministère de l’Intérieur pour « dépasser la seule gestion policière de l’immigration ». Elle propose ainsi la création d’un Haut-Commissariat à l’immigration auprès du Premier ministre, qui aurait une portée interministérielle.

Avec AFP

 

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