UNE MISSION POUR GAZA


Le 30 Septembre 2023 quatre personnes ont pris l’avion à Marignane pour Le Caire, le 1er Octobre 2023 trois personnes l’ont pris à Paris pour la même destination. Ces 7 personnes, des solidaires, un député La France Insoumise et son assistante parlementaire, vont ouvrir une fenêtre sur Gaza, permettant d’en débattre au Parlement et de témoigner une solidarité active auprès des Gazaoui·e·s.

Nous vous invitons à suivre ce périple avec Brigitte Challande, membre de cette mission et de notre équipe, qui nous fait parvenir son carnet de route à retrouver quotidiennement dans nos colonnes.


 

03 Octobre 2023

 

Ce matin nous avons attendu toute la matinée dans ce que l’on pourrait considérer comme l’antichambre de l’hôtel pour garder une bonne connexion, suspendu·e·s à nos téléphones. L’ambassadrice de Palestine en France assurait au député qu’elle avait contacté directement l’ambassadeur d’Égypte en France pour que nous ayons une réponse dans la journée — nous avons repris espoir.

 

Photo brigitte Clallande

 

Branché·e·s sur nos téléphones peut-être plus que de coutume pour certain·e·s, nous avons appris qu’effectivement hier soir nous nous étions retrouvés dans l’événement qui a permis au maréchal dictateur Al Sissi d’officialiser le renouvellement de sa candidature pour un troisième mandat aux présidentielles de décembre 2023. Celle-ci a provoqué un certain nombre de manifestations anti-régime au Caire et dans le pays, tant la situation économique est difficile pour la population égyptienne dont le niveau de pauvreté a augmenté depuis quelques années, notamment depuis la Covid, sans parler de la situation répressive et sécuritaire. Un tiers de la population est sous le seuil de pauvreté et un tiers au seuil de pauvreté, nous expliquait hier le secrétaire de l’ambassade.

 

Photo brigitte Clallande

Sans nouvelles, dans l’après midi nous avons pris le métro qui ressemble à tous les métros du monde, pour aller manger dans un restaurant yéménite très accueillant et très bon. Sur le chemin de retour, un arrêt pour acheter des fruits et voir le visage d’Al Sissi affiché dans tous les magasins, ainsi qu’à côté du prix sur les étiquettes de chaque cagette de fruits pour signifier sans doute que c’est grâce à lui que les prix augmentent ! De nouveau l’attente se fait lourde, le seul espoir ce soir ce sont deux messages : un de la sous-direction Égypte-Levant de la direction Afrique du nord et Moyen-Orient du ministère de L’Europe et des Affaires étrangères français qui nous assure tout faire auprès des autorités égyptiennes pour que nous ayons une réponse dans les temps impartis à notre mission, une autre de l’ambassadrice de Palestine en France nous assurant qu’elle avait appelé plusieurs fois et qu’elle suivait notre dossier de près.

Photo brigitte Clallande

Tard ce soir nous en apprenons encore un peu plus sur l’humiliation faite aux palestinien·ne·s pour rentrer ou sortir de Gaza quand ils ont le visa et l’autorisation. Entre Le Caire et Gaza, au bout d’une heure et demie de voyage, il y a le canal de Suez avec « une pré-frontière », une zone militaire, c’est-à-dire que l’on ne peut pas passer si la frontière de Raffah, quelques centaines de kilomètres plus loin, n’est pas ouverte. Et elle n’ouvre que de 8h à 17h et pas les jours fériés. Cela veut dire que  bien avant, dans une queue interminable, ils sont parqués en attente, parfois toute la nuit, dans un endroit où il n’y a rien ni pour manger ni pour aller aux toilettes ; dès qu’on passe le canal de Suez, c’est un autre monde, un no man’s land : le désert du Sinaï. Ce qui signifie aussi que cela change tout pour nous ; nous ne pouvons pas attendre au pied de la frontière et non plus passer le plus vite possible, Gaza est vraiment sous un blocus inhumain et redoutable !

 

Brigitte Challande


 

Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.