UNE MISSION POUR GAZA


Le 30 Septembre 2023 quatre personnes ont pris l’avion à Marignane pour Le Caire, le 1er Octobre 2023 trois personnes l’ont pris à Paris pour la même destination. Ces 7 personnes, des solidaires, un député La France Insoumise et son assistante parlementaire, vont ouvrir une fenêtre sur Gaza, permettant d’en débattre au Parlement et de témoigner une solidarité active auprès des Gazaoui·e·s. Le 2 Octobre la mission se trouve bloquée au Caire, le 7 Octobre les troupes du Hamas franchissent la frontière israélienne …


08 Octobre 2023

 

Notre réveil a été difficile, avec de nombreuses informations terrifiantes en provenance de Gaza, les réactions françaises et internationales renvoyant dos à dos les belligérants de concert avec les informations qui font l’impasse sur les racines politiques et historiques de cette unième agression. Tout cela nous a glacé. Comment trouver un chemin de sortie qui permette d’une part une solidarité effective et concrète avec la société civile gazaouie et palestinienne, et d’autre part de déjouer une guerre des mots brouillée qui s’énoncent à la fois aberrants, absurdes et inexactes et dans laquelle la cacophonie des opinions patauge.

Toute la journée nous avons été en lien, heure par heure, avec le correspondant gazaoui de Sarah Katz ; Marsel est le directeur du centre d’enfants et d’adolescents « Ibn Sina » (« Avicenne »)1 dans le camp de réfugiés de Jabalia au nord de la bande de Gaza. Le choix du nom de ce centre illustre sa volonté de relier les enfants nés et grandissant sous blocus avec la fierté de la longue histoire.

Ces informations sont donc celles d’une personne qui les vit en direct, mais reliée au monde, tout en protégeant sa famille, car il s’agit bien pour cette première journée, de terribles représailles qui sont annoncées comme longue par l’armée d’occupation israélienne. Dès le matin, les habitants de Beit Hanoun et Jabalia, villes au nord de la bande de Gaza, ont été sommés de quitter leurs habitations avant bombardement, ce qui pour eux signifie soit d’avoir de la famille ailleurs, soit de rejoindre les écoles de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient). Très vite la ville est devenue fantôme car les drones tueurs attaquaient tout ce qui bougeait dans les rues, devenues désertes.

Cette situation s’est propagée au cours de la journée à toute la bande de Gaza. La population s’est retrouvée enfermée, sans eau ni électricité Israël ayant coupé tous les approvisionnements. Les bombardements étaient ciblés, maison après maison, avec le même argument systématique : il y a toujours un bout de Hamas quelque part. À 15h20 exactement il y avait plus de 500 maisons détruites, écrasées une à une, 413 morts et 2 300 blessés. Le même argument a justifié le bombardement des quatre tours de plus de dix étages de Gaza dont celle de l’information, le ciblage également des ambulances arrivant à l’hôpital et la destruction d’une mosquée. Les forces israéliennes ont aussi bombardé ce qu’ils avaient laissé exister du port de Gaza dont le blocus maritime était une torture depuis 16 ans.

Il y a eu de nombreux morts israéliens dont des jeunes et des prisonnier.ière.s. C’est terrible et il faut comprendre les racines de cette horreur : le Hamas a été à l’initiative d’une vaste opération contre le blocus de Gaza qui dure depuis 2007. Le peuple palestinien résiste pour vivre libres et dignes.

Pour nous cela renforce la nécessité d’ouvrir la porte de Gaza, de soutenir la société civile en œuvrant pour les objectifs que nous nous sommes fixé.e.s dans cette mission. Nous reprenons l’avion pour la France demain en gardant à l’esprit la décision de revenir dès que possible.

Brigitte Challande


Notes:

  1. Philosophe et médecin persan, né le 7 août 980 près de Boukhara, dans l’actuel Ouzbékistan et mort en juin 1037 à Hamadan (Iran). Il est l’auteur d’ouvrages de référence en médecine et en philosophie, ainsi que de sciences voisines, comme l’astronomie, l’alchimie, et la psychologie rédigés principalement en arabe classique. Ses disciples l’appelaient cheikh el-raïs, c’est-à-dire « prince des savants », Maître par excellence, ou encore le troisième maître (après Aristote et Al-Fārābī). Ses œuvres principales sont l’encyclopédie médicale Qanûn (« Canon de la médecine ») et ses deux encyclopédies scientifiques le Livre de la guérison (de l’âme) et Danesh-e Nâma (« Livre de science »).
Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.