Le projet de loi de finances pour 2023, adopté par la procédure du 49.3 en première lecture, ajoute la fermeture de 7 000 places d’hébergement d’urgence aux 7 000 autres déjà supprimées en cours d’année.


 

Squats, bidonvilles, halls d’immeuble, tentes sur les trottoirs ; on constate tristement, de jours en jours, un nombre croissant  de personnes et d’enfants sans hébergement qui tentent de survivre, dormant au milieu des rats.

On croise parfois quelques fleurs déposées contre un mur en hommage aux morts de la rue, dans l’indifférence.

Le 115 est débordé et ne peut clairement plus répondre à la demande. La prise en charge partielle ou l’aide à la survie est assumée en grande majorité par les associations, ou vient ponctuellement d’habitants des quartiers touchés par cet état de fait insupportable et honteux.

Les 14 000 places d’hébergement supprimées, créées lors de la crise du Covid et maintenues durant la trêve hivernale, n’avaient pas pour vocation de s’inscrire dans la durée, explique le gouvernement, la préférence allant aux solutions de logement durable.

Une décision surprenante et incompréhensible qui intervient dans un contexte d’inflation galopante et de hausse de la pauvreté qui entraîne une aggravation de la situation sur tout le territoire, notamment dans les villes. Qui plus est, les hôtels sont nombreux à fermer pour travaux dans la perspective de la Coupe du monde de rugby 2023 et des Jeux Olympiques 2024, expliquent les associations.

Le nombre de personnes privées d’un domicile digne dépasse les 300 000, parmi 4,1 millions de Français.e.s mal logé.e.s, avait annoncé la Fondation Abbé Pierre en 2021. Et selon l’INSEE, près de 117 000 logements sont inoccupés à Paris et 400 000 en Île-de-France, dont des immeubles vides depuis des années.

L’État ne pourrait-il pas appliquer une politique structurellement viable et efficace de réquisition ? Mais  pour l’exécutif, l’idée de toucher à la propriété privée n’est pas envisageable.

Dans une tribune du 27 octobre 2022, les associations alertent : plus de 2 000 enfants dorment dehors chaque soir : « Ces enfants vivent et grandissent dans des environnements non propices à leur développement et à leur bien-être, et rencontrent de nombreuses difficultés à voir leurs droits fondamentaux respectés, en particulier le droit à l’éducation ou à la santé. […] La baisse annoncée de 14 000 places d’hébergement dans le budget 2023 de l’État est profondément inquiétante et risque d’aggraver encore la crise que nous traversons. »

Elles rappellent  également  aux décideurs  : « Le droit au logement est un objectif à valeur constitutionnelle et un droit consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant. L’accueil inconditionnel en hébergement est reconnu dans la loi depuis des années, quelle que soit la situation des personnes en détresse. »