L’Espagne est après le Cambodge le pays qui a le plus de fosses communes : 2 457 et 114 226 disparu.e.s. Et l’Andalousie, la région où on cherche le plus de fosses du franquisme : 708 avec 45 566 disparitions forcées. La répression a été  particulièrement féroce à Granada, avec plus de 10 000 personnes assassinées. Rencontre in situ avec Francisco Carrion Mendez, professeur de préhistoire et d’archéologie à l’université de Granada, chercheur à l’Institut universitaire andalou de géophysique. Il coordonne les chantiers d’excavation et d’exhumation dans le ravin de Viznar, à quelques kilomètres de la capitale régionale, où des centaines de Républicain.e.s furent assassiné.e.s.


 

Article Piedad Fosses ouvertes
Francisco Carrion Mendez, professeur de préhistoire et d’archéologie à l’université de Granada. Photo Frédéric Schmalzbauer

 

L’État, à travers le ministère de la Présidence, des Relations avec les Assemblées et de la Mémoire démocratique, a octroyé 150 000 euros pour intervenir dans plus de 20 fosses. Au printemps 2022 auront lieu les prochaines excavations sur une période de sept mois. Le grand-père paternel de l’universitaire a été tué alors qu’il combattait dans l’armée populaire de la République d’Espagne sur le front de Teruel (Aragon), début mars 1938. Son oncle s’est ensuite exilé au Brésil.

 

Quel est le sens de votre implication dans ce projet ?

J’ai compris comme militant d’Izquierda Unida (la Gauche Unie) qu’il y avait une dette dans ce pays récemment démocratique avec toutes les victimes causées par le coup d’État militaire contre la Seconde République, la dictature franquiste, la lutte antifranquiste du maquis et les combattants pour la liberté qui sont tombés durant les quarante années de dictature. Parmi elles, des hommes et des femmes, des travailleurs, des étudiants. À un moment de ma vie personnelle et professionnelle, il y a quatorze ans, j’ai réalisé que je devais apporter mes connaissances scientifiques pour localiser de nombreuses fosses où des milliers de personnes assassinées dans l’anonymat méritaient une juste réparation. Il fallait donc commencer à localiser ces fosses afin d’excaver et d’exhumer ces personnes qui ont perdu leur vie pour avoir défendu un gouvernement démocratique.

 

Expliquez-nous le processus, les démarches et actions pour arriver à ces excavations.

Les spécialistes en Histoire contemporaine ont créé une carte de fosses à partir de documents consultés dans les archives de la région de Granada. Et depuis sa création, nous avons mis en place une équipe interdisciplinaire constituée par des historiens, des archéologues, des anthropologues, des criminologues. Et nous avons débuté la recherche des fosses et les processus d’excavations et d’exhumations.

 

Quel a été le rôle des familles ?

Depuis toujours, les familles des victimes ont recherché leurs proches disparus. Elles ont crée leurs associations mémorielles et ont réclamé à l’État espagnol son implication dans la recherche de leurs êtres chers. Généralement l’État ne s’est pas impliqué, surtout sous les gouvernements de droite du PP (Parti Populaire) et comme Mariano Rajoy1 l’a dit : « Rien de rien pour le budget de la Mémoire Historique ». Malgré cela, grâce à leurs propres fonds et au soutien de certaines mairies, les associations ont coopéré dans des processus d’excavations et d’exhumations comme, par exemple, à Melegis dans la vallée de Lecrin (Granada). Là, dix-huit militaires, appartenant au corps des carabiniers républicains, furent arrêtés, fusillés et enterrés dans un fossé alors qu’ils fuyaient sur la route de Malaga-Almeria. J’ai participé à ma première excavation en 2008. Les gouvernements de gauche de la Communauté Autonome d’Andalousie ont créé une direction générale de la Mémoire Historique. Il y a toujours eu une majorité qu’elle soit du Parti Socialiste (PSOE) ou en coalition avec la Gauche Unie (Izquierda Unida). Des fonds européens ont permis de mener des fouilles dans le territoire andalou. Il y a eu beaucoup d’interventions avec peu d’argent dans pratiquement toute l’Andalousie : Granada, Malaga, Cadiz, Sevilla, Cordoba, etc.

 

Pourquoi ça ne s’est pas fait avant ?

Durant la dictature franquiste c’était impossible, les familles étaient marquées et ne pouvaient ni bouger ni réclamer. Jusqu’à ce dernier gouvernement de Pedro Sanchez de coalition PSOE-Unidas Podemos qui s’est directement impliqué avec un budget pour qu’on continue de chercher et de localiser les fosses. Et surtout nous avons un nouveau projet de loi de Mémoire Historique approuvé par le conseil des ministres qui passera bientôt devant le parlement puis le sénat. Cette nouvelle loi nous permettra la poursuite du travail avec les familles, les associations mémorielles, les centres universitaires et d’investigation pour continuer à récupérer les personnes qui furent l’objet de crimes contre l’humanité. Cette loi intègre de nouvelles avancées ; même s’il est vrai que toutes les lois ne sont pas parfaites, celle-ci est la meilleure que nous ayons actuellement. Toutes les institutions vont définitivement collaborer.

 

Comment sait-on que c’est à cet endroit que furent assassinées et enterrées les Républicain.es ?

D’un côté, nous avons des sources écrites dans les archives nationales qui signalent, dans certains cas, où ces personnes ont pu être enterrées. Elles sont « apparues mortes » au bord des routes ou dans des sites naturels mais ces personnes sont restées sans nom. D’autre part, les associations de familles, victimes de disparitions forcées, ont une mémoire de leurs disparu.es et approximativement l’endroit où elles ont pu être enterrées. À la tête des troupes franquistes, Queipo de Llano2 entrait dans les villages et détenaient les personnes parce qu’elles avaient été des militantes ou avaient eu des responsabilités politiques dans les mairies. On les transférait dans des lieux éloignés de leur domicile près d’autres villages où elles étaient assassinées pour ne pas entraîner de lien direct entre les familles et les zones d’enterrement.

Fernando Martinez, secrétaire d’État pour la Mémoire Historique et Rafael Gil Bracero3, Président de l’association de Mémoire Historique de Granada ont été à l’origine de la création de la carte des fosses communes pour l’Andalousie.

 

Que se passait-il dans la Colonia ? Quel était ce lieu ?

C’était un bâtiment qui sous la République accueillait les enfants pendant les vacances. Aujourd’hui, il n’existe plus. Le coup d’État militaire à Granada fut très rapide. Dès le 18 juillet 1936, commencèrent les arrestations massives. Les personnes étaient d’abord enfermées dans la prison de Granada et transférées sans défense ni jugement au cimetière où on les fusillait contre le mur. D’autres étaient conduites à la Colonia, l’antichambre de la mort. Dans cette geôle, des prisonniers appartenant à la loge maçonique étaient chargés d’enterrer les corps de celles et ceux qui avaient été exécuté.es, la veille, dans le ravin de Viznar. Des camions ou voitures4 les transportaient depuis la Colonia jusqu’au lieu de l’exécution.

 

Qui étaient les bourreaux ? Et les victimes ?

Des escadrons composés de phalangistes, de gens de la CEDA5, des volontaires locaux et des militaires participaient aux exécutions. Les victimes étaient des travailleurs comme ceux de l’usine de poudre d’El Fargue, des habitant.es du quartier de l’Albaicin de Granada et d’autres quartiers de cette capitale, des villageois.es, le recteur de l’université de Granada, Salvador Vila6.

 

En quoi consiste votre travail collectif depuis la localisation des fosses jusqu’aux exhumations et identifications ?

Nous agissons de la même façon que s’il s’agissait de fouilles archéologiques. Nous localisons les fosses à travers une prospection géophysique à l’aide de radars, de tomographie électrique ou encore de prospection magnétique. Mais basiquement c’est l’excavation archéologique qui nous permet de déterminer avec précision où se trouve une fosse ou pas. Une fois localisée, on passe à une pratique archéo-légiste nous permettant de déterminer la présence d’ossements humains généralement articulés et qui ont une disposition particulière. Ce qui signifie que ce ne sont pas des enterrements ritualisés, mais qu’ils ont été déposés aléatoirement les uns sur les autres, on constate-là les premiers signes de violence. L’excavation archéo-légiste utilise une méthodologie propre pour individualiser chaque ossement humain. Dans le cas du ravin de Viznar, on a trouvé dans une fosse six corps7. On établit l’âge, le sexe, les pathologies et les causes de la mort. De nombreuses fois, les crânes sont perforés par des tirs réalisés par des pistolets ou des fusils.

Cette étape terminée, c’est au tour des anthropologues légistes de réaliser l’exhumation. De façon systématique, ils retirent dans l’ordre chacun des ossements humains articulés de manière à ne pas les mélanger. Ils seront ensuite emportés dans un laboratoire pour y être nettoyés et déposés sur une table pour une étude anthropologique plus complète. On retrouve à côté des restes humains des objets personnels comme des semelles, des pièces métalliques de bretelles ou encore une ceinture de hernie inguinale. On a également retrouvé des munitions, des projectiles et des étuis de cartouches. L’étape suivante concerne l’identification génétique au moyen de l’ADN.

 

Entretien sur le lieu des fouilles en Andalousie

 

L’université de Granada possède un laboratoire dirigée par le docteur Lorente qui a une base de données. Les prélèvements sont comparés à l’ADN des membres vivants de la famille. D’autres méthodes d’identification existent comme la reconnaissance faciale par la reconstruction des crânes quand on a des photos par un scanner en 3D. Cette méthode peut donner plus de résultats que l’ADN parce qu’il reste très peu de familiers de la première génération et plus les générations sont éloignées moins les techniques d’identification génétique sont précises. Notre travail consiste à reconstruire la scène ou une partie de la scène d’un crime.

Ces personnes ont été préalablement torturées avant d’être assassinées contre ce mur [il pointe son bras derrière la position où nous sommes assis, Ndlr], d’où l’importance de la présence de criminologues parmi nous qui sont aussi généralement des anthropologues légistes. Le processus d’excavation et d’exhumation est très lent. On utilise de petites spatules et pinceaux pour travailler minutieusement avec beaucoup de précaution, des pelles pour recueillir le surplus de sédiment. On met sept ou dix jours pour une excavation parce qu’il faut y aller tout doucement. On a mis un mois et demi pour les six corps, et deux autres corps nous ont demandé 2 semaines de plus. On a commencé après la Semaine Sainte, fin avril jusqu’en juin 2021.

On a aussi débuté l’étude archéologique légiste de trois corps complets et nous allons bientôt étudier les cinq qui nous restent.

 

Les familles peuvent-elles assister aux travaux ?

On a plusieurs jours de portes ouvertes où les familles peuvent voir le processus d’excavation et d’exhumation des ossements. Beaucoup s’émeuvent et même s’il ne s’agit pas de leurs êtres chers, ils ressentent la même émotion que si c’étaient leurs proches. C’est comme un processus de libération personnelle de voir que ces personnes sortent d’une fosse pour aller dans un lieu de réparation où elles seront reconnues comme les victimes de crimes contre l’humanité commis durant le coup d’État militaire de 1936, la post guerre et la dictature. On remettra aux familles ceux et celles qui auront été identifié.es, les autres, qui ne l’auront pas été, reposeront en paix dans un mémorial érigé dans les cimetières municipaux.

 

Est-ce que les habitant.es de Viznar et des environs connaissent ce qu’il s’est passé ?

Oui, tous le savent, mais il est vrai que ce sont des villages stigmatisés et il y a une espèce d’autodéfense des villageois.es qui ne sont coupables de rien. J’ai eu beaucoup de mal à rentrer en contact avec les gens jusqu’au jour où petit à petit ils se sont ouverts et ont raconté leurs expériences. Les informations recueillies par les historiens locaux nous ont été très utiles.

 

Quand l’Espagne sera t-elle prête à affronter son passé, juger ses criminels et, s’ils sont décédés, juger les crimes du fascisme qui sont imprescriptibles ? Tant qu’il y a la monarchie, cela vous paraît-il possible ?

Ça va être très difficile. La nouvelle loi ne l’envisage pas8. Le franquisme n’est pas mort. Il a toujours ses représentants politiques9 à travers notamment la Communauté Autonome de Madrid et celle de l’Andalousie. Je ne vois pas d’avenir tant que le système judiciaire espagnol ne reconnaît pas qu’il y a eu des crimes contre l’humanité durant la période franquiste. Le juge Baltasar Garzon vient d’être réhabilité par les Nations Unies qui considèrent que les procès à son encontre furent arbitraires et impartiaux10. C’est ici que réside le problème : la plupart des juges qui siègent dans les tribunaux espagnols sont de droite.

 

Où se trouve la fosse de Federico Garcia Lorca avec ses trois autres camarades ?

Lorca n’est pas dans ce ravin. Il a été assassiné dans la nuit du 19 août 193611 et on l’a enterré dans une fosse dont on ne connaît pas la localisation. De septembre à novembre 1936 sont enterrées les personnes assassinées ici dans le ravin de Viznar. Plusieurs hypothèses sont possibles. Agustin Penon12 est venu des États-Unis avec des dollars enquêter sur l’assassinat du poète. Il a rencontré Manuel Castillas, au sobriquet de « Manolillo le Communiste », qui l’a conduit où Garcia Lorca aurait apparemment été fusillé et enterré, près d’un olivier à Alfacar. Il a fait de même avec Ian Gibson13. À l’époque de la dictature, personne n’osait venir à Viznar et à Alfacar par peur des représailles de la garde civile. Le ravin était entouré de fils barbelés et surveillé par des gardes civils. En 2009, nous avons commencé une excavation dans le lieu indiqué par ce témoignage dans l’actuel parc Federico Garcia Lorca près de l’olivier mais nous n’avons rien trouvé, ni fosse ni ossements ni munitions. Dans son livre Les derniers jours de Garcia Lorca, Eduardo Molina Fajardo14, ex-phalangiste et journaliste, affirme que la Phalange n’a rien à voir avec l’assassinat du poète. Celui-ci avait trouvé protection chez les Rosales, une famille phalangiste de Granada, dont il était l’ami de l’un des fils, Luis. La mort de Garcia Lorca était fixée par Queipo de Llano avec sa formule « Dadle café », « Donnez-lui du café », ce qui voulait dire « Fusillez-le ». C’est la CEDA et le gouverneur de Granada qui ont décidé que Lorca devait mourir. On enterre Lorca dans un puits d’eau dans la ferme de Las Pepinas près d’Alfacar. Parce que phalangiste et directeur du journal Patria, cet auteur a eu accès très tôt à des archives interdites aux autres historiens.

La famille de Lorca15 en sait plus que quiconque. Elle n’a jamais voulu qu’on recherche son corps.

 

Propos recueillis par Piedad Belmonte


 

 

Lire aussi : En Espagne, le Ravin de Víznar, près de Granada : « Un territoire enfin libéré de l’horreur et de la terreur fasciste »,

Notes:

  1. Mariano Rajoy : ancien chef de file du Parti Populaire (PP) et du gouvernement de 2011 à 2018.
  2. Gonzalo Queipo de Llano, ex-général était à la tête des troupes franquistes en Andalousie lors du coup d’État du 18 juillet 1936 qui débuta à Melilla le 17 du même mois. Il fut surnommé le « boucher de l’Andalousie » responsable de milliers d’assassinats de femmes et d’hommes qui défendaient la République. Locuteur de la Radio de Séville qu’il occupa dès le soulèvement fasciste, il incitait à « tuer les Rouges comme des chiens » utilisant ce moyen de communication comme une arme de propagande et de guerre. Ce fut un criminel de guerre.
  3. Fernando Martinez Lopez et Rafael Gil Bracero sont aussi historiens et universitaires.
  4. Il y avait même des autobus selon le nombre de prisonniers.
  5. La Confédération espagnole des droites autonomes a rassemblé plusieurs petits partis de la droite conservatrice jusqu’aux fascistes.
  6. Salvador Vila a été fusillé par les franquistes le 22 octobre 1936 dans le ravin de Viznar.
  7. Cinq hommes et une femme.
  8. La loi de Mémoire Démocratique ne revient pas sur la loi d’amnistie votée en 1977, qui tout en permettant la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés, protégeait par la même occasion les cadres de l’État franquiste de poursuites judiciaires. Les crimes du franquisme restent impunis alors qu’il s’agit de crimes contre l’humanité donc imprescriptibles : disparitions forcées, tortures, vols de bébés, détentions arbitraires.
  9. Sans oublier le parti politique Vox avec son dirigeant Santiago Abascal, mais on retrouve aussi des héritiers du franquisme au Parti Populaire (PP) et à Ciudadanos.
  10. C’est le Comité onusien des droits de l’Homme qui a rendu cette décision le 26 août dernier. Un syndicat d’extrême droite, Manos Limpias  (Mains Propres), se trouve à  l’origine du procès devant la Cour suprême contre Garzon, dans la volonté de ce dernier de juger les disparitions forcées de plus de 100 000 personnes constituant des crimes contre l’humanité du franquisme pendant la guerre et la dictature.
  11. Lorca a été enterré aux côtés de Dioscoro Galindo, instituteur et des toreros banderilleros Joaquin Argollas et Francisco Galadi, militants anarchistes de la Confédération nationale du travail (CNT). Dans son livre, Los ultimos dias de Garcia Lorca, Eduardo Molina Fajardo évoque à travers un témoignage direct la date du 17 août. On perd définitivement la trace du poète le 16 août 1936.
  12. Agustin Penon est le fils d’un exilé, partisan du camp franquiste, aux États-Unis puis au Costa-Rica. Amoureux de l’œuvre de Lorca, il est retourné en Espagne en 1955 enquêter sur son assassinat. Après avoir rencontré toutes les personnes qui ont connu le poète, il n’a jamais publié ses entretiens. C’est l’écrivaine Marta Osorio qui le fera, en 2009, dans Miedo, Olvido y Fantasia (Peur, Oubli et Fantaisie).
  13. Ian Gibson, l’écrivain irlandais et hispaniste qui vit à Madrid, est le grand spécialiste de Federico Garcia Lorca. Sa première enquête sur son assassinat fut interdite de publication dans l’Espagne franquiste, en 1971.
  14. Eduardo Molina Fajardo a publié Los ultimos dias de Garcia Lorca, Éditions Almuzara, 583 p. 25 euros. Il n’a pas été traduit en français.
  15. la famille du poète ne s’est jamais rapprochée des associations mémorielles ni auprès de Nieves Garcia, petite fille de l’instituteur, enterré avec Federico Garcia Lorca, qui elle recherche son grand-père.
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Passée par L'Huma, et à la Marseillaise, j'ai appris le métier de journaliste dans la pratique du terrain, au contact des gens et des “anciens” journalistes. Issue d'une famille immigrée et ouvrière, habitante d'un quartier populaire de Toulouse, j'ai su dès 18 ans que je voulais donner la parole aux sans, écrire sur la réalité de nos vies, sur la réalité du monde, les injustices et les solidarités. Le Parler juste, le Dire honnête sont mon chemin