Près de trois semaines après le début du « Ségur de la santé », les représentants des personnels soignants se disent déçus par les discussions actuelles avec l’exécutif. La grande concertation ne produit pas d’avancée. Les personnels de la santé et du social appellent la population à les soutenir dans la rue mardi 16 juin. Retrouvez les points de rendez-vous en région.


 

Le Ségur de la santé, censé remanier en profondeur le système de santé français, ne convainc pas pour le moment une partie des acteurs présents aux réunions depuis plus de deux semaines. « Ce sont des réunions de discussions avec des ordres du jour qui ne correspondent pas à ce qu’on pourrait appeler des négociations », explique Christophe Prudhomme, médecin hospitalier et syndicaliste à la CGT, contacté par France 24. « Pour l’instant, le gouvernement ne met rien en face de nos revendications ».

 

Ségur de la santé Photo DR

Le syndicat Sud Santé Sociaux ne dit pas autre chose, au point d’avoir « claqué la porte » du Ségur de la santé une semaine après son démarrage. « On était dans un cadre complètement différent de celui des négociations et qui ne servait en fait qu’à une opération de communication du gouvernement », estime Christophe Geffré, membre de la commission exécutive fédérale du syndicat. Sous le slogan Le 16 juin : déconfinons nos colères ! Masqué.e.s mais pas muselé.e.s ! Sud Santé Sociaux appelle le personnel de la Santé et du social à descendre dans la rue pour demander des comptes et la population à venir les soutenir !

Le 9 juin, le Collectif inter-hôpitaux (CIH) — qui centralise depuis plusieurs mois les revendications des personnels hospitaliers — s’est aussi interrogé sur l’objectif poursuivi par le Ségur de la santé. Le CIH « s’inquiète » notamment, dans un communiqué, « de l’absence de transparence dans la conduite des travaux et de l’absence d’annonces chiffrées ».

 

À l’écoute des professionnels ?

Lancée le 25 mai dernier par le Premier ministre, Édouard Philippe, et le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, cette grande concertation a pour « ambition » de « bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires ».

« Les discussions avancent, et elles avancent à marche forcée puisqu’on s’est fixé moins d’un mois et demi de discussions [les conclusions du Ségur étant attendues pour la mi-juillet, NDLR] », précise-t-on au cabinet du ministère des Solidarités et de la Santé, contacté par France 24. « Aujourd’hui, on en est à un stade où on a recueilli le plus grand nombre de témoignages et de contributions possibles1. On avance étape par étape : là on a écouté ce qu’on avait à nous dire, puis viendra un moment où on précisera la feuille de route. L’aboutissement de ce Ségur est prévu dans un mois et l’objectif c’est de ne rien laisser sous le tapis ».

« Il y a un problème de méthode : à l’hôpital, il y a quelque 120 métiers différents, comment remettez-vous à plat 120 grilles salariales en quatre semaines ? Ce n’est pas possible », estime Christophe Prudhomme. Le médecin hospitalier demande « un plan d’urgence » pour l’hôpital public de 15 milliards d’euros, qui inclurait notamment des revalorisations salariales, des augmentations d’effectifs ou encore la remise à plat des budgets des hôpitaux.

En l’état, « cela va rester difficile pour le gouvernement de rester dans des réunions de salons où il n’annonce aucun chiffre », précise le syndicaliste CGT. Au ministère des Solidarités et de la Santé, on « entend les critiques » et on précise : « Avec ce Ségur on n’est pas face à un produit anesthésiant. Le but, c’est d’aboutir à quelque chose qui fait profondément changer notre système de santé ».

 

Mobilisation nationale

L’absence d’annonces chiffrées, pour le moment, laisse « un goût amer » aux participants du Ségur interrogés par France 24. « Ce qu’il se passe actuellement, cela ne fait que décupler l’écœurement et la colère des hospitaliers, qui non seulement ont été sacrifiés, mais aujourd’hui sont épuisés », explique Christophe Geffré.

Les personnels soignants, qui « ne demandent pas une médaille » mais continuent de se mobiliser pour faire valoir leurs revendications, prévoient le 16 juin une journée d’action nationale qu’ils espèrent suivie par la population qui les a applaudis quotidiennement pendant plusieurs semaines. Le CIH, qui refuse le principe des « dons de congés payés aux soignants », a d’ailleurs appelé  « les citoyens et usagers de l’hôpital public à poser un jour de RTT » le 16 juin pour soutenir leur mobilisation.

 

16 juin : mobilisé-es pour la Santé et les Services publics

 

 

 

Mobilisation partout en Région


Redoutant « l’entourloupe » du gouvernement sur le Ségur de la Santé, organisations syndicales, politiques et associatives préparent un coup de force mardi 16 juin 2020. Pour le moins dubitatifs sur les déclarations du président, les soignants en colère et leurs soutiens entendent donc rendre hommage aux professionnels de santé touchés par le coronavirus, et réaffirmer leurs revendications. Déjà convaincu que « ce gouvernement ultralibéral ne cédera qu’à la pression de la rue et à la mobilisation ».


 

À Montpellier la manifestation débutera de l’hôpital Saint-Éloi et se déplacera d’établissements en établissements :

– 10h00 rassemblement hôpital Saint-Éloi, prise de parole
– 10h35 rassemblement entrée de Gui de Chauliac, prise de parole
– 11h15 rassemblement Clinique Euzières (Colombière/Balmes), prise de parole
– 11h40 rassemblement Lapeyronie, prise de parole
– 12h00 rassemblement Arnaud-de-Villeneuve, prise de parole

À Béziers la mobilisation qui aura lieu le 16 juin, entre 12 h et 14 h, devant l’hôpital de Montimaran.

À Lodève Rassemblement personnels et usagers à 13h30 devant le CH

À Sète Rassemblement personnels et usagers à 14h00 entrée du CHBT

À Toulouse Rassemblement à 14h00 – Allées Jean-Jaurès

À Perpignan Mobilisation à 10h30 devant l’hôpital

À Carcassonne Mobilisation à 14 heures, devant l’Agence régionale de la santé à Carcassonne

À Rodez Mobilisation à 14h30 devant l’Hôpital à Bourran et de 13h à 15h au Rond-Point de la Gineste (psychiatrie Sainte-Marie)

À Cahors Rassemblement à partir de 12h30 devant l’hôpital, puis à 14h30 manifestation

À Tarbes Rassemblement à 14h00 devant le centre hospitalier

À Albi Rassemblement à 14h00 Place La Pérouse

À Montauban  Pique-nique à partir de 12h30 Esplanade des Fontaines, puis manifestation jusqu’à l’hôpital de Montauban

À Nîmes Rassemblement à 14h30 au Carré d’Art

À Alès Rassemblement de 12h45 à 15h devant l’hôpital

À Bagnols-sur-Cèze Rassemblement à 9h30 devant l’hôpital et à 18h sur la place de la mairie

À Uzès rendez-vous entre 10h et 16h devant le Mas Careiron

À Mende chaîne humaine entre l’UAPP et le CH de Mende à partir de 12h

À Avignon Rassemblement à 10 H – Cité administrative Avignon

À Aix-en-Provence Rassemblement à la rotonde à 9h30 avec la CGT et le syndicat Solidaires, rassemblement devant l’hôpital d’Aix à 10h30

À Marseille manifestation à 11h Porte d’Aix

D’autres actions devraient suivre le 30 juin, puis le 14 juillet

 

Notes:

  1. Le territoire français est maillé d’un peu plus de 3000 structures de soin, dont 45 % sont publiques. Ces centres hospitaliers – régionaux, universitaires, spécialisés en psychiatrie ou en soins de longue durée – emploient la majorité du contingent qui travaille dans les établissements de santé. Sur 1,3 million de salariés au total, 955.564 disposent ainsi d’un contrat de travail dans des établissements subventionnés par l’État. L’hôpital public est donc un employeur de poids dans le pays