Maire LR (Les Républicains) d’Aix-en-Provence depuis 18 ans, Maryse Joissains vient d’être condamnée ce mardi 28 mai 2019 par la cour d’appel de Montpellier qui confirme sa responsabilité dans le détournement de fonds publics et la prise illégale d’intérêt.

Si la nouvelle peine de 6 mois de prison avec sursis et d’un an d’inéligibilité est sensiblement allégée par rapport à celle, initiale, de la cour correctionnelle de Montpellier qui avait requis en juillet dernier, 1 ans avec sursis et 10 ans d’Inéligibilité, cette peine assombrit néanmoins un peu plus l’image déjà entachée de l’élue, qui avait commencé par perdre son poste de députée aux élections de 2012.

Promotion ascensionnelle de son chauffeur et proche ami Omar Hachouri, dont les deux enfants avaient également bénéficié de postes « fantômes », l’édile est également sanctionnée pour avoir embauché une collaboratrice et amie, Sylvie Roche, en tant que chargée de la protection animale dans un domaine ne relevant pourtant pas des compétences de la collectivité.

Chroniques judiciaires

Avant elle, son mari Alain Joissains, ex-maire de la ville, inéligible à vie, avait déjà été condamné en appel en 1986 à 150 000 francs d’amende et deux ans de prison avec sursis, pour « recel d’abus de biens sociaux », après avoir financer la construction de la maison de son beau-père avec les deniers publics.

A son arrivée en 2001, Maryse Joissains (avocate de profession) avait aussitôt nommé Alain Joissains au poste de directeur de cabinet, lui octroyant en outre un salaire astronomique : 475 778 euros au lieu de 207 972 euros. L’affaire a été portée par un élu de l’opposition au tribunal qui reconnait d’emblée ici, un contrat illégal.

En 2004, la maire s’attaque à une journaliste du Nouvel Obs, suite à un article sur un bilan estimé cahotique et perd son procès.

Un an plus tard, en tant que députée alors, elle dépose une proposition de loi ouvrant la possibilité à tout directeur de cabinet de collectivité, d’intégrer la fonction publique sans concours, visant ici son mari comme sa fille (chef de cabinet à la communauté d’agglomération, sénatrice aujourd’hui). La loi est rejetée.

En 2014, la maire est placée en garde à vue et mise en examen pour prise illégale d’intérêts dans le cadre d’une affaire d’emplois présumés de complaisance, touchant notamment son chauffeur.

En 2015 enfin et à l’issue de 10 années de procédure, le contrat de son mari Alain Joissains est enfin annulé pour illégalité par le conseil d’Etat qui exige en outre le remboursement de tous ses salaires. Ces derniers, toujours dus, demeurent en attente de reversement à la ville d’Aix.

A l’issue de cette ultime condamnation par la cour d’appel de Montpellier, Maryse Joissains qui a annulé sa conférence de presse, a annoncé via un communiqué qu’elle se pourvoit en cassation. Ce qui lui permet de jouer sur le temps, histoire d’avoir ou pas, l’accord de sa fille Sophie Joissains (UDI), qu’elle souhaiterait voir candidate aux prochaines municipales pour lui seconder. Au lendemain d’élections européennes qui placent le parti Les Républicains en 4ème position dans la ville bien loin derrière le parti EELV en 3ème place, la bataille s’annonce plutôt rude dans la ville de Cézanne.

H.B.

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».