La prime à l’ancien, devenue une coutume – comme celle des héritiers mâles pour les capétiens – dans le Vaucluse ? Après une élection qui n’aura vu se déplacer qu’un tiers des électeurs, 6 binômes de droite, 6 binômes de gauche et 4 d’extrême droite ont été élus. Le dernier binôme, celui du canton de Bollène se présentant sans étiquette et courtisé par les deux bords, a finalement choisi de faire élire au 3e tour de scrutin la candidate de la droite, la maire d’Apt Dominique Santoni. Cette dernière, avec une majorité relative, devrait continuer la politique induite par son prédécesseur et mentor, Maurice Chabert.


 

Comme nous l’évoquions1 avant les élections départementales, la situation, et d’autant plus depuis le redécoupage de 2015, est ambiguë. Pas de majorité, ni à droite ni à gauche, dès les premières élections en binôme qui avaient donné 12 élus pour la gauche, 12 pour la droite, 10 pour l’extrême droite (4 Ligue du Sud et 6 RN). Dans tous les esprits, la crainte que l’extrême droite se retrouve en arbitre, voire que le RN gagnant des cantons prenne en quelque sorte le département, a dominé la campagne. Si un seul canton voyait s’affronter la gauche, réunie, au sortant RN (au Pontet Joris Hébrard n’avait pour adversaires que les seuls Fabienne Vera et Philippe Pascal), et un autre, le RN, seul face à la droite, il y eut des candidatures surnuméraires, comme celles inspirées par la municipalité d’Avignon sur les cantons 1 et 2 face aux candidats issus d’un accord qualifié d’« historique » à gauche. Cette stratégie n’aura d’ailleurs permis aux élus de la municipalité que de prendre un canton. À gauche toujours, un canton, celui de Pernes, n’était pas compris dans l’accord, le sortant Max Raspail se présentant avec une binôme En marche. Ce dernier a pourtant été élu, et en cas d’égalité, est le doyen de l’assemblée…

À Bollène, c’est Anthony Zilio, le tombeur de Marie-Claude Bompard aux municipales à Bollène, qui a éliminé deux élus Ligue du Sud. Mais ce dernier, bien qu’issu du PS, a fait savoir dès mercredi soir que sa voix irait à Dominique Santoni, la maire d’Apt, candidate pressentie de la droite, qui serait donc, si les choses se confirment, la première femme élue présidente du conseil départemental.

Pour celui qui a été élu maire grâce à l’effacement de la liste communiste et qui depuis le début de la campagne se positionne « ni droite, ni gauche », le choix de la droite s’expliquerait par une meilleure réception de ses demandes pour son canton de la part de la candidate de la droite. Mais il affirme que lui et sa binôme seront indépendants de cette majorité et conserveront leur liberté de vote.

L’extrême droite, toujours pas faiseuse de président, s’abstiendra-t-elle comme elle le fit en 2015 ? Amoindrie du binôme Ligue du Sud de Bollène, il reste trois binômes RN, et un Ligue du Sud, frères ennemis de toujours. Leur capacité de nuisance sera donc dans leurs votes. Une majorité de gauche aurait ainsi eu des difficultés importantes à faire passer des mesures en faveur des citoyens les plus fragiles. Une majorité de droite, malgré le mécontentement de l’extrême droite suite au vote, profitera t-elle des voix de ces derniers pour continuer dans la voie initiée par Maurice Chabert, c’est-à-dire une réduction des dépenses et une politique sociale à minima ?

Au premier tour de l’élection du président du département, jeudi 1er juillet, il n’y avait donc que deux candidats en lice, Jean-François Lovisolo pour la gauche et Dominique Santoni pour la droite. Les résultats appellent à un deuxième tour : Dominique Santoni 14 voix, Jean-François Lovisolo 12 voix, 8 blancs ou nuls. Lors d’un deuxième tour, le même résultat a imposé un troisième tour à la majorité relative lors duquel Mme Santoni a été élue avec 14 voix.

Ce sera donc par l’opportunisme d’élus, que tous pensaient à gauche, que la droite dirigera – avec une majorité relative – le département de Vaucluse, et non plus par l’âge du capitaine.

Christophe Coffinier

Notes:

  1. https://altermidi.org/2021/05/13/le-scrutin-de-tous-les-possibles/
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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.