Dans les Bouches-du-Rhône, un festival consacré au cirque et à la danse vient de se tenir dans des conditions particulières. Un avant-goût du vrai retour du public lors des événements culturels de l’été ?


 

« C’est bien que votre festival s’appelle Les Élancées parce qu’on a vraiment besoin d’élan », déclarait Alain Reynaud, directeur artistique de la compagnie Les Nouveaux nez lors de la présentation de sa nouvelle création, Claricello, sur la scène du Théâtre de l’Olivier, à Istres. En cette année 2021 aussi particulière que la précédente, la régie culturelle Scènes et Cinés1 a décidé de proposer une « édition de poche » de son festival des arts du geste. Une édition organisée du 10 au 19 février, sans salles archi-combles, sans enfants riant dans les théâtres à la vue de circassiens créateurs d’exploits ou de comédiens déjantés, mais ouverte aux professionnels et à la presse. Parce qu’il faut bien que les créations vivent, même avec jauge réduite et fauteuils inoccupés pour cause de satané virus. Privée de représentations prévues au Luxembourg, la compagnie basée à Bourg-Saint-Andéol, en Ardèche, a apprécié la main tendue de Scènes et Cinés.

Claricello, spectacle en gestation [« work in progress » en français dans le texte] présenté dans sa version courte plutôt destinée aux enfants, réunit trois lutins musiciens, leurs  cubes valises, une horloge parlante…

Cette 23e édition d’un festival qui a toujours misé sur la médiation et l’action auprès des scolaires a maintenu le lien, en permettant à des élèves d’écoles élémentaires d’Istres de découvrir des extraits du spectacle At home de la chorégraphe Laurence Marthouret, ou aux collégiens de Miramas de se familiariser avec l’art d’un autre chorégraphe, Emmanuel Gat.

Côté public, même « professionnel », il suffisait d’écouter les applaudissements chaleureux adressés aux danseurs et danseuses de Yellel, une chorégraphie de Hamid Ben Mahi présentée à Fos-sur-Mer, pour comprendre que le retour des expressions artistiques fait du bien au corps et à l’esprit. Construit sur l’imbrication d’images, de textes, de musiques et de danses africaines et orientales et de hip hop, Yellel est le nom du village où est né le père d’Hamid Ben Mahi. Yellel conte les visites au village familial qui s’espacent de plus en plus, car la vie de celui qui deviendra chorégraphe est en France. Spectacle humaniste qui tisse les identités plurielles à l’intérieur d’un même individu, Yellel aurait peut-être mérité d’explorer davantage cette idée des deux rives de la Méditerranée. Mais qu’importe, Yellel sur la scène du Théâtre de Fos, c’est un sourire retrouvé et la flamme de la culture qui ne s’éteint pas.

                                                                                                                  Morgan G.

 

(Photo Pierre Planchenaut)

 

Notes:

  1. La régie regroupe les lieux de spectacle d’Istres, Miramas, Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Grans et Cornillon-Confoux
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"