Tout se précipite en Grèce, le pays a entamé une longue course préélectorale, après la lourde défaite de Syriza aux élections européennes.


Le parti du gouvernement enregistre aussi un net recul aux municipales et régionales. C’était la première fois depuis 2015 que les 10 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour le triple scrutin. Les résultats traduisent le mécontentement des  électeurs grecs qui infligent un sérieux avertissement au gouvernement. Avec 23,8 % des suffrages, Syriza est devancé de 9,3%  par la Nouvelle démocratie (33,1%), le parti conservateur au long passé de corruption. Le même soir, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé des élections anticipées pour le dimanche 7 juillet.


 

Résultats des élections européennes

Le Premier ministre Alexis Tsipras et le chef du ND, Kyriakos Mitsotakis, ont mené une campagne intense et pro-européen, qui a été perçue comme un test pour les élections législatives qui devaient se dérouler en octobre. Mitsotakis s’est allié avec Manfred Weber, conservateur et tête de liste du Parti populaire européen (PPE) et candidat pour la présidence de la Commission européenne, tandis que Tsipras vient d’annoncer son soutien au socialiste Frans Timmermans.

Syriza obtient six sièges au Parlement européen et déjà la moitié de ses candidats ont fait soulever quelques sourcils. Comme par exemple Elena Kountoura, membre du parti nationaliste ANEL, Alexis Georgoulis, acteur populaire et Petros Kokkalis, fils et héritier de l’oligarque Sokratis Kokkalis, qui a fait sa fortune dans les télécommunications dans les années 1980.

KINAL, ex-Pasok (Socialistes), a obtenu 7,8% des voix, ce qui en fait le troisième parti politique de la Grèce, et il reste à voir quel candidat il soutiendra lors des élections législatives, s’il ne parvient pas au second tour.

Le parti néo-nazi, Aube Dorée a également perdu trois points mais a réussi à élire l’un de ses membres à qui il est interdit de quitter le pays!

En réalité, de nombreux politiciens d’extrême droite ont émigré du LAOS, un autre parti d’extrême droite, au ND, comme Thanos Plevris. En outre, un nouveau petit parti a émergé, Greek Solution, dirigé par Kyriakos Velopoulos, un ultranationaliste et amateur des théories du complot, qui avait sa propre émission de télévision via laquelle il vendait des remèdes miracles et des « copies exclusives des lettres manuscrites de Jésus-Christ ». Il a réussi à obtenir 4,1% des voix aux élections européennes !

Du côté de la gauche, le parti communiste grec (KKE) a maintenu presque les mêmes résultats qu’en 2015 (5,5%) mais a perdu des voix par rapport au score européen de 2014 (6,1%). Les petits partis de gauche ont également subi des pertes et n’ont pas réussi à entrer au Parlement européen. Le parti de Yanis Varoufakis Diem25, a raté son seul siège pour 391 voix.

 

Pourquoi Syriza a perdu

Une ambiance de choc et de déception règne au siège de Syriza, personne n’ayant anticipé une telle défaite. Alors qu’ils évaluent la situation et planifient leur stratégie préélectorale, plusieurs théories circulent qui tentent d’expliquer la défaite.

Certains l’attribuent aux politiques de mémorandum très strictes que le gouvernement était obligé de mettre en œuvre, alors que les mesures favorables mises en œuvre depuis septembre dernier n’ont pas été suffisamment adoptées par les citoyens.

La perte de popularité de Syriza ne s’est pas produite du jour au lendemain. Depuis son élection en 2015, il a dû casser la plupart de ses promesses préélectorales. Il a été contraint de mettre en œuvre un autre programme de sauvetage. Le gouvernement appliquait des taxes élevées et dégageait des excédents importants, ce qui lui permettait de maintenir les paiements à ses créanciers, à ses partenaires de la zone euro, et de regagner la confiance du marché. L’année dernière, la Grèce a réussi à sortir du programme d’ajustement budgétaire de huit ans. Il y a toutefois eu une légère reprise, inférieure à 2% en 2018, tandis que le chômage était tombé de 28% à 19% (2013).

D’autres parlent d’erreurs de communication et de stratégie politique. Certains soutiennent que la signature de l’accord de Prespes a également coûté des voix à Tsipras. Cet accord a résolu un différend de plusieurs décennies qui gardait la Macédoine hors de l’Union européenne et de l’OTAN. Mais pour beaucoup de Grecs, ce fut une défaite nationale inacceptable et une appropriation du patrimoine national grec. Le gouvernement croit pouvoir inverser les résultats.

 

Que promet la Nouvelle démocratie ?

Kyriakos Mitsotakis, le chef de la Nouvelle démocratie, a promis de relancer l’économie en réduisant la taxe sur les entreprises de 29% à 20% en deux ans et l’impôt sur le revenu des agriculteurs de 22% à 10%, ainsi que la création de 700 000 nouveaux emplois dans cinq ans. Il s’est engagé à rapatrier au moins un demi-million des 860 000 travailleurs qualifiés qui, selon le service statistique hellénique, ont quitté le pays depuis 2009. Le plan économique de M. Mitsotakis repose en grande partie sur la promesse de négocier un nouvel accord avec les créanciers de la Grèce.

Le dimanche 2 juillet, les Grecs retourneront aux urnes pour voter aux élections municipales et régionales. Et dans un mois, les élections législatives détermineront si Syriza est parvenu à re-séduire ses électeurs ou si la Grèce va tourner complètement à droite et même à l’extrême droite.

 

Eve Tsirigotaki