Entourée de grandes surfaces, envahie d’hypers marchés et noyée sous le béton des grandes enseignes, la commune de Marignane, remporterait la palme en France, des villes où les commerçants-artisans artisans seraient « les moins considérés ». Tel est le triste constat de l’association « En toute Franchise » qui se bat pour la défense de la préservation du Cadre de Vie et des Commerçants-Artisans depuis 1994 et qui a parallèlement lancé une vaste enquête dans le cadre du grand débat national, auprès des commerçants artisans et professions libérales (clôturée le 5 mars).

Fondateurs de la dynamique structure associative, Martine Donette et Claude Diot, alarment : « A Marignane, les commerces de proximité et artisans ont subi et continuent de subir de plein fouet un envahissement des grandes enseignes lorsqu’ils n’ont pas été tout simplement, éliminés par l’implantation surdimensionnée, notamment d’un Leclerc qui possède 7 800 m² et n’a pas respecté, les régles du PLU et du PPRi. Une enquête, qui se clôture aujourd’hui 4 mars 2019, avec le  PLUi de Marseille Provence, est lancée et déplace de 20 mètres l’axe de la Cadière (zone naturelle) en faisant disparaître la zone Ndi !»

D’autant plus que la « pratique » est loin d’être isolée en France où les zones Ndi, pourtant « naturelles à protéger » et réglementées par une stricte interdiction de construction, sont aujourd’hui menacées par divers projets d’extension ou d’implantation, séduisant les élus qui arguent un récurrent chantage à l’emploi. Martine Donette traque ces grandes surfaces depuis des décennies et déplore : « Les exemples d’extensions illicites de vente ne manquent pas dans ce bassin, de Carrefour Vitrolles à Carrefour Chateauneuf les Martigues, les infractions n’ont jamais été poursuivies par les Pouvoirs Publics et l’administration judiciaire ».

Appelant à l’implication et à l’information de tous les commerçants, notamment via la consultation des dossiers des grandes surfaces et des enquêtes publiques pour les modifications des PLU, PPRi, SCOT etc, Martine Donette ajoute: « Pour Leclerc Marignane, l’état français n’a pas contrôlé que les informations fournies par Leclerc Marignane n’étaient pas exactes ». Et d’enfoncer le clou : « Voila comment l’état français et les élus locaux font disparaître les infractions de la grande distribution au détriment de tous les commerçants-artisans du centre-ville de Marignane ».

C’est donc, texte de droit à l’appui, que la militante indignée, accentue le combat : «  La directive européenne des services 2006-2013 du 13 décembre 2006 impose comme raisons impérieuses d’intérêt général : le respect de l’environnement, lutter contre les fraudes, que les informations fournies soient exactes et que les états membres contrôlent l’exactitude des informations. Concernant l’environnement, nous dénonçons depuis des années que la grande distribution présente des dossiers tronqués pour ne pas respecter l’environnement, PPRI, zone naturelle etc.. Mais aucun contrôle n’a lieu au moment de l’instruction des dossiers, ni par la CDAC, ni par la CNAC et les tricheries ne sont pas dénoncées. Aujourd’hui, nous sommes en pleine enquête publique du PLUi du territoire Marseille-Provence et dans le cadre de cette enquête publique, la fameuse zone Ndi qui longe le cours torrentiel de la Cadière a quand même disparu des plans soumis à enquête publique ! »

Combien coûte une enquête publique sur les finances publiques ? Où est le respect des citoyens face à l’égalité du droit et de la vérité ? Qui est en charge de présenter la réalité des éléments naturels sur les plans des PLUi et sa responsabilité ? Où est le contrôle de légalité du Préfet et de son administration ? Autant de questions posées et transmises, via plusieurs courriers adressés à divers élus, par l’association En toute Franchise qui sollicite par là, une intervention urgente de la ministre de la Cohésion des Territoires et des relations avec les Collectivités du Territoire (Jacqueline Gourault).

Pour la plupart, les lettres demeurent sans réponse. Seule la députée du Gard, Annie Chapelier, a répondu quelques semaines plus tard à Martine Donette, certifiant : « avoir transmis la requête à Eric Diard, député de la 12ème circonscription des Bouches-du-Rhône ».

H.B.

 

 

 

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».