Une deuxième édition qui monte en gamme, tirée vers le haut en quantité et qualité au regard d’une première qui étant un coup d’essai, n’était pas forcément un coup de maître. Cela peut se comprendre. Mais la preuve est cependant ce jour faite que ce temps fort du monde de l’art a bien sa place dans une ville déjà inscrite dans ces arts aussi multiples que variés qui en attirent plus d’un.

Monique Ballian dite NoiZette, sculpteur animalier

Le vernissage d’hier bruissait de monde et de gens qui ne venaient pas pour serrer des pinces ou se voir dans la devanture mais qui regardaient de tous leurs yeux, les sens et l’esprit ouverts à l’imaginaire, à la sensation, aux multiples univers qui cernaient le bassin méditerranéen et au-delà.

Visiteurs, amateurs, collectionneurs d’hier et de demain en ont eu semble t-il pour leur content selon l’observation de visages enjoués, étonnés ou pourquoi pas, dubitatifs. Car il faut du temps et des mines lorsque l’on se penche vers les œuvres d’une cinquantaine de galeries présentes.

Naufrages colorés

Première sensation générale, de la couleur ce qui ne signifie pas un enthousiasme béat sur l’état des lieux, des êtres, du devenir de ces pays qui entourent ce Bassin géant. Les artistes plus que nuls autres ressentent fortement les secousses du monde et ce que vivent les êtres, les bêtes et la matière qui s’y collètent, s’y enlisent, s’y noient à la recherche d’identités effacée ou barrées. Et si l’on prétend que la misère est moins dure au soleil, les couleurs savent en dirent long sur les naufrages les errances, les tortures et les déchirures.

Par rapport à la 1ère édition, il y a manifestement moins de noirceur apparente mais, y est tout de même signalé, à travers des détails qui tuent, dans quoi le monde de ce XXI ème siècle est engagé. Les traits, les coulées, accusent la souffrance, les empâtements expriment la saturation, les vrilles soufflent la radicalité de quelques esprits destructeurs, les alliances audacieuses de couleurs et de matières signent parfois l’état des lieux en grande confusion.

Un vaste chantier en mouvement se déroule entre quatre travées qui disent les tempêtes, l’errance, la recherche de terres et d’identités. Autant de jouissives tribulations picturales qui portent le visiteur vers des planètes inconnues, parfois « boshisantes », parfois « picassoistes » soudain convulsives et questionnantes : des sculptures surgissantes, des bêtes humanoïdes, des torsions paillées et pailletées, une panthère « engrillagée » (merci l’artiste car cela s’apparente à un travail de Titan) .

Les femmes ne prennent plus la pose

Après ces souffles courts et haletants, vite, une respiration dans l’ « Au-delà des apparences », sorte d’hommage à une belle endormie joliment nommé Isidora. Les femmes, elles sont beaucoup là, productives dans leurs ateliers. Elles peingnent, , sculptent, installent, métamorphosent. Elles ne prennent plus la pose, elles proposent des idées, des créations, des inattendus incitant à suivre le chemin de l’art qui peut aller au-delà des rives méditerranéennes, à la rencontre du mystère de l’autre, celui de Naoki Kirito suivi par une pléiade d’artistes, qui depuis le Japon révèlent cette poétique rigueur, cette intense et rare maîtrise de l’encre sur papier…japon !

La conclusion d’une vue d’ensemble si elle ne permet pas de rater la colossale « Lady with hand bag » n’autorise pas de passer à côté de mélanges assumés heureux et joyeux d’Addy Mafulla ou de tenter de percer les rêves de « L’ africaine ».

Un nouveau petit retour nostalgique vers les Immanquables, nouvel expressionismer (rien à jeter, des talents, des talents, des talents…)et la collection Roger Castang qui nous en remontre sans que l’on se lasse. Pour des instants de bonheur sans apriori, des rencontres chargées de pointes enthousiastes et profondes qui vont faire cheminer par delà « les soirs d’été ». La guerre n’a eu lieu que sur la toile Puisse t-elle s’en tenir là. Salut les artistes !

MJL

Source La Marseillaise en commun

2éme édition d’ Art Montpellier foire méditerranéenne des arts contemporains du 8 au 11 novembre 2018 Sud de France Arena

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Journaliste, ancienne responsable Culture du titre La Marseillaise (Nîmes). Marie-joe Latorre a joint le peloton fondateur du média altermidi. Voyageuse globe-trotteuse, passionnée par les arts, les gens, les lettres et le cinéma. Passés ses carnets de voyage et ses coups de coeur esthétiques, cette curieuse insatiable est également spécialiste du cinéma d' Ingmar Bergman. Marie-joe a également contribué à de nombreuses monographies d'artistes (Colomina.2017, Ed Le Livre d'Art - Edlef Romeny.1997, Edisud.)