Entretien avec Guillaume Itier, directeur du pôle des moyens opérationnels du Conseil départemental de l’Hérault.


 

Vous êtes directeur du pôle des moyens opérationnels du Département de l’Hérault. En quoi consiste votre fonction ?

Je supervise différentes thématiques qui vont de la gestion du parc matériel de la collectivité à l’entretien des chemins de randonnée, l’entretien des espaces verts et des espaces naturels sensibles, la défense des forêts contre les incendies. J’ai 250 collaborateurs sous ma responsabilité. Dans ce panel de compétences nous avons un service Travaux génie civil qui a pour vocation de réaliser des prestations en interne pour d’autres entités du Département. Par exemple, en tant que pôle de régie, on va réaliser des pistes cyclables pour le pôle Route et Mobilité, l’entretien des pistes de défense de forêt contre les incendies avec les forestiers sapeurs, etc.

 

Vous avez également en charge le transport d’eau qui alimente les communes dans le besoin en période de sécheresse…

Oui, historiquement notre entité était dotée de camions et de cuves de transport d’eau alimentaire, une de 7m3 et l’autre de 11m3. Ce n’est pas notre activité principale mais on a cette compétence de transport d’eau à la demande pour les communes. En secteur rural c’est très précieux car nos cuves sont montées sur des poids lourds de chantiers qui peuvent solutionner des problèmes plutôt ruraux tels que le captage en bout et en haut de chemin rural. Nos camions sont adaptés pour remplir des réservoirs de villages qui se trouvent en difficulté quand les nappes sont à sec, ou face à des soucis techniques pour capter l’eau.

 

L’état actuel des ressources en eau dans le département laisse présager des difficultés cet été. Y a-t-il un moyen de les anticiper ?

Nous anticipons pour réduire la consommation, notamment dans l’entretien des espaces verts. Dans le cadre de la défense des forêts contre les incendies, nous sommes investis avec le SDIS 34 (Service départemental d’Incendie et de secours de l’Hérault) dans leur démarche de recherche de solution en eau brute1 pour éteindre les incendies. En revanche, pour ce qui concerne le transport d’eau alimentaire (d’eau potable) en soutien aux communes, nous agissons pour apporter des réponses ponctuelles. D’autres entités départementales sont chargées de la gestion de la thématique eau potable et prospective (service hydrogéologie) qui agissent en amont, veillent sur l’état de la ressource et effectuent des recherches pour trouver de nouvelles sources.

 

Quelles sont les différentes possibilités pour alimenter une commune en manque d’eau ?

La gestion de l’eau est une prérogative communale. Pour compenser le manque d’eau, les communes ont le choix de faire appel à nos prestations tarifées qui consistent à aller récupérer de la ressource en eau là où c’est possible, après autorisation auprès des gestionnaires de réseaux qui peuvent être la mairie, les intercommunalités ou les syndicats avalisés par la commune. On va ensuite transférer l’eau dans le bassin en question. La commune peut également faire appel à des transporteurs privés qui viennent avec des semi-remorques si le site est accessible, ce qui se passe souvent quand il s’agit de volumes d’eau plus importants. En dernier recours il y a la distribution par les communes, en lien avec la préfecture, de bouteilles d’eau potable.

 

Sur la problématique de l’eau, comment voyez-vous l’avenir au niveau du territoire ?

Ce qui est annoncé est très préoccupant, de nature à nous faire revisiter pas mal de nos pratiques qui nous paraissaient invariantes. Sur la question de la ressource, le Département s’engage auprès des communes, sur la gestion de leurs forages par exemple, ou intervient en urgence pour fournir de l’eau lorsque la situation est grave pour les habitants. Mais nous devons prendre conscience collectivement que cette ressource est fragile. En tant que citoyens, nous devons aujourd’hui tous nous engager pour préserver l’eau, nos écosystèmes, réduire nos consommations pour mieux anticiper les pénuries et les cas d’urgence.

 

Cet entretien est un complément du cahier Le département de l’Hérault H2O à retrouver dans #altermidi Mag#8 disponible jusqu’au 15 septembre 2023 en kiosque 5€.

Notes:

  1.   Il s’agit de l’eau captée, puisée ou recueillie avant de recevoir les traitements la rendant propre à la consommation humaine.
Avatar photo
Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.