Le Premier ministre affirme dans un texte publié lundi 27 juillet par le quotidien régional Ouest France que l’écologie est « une priorité ». Il défend l’idée d’un plan de transition écologique avec des « objectifs précis, chiffrés et mesurables » mais il s’agit moins de poser des ambitions que de s’adapter aux réalités qui s’imposent à lui dans une perspective à court terme.


 

Jean Castex veut désormais promouvoir « une écologie de terrain » fondée sur le dialogue à l’échelon d’un territoire, qu’il oppose à une écologie « moralisatrice, voire sectaire », donnant en creux du grain à moudre à tous ceux qui considèrent que l’abondance écologique et la prodigalité économique vont de pair.

« Tous écologistes ! », lance le chef du gouvernement dans ce texte où il affirme que l’écologie est « une priorité ». Alors que « les scientifiques, comme la jeunesse, nous poussent à aller plus loin et plus vite », Jean Castex érige, à raison, la transition écologique en enjeu politique en soulignant que cette accélération ne sera pas atteinte « sans la politique, sans les politiques. Pas ceux qui sont dans l’incantation mais ceux qui sont au contact du terrain ». La déclaration paraît louable sur le fond mais elle fait abstraction du contexte et notamment du fait que les élus locaux, la jeunesse et la communauté scientifique apparaissent tous délaissés aux profits des objectifs intangibles que conduit ce gouvernement dans une perspective politicienne court-termiste.

« L’écologie à laquelle je crois est une écologie de proximité, de quartier et de terrain », défend le Premier ministre rappelant son ambition qu’« un peu partout en France, l’ensemble des acteurs d’un territoire se réunissent pour bâtir un véritable plan de transition écologique autour d’éléments aussi concrets que la rénovation thermique, les circuits courts, les pistes cyclables, les économies d’énergie, l’artificialisation des terres, les énergies renouvelables ». Ici, on l’aura compris, il s’agit moins pour Jean Castex de poser des ambitions que de s’adapter aux réalités qui s’imposent à lui. 

Les acteurs des territoires n’ont pas attendu la nomination de Jean Castex, qui fait suite à une débâcle électorale, pour envisager l’avenir autrement. Au-delà du discours, ils seront en revanche très attentifs à l’attribution des moyens et à la manière dont le Premier Ministre entend « Libérer les territoires » comme il l’a annoncé devant le Parlement dans son discours de politique générale.

Cette tribune de Jean Castex paraît alors que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a proposé de consacrer 30 milliards d’euros du plan de relance aux investissements dans la transition écologique. Hormis les 40 milliards attribués aux secteurs carbonés, le refus de soumettre les grandes entreprises aidées à des objectifs climatiques contraignants, et de supprimer les plus de 18 milliards de niches fiscales annuelles pour les industries fossiles, cela constitue le socle d’une communication que Matignon souhaite plus efficace.

Sous l’ombrelle de rigueur d’une France en surchauffe, « Le tous écologiques » du Premier ministre est en totale osmose avec la communication du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance. Au point où il est permis de se demander qui des deux intervient comme le coordinateur de cette campagne ?

Ce qui apparaît clairement depuis les résultats des dernières élections municipales, c’est que les services d’information du gouvernement (SIG) concentrent tous leurs efforts pour verdir le discours. L’objet est de préparer et de compléter les actions du gouvernement qui doivent apparaître comme des progrès spectaculaires pour l’humanité.

Malgré les cinglants démentis que les faits lui opposent, le gouvernement poursuit inlassablement sa feuille de route néolibérale qu’il tente de maquiller en victoires politiques. Ces trophées sont, en dépit des apparences, autant de périls pour la planète. Ce type de communication politique récuse la seule voie de salut, le changement de politique en profondeur, en négligeant l’immense réserve d’intelligence des Français.

Jean-Marie Dinh

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.