Les Gilets jaunes appellent de nouveau à manifester ce week-end en province et à Paris.


Après trois mois de mobilisation, les «gilets jaunes» préparent «l’acte XIV» pacifique en régions et à Paris. Le président Macron poursuit de son côté sa campagne dans le cadre du grand débat. Entre l’appel à un changement profond dans l’exercice de la démocratie française et le travestissement d’une volonté de communiquer en meetings électoraux on mesure à quel point le fossé se creuse.


 

Le combat se poursuit notamment sur le terrain de l’opinion, et/ou de la propagande avec des outils différents. Le gouvernement tente avec l’aide d’une partie des éditeurs de presse de surfer sur le sondage publié par Elabe pour BFMTV selon lequel 56% des Français demanderaient l’arrêt du mouvement des Gilets jaunes. Sur les réseaux sociaux, Eric Drouet donne le change sur sa page Facebook. « Gilets jaunes, êtes-vous fatigués ? Gilets jaunes voulez-vous arrêter ? », est-il écrit. 19.279 personnes ont répondu non. 278 personnes ont répondu oui.

 

Samedi 16 février, plusieurs événements ont été créés sur Facebook pour organiser la poursuite du mouvement et célébrer trois mois de mobilisation. Dans la capitale, le rassemblement devrait être annoncé ce matin au dernier moment. D’importantes manifestations sont notamment prévues à Toulouse, Strasbourg, Lille, Bordeaux, Nantes...

À Montpellier, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) a déployé une centaine d’agents de sécurité pour aider les commerçants. Ce recours aux services privés de sécurité ne présage rien de bon… Faut-il le mettre en regard avec l’appel à la grève des policiers municipaux soutenu par l’intersyndicale des organisations de la Ville de Montpellier, la CGT, FO, UNSA, CFDT et CFTC ?

Parmi les revendications recueillies par Métropolitain, les personnels soulignent par la voix de leur délégué du personnel CGT le malaise régnant dans le service : « Depuis la mise en oeuvre de la Police de sécurité du quotidien, la PSQ, nous sommes associés régulièrement à des missions communes avec la police nationale, les policiers de la Sécurité publique du commissariat central. Nous sommes engagés le samedi sur les manifestations des Gilets Jaunes qui dégénèrent avec l’irruption des casseurs en centre-ville. Nous nous retrouvons à faire des missions de maintien de l’ordre, ce qui est du ressort de la police nationale. Ce n’est pas notre attribution. »

Nîmes accueillera  ce samedi l’acte 14 de la manifestation des « gilets jaunes », une mobilisation d’ampleur régionale dans la cité des Antonin. Le rendez-vous regroupant plusieurs départements est donné au stade des Costières à 13h.

Les «gilets jaunes» de Haute-Garonne parlent d’un « retour aux sources ». Ils proposent ainsi «de se mobiliser en agissant également en périphérie toulousaine comme lors du 17 novembre». Ils se sont donnés rendez-vous à 7 heures à travers dix points de rassemblement tels qu’à Colomiers, Blagnac, Portet ou Roques. L’après-midi, à partir de 14 heures, ils se dirigeront vers le centre-ville de Toulouse. «Aucun appel à la violence ni à la haine» n’a été formulé selon les créateurs de l’événement.

À Bordeaux, les manifestants participant à l’acte XIV se rejoindront sur la place de la Bourse dès 13 heures. Aucun parcours n’a été défini pour le moment afin «d’éviter de donner trop d’informations aux forces de l’ordre», comme l’indiquent les auteurs de l’événement Facebook.

Priscillia Ludosky, assistera à une conférence organisée à 19 heures à Castres autour des principes du mouvement, selon La Dépêche du Midi . Elle sera accompagnée d’Étienne Chouard, un professeur de droit et d’économie défenseur du RIC.

À Marseille. Les précisions des points de blocage s’affinent au fil des heures. En plus des points stratégiques comme les raffineries, les rond-points et les péages, l’accès à l’aéroport de Marignane est fortement perturbé depuis 8 heures ce matin.

Paris. Trois manifestations et quatre rassemblements ont été déclarés pour samedi auprès des services de la préfecture de police de Paris, selon un communiqué. «Dimanche devrait constituer un second jour de mobilisation avec une manifestation et un rassemblement déclarés», est-il aussi précisé. « Tous à Paris pour le dimanche jaune » s’inscrit  dans une démarche pacifique. «On fait les choses dans le cadre de la loi, comme ça on ne peut rien nous reprocher», précisent ses auteurs. L’événement se tiendra dimanche de 13 heures à 18 heures sur la place de l’Étoile, au ministère du Travail, au Mur pour la Paix et sur l’esplanade du Champ-de-Mars, pour célébrer l’anniversaire des trois mois de mobilisation des «gilets jaunes». Plus de 8 200 personnes se disent intéressées.

Un «gilet jaune» a créé un événement intitulé «La France en Paix» sur sa page intitulée «1 pour tous, tous pour 1». Ce rassemblement pacifique, qui intéresse près de 5 200 personnes, se déroulera aujourd’hui de 13 heures à 17 heures dans la capitale. « Suivre une manifestation autorisée, rester unis et pacifiques, être solidaires, éviter les groupes violents, se disperser à la fin de la manifestation», écrit l’homme qui évoque d’autres manifestations en mai et un défilé national le 14 juillet prochain sur les Champs-Élysées.

Cela en dit assez long sur la détermination dans le temps des nouveaux acteurs sociaux mais sur l’autre rive on se projette aussi sur le long terme. Après quelques petites inquiétudes passagères et malgré la mise à l’index par le parlement de l’UE et l’ONU dénonçant les armes utilisées par les forces de l’ordre et la restriction de manière disproportionnée du droit de manifester en France, RAS pour le personnel politique avec un gouvernement qui poursuit son programme ultra-libéral et un président en campagne présidentielle qui rêve à 2022.