Hier soir à Béziers un SDF de 33 ans est mort au commissariat après son interpellation par les policiers municipaux. Il se trouvait en infraction avec le couvre-feu en vigueur pris par arrêté municipal par Robert Ménard le 20 mars.
La banalisation progressive des violences policières qui accompagnent quasi systématiquement les mouvements d’expression collective ou individuelle se poursuit, du mouvement des Gilets jaunes aux manifestations contre les retraites en passant par le contrôle des citoyens dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Enquête pour homicide involontaire
Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte. Elle a été confiée aux policiers de la sûreté départementale de Montpellier. Selon les premiers éléments rapportés par le procureur, cet homme aurait été contrôlé une heure plus tôt, à Béziers, pour vérifier s’il pouvait justifier de sa présence en dehors de son domicile en raison du couvre-feu et des mesures de confinement.
Les trois policiers municipaux, qui ont été entendus dans le cadre d’une audition libre, ont indiqué que la victime aurait « refusé le contrôle et qu’il aurait adopté à leur rencontre un comportement très agressif justifiant selon eux de procéder à son interpellation », indique Raphaël Balland, le procureur de Béziers qui ne manque pas de préciser que ce chômeur, père de trois enfants, bien connu des services de police et de justice, venait d’être condamné 24h plus tôt à six mois de prison ferme pour vol, sans mandat de dépôt.
« L’homme résistait alors fortement et longuement à l’interpellation. Les policiers municipaux parvenaient difficilement à le menotter. Ils sont parvenus à le faire entrer à l’arrière de leur véhicule en le maintenant sur le ventre. Un policier municipal se serait alors assis sur les fesses de l’individu encore très excité dans le but de le maintenir jusqu’à sa conduite au commissariat », tout proche du lieu de l’interpellation musclée où aucune des 173 caméras de vidéosurveillance mises en place à Béziers n’est installée.
Une autopsie du corps sera pratiquée vendredi. rapporte le procureur de la République de Béziers.
Quelle suite sera donnée à l’enquête ?
Le quotidien « Le Midi libre » conclu son article relatant les faits ainsi : « Désormais reste à savoir si la victime n’avait aucun symptôme du coronavirus, étant donné que les toxicomanes sont fragilisés face à cette épidémie. Il faudra aussi veiller à la bonne santé des policiers qui l’ont pris en charge ».
On peut aussi s’interroger sur la suite qui sera donnée à l’enquête. Car en démocratie chacun dispose des mêmes droits. Mais peut-on encore espérer que la force publique, dont la police protège des intérêts qui sont aussi politiques, manifeste une réelle volonté à condamner les écarts ?
La mort de Cédric Chouviat au début de l’année, un père de famille non toxicomane de 42 ans au casier vierge, décédé des suites d’une « asphyxie » après un contrôle de routine, n’a pas entraîné la suspension des policiers impliqués. « L’État a plus que jamais besoin d’un soutien quasi aveugle de ses agents armés, qui se sentent ainsi dotés d’une certaine impunité, contrepartie nécessaire car permettant au pouvoir exécutif de s’assurer de leur fidélité en toutes circonstances », soulignait il y a peu dans nos colonnes l’avocat Vincent Brengarth dans une tribune appelant à un grenelle des violences policières. Face à la récurrence de tels actes, cette proposition mérite que l’on s’y attarde. Il en va de la sauvegarde de notre démocratie.
JMDH