Pas plus que les autres français-es, Erine Eyssère ne savait comment les choses se dérouleraient. Elle évoque dans son introduction les 16 ans qui nous séparent du mouvement du CPE, et ce qui s’est passé depuis. À savoir, l’absence d’amélioration de notre sort, malgré les multiples manifestations organisées par les syndicats et les myriades de promesses des gouvernements successifs qui ont peu ou prou agit de la même façon. En renonçant à faire de la politique (hormis pour accéder au pouvoir) ils ont accompagné, et par la même renforcé l’hégémonie du système néolibéral, entendu comme l’incarnation contemporaine des formes de gouvernementalité(1).
Dans ce texte, outre la détermination qui s’alimente à l’énergie non polluante de l’humanité partagée, c’est l’optimisme qui frappe. La victoire des gilets jaunes est d’avoir pu lever le voile en démontrant que « l’histoire n’est pas écrite d’avance » écrit Erine, dans ce récit sincère et spontané. Bien-sûr, les partisans du néolibéralisme, ceux pour qui la doctrine se présente comme étant sans alternative, ont allié leurs efforts pour discréditer le mouvement en qualifiant d’archaïsmes toutes les propositions en étant issues.
Mais l’impasse dans laquelle se retrouve le pays n’est pas le fait des gilets jaunes. Elle est liée à l’absence de réponse politique ; c’est par ailleurs le gouvernement qui fixe le degré de violence des manifestations par le dispositif qu’il choisit de mettre en œuvre. Les techniques de communication peuvent capter l’attention un moment ou contourner certaines vérités pour maintenir la tête hors de l’eau, mais elles n’auront eu que peu de succès par référence aux moyens mobilisés dans la sphère dominante et à la position de l’opinion qui, plus d’un an plus tard, soutient toujours très majoritairement les raisons d’être du mouvement.(2)
« Nous avons appris, nous avons une expérience indéniable. Celle-ci va servir, car à la prochaine étape, nous aurons avec nous l’expérience de ce que nous venons de vivre », souligne l’auteure qui considère, quoi qu’il arrive, le mouvement des gilets jaunes comme « La mère de toute les révoltes à venir ». Macron 0 – Gilets Jaunes 1. Le match n’est pas terminé, et il n’est pas trop tard pour entrer dans l’équipe.
Merci à Erine pour sa volonté de partage et bonne lecture.
Rédaction
Références:
1 – Gouvernementalité : Pierre Sauvêtre in Foucault et le conflit démocratique : le gouvernement du commun contre le gouvernement néolibéral
2 – Sondage Elabe – Bfmtv – Le mouvement des « gilets jaunes » reste approuvé par 55% des Français – du 13/11/2019.