Il y a un an, la France « des oubliés » est sortie dans la rue pour protester contre une énième augmentation du prix des carburants. Pour l’essentiel, ces Français là « ne faisaient pas de politique », ils n’étaient pas non plus membres d’organisations syndicales. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais pris part à des manifestations si bien que personne ne voulait les voir ou les écouter.
La grogne des usagers du carburant a fait tache d’huile. Elle s’est étendue au refus d’un mode de « survie ». Depuis, les gilets jaunes sont sortis chaque samedi dans tout le pays, avec un massif soutien de l’opinion publique en dépit de la propagande médiatique visant à décrédibiliser le mouvement et d’un climat d’insécurité où la violence d’État s’est illustrée au grand jour. Comment célébrer les un an de ce mouvement social sans précédent qui pose encore bien des questions ?
Retournons aux motifs : le 17 novembre 2018, le prix moyen du litre de gazole avoisinait les 1,48€ après une baisse de 4 centimes pour calmer l’ardeur des manifestants. Le 6 novembre 2019, il est à 1,45€. Dans l’esprit des gouvernants néolibéraux au pouvoir, rien ne doit changer et tout finira par rentrer dans l’ordre. Même si le mouvement paraît aujourd’hui moins massif, nous n’avons pas cette impression. De toute évidence, le mouvement des gilets jaunes apparaît comme le révélateur d’une profonde crise démocratique qui se trouve au carrefour d’autres crises, politique, financière, écologique, sociale, économique…
Les braises couvent sur la planète. En France, elles restent en mesure de s’enflammer au moindre souffle si le gouvernement maintient sa feuille de route. Ancrées sur le terrain, les collectivités territoriales sont les plus à même de saisir et de prendre en compte les préoccupations citoyennes qui s’expriment. Elles ont un rôle central à jouer face à cette crise sociale majeure qui frappe la France. À l’issue du Grand Débat National, communes , départements et régions ont réaffirmé leur utilité et leurs besoins pour assurer la cohésion sociale et territoriale. Ont-elles été entendues ? Rien n’est moins sûr.
Nous souhaitons rassembler dans ce dossier des éléments analytiques sur la crise politique en cours, en particulier sur la nature des relations entre élus locaux et citoyens dans la perspective des élections municipales. En Occitanie et en PACA, la montée du bloc nationaliste et identitaire est préoccupante. Pour quelles raisons les tentatives politiques de reconstruire un projet social se révèlent incapables de s’assurer le soutien d’une majorité de la population ?
Le média citoyen Altermidi poursuit son chemin. Il est résolu à produire une information régionale d’un autre type en valorisant l’information politique et en enrichissant le travail de son collectif de journalistes par la transmission d’expériences et d’expressions d’acteurs locaux. Comme pour notre dossier Violence qui reste ouvert à votre participation, dans ce dossier consacré au mouvement des gilets jaunes nous choisissons de décentrer l’approche journalistique classique en ouvrant nos colonnes aux actrices et acteurs régionaux de la société civile.
Le dossier que nous ouvrons prend le pouls du mouvement au moment où les gilets jaunes évoluent en construisant les bases d’un système qui s’inscrit dans le temps. Il explore aussi l’impact que ce mouvement peut produire dans notre manière de construire, d’échanger ou de s’informer. Nous voulons mettre en lumière le quotidien et les idées des gilets jaunes mais aussi de tous les Français « ou pas » qui se sentent concernés par leur revendications ou leurs expressions. Ceux des campagnes, des villes et des villages de PACA et d’Occitanie qui le souhaitent peuvent nous faire parvenir leur contribution. Vous êtes le plus fidèle reflet de ce qui se joue sur notre territoire. N’hésitez pas à nous faire le récit de ce qui s’y passe.
JMDH
