Etranglé financièrement par 130 000 euros de loyers impayés depuis plusieurs mois, le théâtre de la Comédie à Marseille est aujourd’hui menacé de fermeture. Une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 23 000 signatures. Le gérant de la salle, Jean-Pascal Mouthier lutte pour la survie de ce lieu depuis 2015. Il a entamé dimanche 21 avril, une grève de la faim pour accentuer son combat.

L’épineuse affaire jugée au TGI de Marseille le 25 avril 2019, remonte à 1999. A son arrivée, Jean-Pascal Mouthier  obtenait de l’Archevêché de Marseille, propriétaire des lieux, une exonération de loyers pour 12 ans. En contrepartie, l’homme de théâtre promettait d’effectuer les travaux nécessaires. Ainsi, complètement restauré, le Théâtre de la Comédie (250 fauteuils) ouvrait ses portes en 2013, côté Boulevard Jeanne D’Arc dans le 5ème arrondissement de Marseille.

Mais, très vite, ses finances ne suivent plus. Le loyer alors de 1600 euros par mois, grève considérablement le budget et plonge la trésorerie dans de pénalisants retards de versements. En 2015, le théâtre cumule déjà 81 000 euros de dettes. Le gérant rencontre alors, le maire des 4èmes et 5ème arrondissements, Benoit Gilles qui suggère de sauver le TCM et se serait engagé à le « municipaliser pour l’euro symbolique » , selon Jean-Pascal Mouthier qui précisait qu’un « accord aurait été trouvé entre la mairie et le Diocèse pour baisser le loyer à 400 euros et réduire la dette à 30 000 euros ». Un bail emphytéotique de 18 ans aurait même été préparé, selon Maître Camille Tapin-Reboul avocate du diocèse. Mais depuis, aucune officialisation de ces promesses n’a eu lieu.

Selon Jean-Pascal Mouthier : « Le TCM a bien reçu ces 30 000 euros. Une rencontre était prévue pour signer le bail et pour qu’on reverse la subvention au propriétaire, mais le rendez-vous a été annulé. Ensuite, plus aucune rencontre n’a été programmée. Aujourd’hui, je réitère cette proposition, signons un accord, et je signe ce chèque au diocèse. Mais on me dit que c’est trop tard ». 

En cause du rétro-pédalage municipal une programmation « politisée » qui aurait peut-être « déplu ». Le gérant affirme : « J’ai envoyé 4 lettres, l’une au Pape François, les autres à Georges Pontier archevêque de Marseille, à Jean-Claude Gaudin maire de Marseille et à Bruno Gilles sénateur et maire (4ème et 5ème). J’ai envoyé une copie de ces lettres au ministre de la culture. Je demande à Georges Pontier d’arrêter ce procès et d’ouvrir les négociations pour signer l’accord qui avait été envisagé. A Jean-Claude Gaudin et Bruno Gilles de tenir leurs paroles, de sauver le TCM et de notamment de lui accorder des subventions. Si chacun d’entre eux tiennent leurs engagements, la raison triomphera et on ne privera pas encore une fois Marseille d’un lieu de culture ».

Dimanche dernier, les membres du Théâtre de la Comédie se sont réunis à 10h30 à l’église St Laurent avant de se rendre sur le parvis de la cathédrale de la major ou Georges Pontier archevêque de Marseille donnait la messe de Pâques. La lutte continue pour Jean-Pascal Mouthier.

https://web.archive.org/web/20210303213031/http://theatremarseille.com/

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».