On n’avait plus cela depuis 2011 et la présidence d’un certain Nicolas Sarkozy : toutes les fédérations syndicales de l’Education nationale ont appelé à la grève le lundi 12 novembre, notamment pour protester contre la programmation de 2650 suppressions de postes en 2019. Premier mouvement d’ampleur auquel a dû faire face le ministre Jean-Michel Blanquer, il a d’abord mobilisé localement avant la manifestation qui s’est tenue à Paris.

A Martigues (13), ville de 50 000 habitants qui compte deux lycées publics (Jean Lurçat et Paul Langevin), le taux de grévistes était de 63% au Lycée Lurçat, souvent en pointe dans les mobilisations.

Selon la bonne vieille formule, la politique gouvernementale revient à « déshabiller Pierre » (les collèges et lycées) pour « habiller Paul » (les écoles primaires). « Les dédoublements dans les classes de CP et de CE1 des zones d’éducation prioritaire, c’est la vitrine » résume Philippe Sénégas, professeur d’histoire-géographie, syndiqué à la FSU, « les 12 élèves par classe, cela se fait à moyens constants, mais des classes explosent ailleurs quand les écoles ne ferment pas, comme dans les zones rurales ».

Pour le syndicaliste, ces 2650 postes supprimés ne constitueraient que  la « première vague » : « sur le mandat, on estime à 50 000 le nombre de suppressions de postes prévues dans la Fonction publique d’Etat, dont 25 000 dans l’enseignement, la casse du statut est d’ailleurs annoncée par le ministre Darmanin qui veut remplacer les fonctionnaires par des contractuels ». S’il déplore le fait que le mouvement n’ait quasiment pas été suivi localement par les premiers concernés (les parents d’élèves et les lycéens), Philippe Sénégas considère que « la réforme du lycée s’annonce catastrophique » avec des options qui « ne représenteront que 0,6% de la note finale au Bac : moralité, ces options seront progressivement abandonnées et comme les heures d’enseignement obligatoires seront inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui, on aura donc besoin de moins de profs ». Logique comptable implacable pour un gouvernement qui entend supprimer 120 000 postes de fonctionnaires !

Le dogme de la concurrence

Avec la mise en place d’un « large » tronc commun en Première et Terminale, c’est la suppression des filières ES, L et S qui s’annonce avec la réforme Blanquer. « Derrière les jolis mots de ʺbac à la carteʺ, la réalité, c’est la mise en concurrence des disciplines et des enseignants » alerte le syndicaliste, « ce qui sera proposé dans un lycée ne le sera pas dans l’autre ou, par exemple à Martigues, dans aucun des deux lycées ». « Chaque élève aura droit à sept enseignements spécialisés sur le réseau (sur le bassin d’emploi en gros) et les élèves pourront suivre des enseignements via le Centre national d’enseignement à distance » précise le prof. Une grande avancée certainement.

Mais du moment que les options « stage commando » et « bourse » seront assurées…On déc… ? Pas tant que ça.

LMEC

Source La Marseillaise en Commun