Après que le gouvernement a échappé de peu à la motion de censure, la crise reste béante. L’adoption officielle du texte est loin d’avoir apaisé la contestation des Français.e.s. La colère explose dans plusieurs villes de France et les interpellations se multiplient sans concertation avec les autorités judiciaires.


 

Lundi 20 mars, le gouvernement échappe de 9 voix à la motion de censure du Liot (votée par 278 députés sur 287). Le désaveu de l’Assemblée est fort, mais le gouvernement reste en place.

La déception est grande pour les opposants à la loi retraites. La colère explose une grande partie de la nuit dans plusieurs villes de France, les manifestants demandant la démission d’Emmanuel Macron. Les syndicats appellent à renforcer la mobilisation, notamment avec une journée noire jeudi 23 mars.

Le bras de fer se joue désormais dans la rue.

La gauche dénonce un recours à la force disproportionnée, des nasses (encerclements illégaux par les forces de l’ordre ne laissant aucune issue aux manifestants), des violences policières, également envers la presse, et des arrestations arbitraires lors des rassemblements. De nombreuses vidéos en témoignent sur les réseaux sociaux. « Cette répression doit cesser », arrêtez le massacre », implore la députée LFI Raquel Garrido. « Ces personnes salissent l’uniforme et attisent la colère. Les BRAV-M1 doivent être dissoutes », renchérit l’écologiste Julien Bayou. Sandrine Rousseau, députée EELV, s’adresse quant à elle aux policiers : « […] N’obéissez pas aux ordres de violence, cette colère est celle d’un peuple qui veut vivre et vous en faites partie. »

Le délai de promulgation de la loi est suspendu en l’attente de la décision du Conseil constitutionnel saisi directement, quelques heures après la fin du vote à l’Assemblée, par Elisabeth Borne « pour un examen dans les meilleurs délais ».

Le Conseil doit par ailleurs examiner la recevabilité d’une demande de référendum d’initiative partagée, déposée lundi soir et initiée principalement par la gauche (quelques 250 parlementaires, sénateurs et députés).

Notes:

  1. Brigades de répression des actions violentes motorisées.
Sasha Verlei journaliste
Journaliste, Sasha Verlei a de ce métier une vision à la Camus, « un engagement marqué par une passion pour la liberté et la justice ». D’une famille majoritairement composée de femmes libres, engagées et tolérantes, d’un grand-père de gauche, résistant, appelé dès 1944 à contribuer au gouvernement transitoire, également influencée par le parcours atypique de son père, elle a été imprégnée de ces valeurs depuis sa plus tendre enfance. Sa plume se lève, témoin et exutoire d’un vécu, certes, mais surtout, elle est l’outil de son combat pour dénoncer les injustices au sein de notre société sans jamais perdre de vue que le respect de la vie et de l’humain sont l’essentiel.