Ça craque chez les employé.e.s du commerce. Alors qu’un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) court au niveau national dans les différentes enseignes du groupe Auchan (plus de 2 800 postes supprimés), et que les actionnaires se partagent 750 millions de dividendes, il y a toujours cinq grilles de salaire en dessous du Smic, pour des conditions de travail qui ont tendance à s’aggraver.


 

On oublie souvent que les employé.e.s du commerce, et à fortiori de la grande distribution, étaient en première ligne alors que la population était confinée et que le coronavirus, ainsi que la gestion de la pandémie par le gouvernement, laissaient planer de nombreux doutes.

Pour autant, ces salarié.e.s envoyé.e.s au front n’ont pas forcément bénéficié d’avantages liés à leur dévouement et leurs salaires sont restés petits. Leurs employeurs jettent même du lest pour augmenter le taux de profit.

Pas question de laisser faire, mais la mobilisation, quand on a peur de perdre son emploi, la grève quand on a un salaire de misère, ne sont pas des démarches évidentes. Par chance, dans le magasin de Cavaillon (Vaucluse), les organisations syndicales sont présentes et peuvent aider les salarié.e.s à organiser leur défense.

Après plusieurs rencontres avec les salarié.e.s du magasin, les syndicats FO et CGT du commerce en Vaucluse les ont aidé.e.s à programmer un débrayage d’une heure, le 12 novembre dernier, afin de faire connaître aux client.e.s et au public, par voie de presse, leur situation réelle et leurs revendications immédiates.

90 salarié.e.s débrayent une heure pour la redistribution des richesses

 

120 salarié.e.s étaient présent.e.s ce jour-là, selon les militant.e.s syndicaux.ales, et 90 d’entre eux.elles ont fait le choix de débrayer un peu plus d’une heure. Ils.elles se sont rassemblé.e.s devant le magasin après avoir fait plusieurs tours à l’intérieur. Interrogé.e.s, les syndicalistes, qui sont aussi des employé.e.s d’autres magasins, nous relatent ce qui a motivé l’arrêt de travail : « Ce sont les salaires toujours aussi bas et les conditions de travail qui se dégradent qui amènent les salarié.e.s à débrayer », nous dit Sandrine Pizzuto, animatrice commerce CGT, « Auchan, c’est le chiffre d’affaires avant l’humain. Les salarié.e.s subissent le nouveau parcours d’encaissement, avec des caisses automatiques et de nouvelles caisses ou le.la salarié.e doit déplacer les produits à la main. Il y a beaucoup d’arrêts de travail suite à ces nouveautés, mais pas de remplacements. On en est à ce que la direction demande aux salarié.e.s, par écrit dans la salle de pause, de recruter des remplaçant.e.s. »

« Avec 750 millions d’euros de dividendes versés et seulement 0,6 % d’augmentation de salaires, on peut dire que la redistribution des richesses ne se fait pas à Auchan », enchérit son collègue de FO, David Romaniani. « Ce sont pourtant les salarié.e.s qui font tourner les magasins. Aujourd’hui, alors que les clients sont là, 80 % des salarié.e.s présent.e.s ont débrayé, l’employeur va comprendre que nous sommes indispensables ».

Conditions de travail dégradées et salaires au rabais

 

Les conditions de travail, déplorent les syndicalistes et les salarié.e.s, sont aggravées par le nouveau parcours d’encaissement. « Les caisses traditionnelles ont été renouvelées, les tapis en ont été retirés et ce sont les hôtesses de caisse qui doivent pousser les articles pour le client et manipuler les articles à la main. » Ils.elles expriment les exigences des salarié.e.s : « Une augmentation de salaires de 10 % — en lieu et place des 0,6 % proposés par l’employeur — et pour les conditions de travail, ni plus ni moins qu’un changement de caisses et des embauches, les arrêts maladies n’étant pas remplacés. »

Les client.e.s présent.e.s ce jour-là dans le magasin se montraient plutôt solidaires des salarié.e.s, dont ils apprenaient les difficultés et les bas salaires, gonflant la détermination de ceux et celles qui s’étaient enfin décidé.e.s à débrayer : « On est passé de 24 à 12 caisses, 6 seulement sont ouvertes et c’est bientôt Noël avec les queues dans les rayons ; nous avons les moyens de faire pression sur nos directions, sachant en plus que le groupe se finance grâce à la prime Macron qui n’est pas redistribuée aux salarié.e.s. »

Christophe Coffinier
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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.