Quand un marché s’installe dans une ville, parfois, il attire particulièrement l’attention. C’est bien ce qui se passe depuis un peu plus d’un an à Saint-Mathieu-de-Tréviers1. Mais quel est donc le secret de cette utopie d’ici et quelles en sont les forces ? Enquête.

 

Tout d’abord, l’idée a été émise par la jeune Sarah Bellini, de Valflaunès, pas bien loin, connue pour y avoir déjà lancé son entreprise d’atelier-conserverie artisanal de fruits et légumes locaux2. Son projet : regrouper tous les agriculteurs et les producteurs engagés, militants en faveur du respect de la terre et des humains, et aussi, rassembler et présenter des produits de proximité et de qualité, pour un grand bénéfice commun sur la santé et l’environnement. Un séduisant programme !

Mais elle n’était pas seule : ses amis professionnels, d’abord, puis la municipalité de Saint-Mathieu-de-Tréviers, l’association Les paniers du Pic3 (une AMAP4 qui existait déjà depuis longtemps) et l’association Pic’assiette5, qui elle initie aux pratiques d’une alimentation et d’une agriculture durable. Une belle équipe qui ne cesse de s’élargir et de se compléter, vous saurez tout en vous rendant à leur rencontre sur place.

 

Marché Saint-Mathieu-de Tréviers. Photo Dr altermidi Thierry Arcaix

 

C’est donc le jeudi soir que cela se passe. de 17h30 à 20h pour l’instant (on verra en hiver), sur l’esplanade du Galion. Mais tous les jeudis ne sont pas les mêmes : en effet, le premier jeudi du mois, c’est la soirée marché animé, avec musique (financée par l’association) , apéro fermier, tables et chaises pour déguster sur place, et le troisième jeudi, c’est le groupe Pic’assiette qui assure l’effervescence. Les autres jeudis sont exclusivement des jours de découverte et l’ambiance y est assurée par les chaleureuses rencontres, retrouvailles et partages qui se développent de plus en plus dans cette dynamique conviviale.

Gabriel Séranne6 est viticulteur au Mas de Londres. Présent avec son vin tous les jeudis. Il joue pour nous le rôle de mentor et nous explique le fonctionnement du marché.

 

Gabriel Séranne, que trouve-t-on ici ?

« Il n’y a ici que des produits locaux, c’est l’exigence du marché. L’Hérault et un peu le Gard, limitrophe, sont concernés. On limite au maximum la revente de produits achetés ailleurs, les artisans qui sont là sont manufacturiers, ils font tout eux-mêmes. Le bio est important, sans être non plus restrictif car cela peut être compliqué dans certains cas.

 

Comment êtes-vous organisés ?

Nous avons mis en place une association, et nombreux en sont les adhérents qui participent régulièrement à nos travaux. Tout le monde est partie prenante des décisions, dans une ambiance qui est, comme on dit au pied du Pic, à la bonne franquette. Nous avons une base d’une quinzaine d’exposants réguliers sur près de vingt cinq membres (un nombre qui est en augmentation permanente). Les gens comprennent tout de suite l’esprit que nous voulons donner en déposant leur candidature.

 

Vous avez beaucoup de clients ?

La fréquentation augmente peu à peu, malgré toutes les périodes difficiles qu’on a traversées. Il y a un fort potentiel ici, avec un grand nombre d’habitants sur la zone, et beaucoup ne sont pas bien au courant qu’on est là, ne soupçonnent pas la qualité des produits que l’on offre, mais quand ils s’en rendent compte, après, ils reviennent tous les jeudis ! Maraîchers, boulanger bio, piscicultrice, viticulteurs, mareyeuse avec fruits de mer et brasucade, des fruits, des brasseurs, une chocolatière en saison des fêtes, de la charcuterie, de la viande de porc, des volailles, de la spiruline, du miel, du savon, de la confiture, des produits cosmétiques, de l’herboristerie, des tisanes et j’en oublie, sont présents et vous attendent7. Ça fait beaucoup de choses ! Tous les producteurs qui sont intéressés peuvent venir nous voir et nous faire une demande d’adhésion. »

La fondatrice, Sarah Bellini (en congé maternité jusqu’en novembre), souligne par téléphone le côté très agréable de l’esplanade du Galion, avec la possibilité de se garer facilement, la sécurité pour les enfants, un terrain de jeux à proximité, ce qui explique en partie le succès naissant de l’initiative, portée bien sûr par ses principes et son éthique, par le plaisir que prennent les gens à y venir.

 

Nous avons ensuite rencontré Gwendoline Attia, adjointe à l’environnement et à la transition écologique à la mairie de Saint-Mathieu-de-Tréviers.

 

Gwendoline Attia, comment s’est développé ce projet, de votre point de vue ?

« Nous avons participé dès le départ à cette belle idée. Nous avons œuvré à la fédération des associations (Paniers du Pic et marché) sur le même jour, afin d’avoir plus de succès. Nous avons lancé une campagne de publicité sur nos panneaux à l’entrée et à la sortie de la ville, nous prêtons le matériel (tables, chaises), une fois par mois et nous avons voté une petite subvention annuelle.

 

Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette idée ?

J’apprécie beaucoup, entre autres choix, l’angle Zéro déchets qui est choisi ici (il est conseillé d’apporter son sac). Je constate moi aussi que la fréquentation et la présence d’exposants progressent, ce qui est très encourageant. Au début, les commerces du centre souhaitaient que le marché ait lieu le dimanche matin, mais ce jour-là, il y a une forte concurrence dans les villages alentour. La date du jeudi est bien meilleure et la preuve nous en est donnée ici.

 

Que comptez-vous faire pour aider ce marché, à l’avenir ?

Pour ma part, je m’y rends tous les jeudis. Adhérente, je commande parfois d’une semaine sur l’autre. Côté municipalité, nous allons discuter du fait de revoir le revêtement du sol de la place afin de le rendre plus agréable, plus fonctionnel. Cet événement, ce marché, est un appel pour d’autres activités. Par exemple la Communauté de Communes s’y était dernièrement greffée pour l’essai des vélos électriques. Nous sommes donc très satisfaits de cette initiative que nous appuyons pour la pertinence de la gestion qui en est faite par toute l’équipe, dont les choix et les avis sont toujours très pertinents ».

 

Ambiance au Marché de Saint-Mathieu-de -Tréviers. Photo Dr altermidi Thierry Arcaix

 

Notes:

  1. https://www.ville-saint-mathieu-de-treviers.fr/
  2. http://bocauxdesjardinsdupic.fr/
  3. http://lespaniersdupic-treviers.org/
  4. http://www.reseau-amap.org/amap.php
  5. https://web.archive.org/web/20210507005932/http://picassiette.org/wakka.php?wiki=PagePrincipale
  6. https://www.terredevins.com/degustations/la-bouteille-a-moins-de-10-e-117
  7. https://www.facebook.com/March%C3%A9-de-Producteurs-Saint-Mathieu-de-Tr%C3%A9viers-100384458400589
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Thierry Arcaix a d’abord été instituteur. Titulaire d’une maîtrise en sciences et techniques du patrimoine et d’un master 2 en sciences de l’information et de la communication, il est maintenant docteur en sociologie après avoir soutenu en 2012 une thèse portant sur le quartier de Figuerolles à Montpellier. Depuis 2005, il signe une chronique hebdomadaire consacrée au patrimoine dans le quotidien La Marseillaise et depuis 2020, il est aussi correspondant Midi Libre à Claret. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dans des genres très divers (histoire, sociologie, policier, conte pour enfants) et anime des conférences consacrées à l’histoire locale et à la sociologie.