Ce quartier artistique a vécu récemment une semaine étonnante, colorée et populaire. A suivre.
On traverse ces rues de Sète, proches des quais entre gare et quai d’Alger, il y a toujours du nouveau dans la rue de Tunis. Et l’automne est l’occasion d’une floraison de couleurs. C’est un choix des habitants du quartier et c’est un choix des artistes de Street Art. Si vous y avez flâné cet été (Lire l’article « Question singulière » dans Altermidi du 24 juillet), c’est à refaire : il y a des fresques récentes à découvrir.
Il faut reconnaître que cette semaine organisée du 20 au 24 octobre, pendant les vacances, par Pascal Larderet et Josy Corrieri, artistes du Petit Lieu, a été riche en créations. Pourtant depuis 2019 ils œuvrent à organiser rencontres et ateliers dans ce « quartier défavorisé » (le deuxième après l’Île de Thau), à faire un lieu de culture partagée de ce « quartier prioritaire », avec l’aide de l’Agglo et de la Ville… Le Petit Lieu qui propose de grandes choses offrait donc des activités variées : peinture, sculpture, graf, masques, jardinage, modelage, chanson, jeux de société, pas moins de huit ateliers, au lieu de six précédemment. Tout cela a réuni beaucoup de monde, un vrai succès ! Et la fin des festivités a donné lieu à une grande « Fête de la soupe », en plein air dans la rue de Tunis, une soirée populaire qui a rassemblé plus de cent personnes.
La femme à la tielle

L’événement a été la grande fresque réalisée par le sétois Maye, qui représente une femme de dos qui s’éloigne, révélant dans sa jupe une vraie tour de Babel, et jetant… une pomme entamée. Sauf que ce fruit n’a duré que quelques heures car l’artiste a préféré le remplacer par une tielle, ancrant encore davantage sa création dans la symbolique de l’Île Singulière. Cette réalisation, qui s’est prolongée et n’a pris fin que cette semaine, va prendre place dans les œuvres les plus importantes de l’art sétois, auquel Victorien Liria dit « Maye » a apporté des créations diverses. On connaît bien sûr l’éphémère Brassens à la pipe du Festival K-Live 2019, et aussi il y a deux ans la pochette du CD « S.O.U.L. Sound Of Universal Love » de DJ ROLXX, le complice du rappeur Demi Portion. Mais concernant les fresques figurant dans le quartier où vient de s’installer cette « femme à la tielle », la rue de Tunis compte sur ses murs d’autres œuvres, un portrait de jouteur, une sacrée « Chevauchée fantastique » du K-Live 2018…
La femme qui s’en va, inscrite sur ce mur latéral de coin de rue, n’a pas dit son dernier mot. Maye, qui œuvre gratuitement, a ajouté des détails, une huître et un peu de citron, une barque et sans doute un jouteur… La vedette reste énigmatique, si séduisante avec sa robe dont le haut se brise, mais dont la jupe contient tant d’architecture, tatouée mais classique, et un peu robotique comme le révèle le bris de son bras gauche. Et quand s’échappe une carte « Sept de cœur » ? Un atout de Sète ? Elle peut garder son secret, Maye va venir inaugurer sa fresque le 22 novembre, dévoilera aussi son texte et fera des dédicaces. Il œuvre gratuitement, et l’association de la Rue de Tunis a fourni pour tous échafaudages et nacelles.
Un quartier de créations pour grandir…

Les artistes invités étaient nombreux au rendez-vous, Guët, Max MarLou, Jacques Wegner, Lucie B, Carole Lejean, Agnès Balaÿ-Mottelet, bien décidés à transformer toutes les surfaces, la chaussée, les jardinières, les murs et façades, les portes et portails. « Un jardin dans la rue » invite à des créations végétales, des peintures de cailloux, et les ateliers, qui concernent notamment les jeunes du CCAS, ont réuni beaucoup de jeunes curieux de découvrir, car l’on pouvait participer dès l’âge de 4 ans.
Avec l’artiste Naoui le groupe d’adolescents a œuvré, plein d’énergie, installant un peu d’Halloween sur un passage piéton, et s’activant surtout à de nouvelles fresques, tandis que les galets décorés se multipliaient plus loin avec le groupe K-you. Des fresques originales complètent la visite du « musée » de Belek Naoui, qui a déjà illustré le quartier avec entre autres « La souris et le croco », « La femme et le canard », « Le poulpe coloré », et surtout l’impressionnant coin de rue entre rue de Tunis et rue Pierre-Sémart, une « Proue de navire » réalisée avec le sétois David Duarta en 2020. L’an dernier il ajoutait encore de poétiques « Lettres volantes ». Il n’est pas le seul à faire de ce quartier son « chez lui ».
… avec Petit Singe !
Après l’inauguration de la fresque de Maye, un weekend de décembre sera consacré au Petit Lieu à Gébraël, auteur de la fresque « Dans la jungle » rue de Tunis (2021), à l’occasion de la sortie en octobre de son livre jeunesse « Street Trotterz », imaginé à partir de trois de ses récentes toiles. Le 12 décembre à 18 h 30 il dédicacera son ouvrage, et les 13 et 14 l’exposition de ses grafs et peintures dévoilera son imaginaire. Fresques et récit : « Né d’un trait de peinture inachevé sur un vieux mur, Petit-Singe n’a qu’une main et mille questions. Pour comprendre d’où il vient, il part à la recherche de son créateur. Sur son chemin, il découvre alors des fresques étranges, des compagnons imprévus, des dangers tapis dans les ruelles de la ville… Et au fil de ses aventures, il apprend surtout à inventer son propre chemin ». Ce chemin passe par la rue de Tunis.
Michèle Fizaine
Inauguration de la fresque de Maye, samedi 22 novembre à 11 h 30, rue Fondère à Sète. Rencontre avec Gébraël, auteur de « Street Trotterz », vendredi 12 décembre à 18 h 30, et exposition les 13 et 14, au Petit Lieu, rue de Tunis à Sète.

Photo 1. La nouvelle fresque de Maye, rue Fondère, une « femme à la tielle », sera inaugurée le 22 octobre. Crédit Photo Altermidi MF
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