À Bram, dans l’Aude, le traditionnel rendez-vous politique organisé par Carole Delga a pris une tournure particulièrement symbolique dans le contexte actuel de recomposition à gauche.
Samedi 27 septembre, la présidente de la Région Occitanie a réussi à rassembler toute la gauche hors La France insoumise (LFI), autour d’une ambition partagée : construire une alternative crédible au pouvoir actuel. Cette image d’union, incarnée notamment par la présence conjointe de Carole Delga et d’Olivier Faure, marque une avancée sans toutefois masquer les nombreuses divergences qui persistent.
Carole Delga l’a martelé avec force : « Il faut savoir ce qui est essentiel. Ce qui l’est, c’est de redonner espoir aux citoyens de France, de leur redonner confiance dans l’avenir. » Derrière cette déclaration se dessine l’enjeu cardinal de dépasser les querelles d’appareils pour renouer avec les attentes profondes des électeurs de gauche. Au cœur des échanges, une idée centrale : avant de parler de candidats, il faut parler de projet. L’urgence sociale, les inégalités, l’écologie, la justice fiscale… Autant de chantiers sur lesquels les partis présents à Bram s’accordent largement. Comme l’a rappelé Olivier Faure, la bataille ne se joue pas seulement dans les urnes, mais aussi dans les choix budgétaires qui engagent l’avenir : « Les 500 familles les plus riches de France ont vu leur patrimoine doubler de 600 à 1200 milliards d’euros pendant ces huit dernières années. Et là, alors qu’on cherche 30, 40 milliards d’euros, on va aller les prendre sur les malades, les chômeurs, les retraités, les plus jeunes ? Ce n’est pas possible. »
Si l’unité de façade est réelle sur certains sujets, la question de la désignation d’un candidat unique à la présidentielle ravive les lignes de fracture. Marine Tondelier plaide pour une primaire ouverte à toutes les forces de gauche, y compris LFI, alors que Raphaël Glucksmann s’y oppose : « Si Jean-Luc Mélenchon présente une offre qui n’est pas la nôtre… ce sont les électeurs qui trancheront. » Entre ceux qui appellent à une compétition démocratique ouverte, et ceux qui redoutent une impasse stratégique, le consensus est encore loin. Mais personne ne peut nier l’évidence : L’alternance suppose que l’unité affichée sur scène se consolide dans les faits et la durée.
La photo de Carole Delga et Olivier Faure côte à côte restera comme l’image forte de cette journée à Bram. Elle témoigne d’un désir de reconstruction, même si la route reste semée d’embûches : gestion des municipales, stratégie face au gouvernement, rapport à LFI… Autant de sujets qui nécessiteront du temps, de la méthode, et surtout, une volonté commune d’aller au-delà des égos et des structures. Sans écoute des citoyens de gauche, lassés des querelles de pouvoir, il n’y aura pas de victoire. Au sein du PS, la rhétorique du changement, comme celle de l’union ont jusqu’ici conduit qu’à des changements partisans et idéologiques cosmétiques permettant de « donner le change sans changer la donne.»
A l’heure où les français s’enfoncent dans la précarité, cela renforcent l’image d’un « parti d’élus ». S’il veut redevenir une force d’alternance, le parti socialiste doit retrouver la voie de l’union et véritablement changer son disque dur. L’accord sur la proposition d’un projet budgétaire 2026 alternatif et le rassemblement de Bram inscrivent les premiers pas sur un chemin qui apparait encore bien long. Mais comme le disait le malicieux Lao Tseu : « Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas… ».