L’Agence Bio, chargée de la promotion du label « Agriculture biologique », voit son avenir compromis après le vote d’un amendement au projet de loi de finances pour 2025  qui prévoit la suppression de ce groupement d’intérêt public créé en 2001 pour promouvoir l’agriculture biologique.


 

Vendredi 17 janvier dans la nuit, dans un palais du Luxembourg clairsemé, quelques lignes ajoutées au motif des économies à faire dans le budget, par un sénateur Républicains, (LR) auront surement raison de l’Agence Bio. Elles suppriment simplement ses coûts de fonctionnement (2,9M€). Le texte porté par le sénateur Laurent Duplomb affilié à la FNSEA démontre l’influence du syndicat agricole suspecté de cogérer la politique nationale avec les ministres.

Générations Futures dénonce ce coup porté à l’Agriculture Biologique avec le soutien du gouvernement « Alors que les derniers chiffres sur la pollution des eaux par les pesticides sont affolants et que la biodiversité rurale s’effondre, le sénateur LR Laurent Duplomb (ancien président de chambre d’agriculture FNSEA) a fait adopter un amendement supprimant l’Agence Bio, agence chargée de la promotion de l’agriculture biologique en France », s’alarme Générations Futures.

Cette décision intervient à un moment ou l’agriculture bio a passé plusieurs années difficiles, l’inflation impactant négativement son développement. « On peut dire que ce gouvernement a le sens du “timing” et de la cohérence politique », a réagi la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), qui représente les agriculteurs bio. « Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé. Depuis trois ans nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre », s’indigne dans un communiqué Philippe Camburet, président de la Fnab.

 

L’ombre des élections

En ces semaines d’élection aux chambres d’agriculture, le vote de cet amendement tombe comme du pain béni pour les quelques représentants d’agriculteurs qui ont fait de la lutte contre les normes et contrôles leur revendication première.

Dans ce contexte des élections aux chambres d’agriculture, le sénateur Laurent Duplomb tente du même coup de rallier des suffrages pour la FNSEA dont l’hégémonie est bousculée par la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole qui partage une proximité idéologique avec le RN1.

Si l’hégémonie de l’alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs est bousculée, notamment par la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, ces deux syndicats s’accordent pour réclamer l’accès à des pesticides aujourd’hui interdits en France mais autorisés par l’UE. La Confédération paysanne, troisième syndicat, plaide elle pour un « revenu juste » passant par un soutien accru de l’État à la transition agro-écologique.

 

Un soutien du Premier ministre

Dans son communiqué du 20 janvier, Générations Futures  dénonce l’attitude « totalement scandaleuse » de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a trouvé l’idée du Sénateur Duplomb « pertinente ». Elle est pleinement soutenue par le Premier ministre, François Bayrou. Lors de son discours de politique générale, prononcé le mardi 14 janvier, celui-ci avait affirmé que lorsque « les inspecteurs de la biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute ».

Générations Futures évoque les dangers d’une course à la déréglementation : « En ce jour sombre d’installation de la nouvelle administration Trump aux États-Unis il ne faut pas que la France copie niaisement la folie libertarienne de chasse aux agences de l’État confiée à Elon Musk dans ce pays ! »

La voie de la déréglementation, qui vise à éliminer toutes les entraves considérées comme un frein au développement économique, a bien pris pied dans l’hexagone. Elle compte d’actifs partisans comme Guillaume Kasbarian, l’ex-ministre de la Fonction publique du gouvernement Barnier, un des premier à s’inscrire dans les pas Elon Musk : « J’ai hâte de partager les meilleures pratiques pour lutter contre la bureaucratie excessive, réduire les formalités administratives et repenser les organisations publiques. »

Les adeptes d’une politique où l’État renonce à garantir l’intérêt général et transfert son pouvoir à des intérêts privés ont décidément le vent en poupe. Il devraient néanmoins prendre garde à ce que l’évolution climatique ne leur coupe le souffle.

 

Notes:

  1. Le syndicat se présente comme apolitique, mais partage souvent avec le parti d’extrême droite une même approche et des accointances locales dans plusieurs départements, comme le Lot-et-Garonne, ou encore l’Aude où le député RN Christophe Barthès est un ancien cadre du syndicat.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.