Pour faire suite à l’entretien avec le sociologue et économiste Bernard Friot dans altermidi Mag#12, nous rendons compte ci-dessous des travaux de la Commission du Réseau Salariat qui formule des propositions pour une économie du salaire à vie.


 

Le salaire à vie est un revenu versé à chaque individu, irrévocable et ne pouvant que s’améliorer, non plus en fonction de son emploi, mais basé sur sa qualification personnelle.

Une commission du Réseau Salariat a planché sur le fonctionnement d’un système économique faisant partir tout le processus de production depuis les salaires. Sa proposition repose sur un certains nombre de ruptures avec les grands principes de l’économie de marché et du système politique qu’ils sous-tendent.

Parmi lesquels :

  • L’abandon de tout financement de la production. S’en passer permet d’éviter tout retour des prêteurs, et, avec eux, du capitalisme : dès qu’il y a besoin d’avancer de la monnaie pour investir, il y a un risque que cette avance soit faite par crédit.
  • La mise en place d’un système monétaire uniquement distributif (ou de répartition) pour garantir une diversité de choix aux citoyen·ne·s dans l’acquisition de la production finale.
  • L’instauration d’une démocratie économique. Il s’agit d’organiser démocratiquement la production, c’est-à-dire d’empêcher toute fraction de la société de conquérir un monopole de la décision sur la production, et d’aménager la souveraineté populaire sur l’économie, la co-responsabilité de tou·te·s les citoyen·ne·s producteur·trice·s sur la production, à partir d’un réseau d’institutions micro- et macro-économiques, aux missions et aux prérogatives diverses, gérées par les citoyen·ne·s-producteur·trice·s.
  • Réserver exclusivement la création monétaire aux salaires. En faisant partir tout le processus de production depuis les salaires, on pose que la production ne requiert que du travail et n’a pas besoin d’être financée par une avance monétaire. Le travail seul produit de la valeur, et ce sont les travailleur·euse·s qui assurent toute la production et ont ainsi seuls légitimités à en décider et à l’organiser ; tout autre acteur économique prétendu (investisseurs, prêteurs, actionnaires, et autres) est inutile.
  • Vendre tout produit à prix coûtant. C’est-à-dire à un prix qui exprime tout le travail nécessaire à la production de ce bien ou service, et rien d’autre. Le prix de marché vend les produits au-delà de leur prix coûtant, en y ajoutant les profits d’intermédiaires, qui ne correspondent à aucun travail, aucune valeur économique. Ils ne peuvent le faire que par leur position dominante sur le marché. Ainsi, le prix de marché, qui semble résulter naturellement de la rencontre de l’offre et de la demande, exprime surtout la position de l’entreprise dans la chaîne de domination entre concurrents, clients et fournisseurs.

Ces propositions figurant plus en détail dans le document pdf ci-dessous témoignent de l’état d’avancement de travaux encore en chantier. Elles n’avancent pas une proposition complète et définitive et n’engagent que le groupe thématique de Réseau Salariat, qui s’est penché sur cette perspective.

 

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En savoir plus  : Réseau Salariat Propositions pour une économie du salaire à vie