Les conservateurs essuient leur pire défaite depuis le début du XXe siècle.
Le résultat est sans appel. Les travaillistes ont largement remporté les élections législatives, selon les derniers résultats partiels relayés par la BBC. Le Labour a sécurisé plus de 400 sièges, soit plus que les 326 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir former seul le futur gouvernement britannique.
Les conservateurs essuient de leur côté leur pire résultat depuis le début du XXe siècle. Les libéraux-démocrates (centristes) semblent se renforcer, tandis que le parti anti-immigration Reform UK remporte son premier succès électoral. Son leader Nigel Farage, fervent partisan du Brexit, a été élu au Parlement britannique. En revanche, les indépendantistes écossais subissent un sérieux revers. Selon la dernière projection de la BBC, le SNP ne remporterait que huit sièges, contre 48 auparavant, sur les 57 représentant l’Écosse.
Un retour triomphal pour le Labour
Le chef du Labour britannique Keir Starmer1 s’apprête à entrer à Downing Street, mettant fin à 14 années dans l’opposition pour les travaillistes, après leur victoire sans appel face aux conservateurs lors de législatives marquées aussi par la percée de la droite dure. L’ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans devrait être chargé vendredi par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement. Il a remodelé le Parti travailliste en marginalisant son aile gauche et en refusant les promesses budgétairement coûteuses.
Le futur Premier ministre britannique a promis un « renouveau national » pour le Royaume-Uni. « Notre tâche n’est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l’unité de notre pays, un renouveau national », a-t-il déclaré dans un discours prononcé alors que son parti venait de s’assurer une majorité absolue dans le futur Parlement. « Je ne vous promets pas que cela sera facile », a-t-il ajouté.
Peu charismatique mais déterminé, il a promis de transformer le pays comme il a redressé le Labour, le recentrant sur le plan économique : méthodiquement, sans coup d’éclat ni état d’âme. Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne, sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne.
Plusieurs ténors conservateurs sèchement battus
Premier à tomber dans son fief du nord de Londres, le ministre britannique de la Défense Grant Shapps a perdu son siège de député au profit du candidat du Labour. Peu après, il a été suivi dans la défaite par Penny Mordaunt, en charge des relations avec le Parlement et qui s’était présentée en 2022 pour succéder à l’ancien Premier ministre Boris Johnson.
Autre surprise, l’ex-Première ministre britannique Liz Truss qui a passé 49 jours à Downing Street, a perdu son siège du South West Norfolk. Pour la première fois depuis 1959, cette circonscription bascule dans le camp du Labour.
Des dizaines de députés sortants avaient décidé de ne pas se représenter, dont des figures du parti comme l’ancienne Première ministre Theresa May. À l’inverse, plusieurs autres pointures ont sauvé leur siège, le ministre des Finances Jeremy Hunt, l’ancienne ministre de l’Intérieur Suella Braverman, ou Kemi Badenoch, ministre du Commerce sous Rishi Sunak, et souvent citée comme possible candidate pour prendre la relève à la tête des Tories après la défaite.
avec AFP
Notes:
- Keir Starmer, le chef modéré du Labour. À 61 ans, le chef de file des travaillistes a été directeur des poursuites publiques, l’équivalent d’un procureur général. D’origine modeste, cet ancien avocat spécialiste des droits humains est entré tardivement en politique, en devenant député du Labour en 2015, relate Le Monde. En 2020, il a remplacé Jeremy Corbyn à la tête du Labour et a instauré une « tolérance zéro » envers l’antisémitisme dont était accusé le parti. « C’est un tenant de la frange blairiste. Il a fait le lien entre le New Labour et la gauche qui a soutenu Corbyn. Keir Starmer a présenté des mesures centristes au nom du « sérieux », marquées par la rigueur budgétaire, la fermeté sur la sécurité et l’immigration. Il a toutefois promis de retirer la loi controversée sur l’expulsion de migrants illégaux vers le Rwanda , cite la BBC. Il a aussi promis de supprimer les lois limitant le droit de grève, mais n’entend pas augmenter les prestations sociales. »