Au milieu de l’hiver, les précipitations insuffisantes sur le territoire mettent en péril l’approvisionnement des nappes phréatiques et les réserves nécessaires en eau pendant les périodes plus chaudes. Les Pyrénées-Orientales et le Var font déjà face à des restrictions d’usage de l’eau, en attendant la pluie comme on attend Godot.


 

La France n’en finit pas de battre d’inquiétants records en matière de climat. 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, provoquant une baisse des réserves en eau. Habituellement, c’est pendant l’automne et l’hiver que les nappes phréatiques sont censées se recharger, mais ce processus naturel est mis en péril par les conditions météorologiques actuelles. Il n’a presque pas plu en France en 31 jours, un record depuis 1989.

L’observation et l’attribution des causes d’un changement effectuées par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) ou l’Observatoire Climat, portent généralement sur des tendances à long terme pour suivre les évolutions climatiques. Concernant le niveau régional, elles démontrent que le bassin méditerranéen devrait recevoir moins de précipitations, surtout en été. Mais ce que nous donnent à constater les régimes de précipitations sur le court terme — sur l’année en cours et l’année précédente — c’est que la baisse concerne significativement l’automne et l’hiver. Cet indicateur commence à donner ses premiers signaux d’alarme suivis de mesures prises sur le terrain.

 

Vigilance renforcée et restrictions dans le Var et les P-O

 

Le département du Var connaît une situation de sécheresse exceptionnelle entraînant le déclenchement du stade de vigilance sur l’ensemble du département depuis le printemps 2022. La préfecture a placé la totalité des bassins versants aux différents stades de sécheresse : alerte, alerte renforcée et crise. Depuis le 17 février 2023, la zone Huveaune-amont est placée en alerte renforcée sécheresse, les zones Argens et Gapeau en alerte et les communes du reste du département du Var en vigilance sécheresse.

Pour 2023, tous les indicateurs laissent présager une situation encore plus tendue que l’an passé. Après une consultation du comité ressource en eau (CRE) du département, des premières mesures sont prises pour économiser la ressource. En temps normal, Nice enregistre plus de 800 mm de pluie par an. Entre février 2022 et la première quinzaine de février 2023, seuls 285 mm de précipitations se sont abattus sur la ville, soit 500 bons millimètres de moins que d’ordinaire ! Sans pluie depuis quatre semaines et avec des températures proches de celle d’un mois de mars ou avril, la région subit déjà les conséquences du manque de pluie, un problème qui risque de s’accentuer si un vrai déluge ne s’abat pas sur ses côtes. Cette année, la Côte d’Azur pourrait subir des restrictions d’eau dès le mois de mars.

 

La Têt, fleuve côtier à Perpignan.

 

L’absence de pluie fait monter la tension entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement dans les  Pyrénées-Orientales. Saisi par l’association France Nature Environnement, le tribunal administratif de Montpellier a annuler en novembre dernier une dérogation accordée aux agriculteurs pour limiter les prélèvements d’eau dans la Têt1 Cette décision de justice a provoqué une vive réaction de la Chambre d’agriculture et des syndicats agricoles qui pressent l’État de faire appel du jugement. Mais c’est le ministère de la Transition écologique qui prendra la décision. Le printemps et l’été 2023 s’annoncent chauds et difficiles dans les régions du bassin méditerranéen.

JMD

 

Légende 1. En attendant Godot, mis en scène par Alain Françon. Photo Jean-Louis Fernandez.

Notes:

  1. Les agriculteurs bénéficiaient jusqu’ici d’une dérogation pour utiliser l’eau de la Têt dans les cultures pendant l’été à condition de laisser un débit minimal de 600 litres par seconde. Désormais aucun prélèvement ne pourra être effectué en dessous d’un débit de 1 500 litres par seconde. Le fleuve traverse d’Ouest en Est le département des Pyrénées-Orientales.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.